ven 25 juillet 2025 - 02:07

Les ouvriers d’Hiram Abiff : « Une quête de liberté spirituelle »

De notre confrère elnacional.com – Par Mario Múnera Muñoz

Dans l’univers intemporel de la franc-maçonnerie, où les symboles et les enseignements initiatiques guident les âmes vers la lumière, un thème profond et universel résonne avec une clarté nouvelle : l’apego (attachement) et le desapego (détachement). Inspiré par un article récent signé Mario Múnera Muñoz, passé Grand Maître, intitulé « Obreros de Hiram Abiff : El apego y el desapego », nous explorons ce chemin spirituel qui invite à transcender les chaînes invisibles pour atteindre une conscience supérieure.

Alors que le monde moderne s’agite dans ses désirs, cet enseignement maçonnique offre une réflexion lumineuse sur la transformation intérieure, un écho aux sagesses anciennes de Rumi, du Bouddha et du Maître Jésus.

Un Chemin de Lumière sans Fardeaux

Le voyage spirituel, loin d’être une fuite du monde, est une traversée empreinte de légèreté. Comme l’écrit Múnera Muñoz, « le chemin spirituel ne consiste pas à fuir le monde, mais à le parcourir avec légèreté, sans chaînes invisibles ». Cette idée, magnifiée par les mots du poète soufi Mevlana Jalaluddin Rumi – « Tu n’es pas une goutte dans l’océan. Tu es tout l’océan dans une goutte » –, invite à reconnaître la grandeur de notre essence divine, même dans la petitesse de notre existence terrestre. Le desapego devient alors le fil d’Ariane qui guide hors du labyrinthe des apegos, ces attachements qui pèsent sur l’âme et voilent la conscience.

Dans la tradition maçonnique, où Hiram Abiff symbolise l’ouvrier par excellence, l’initiation est une invitation à se libérer des désirs matériels et des illusions du pouvoir. L’auteur souligne que sans desapego, aucun sentier de lumière ne peut être pleinement parcouru. L’apego, en distordant la perception du savoir, transforme le maçon en « mago negro » (mage noir), utilisant le knowledge pour dominer plutôt que pour s’élever. Cette métamorphose alchimique – passer du plomb de l’ego à l’or de l’être – est au cœur de la quête initiatique.

Les Racines de l’Apego : Une Leçon Universelle

Pourquoi l’humanité s’enferme-t-elle dans l’apego ? Múnera Muñoz nous ramène aux enseignements du Bouddha, qui identifiait le désir comme la source de la souffrance. Lorsque nous entrons dans ce « plan de souffrance », voilés de la sagesse intuitive de notre esprit, notre mission est d’« ouvrir la conscience ». L’exemple du Maître Jésus, formé dès sept ans par les Esséniens dans les monastères des montagnes, illustre cette préparation à une mission supérieure. Jésus, transcendant les lois duales de ce monde, nous a légué un chemin de desapego avec ces mots : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renie son ego, prenne sa croix et me suive » (Matthieu 16:24). Cette croix, symbole de renoncement, devient un outil de libération.

L’apego naît de notre incapacité à contrôler les pensées et les jugements d’autrui. Pourtant, comme le souligne l’auteur, ce que nous pouvons maîtriser – notre paix intérieure – est la clé du desapego. Une maxime éclaire cette voie : « Travaille en équipe, ne sois pas le meilleur, fais que l’équipe le soit. » Ce principe rejette les objectifs matériels au profit du service désintéressé, un idéal qui résonne avec l’éthique maçonnique de construire un temple intérieur pour le bien commun.

Le Desapego : Un Art de Vivre et une Mort Initiatique

Le desapego, loin d’être une simple abstention, est un art cultivé par la pratique et l’autoconnaissance. Le bouddhisme enseigne que « la souffrance naît de l’apego », tandis que le taoïsme compare l’âme libre à l’eau qui coule sans s’accrocher. Vivre pleinement, sans peur de perdre, c’est aimer sans conditions. Cette liberté intérieure culmine dans ce que Múnera Muñoz appelle la « Muerte Initiatique », un symbole de transformation où l’individu meurt à son ego, ses dogmes et ses ambitions pour renaître dans un état supérieur de conscience.

Cette alchimie spirituelle évoque le mythe du Phénix : se consumer pour renaître implique de lâcher prise sur l’ancienne identité. Le bouddhisme précise que la « mort de l’ego » précède le réveil, un processus continu qui exige un desapego authentique, au-delà d’une simple intellectualisation. Sans cette dissolution, l’initiation reste un exercice stérile, où l’ego, gonflé par la vanité, obscurcit la compréhension du sentier sacré.

Une Invitation à la Transcendance

Pierre Brute, ciseau, maillet,
Pierre Brute, ciseau, maillet,

Alors que les loges maçonniques vibrent de nouveaux travaux, l’enseignement d’« Obreros de Hiram Abiff » résonne comme un appel à la transcendance. Le desapego n’est pas une négation de la vie, mais une célébration de sa fluidité. Il nous invite à nous détacher des illusions – pouvoir, possessions, reconnaissance – pour embrasser notre essence divine, cet « océan dans une goutte » dont parlait Rumi.

Mario Múnera Muñoz, avec sa plume inspirée, nous rappelle que la véritable initiation est un acte de courage : mourir à soi-même pour renaître dans la lumière.

Que chaque maçon, ouvrier du temple intérieur, prenne cette leçon comme un guide, sculptant sa pierre brute avec la grâce du desapego, pour que la fraternité illumine le monde d’une conscience éveillée.

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Charles-Albert Delatour
Charles-Albert Delatour
Ancien consultant dans le domaine de la santé, Charles-Albert Delatour, reconnu pour sa bienveillance et son dévouement envers les autres, exerce aujourd’hui en tant que cadre de santé au sein d'un grand hôpital régional. Passionné par l'histoire des organisations secrètes, il est juriste de formation et titulaire d’un Master en droit de l'Université de Bordeaux. Il a été initié dans une grande obédience il y a plus de trente ans et maçonne aujourd'hui au Rite Français philosophique, dernier Rite Français né au Grand Orient de France.

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