Qui n’a pas tourné son regard vers les constellations lumineuses lors des belles nuits d’été ? Qui n’a pas eu la curiosité de consulter les cartes délivrées par le monde des astronomes, qui, après la grande Guerre, dans le cadre de la toute jeune Union astronomique internationale (UAI), s’est entendu pour désigner dans le ciel, officiellement, quatre vingt huit constellations ?
Certaines étaient déjà repérées depuis des milliers d’années dans notre hémisphère nord … En effet l’histoire des étoiles est une histoire traversant les cultures et nourrissant bien des mythologies. Elle est une histoire qui raconte sans se contredire la vie et l’espoir des sociétés humaines. Elle interpelle encore ceux qui sont en quête d’orientation et d’émerveillement à travers les grands voyages qu’ils entreprennent ou simplement lorsqu’ils choisissent de s’enfoncer au cœur des bois et forêts, loin des villes au ciel brouillé par des éclairages artificiels…
Elle est une histoire du ciel qui se source quelque part, de mémoire, dans le « pays entre les deux rivières » : le Tigre et Euphrate, où s’épanouirent les royaumes de Sumer, d’Akkad, de Babylonie et de Chaldée. Une histoire qui parle encore autant des levers héliaques que du coucher des planètes, du dénombrement des étoiles selon des chaînes s’étalant le long des cercles de déclinaison, précisant leur ascension droite et leur temps de passage, nommant aussi les étoiles du zénith, avec leurs écarts d’ascension droite. …
Ainsi, nous, les Hommes de Mésopotamie, nous connaissions parfaitement la constellation du « Lion » avec ses nombreuses étoiles brillantes, comme elle l’était aussi pour des Perses qui l’appelèrent Ser ou Shir ; des Turcs, « Artan » ; des Syriens, « Aryo » ; des Juifs « Arye » ; des Indiens « Simha », le terme voulant toujours dire « Lion »…. Quant à la constellation des Gémeaux, nous les Babyloniens, nous l’avions déjà désignée : « Grands Jumeaux » et décrite dans nos tablettes. Cet ensemble représentait pour nous Maslamtaéa et Lugalirra, les gardiens du monde des morts, deux manifestations du dieu Nergal, le terrible Dieu des Enfers. Au sud des Grands Jumeaux, plus tard, nous avons ajouté deux autres astéroïdes : « les Petits jumeaux ». Ces deux couples d’étoiles d’un éclat semblable confortaient dans nos esprits l’idée d’une liaison puissante et solidaire soutenant dans la courbure de l’espace la création et l’évolution de l’univers.
Nous, Hommes de la Grèce, dans le berceau de la nuit, nous avons su voir aussi « Les Grands Jumeaux » mais c’était pour nous Héraclès et Apollon, avant de les nommer les Dioscures, ou les fils de Zeus, nés de son union avec Léda. Alors renommés Kástôr et Polydeúkês, ou Castor et Pollux (en latin) pour nous ils étaient les guides des navigateurs. Quel heureux présage pour ceux-ci, quand en regardant l’espace ils constataient l’entrée du Soleil devant les Gémeaux marquant alors la fin des tempêtes de l’hiver et le début d’une calme période de navigation !
Il n’est pourtant pas si simple de la repérer dans le ciel. En effet, en fonction de l’heure de la nuit, et de la période de l’année, elle n’occupe pas toujours la même place. Plus prosaïquement d’autres voient en elle aujourd’hui non pas le Grand Chariot mais la « grande casserole » car c’est avec ses sept plus brillantes étoiles, un des astérismes les plus connus et le plus vite repéré dans l’immensité de la voie lactée. D’ailleurs leur légende explique aux âmes encore rêveuses que la Grande Ourse et la Petite Ourse, originairement Callisto et son fils, ont été placés comme constellations au firmament par la volonté de Zeus. Mais si elles ne semblent jamais se coucher c’est que la jalousie d’Héra femme de Zeus, leur fit en effet interdire par le Dieu de la Mer de venir comme le font toutes les autres étoiles se coucher dans l’Océan.
Nous Hommes de la Rome antique, avec les sept brillantes étoiles de la Grande Ourse, c’est plutôt un chariot de Sept Bœufs (ou « Septem triones ») que nous avons discerné là haut ! Les invoquer en tant que divinité exprimait alors tout notre attachement à ces bovidés représentant une ressource précieuse : loin d’être des animaux prédateurs, les sept bœufs ne sont ils pas un véritable don de la nature, et pour cela une constellation céleste sacrée ?
Quant à Orion, cette figure stylisée d’un homme, avec ses bras, ses jambes et sa ceinture d’étoiles, qui ne trouve pas cette constellation remarquable et fascinante ? Pour les Egyptiens elle n’était pas moins que la représentation du Dieu Osiris. Par contre, pour les Grecs, Orion, jeune homme de stature gigantesque était un jeune chasseur adroit au destin malheureux. Après sa mort causée par la flèche d’une divinité contrariée à son égard, il poursuit néanmoins sa route dans le ciel : il s’y montre en majesté avec sa ceinture, son épée, son pieu et une dépouille de lion et nous le voyons toujours !
Au lever du jour, une fois encore, nul n’est indifférent au trajet d’Hélios, ou l’étoile du Soleil : avec son char elle traverse le ciel de part et d’autre. Astre éclatant, Hélios rythme notre quotidien et en chassant les ténèbres – comme nos questions insistantes de la nuit – il revient plus radieux que jamais….
La voute étoilée des francs-maçons
Voilà pourquoi, sous la voute étoilée de sa loge, dès son installation au septentrion, les apprentis, ces nouveaux initiés, se connectent-ils au merveilleux des traditions et du Cosmos. Peut être, qui sait, dans le silence, l’un d’entre eux, entend à son oreille murmurer Zarathoustra : « Je vous le dis : il faut encore porter en soi un chaos, pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante. Je vous le dis : vous portez encore un chaos en vous. »