lun 25 novembre 2024 - 05:11

PORTUGAL : Le Grand Maître libère les maçons du secret d’appartenance

Le président de la République a édicté la dite « loi des filiations secrètes » estimant qu’en réalité sa portée était « très sensiblement circonscrite ». Les francs-maçons disent qu’ils ne sont pas obligés de se révéler.

De notre confrère portugais Diário de Notícias – Par João Pedro Henriques

La déclaration n’est pas obligatoire. C’est une question de liberté de conscience.” Afin qu’il n’y ait aucun doute pour les hommes politiques maçonniques, le Grand Maître du Grande Oriente Lusitano (GOL), Fernando Lima Valada déclare au Diário de Notícias qu’aucun « frère » n’est obligé de déclarer dans son registre d’intérêts sa condition d’affilié à la Franc-maçonnerie.

C’est la réaction du chef de la plus ancienne obédience maçonnique portugaise à la promulgation présidentielle , annoncée dimanche, de la dite ” loi des filiations secrètes “. Le président lui-même a souligné, lors de l’annonce de la promulgation, qu’avec la version définitive du diplôme approuvée dans l’AR, sa portée était “très significativement limitée” par rapport à la version originale .

Celui-ci, rédigé par le PAN, voulait obliger avec force les hommes politiques – et les titulaires de hautes fonctions publiques, comme les juges – au devoir de “déclarer leur affiliation ou leur lien avec des organisations ou associations à caractère discret”. 

« Dans une démocratie du XXIe siècle, et dans un contexte où le contrôle des citoyens est de plus en plus exigeant, il n’est pas concevable que les titulaires de mandats politiques et de hautes fonctions publiques, auxquels incombent des devoirs particuliers de transparence, continuent de manquer d’incitations personnelles à déclarer leur affiliation à des organisations qui ont des règles de fonctionnement marquées par une forte opacité, un grand secret et qui appellent à des liens forts de hiérarchie et de solidarité entre leurs membres », lit-on en préambule du projet PAN.

De la proposition initiale au texte final, il y a eu de nombreux changements, au nom des principes de liberté d’association et de liberté religieuse. Le projet PAN impliquait également la possibilité d’obligations déclaratives couvrant les membres d’associations religieuses (de l’Opus Dei, par exemple).

Le décret approuvé, et maintenant promulgué par le PR, stipule que les personnes concernées doivent, dans leur “déclaration unique de revenus, de patrimoine, d’intérêts, d’incompatibilités et d’empêchements”, “mentionner l’affiliation, la participation ou l’exercice de toute fonction dans toute entité de caractère associatif, exercés au cours des trois dernières années ou exercés en même temps que le mandat ».

Cependant, dans le même article il est ajouté qu’ils n’ont à le faire qu’à condition que cette mention « ne soit pas susceptible de révéler des données protégées par la Constitution telles que celles relatives à la santé, à l’orientation sexuelle, à l’appartenance syndicale ou aux convictions religieuses ou politiques, auquel cas une telle mention est simplement facultative”. La version finale du décret a été approuvée avec les votes en faveur du PSD, BE, PCP, CDS-PP, PAN, PEV et Chega et contre le PS, l’Initiative libérale et la députée non inscrite Cristina Rodrigues

Pour le Grand Maître GOL, le décret final “induit une liste” d’obligations déclaratives qui “n’est pas exhaustive”. Par conséquent, un homme politique maçonnique agira avec « liberté de conscience » : s’il veut révéler sa condition maçonnique; et s’il ne le veut pas, il ne le fait pas.

Le décret est donc constitutionnel. Et le chef du GOL précise que ce qui en atteste c’est le fait que le président de la République, “un éminent professeur de droit et l’un de nos meilleurs constitutionnalistes”, n’a pas demandé à la Cour constitutionnelle de l’analyser. Marcelo, d’ailleurs, a souligné dans la note où il a rendu publique la promulgation que le décret “exclut ces données [déclaratives] obligatoires qui peuvent révéler les convictions religieuses – toutes – ou politiques”.

“Sentiers très dangereux”

En tout cas, Fernando Lima Valada s’indigne toujours du fait que le Parlement ait même répété l’obligation des francs-maçons de se révéler. “Cela m’étonne que les députés s’inquiètent des questions de liberté de conscience et ne se soucient pas de ceux qui prêchent des principes xénophobes, homophobes et racistes. Ce sont des signes des chemins très dangereux qui sont suivis dans notre société.”

Hier, l’Opus Dei a également publié une déclaration, publiée par Lusa, considérant que le décret promulgué par le président n’oblige pas les membres politiques de l’organisation à révéler cette affiliation.

“Tous les croyants, et donc tous les chrétiens, y compris les chrétiens de l’Opus Dei, ont dans la nouvelle loi la confirmation de la sauvegarde de la liberté religieuse garantie par la Constitution”, peut-on lire dans le communiqué.

Cette organisation catholique souligne également qu’elle est “ouverte à tous” mais cela “rejette toute intervention dans les activités politiques et professionnelles des personnes qui souhaitent s’impliquer dans une activité religieuse et pastorale”

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