sam 23 novembre 2024 - 13:11

ESPAGNE : Normalisation des relations entre la franc-maçonnerie et l’Église?

PAR DIEGO LANZAS notre confrère de infovaticana.com

La franc-maçonnerie est largement utilisée dans un processus de normalisation au sein de l’Église catholique. Il y a quelques jours, une première étape a été franchie et annoncée en grande pompe : la publication dans le dernier numéro du Journal officiel de l’Ordre cistercien d’Espagne, Cistercium, numéro 276, d’une critique du livre du franc-maçon Alberto Moreno intitulé “Bénédictine Règle et rituel maçonnique » (Maison d’édition maçonnique).

L’intérêt ne réside pas seulement dans le fait de la publication, mais surtout dans ce que dit le commentateur. L’important était aussi que la franc-maçonnerie espagnole en profite pour diffuser le texte dans ses réseaux internes. Celui qui écrit cet article dans Cistercium est le moine Francisco Rafael Pascual, un cistercien de l’abbaye de Viaceli. Entre autres déclarations, il fait celle qui suit : « Les visites des loges maçonniques aux monastères bénédictins et cisterciens ne sont pas rares, et il est facile dans ces rencontres de se connecter avec une tradition spirituelle commune. Il est normal que les grands courants et traditions de sagesse de l’humanité possèdent des réflexions mutuelles, car les sages sont toujours des chercheurs et nous surprennent par leur “évolution” à travers des voyages, des livres qui s’échangent, des pensées et des connaissances qui transitent de pays en pays.

Le vrai sage, qu’il soit maçon, moine bouddhiste ou moine chrétien -ou un voyageur ou pèlerin vers le transcendant de chaque lieu- ne néglige pas d’accueillir toute source de sagesse qui lui permet de mieux comprendre son égo et le monde”.

La critique publique du livre est une claire invitation à entrer dans l’histoire des relations entre l’Église et la franc-maçonnerie, concluant ainsi : « Dans un monde comme celui d’aujourd’hui, où ne manquent pas ceux qui veulent réécrire l’histoire à leur guise et bannir la spiritualité comme vue quelque chose d’obsolète, des livres, comme celui que nous évoquons, aident à mieux comprendre les différentes manières dont les êtres humains ont tracé des chemins de bien-faire et de bien-être, des chemins qui ne finiront jamais, et qui conduisent ceux qui suivent ces sentiers à un haut degré d’épanouissement humain et spirituel dans “ce travail continu de perfectionnement de la création”, multipliant l’efficacité de l’homme et faisant grandir entre ses mains l’œuvre du Créateur. Peut-être serait-il bon à une autre occasion d’insister non seulement sur l’influence des rituels, sur leurs similitudes,  mais aussi sur les chants monastiques et de nombreuses compositions liturgiques héritées par les francs-maçons de la tradition de l'”Opus Dei bénédictine”.

Existe-t-il d’autres données sur ce processus de normalisation de la franc-maçonnerie avec l’Église catholique en Espagne ? Outre la présence des francs-maçons dans les institutions de l’Église et dans son environnement, il faut souligner la publicité avec laquelle l’Université ecclésiastique de San Damaso a annoncé une conférence de celui qui était, jusqu’à récemment, doyen de la Cour de la Rote romaine, Pio Vito Pinto. À plusieurs reprises dans divers médias à travers le monde, on a spéculé sur l’appartenance à la franc-maçonnerie de l’ancien doyen de la Rote romaine.

Son nom figurait sur la liste Pecorelli, un document de 1978 qui nomme les soi-disant francs-maçons au sein de l’Église. La liste a été dressée par le journaliste d’investigation italien Carmine Pecorelli, assassiné en 1979.

Pecorelli masonería
Carmine Pecorelli journaliste assassiné qui enquêtait sur la loge P2

Dans cette liste la date à laquelle Pinto aurait été initié à la Franc-Maçonnerie, son numéro de code et son nom de code sont indiqués : “Pinto, Pio Vito : 4/2/1970 – Matricola 3317/42 – PIPIVI”.

Les lecteurs d’InfoVaticana sont au courant de cette histoire à partir de l’information publiée le 29 novembre 2016 avec le titre ” Un maçon ecclésiastique menace les quatre cardinaux”. Comme nous l’avons dit alors, Mino Pecorelli était un journaliste italien qui a vécu entre 1928 et 1979, date à laquelle il est mort dans des circonstances suspectes, officiellement assassiné par la mafia. Personne n’a approfondi sur les circonstances de cette mort jusqu’à ce qu’en 1995, lors du procès du leader démocrate-chrétien Giulio Andreotti, quelqu’un l’a accusé d’avoir ordonné le meurtre du plaignant. Pecorelli avait dénoncé l’infiltration maçonnique dans la hiérarchie de l’Église, et avait même publié une liste de 116 noms d’ecclésiastiques dont, selon lui, il connaissait avec certitude leur affiliation maçonnique. Plus précisément, il s’agissait d’une liste d’ecclésiastiques initiés à la Loge P2. La liste, qui lui a probablement coûté la vie, est connue sous le nom de Lista Pecorelli, et a été reprise par Bulletin de l’Occident Chrétien Nr.12, juillet 1976.

Sur la chaîne YouTube de l’Université ecclésiastique de San Dámaso, vous pouvez voir la dernière conférence de Monseigneur Pio Vito Pinto qu’il a tenu devant les membres de l’Université ecclésiastique de San Dámaso, un lieuqu’il fréquente fréquemment. Au-cours de celle-ci, Pio Vito Pinto révèle quelques informations privées sur sa relation avec le pape François.

Voir tout l’article en version originale sur le site de notre confrère de infovaticana.com

2 Commentaires

  1. On lira la “Lettre d’Albert Lantoine au Souverain Pontife” pour comprendre cette espérance de rapprochement de la Franc-Maçonnerie avec la papauté du point de vue maçonnique : gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3349029p.r

  2. La franc-maçonnerie du XVIIIe siècle réserve bien des surprises. Ainsi, non seulement de nombreux ecclésiastiques ont été Maçons, mais il a même existé des loges dans des monastères comme dans les abbayes bénédictines de Clairvaux ou de Fécamp. La loge Le Tendre Accueil a été créée le 20 juin 1770 au sein de l’abbaye bénédictine de Saint-Maur-sur-Loire. Sur les dix Frères présents, quatre sont des moines de l’abbaye et cinq sont des chanoines du chapitre de la cathédrale d’Angers. En 1773, elle demande son intégration au Grand Orient de France. Le Vénérable est alors Dom Jean Legrand, supérieur de la communauté, et l’orateur l’abbé Waillant de la Motte, le brillant « théologal » de l’évêché. En 1783, il est parmi les plus actifs fondateurs de l’autre loge historique d’Angers, Le Père de famille, où il occupe différents offices jusqu’à la Révolution.

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