De notre confrère expartibus.it – Par Rosmunda Cristiano

Frères et sœurs, imaginez cet instant suspendu : le silence épais d’un lieu obscur, votre souffle rebondissant sur les murs noirs, les questions gravées dans votre cœur avant même d’être couchées sur le papier. Alors un rayon perce les ténèbres : non pas une lueur vulgaire, mais la semence divine de la connaissance.
Lux et veritas
Lumière et vérité

Elle devient alors non plus un slogan , mais une promesse existentielle. En Franc-maçonnerie, la lumière n’est pas une clarté neutre : elle est le signe visible d’une présence invisible, l’écho d’un ordre profond que nous appelons le Grand Architecte de l’Univers.
C’est un principe créatif, mais aussi une blessure et un désir : une blessure car elle nous montre à quel point nous sommes encore incomplets, un désir car elle nous attire toujours plus loin, vers un « plus » sans fin.
Comme Goethe l’a murmuré dans ses derniers mots,
Mehr Licht!
Plus de lumière !

L’âme initiatique n’est pas satisfaite, elle aspire à une clarté toujours plus grande, presque insoutenable. Alors se pose la question, inévitable, comme une lame qui transperce la poitrine : pourquoi le franc-maçon recherche-t-il la Lumière, toujours et tout au long de son cheminement initiatique ?
Car la Lumière est son vrai visage, celui qu’il a oublié durant les nuits d’ignorance et de peur. Il la recherche sans relâche, car il sent que chaque pas dans l’obscurité, chaque chute, chaque doute, est en réalité une invitation à retrouver cette étincelle originelle que le voyage a allumée.
L’apprenti le reçoit comme un présent fragile, le compagnon le façonne à coups de ciseau sur la pierre brute, le maître le reflète et le transmet, comme une torche allumée qui passe de main en main.
Il la recherche sans cesse car, sans cette tension, son chemin s’obscurcit, sa vie se réduit à une simple survie. Et il la poursuit tout au long de son voyage, de sorte que la Lumière n’est pas une ligne d’arrivée à marquer sur un tableau d’affichage, mais un horizon qui s’éloigne à chaque fois que nous nous en approchons, nous obligeant à grandir davantage.
Dans cette quête, l’Ombre n’est pas un ennemi, mais un maître exigeant.

La psychologie de Jung nous rappelle : l’aube est l’émergence de la nuit de l’inconscient ; la Lumière qui importe n’est pas celle qui efface l’obscurité, mais celle qui la traverse, l’intègre, la transforme en conscience.
Le Franc-maçon qui prétend ne pas avoir d’ombres devient un masque ; celui qui les regarde en face, à la lumière des Trois Grandes Lumières — l’Équerre, le Compas et le Livre de la Loi Sacrée — commence à devenir un individu, et non une copie.
L’Équerre harmonise les gestes quotidiens, le Compas mesure les désirs et les peurs, le Livre Sacré, quelle que soit sa conscience, nous rappelle qu’il existe une Loi supérieure à notre mesquine soif de pouvoir.
Il y a des moments où tout cela prend forme concrète.

Une bougie allumée en silence avant une décision importante ; un moment de méditation où l’on « met en lumière » une pensée dont on a honte ; un acte de sincérité sans masque avec un frère ou une sœur.
Ce sont de petites pauses intérieures durant lesquelles la flamme est rallumée, le verre de la lanterne est nettoyé et la lumière est autorisée à se diffuser un peu plus dans la vie quotidienne.
Et puis il y a les symboles qui indiquent une lueur d’espoir au bout du tunnel.
L’étoile flamboyante, par exemple, qui brille au centre du ciel du Temple, n’est pas un ornement : elle est la promesse que, quelle que soit la profondeur de la nuit, il y a toujours un point de feu qui ne s’éteint jamais.

La chaîne de l’union, avec ses mains entrelacées, nous rappelle que personne ne traverse l’obscurité seul : si votre torche faiblit, la lumière d’un autre peut protéger la vôtre, et demain, ce sera vous qui lèverez la lampe pour ceux qui trébuchent.
Point après point, une douce et terrible certitude se dessine : peut-être n’y a-t-il pas de « fin » au voyage, aucun signe indiquant « désormais, vous êtes lumière ». Mais c’est précisément dans cette infinité que réside le miracle. S’il n’y a pas de fin, alors il y a toujours : toujours la possibilité de renaître, de se rallumer, de recommencer.
La Lumière triomphe non pas parce qu’elle élimine les ténèbres pour toujours, mais parce que chaque fois que les ténèbres reviennent, elles trouvent quelqu’un prêt à rallumer la flamme, pour lui-même et pour les autres.

Au solstice d’hiver, quand les ténèbres semblent triompher, l’aube se prépare déjà : un message cosmique et personnel : dans vos moments les plus sombres, quelque chose en vous se prépare déjà à renaître.
Réfléchissez-y : combien de fois le monde nous a-t-il convaincus que les ténèbres sont invincibles ?
Crises, divisions, peurs collectives. Pourtant, il suffit d’une étincelle, d’un geste courageux, d’une parole sincère pour prouver le contraire.
La lumière est cette force patiente qui érode les montagnes d’ombre, non pas violemment, mais avec constance. Elle est la fissure qui s’élargit, la flamme visible au bout du tunnel, preuve que l’obscurité, si dense soit-elle, n’est jamais absolue.

La Vraie Lumière n’est pas un don ponctuel, mais une flamme à nourrir quotidiennement. Le Franc-maçon qui l’alimente devient porteur de vérité, de paix et de fraternité. Seuls ceux qui marchent dans la Lumière peuvent guider les autres hors des ténèbres, ou périr avec eux dans l’obscurité éternelle. En fin de compte, s’il y a une fin, la Lumière triomphe toujours, comme l’aube inéluctable après la plus longue nuit.
À la gloire du GADU, la tâche est à la fois simple et ardue : protéger cette étincelle, la nourrir, l’offrir.
Fiat lux et facta est lux
Ce n’est pas une phrase du passé, mais un impératif du présent :
Que la lumière brille désormais à travers vous.
Et tant qu’au moins l’un d’entre nous aura le courage d’allumer une bougie dans le vent, la flamme au bout du tunnel ne sera jamais qu’une illusion, mais une promesse tenue.
Lux perpetua luceat eis!
Que la lumière perpétuelle illumine le chemin de ceux qui cherchent, tombent, se relèvent et ne cessent jamais de marcher !
