Au sens premier du terme, la rumeur est définie comme « un bruit confus produit par la présence d’un certain nombre de personnes qui parlent, crient ou s’activent plus ou moins loin ». Cette définition “acoustique” rappelle celle du mot « clameur », à savoir : « ensemble de cris poussés par une foule pour exprimer ses sentiments, ses états d’âme, ses passions ». Dans les deux cas, il s’agit d’un processus collectif qui n’est pas négatif a priori, même s’il y a des rumeurs et des clameurs qui peuvent susciter l’inquiétude, voire l’effroi, comme c’est le cas dans certaines manifestations ou mouvements de foule.
La rumeur
La seconde définition du mot « rumeur » (la plus courante) est : « diffusion par tout moyen de communication, formel ou informel, d’une information dont la véracité est douteuse ou incertaine ». Selon le moyen de communication utilisé, la rumeur en question peut être “locale” ou publique. Par ailleurs, elle peut concerner un individu en particulier, un groupe d’individus, une organisation, un mouvement… Quelle qu’en soit l’étendue, le processus suivi est le même : une “information” est lancée, puis transmise et reprise, avec, à chaque étape du processus, un rajout de pseudo “informations” et une amplification. C’est pourquoi nombre de rumeurs “locales” en viennent à prendre une dimension publique sur un plan national ou international.
Comme chacun sait, la très grande majorité des rumeurs sont mensongères et généralement calomnieuses, en ce sens qu’elles sont souvent lancées dans le but de nuire. Ceux et celles qui la propagent par la suite ne le font pas nécessairement dans ce but, mais ils y participent. De toute évidence, si personne ne les colportaient, elles s’arrêteraient d’elles-mêmes et n’auraient qu’un effet de nuisance limité. Mais ce qui fait vivre les rumeurs, c’est précisément cette tendance qu’ont les êtres humains à répandre les propos malveillants à l’encontre d’autrui, comme si dire du mal de quelqu’un leur faisait du bien ou leur permettait de se croire meilleurs que lui.
Internet
Avec l’apparition d’internet et des réseaux sociaux, les rumeurs sont devenues beaucoup plus nombreuses et touchent infiniment plus de personnes. Elles sont également de plus en plus “instrumentalisées” par des groupes de pression. À cela s’ajoute le fait que les adeptes de l’anonymat s’en donnent à cœur joie et en colportent à loisir, sans vraiment risquer d’être inquiétés. Il est pour moi évident qu’aucun propos calomnieux et encore moins haineux ne devrait pouvoir être tenu de manière anonyme sur internet, mais dans ce domaine comme dans bien d’autres, la technologie a évolué beaucoup plus vite que les consciences et la jurisprudence. Toujours est-il que les rumeurs constituent un véritable poison social.
Est-il possible de faire en sorte qu’un jour, il n’y ait plus de rumeurs ? En tant qu’utopiste, j’aimerais dire « oui », mais cela me semble malheureusement impossible. En revanche, on peut légiférer pour interdire l’anonymat sur internet et sanctionner plus lourdement la diffamation en général. Nous savons tous qu’une rumeur peut détruire une vie et même pousser quelqu’un à se donner la mort. Avant d’en colporter une, aussi “anecdotique” soit elle, chacun devrait songer aux effets qu’elle aura nécessairement sur la ou les personnes concernées, ce qui suppose de se mettre à leur place. À moins d’être profondément malveillant, une telle réflexion devrait suffire à y renoncer. En outre, on ne se grandit pas à vouloir rabaisser les autres… Extrait des points de vue de Serge Toussaint
Proverbe latin médiéval cité par Francis Bacon dans : De dignitate et augmentis scientiarum, VIII, 2 :
« Audaciter calomniare semper aliquid haeret » (Calomniez audacieusement, il en restera toujours quelque chose.)
Et aussi : Beaumarchais, qui fait dire par Basile, dans le Barbier de Séville : « Calomnions, calomnions, il en restera toujours quelque chose. »
http://amveat.free.fr/voltaire_038.htm