Un des derniers mots d’Œdipe, alors qu’il cherchait son chemin avec les yeux crevés, aurait été : « Méfiez-vous des psys ! ».
Je veux bien le croire. C’est pour ça que je préfère les biologistes. Ils sont bien les seuls à pouvoir parler de la frustration des escargots qui font des enfants tout seuls, les pauvres ! (Je parle des escargots, pas des biologistes.) D’autant qu’ils viennent – les biologistes, pas les escargots – de faire une découverte extraordinaire : les cellules imaginatives. Il paraît qu’à l’intérieur des cellules situées dans l’enveloppe de la chenille, il y en a qui résonnent sur une fréquence totalement différente, tant et si bien que le système immunitaire de l’animal ne les reconnaît pas et se met à les combattre comme d’abominables microbes. Mais les cellules imaginatives ne s’en laissent pas conter, elles se mettent à se multiplier et à proliférer tant et si bien qu’elles finissent par submerger le système immunitaire de la chenille qui n’arrive plus à s’en dépatouiller. Et quand elles ont pris le pouvoir, les cellules imaginatives se regroupent pour former une masse critique qui se découvre la mission de faire éclore un merveilleux papillon. C’est beau, hein ?
Quand j’ai appris ça, mon enthousiasme était égal au vôtre ! Moi qui ai tant de mal à écrire mes contes, je me disais, mettez-vous à ma place, que si j’avais quelques cellules imaginatives prêtes à pulluler au bon moment, je n’attendrais pas l’inspiration comme la nuit attend l’aurore, ce qui, au matin, m’extrait du lit exténué, hagard, sans que l’insomnie m’ait apporté autre chose qu’une envie de café. Mais comment faire pour s’introduire un gène de cellule imaginative ? Ici, il y a un long blanc, je cherche moi aussi. Puis, je pense au vaccin à ARN Messager dont on nous a rebattu les oreilles. C’est bien un truc qui modifie les cellules, non ? Voyons, voyons. Pour fabriquer un vaccin de ce type, il faut commencer par séquencer le génome du virus, puis repérer le gène à compléter, utiliser ensuite le ciseau à ADN Crispr-Cas9 découvert par notre prix Nobel de chimie Emmanuelle Charpentier, couper délicatement le ruban d’ADN, ajouter le gène imaginatif et… voilà qui est bon, parfait même ! À côté des gènes qui codent les caractéristiques de l’individu : sa couleur de peau, la couleur de ses cheveux, la couleur de ses yeux, etc., on trouve maintenant celui de l’imagination fertile. Merci au Dr He Jiankui. Bon, c’est vrai qu’il n’est pas en odeur de sainteté, mais vous êtes saint, vous ? Alors, silence dans les rangs ! Eh bien voilà ! Une petite opération et le tour est joué ! Il suffisait d’y penser. Maintenant je vais produire autant que Balzac ou Alexandre Dumas et ses quarante-cinq « nègres », Auguste Maquet en tête. Ah ! L’imagination est au pouvoir, c’est mieux que mai 68, Corbin et son monde imaginal, Gilbert Durand et son imagination symbolique c’est de la bibine quand je pense à ce que je pense et encore plus. Moi, ça carbure la nuit, le jour, pendant l’entre-deux (ce que je préfère), un véritable caléidoscope d’idées ! À présent je peux vous le dire en toute connaissance de cause, le cerveau est une merveille, tout le monde devrait en avoir un.
Eh oui sœur Claude, cet article nous rafraîchit comme les bulles d’eau pétillante en nos temps caniculaires . On se prend à rêver à ce vaccin, qui par un e-mail génique nous apporterait l’inspiration, alors que la chaleur assèche nos pauvres plumes…un grand merci à notre frère Jean-François
Une éternelle malice dans les légendes de jean Francois Maury !
Une lecture dopante pour l’esprit car le rire n est il pas le propre de l’homme ??