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Vie au temple, en loge, agapes, rituels et autres accolades fraternelles… Pas simple d’être un franc-maçon sous le régime du Covid. Témoignages.
Publié le 11/02/2021 à 06:25 | Mis à jour le 12/02/2021 à 12:06
« Il n’y a plus de vie de loge, de réunion de temple, de rituel, de cérémonial, tout est mis sous l’éteignoir jusqu’à nouvel ordre », explique Jean-Philippe Marcovici, franc-maçon au Grand Orient de France.
Et il résume ainsi la peine des Frères en cette période de crise sanitaire : « Depuis un an, chacun se retrouve chez soi », seul face à lui-même. Un comble pour des gens de réseaux qui cultivent l’art de la rencontre et du débat partagé.
Le distanciel, pour eux, est un crève-cœur, un non-sens : « Même si le temple ne fait pas le maçon, il nous est difficile de travailler en distanciel. Il y a tout un contexte, tout un décorum et une symbolique chez nous qui ne peuvent pas se faire en dehors du cadre. On tient des tenues, des planches, on a nos agapes en salle humide, l’initiation, la chaîne d’union, sans oublier l’incontournable accolade fraternelle. »
« Certains n’ont plus le feu sacré »
Jean-Phillipe Marcovici observe que lavisioconférence a ses défauts mais aussi ses qualités. La population adhérente du Grand Orient a une moyenne d’âge de 58 ans, alors ses plus anciens fidèles désertent les rangs par la peur de la contamination. Une baisse de 5 % des adhésions est prévisible. La cotisation de 350 à 450 € pèse aussi sur les épaules de certains, surtout s’ils « n’ont plus le feu sacré », comme le dit Jean-Philippe Marcovici.
L’ex-vénérable Hervé Mathiaud, Grande loge de l’Alliance maçonnique, quatre temples rue de la Bourde à Tours, enfonce le clou : « Le plus gros problème des Frères, c’est l’absence de tous contacts physiques. Nos plus anciens s’isolent, souffrent. Le rôle de notre hospitalier, chargé de garder le lien, est devenu difficile. On peut faire respecter les mesures sanitaires dans nos locaux mais le couvre-feu nous empêche de nous réunir le soir. »
Jean-Claude Tribout, Grande loge maçonnique de France, observe : « On a fait beaucoup de visioconférences durant les deux confinements mais les initiés s’en fatiguent. C’est le même problème pour les cultes. Le distanciel n’est pas fait pour nous. On a recommencé à tenir quelques tenues en présence physique mais c’est compliqué. Je crains de voir des frères ne pas reprendre le chemin du temple plus tard. »
Jean-Marc Bermès, du Grand Orient en Chinonais, ajoute : « Se réunir dans ces conditions n’a plus d’intérêt pour nous, adeptes de la fraternité, de la convivialité. Le masque en franc-maçonnerie, c’est absurde, incompatible avec nos activités. C’est pourquoi, beaucoup se mettent en sommeil, comme moi. »