lun 01 décembre 2025 - 13:12

05/12/25 – 14ᵉ Prix National de la Laïcité : des Mariannes pour celles et ceux qui font vivre la République

Le 5 décembre 2025, le Temple Arthur Groussier, au siège du Grand Orient de France, 16 rue Cadet à Paris, accueillera de 18 h 30 à 20 h 30 la cérémonie du 14ᵉ Prix National de la Laïcité, organisée conjointement par le Grand Chapitre Général du Rite Français et le Grand Orient de France. L’accueil du public débutera dès 18 h 00, sur inscription préalable via le site du GODF.

Dans ce haut lieu de la sociabilité républicaine, de la réflexion citoyenne et de l’engagement maçonnique, la soirée se déroulera en présence de Pierre Bertinotti, Grand Maître du Grand Orient de France, sous la présidence de Philippe Guglielmi, Grand Vénérable du Grand Chapitre Général. L’invité d’honneur sera Richard Ferrand, Président du Conseil constitutionnel, rappelant par sa seule présence que la laïcité ne relève pas seulement de la mémoire de 1905 mais bien du bloc de constitutionnalité, au cœur de l’État de droit contemporain.

Blason GODF

Face à lui, le jury chargé de distinguer les lauréats sera présidé par le journaliste Renaud Dély. Observateur averti de la vie politique française, familier des dérives extrémistes et des manipulations identitaires, il apportera à cette présidence une exigence intellectuelle et une vigilance démocratique qui disent beaucoup de l’esprit du Prix : distinguer celles et ceux qui font réellement vivre la laïcité, loin des instrumentalisations et des faux-semblants.

Philippe Guglielmi

Les Prix de la Laïcité remis ce soir-là par le Grand Chapitre Général et le Grand Orient de France se déclinent en plusieurs catégories : un Prix National de la Laïcité, un Prix International de la Laïcité, ainsi que, selon les années, un ou plusieurs Prix spéciaux – notamment consacrés aux Droits de l’Homme et de la femme. Pour chacune de ces catégories, il peut y avoir plusieurs récipiendaires, individuels ou collectifs, afin de rendre justice à la diversité des engagements : élus, associations, collectifs de terrain, institutions, initiatives citoyennes, œuvres intellectuelles ou culturelles.

Pierre Bertinotti

Tous ces lauréats ont un point commun : ils repartiront avec une Marianne

Mais pas n’importe quel trophée. Ces Mariannes s’inscrivent dans la lignée de la célèbre Marianne dite « maçonnique », créée au XIXᵉ siècle par le sculpteur et franc-maçon Paul Lecreux, plus connu sous le nom d’artiste Jacques France.

Marianne-GODF

Commandée à l’origine par une loge, bientôt adoptée par le Grand Orient de France avant de gagner les façades de nombreuses mairies, cette figure de la République se reconnaît à son bonnet phrygien, à sa couronne civique de chêne et d’olivier – justice, force, paix – et à son cordon parfois orné de symboles maçonniques, parfois gravé des grandes dates républicaines 1789, 1848, 1870.

Elle incarne à la fois la République et l’idéal maçonnique de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité. Chez Jacques France / Paul Lecreux, Marianne n’est pas une allégorie mais une présence vigilante : elle veille sur les travaux des loges comme sur les délibérations des assemblées municipales. Dire que les Mariannes sont les trophées remis aux heureux et méritants lauréats, c’est donc affirmer qu’on leur confie un fragment de cette histoire symbolique. En recevant leur Marianne, les récipiendaires entrent dans une lignée qui relie le combat républicain, la défense des droits humains et la tradition maçonnique engagée pour la liberté de conscience.

Renaud Dély (Crédit : Claude Truong-Ngoc / Wikimedia Commons)

L’architecture même du Prix – Prix National, Prix International, Prix spéciaux – dessine une véritable cartographie de la laïcité vécue. Le niveau national permet de distinguer les politiques publiques, les actions éducatives, les initiatives associatives qui, en France, défendent l’espace commun laïque et l’égalité des citoyennes et citoyens. Le niveau international rappelle que la laïcité, loin d’être une singularité hexagonale, est aussi un horizon universel de liberté de conscience, que d’autres sociétés cherchent, expérimentent ou revendiquent sous des formes diverses. Quant aux éventuels Prix spéciaux, en particulier ceux dédiés aux Droits de l’Homme et de la femme, ils soulignent que la laïcité ne va jamais sans la dignité des personnes, sans l’égalité réelle entre les sexes, sans la protection des plus vulnérables.

Monsieur Richard Ferrand, Président du Conseil constitutionnel

La présence de Richard Ferrand, Président du Conseil constitutionnel, donnera à la cérémonie une tonalité institutionnelle forte : la laïcité n’est pas qu’un mot de nos frontons, c’est une norme juridique qui irrigue la jurisprudence, garantit l’égalité devant la loi, protège la liberté de croire ou de ne pas croire, encadre la neutralité de la puissance publique. Sous le regard du « gardien de la Constitution », la remise des Mariannes prendra la valeur d’un signe : celui d’une République qui assume ses principes et les honore concrètement.

À ses côtés, le jury présidé par Renaud Dély viendra rappeler qu’une démocratie vivante a besoin de contre-pouvoirs critiques et de voix capables de démasquer les discours de haine qui se déguisent parfois en défense de la laïcité. Confier cette responsabilité à un journaliste aguerri, habitué à analyser les extrémismes, les populismes et les détournements des valeurs républicaines, c’est affirmer que ce Prix se situe clairement du côté d’une laïcité émancipatrice, inclusive, qui protège plutôt qu’elle n’exclut.

Le choix du Temple Arthur Groussier n’est pas anodin

Ce lieu est l’un des grands théâtres symboliques où se sont pensés, depuis des décennies, le rôle de l’École publique, la justice sociale, la place des femmes, les combats contre tous les fanatismes. Que le 14ᵉ Prix National de la Laïcité y soit remis, en cette année du 120ᵉ anniversaire de la loi de 1905, souligne la continuité d’un engagement : faire de la laïcité non pas un slogan, mais un principe vivant, au service d’une République à la fois ferme sur ses valeurs et ouverte à la pluralité des convictions.

Loi de 1905

Ouverte au public, sur inscription obligatoire, la soirée du 5 décembre 2025 se veut enfin un moment de partage : maçons et non-maçons, militants associatifs, enseignants, étudiants, élus, simples citoyennes et citoyens attachés à la laïcité pourront y retrouver ce qui fait le cœur de ce principe : la liberté de conscience pour chacune et chacun, la protection de l’espace commun contre les emprises, la promesse d’une fraternité possible au-delà de nos différences.

Entre mémoire et avenir, entre Temple maçonnique et République laïque, entre Mariannes de Jacques France et réalités contemporaines, ce 14ᵉ Prix National de la Laïcité viendra rappeler, ce soir-là, que la laïcité n’est ni un vestige ni un totem : elle est un combat pacifique, quotidien, qui continue de se vivre, de s’enseigner et de se célébrer.

GODF - Grand Temple Arthur Groussier, fresque
GODF – Grand Temple Arthur Groussier, fresque

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Charles-Albert Delatour
Charles-Albert Delatour
Ancien consultant dans le domaine de la santé, Charles-Albert Delatour, reconnu pour sa bienveillance et son dévouement envers les autres, exerce aujourd’hui en tant que cadre de santé au sein d'un grand hôpital régional. Passionné par l'histoire des organisations secrètes, il est juriste de formation et titulaire d’un Master en droit de l'Université de Bordeaux. Il a été initié dans une grande obédience il y a plus de trente ans et maçonne aujourd'hui au Rite Français philosophique, dernier Rite Français né au Grand Orient de France.

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