Candidat parisien, Jean-Raphaël Notton a été élu Grand Maître de la Grande Loge de France (GLDF), lors du convent de cette obédience, le 21 juin 2025, avec 51,1 % des suffrages, face à Thierry Sarrazin, candidat originaire du Nord. Il incarne une vision alliant tradition initiatique et ouverture aux défis contemporains. Âgé de 69 ans, initié en 1986 au sein de la loge « Jean Jaurès » à Paris, ce médecin, officier de réserve et acteur du secteur social, prend la tête d’une obédience historique forte de 32 000 membres et 940 loges, fidèle au Rite Écossais Ancien et Accepté.
Son programme, esquissé lors de son élection, fera sans doute l’objet de développements dans sa première conférence publique intitulée : « Osez pousser les portes ! », qui se tiendra, dans le cadre des Tenues d’été, en l’hôtel de la Grande Loge de France, le 26 août prochain (complet). Nul doute qu’il mettra l’accent sur l’accessibilité, la modernité et l’expansion internationale de la GLDF, porteuse d’une tradition spirituelle utile aux temps présents.
Voici 10 thèmes de réflexion permettant d’explorer le programme du nouveau Grand Maître pour les trois prochaines années (2025-2028), si, toutefois, son mandat annuel est renouvelé deux fois. Ces questions s’inspirent de son parcours, de ses déclarations et du contexte maçonnique dans lequel il est immergé.
1. Une Vision d’Ouverture : Comment rendre la Franc-maçonnerie plus accessible ?

Au cours des dernières années, à maintes reprises, vous avez exprimé le souhait de rendre la GLDF accessible à un public plus large, en particulier aux jeunes générations. Cette ambition n’est pas nouvelle à la GLDF : ne serait-ce que votre prédécesseur, Thierry Zaveroni – mais d’autres avant lui, comme Philippe Charuel, par exemple –, insistaient sur la nécessité d’attirer les jeunes adultes vers la démarche initiatique. De manière générale, quelles initiatives concrètes envisagez-vous pour susciter l’intérêt de nouveaux candidats, tout en préservant la rigueur initiatique du Rite Écossais Ancien et Accepté et, plus largement, pour améliorer dans le public la compréhension d’une franc-maçonnerie conjuguant humanisme et spiritualité ?
JRN : Vous avez raison de souligner que la démarche d’ouverture est ancienne à la Grande Loge et qu’elle est aussi l’œuvre de nombre de mes prédécesseurs.
Je suis convaincu qu’il est possible d’allier Tradition et modernité, initiation et sécularisation. En répondant aujourd’hui à vos questions, c’est exactement cette conviction que je souhaite mettre en œuvre. Dans mon discours de candidature, j’ai insisté sur plusieurs aspects déterminants, à mes yeux :
- Avoir le souci d’être au plus près de la vie des Loges ;
- Être ouvert sur le monde ;
- Expliquer à quel point l’initiation Écossaise peut constituer un viatique pour ceux qui se cherchent, dans cette époque souvent vide de sens.
Aussi bien, notre rentrée va être rythmée par plusieurs évènements marquants. Nous allons saluer et soutenir « la liberté de conscience » :
- Tout d’abord, en fêtant l’anniversaire du Convent de Lausanne, dont un des messages fondateurs est la liberté de conscience ;
- Ensuite, en célébrant la loi de 1905, elle aussi porteuse de ce message universel – au demeurant, il n’est pas indifférent de noter que c’est à la Grande Loge de France que le Président de la République a choisi de commencer la commémoration de cette loi républicaine essentielle ;
- Enfin, à l’occasion des journées du patrimoine, des dizaines de sites de la Grande Loge de France seront ouverts au public, partout en métropole comme dans les outre-mer.
Ce sont ces messages et ces démarches que j’ai essayé de résumer, dans le titre de ma conférence publique du 26 août à Paris : « Osez pousser les portes ! ».
Cette conférence, avec ce thème novateur, est un tel succès qu’elle est déjà complète et qu’il nous a fallu, la mort dans l’âme, bloquer les inscriptions.
Mais pas de regret, j’ai immédiatement demandé que l’on m’organise une nouvelle conférence sur le même thème, courant septembre.
2. La Jeunesse : Comment attirer les nouvelles générations ?

Plus spécifiquement, quelles stratégies comptez-vous mettre en œuvre pour rendre la GLDF attractive pour les jeunes, tout en répondant à leurs attentes dans un monde en mutation rapide où l’usage des technologies transforme profondément les pratiques sociales et les relations entre les hommes ?
JRN : Je ne crois pas qu’il y ait un message spécifiquement formaté à adresser à ceux que vous regroupez sous le vocable de « jeunes ». Je crois plus à l’expression et à l’explication, partout où cela est possible, du caractère incroyable de la démarche de recherche personnelle et d’engagement que porte l’initiation au Rite Écossais qui rassemble les frères et les Loges de la Grande Loge de France.
Reconnaissez que, dans ce monde matérialiste à outrance, qui vit dans l’immédiateté et dans la superficialité, dire que l’on peut se poser, échanger sans crainte d’être jugé, parler sans être montré du doigt, douter sans être moqué, réfléchir sur soi soi-même, retrouver le goût du temps long, de la persévérance, ouvrir son esprit à l’Autre, à tous les Autres, est un message peu banal.
Je suis persuadé que la découverte de ce message par tous ceux qui se cherchent, jeunes ou moins jeunes, est susceptible d’être un puissant levier d’attraction vers les Loges de la Grande Loge de France.
C’est pourquoi s’efforcer, comme je le souhaite, de communiquer partout, ici, sur tous les types de médias et à toutes les occasions nationales ou locales, est la première et la meilleure manière d’offrir au plus grand nombre l’opportunité de se lancer chacun à son tour dans cette merveilleuse aventure de l’initiation.
3. Engagement humanitaire et sociétal : Quel rôle pour la GLDF face aux enjeux contemporains ?

Dans la perspective que vous avez décrite, la GLDF s’est illustrée par des actions de solidarité, comme l’aide aux plus démunis via le fonds « Fraternité et Humanisme » ou les opérations humanitaires en Ukraine. Quelles nouvelles actions sociétales envisagez-vous pour répondre aux crises actuelles, qu’il s’agisse de défis sociaux, écologiques ou technologiques ?
JRN : Vous voudrez bien me permettre de rappeler, au préalable, « l’esprit » du Rite Écossais qui préside à la démarche singulière des Frères de la Grande Loge de France.
Nous estimons que la recherche personnelle est le primum movens de notre démarche, et qu’il revient ensuite à chacun d’entre nous de se battre pour nos valeurs, là où s’exercent nos responsabilités publiques ou professionnelles, des plus humbles aux plus éminentes.
La magnifique singularité spiritualiste de notre démarche nous incite à nous protéger des jugements profanes obnubilés par le court terme, des accès d’humeur précipités, des prises de position partisanes qui divisent, au lieu de chercher à réunir.
Est-ce à dire que nous nous désintéressons du monde qui nous entoure ? Certes, non ; c’est, d’ailleurs, impossible pour toute conscience qui s’exerce nécessairement au contact des réalités ;
Mais, d’une part, nous privilégions l’action individuelle, plutôt que les pétitions collectives.

On peut dire, à cet égard, que, dans deux registres différents, des personnalités comme celles de Pierre Simon ou d’Arnaud Beltrame sont d’illustres témoignages de notre démarche singulière ; d’autre part, nous préférons nous exprimer sur les valeurs inaliénables que nous défendons.
Ainsi, profitant de la formidable coïncidence – mais en est-ce vraiment une, si l’on veut bien considérer le mouvement historique auquel tout cela correspond ? – que représentent les anniversaires contemporains de la liberté de conscience du Convent de Lausanne de 1875 et de la loi de 1905, je vais inviter les Frères de la Grande Loge de France à réfléchir sur : « la liberté de conscience, comme fondation d’un dialogue privé et public apaisé ». Les contributions des Frères de nos Loges, sur ce sujet majeur, seront rendues publiques et je ne doute pas qu’elles pourront soutenir, au plus haut niveau, les réflexions des décideurs publics nationaux et européens.
C’est de cette matière que nous pourrons le mieux marquer notre siècle, comme avant nous l’ont fait nos frères des XVIIIe, XIXe et XXe siècles.
Alain Graesel avait ainsi résumé l’esprit de notre recherche : « une démarche de Tradition au cœur des enjeux contemporains ».
4. Modernité et Tradition : Comment concilier ces deux impératifs ?
En tant que président de la Commission du « Futur de nos Loges », vous avez formulé des propositions audacieuses pour moderniser la GLDF. Comment comptez-vous équilibrer ces évolutions avec le respect des traditions maçonniques, notamment la dimension spirituelle sans dogme qui caractérise l’obédience et qui serait ainsi appelée à se déployer, d’une manière ou d’une autre, dans des approches renouvelées ?

JRN : Une fois encore, je me dois de rappeler, en préambule, la genèse de cette aventure collective incroyable que fut : « le futur de nos Loges ». Nous étions dans une période de doute comme jamais dans l’histoire de la Franc-Maçonnerie, avec pour toutes les obédiences du monde, y compris, bien entendu, toutes les obédiences françaises, des baisses plus ou moins spectaculaires du nombre « d’adhérents ». Nous avons eu ce formidable courage collectif de demander aux Frères et aux Loges de s’exprimer sans tabou ni réserve, sur leur situation, leurs attentes, leurs déceptions parfois, leurs initiatives souvent, pleines d’imagination, d’énergie, de détermination aussi.
Car c’est cela le plus intéressant de cette démarche, que j’ai eu l’honneur de coordonner avec d’autres Frères encore présents à mes côtés aujourd’hui : « ce sont nos Frères et nos Loges qui se sont exprimés ». Nous sommes la seule obédience européenne – voire la seule à l’échelle de la planète – à avoir su mener, avec autant de liberté, une telle démarche de vérité. C’est la preuve vivante de notre vitalité.
Bon nombre de points essentiels de mon projet pour la Grande Loge de France sont directement issus de cette libre expression des Frères et des Loges. Sans trop entrer dans les détails – ce serait ici infiniment trop long –, nous avons en particulier analysé avec respect et lucidité ce qui relève de l’intangible et du contingent.
L’intangible, ce sont les fondations inaliénables et inviolables de notre Tradition, avec, en son cœur, le Rite Écossais Ancien et Accepté.
Le contingent, c’est le champ immense d’imagination que nous devons et pouvons avoir, pour que la vie en Loge de nos Frères soit vivante et joyeuse.
La Spiritualité de notre pratique fait non seulement partie de l’intangible, elle en constitue la singularité et, à mes yeux, le côté formidablement attractif de la Grande Loge de France.
C’est dire si nous y sommes attachés.
5. Dialogue Inter-Obédiences : Quelle place pour la GLDF dans le paysage maçonnique français ?
La Grande Loge de France (GLDF) occupe une position centrale dans le paysage maçonnique français, entre le Grand Orient de France (GODF) et la Grande Loge Nationale Française (GLNF). Comment envisagez-vous les relations avec l’ensemble des obédiences, notamment au sein de la Confédération Maçonnique Française (CMF) et quelles collaborations pourraient être développées ?
JRN : Défendre une forme de prééminence de la Grande Loge de France par rapport aux autres obédiences n’est en rien ma priorité. Je laisse cela à d’autres obédiences, si cela les intéresse. Notre histoire et notre importance nationale et internationale plaident à elles seules pour nous.
Je souhaite, en revanche, renforcer nos liens avec les autres obédiences de Tradition, qui partagent avec nous la primauté de la recherche spirituelle.
Nous sommes la plus ancienne d’entre elles, nous représentons le courant important des « Antients ». Cette place historique nous confère des responsabilités particulières.

Par ailleurs, je veux profiter de votre question pour saluer nos liens particuliers avec la Grande Loge Féminine de France. J’annoncerai, lors de ma conférence publique, une initiative conjointe que nous prendrons avec la Grande Maîtresse Liliane Mirville, dans le cadre du 80e anniversaire de l’indépendance de cette obédience historiquement issue de la Grande Loge de France.
6. Expansion Internationale : Quels sont vos objectifs au-delà des frontières ?
Vous avez mentionné votre intention de poursuivre l’implantation des loges de la GLDF sur tous les continents. Quelles régions ou quels pays priorisez-vous pour cette expansion et comment la GLDF peut-elle renforcer sa présence dans le paysage maçonnique international ?
JRN : Nous sommes présents partout en métropole, dans les outre-mer, et dans un grand nombre de pays étrangers.

Par ailleurs, la Confédération Internationale des Grandes Loges Unies, dont la Grande Loge et le Rite Écossais sont le cœur, constitue un réseau international sans beaucoup d’équivalent dans le monde.
D’une part, je souhaite poursuivre l’implantation de nouvelles Loges de la Grande Loge de France partout où l’opportunité et la demande s’expriment. L’Asie du Sud-Est et le continent nord-américain vont ainsi rapidement voir la création de nouvelles Loges.
D’autre part, l’Europe constitue un socle de présence important, à bien des égards. Nous souhaitons activement permettre à nos valeurs de marquer plus encore la construction européenne en cours. Nous avons le devoir d’être présents partout où des Frères ont besoin d’aide, comme c’est le cas actuellement à l’Est de l’Europe.
Mais nous avons également l’ambition légitime de faire de la Confédération Internationale des Grandes Loges Unies le premier réseau international maçonnique. Dès cette rentrée, je serai présent à Lomé au Togo, pour un rassemblement exceptionnel d’un grand nombre d’obédiences africaines de Rite Écossais. Des mots importants y seront prononcés, des liens forts y seront établis ou renforcés.
7. Revenons-en aux valeurs de la GLDF : Comment envisagez-vous de renforcer la convergence de la Liberté de Conscience et de la Spiritualité, souvent perçues comme antinomiques ou du moins comme entretenant un rapport fortement dialectique ? Quels sont le sens et la portée de la laïcité, dans ce cadre ?
En d’autres termes, la GLDF se distingue par sa défense de la liberté de conscience et sa spiritualité sans dogme. Face aux clivages philosophiques et religieux dans la société, comment comptez-vous promouvoir ces valeurs au sein des loges et dans le débat public ?
JRN : 2025 est marquée par deux anniversaires convergents et importants pour nous : la loi de 1905 et la remémoration du Convent de Lausanne. Dans les deux cas, c’est la liberté de conscience qui est mise en valeur et portée au rang de vertu cardinale.

La richesse singulière de la Grande Loge de France trouve ses racines dans ces deux évènements, l’un lié à la République, l’autre au Rite Écossais. C’est dire si nous nous sentons impliqués dans ces deux évènements. Nous les saluerons, l’un et l’autre, de manière solennelle.
Notre singularité « spiritualiste » est pour tous les initiés de la Grande Loge de France une source de joie partagée, de fierté, d’Espérance aussi. Qu’autant de courants spiritualistes différents soient représentés dans nos Loges est la conséquence heureuse et naturelle de cette joie, de cette fierté et de cette Espérance.
Vous évoquez une certaine « antinomie », dans une fraction de l’opinion publique, entre la liberté de conscience et la spiritualité : je ne partage absolument pas cette appréciation. La Grande Loge, les Loges de notre obédience, sont des endroits rares où peuvent dialoguer, en toute liberté, des Frères aux opinions et aux croyances personnelles parfois très différentes. Dans l’époque bouleversée et souvent radicalisée qui marque nos vies, quel formidable privilège offre la Grande Loge de France à tous ses initiés et à ceux qui veulent nous rejoindre !
Dans nos Loges, vous pouvez, en toute liberté, et dans un respect absolu, soit être initié et pratiquer au-dehors la religion de votre choix, soit encore être initié et n’avoir aucune religion, soit enfin être initié et poursuivre une recherche personnelle et intime que nul ne viendra contester. Quel bonheur !
Et, en même temps, quelle tristesse qu’une certaine radicalité anticléricale continue d’alimenter certaines obédiences, ce qui ralentit notre espoir légitime de réconciliation avec la religion catholique romaine, une des seules institutions religieuses au monde avec laquelle persiste un malentendu historique, sans fondement dogmatique réel.
8. Transmission Culturelle : Quel rôle pour les événements publics ?
Votre prochaine et première conférence publique : « Osez pousser les portes », s’inscrit dans un cycle estival de la GLDF visant à ponctuer les tenues réservées aux Frères, de conférences publiques ouvertes à toutes et à tous dans le Grand Temple. Quels autres événements culturels ou éducatifs prévoyez-vous pour faire connaître la franc-maçonnerie et ses valeurs, comme s’y emploient déjà le Festival des Heures Bleues (au Château Saint-Antoine à Marseille) ou le Salon du Livre et de la Culture (en l’hôtel de la rue Louis-Puteaux, à Paris) ?
JRN : Je considère comme important que nous soyons ouverts sur le monde. Comment pourrait-il en être autrement, quand notre devoir premier d’initiés est de transmettre notre Tradition et ses valeurs, au plus grand nombre. Des initiatives nombreuses ont déjà été prises dans un passé récent. Je compte poursuivre cet élan d’ouverture, grâce à la culture, grâce à l’histoire, mais aussi par des évènements permettant l’expression publique, chaque fois que les valeurs essentielles que nous représentons pourront y trouver une tribune.
Ainsi, l’obtention pour notre musée du label « musée de France » va nous permettre d’accueillir des scolaires. Cet effort d’ouverture ne sera pas seulement parisien mais national voire rayonnera au-delà. Par exemple, un colloque d’envergure est, d’ores et déjà, en préparation à Ajaccio, qui portera sur le dialogue des spiritualités en Méditerranée. Mais cet effort d’ouverture sera également local, organisé par les Loges, avec le soutien de l’Obédience. Comme à Corbeil, à Lille, à Lyon, à Nancy, à Rochefort, aux Antilles, en Guyane et même à Bangkok, pour ne citer que quelques Orients où se manifestera cette volonté d’ouverture, dès la rentrée.

Dans ces moments très anxiogènes de la vie du monde, qui incitent au repli sur soi, nous proposons au contraire d’oser ouvrir les portes et de partager nos valeurs de tolérance, de fraternité et de solidarité.
9. Héritage et Mémoire : Comment perpétuer l’histoire de la GLDF ?
Votre discours émouvant, en 2018, lors de la cérémonie funèbre en hommage à Arnaud Beltrame, membre de la GLDF, a marqué les esprits. Comment envisagez-vous de préserver et de transmettre l’héritage maçonnique, notamment à travers des figures héroïques ou des événements comme la cérémonie annuelle du devoir de mémoire ? À cet égard et plus globalement, la récente inauguration du musée maçonnique dans un espace dédié plus étendu permettra de mettre en valeur les riches collections de la GLDF. L’ouverture concomitante d’une librairie présentant des auteurs de la GLDF accroîtra sans nul doute ce rayonnement. Mais quelles autres initiatives envisagez-vous, qui dépassent l’échelle de la rue Louis-Puteaux ?
JRN : Avoir eu l’honneur, à l’époque, en tant que Grand Orateur, de prononcer l’éloge funèbre d’Arnaud Beltrame, restera à jamais un moment exceptionnellement bouleversant de mon parcours d’initié. Arnaud Beltrame nous a démontré, au prix de sa vie, ce que signifie véritablement l’Engagement et le respect de nos serments.
La Grande Loge de France est la plus ancienne des obédiences françaises de Tradition.
Son histoire est d’une richesse incomparable. Et ce n’est pas seulement de son histoire ancienne que la Grande Loge peut s’enorgueillir, c’est aussi de son histoire récente, voire contemporaine, comme dans le cas d’Arnaud Beltrame.
Comment ne pas citer les 7 compagnons de la Libération membres de la Grande Loge, dont leur doyen Hubert Germain ? Aucune autre institution privée ni a fortiori aucune autre obédience ne peuvent revendiquer un tel nombre de héros de la République, en son sein.

Comment ne pas citer le Grand Maître Pierre Simon qui fut un éminent contributeur des lois Veil ? Vous avez raison, défendre la vérité historique est un combat permanent.
C’est pourquoi j’ai décidé de développer de manière significative la communication externe de la Grande Loge de France. Cette communication sera à la fois nationale, mais également de proximité, au plus près des évènements générés par nos Loges et nos Orients.
J’ai l’ambition bien naturelle de vouloir mieux intégrer, dans nos réalités quotidiennes, la dimension historique de notre Obédience, son importance comme porteuse de nos valeurs républicaines partagées, et d’accroître ainsi sa notoriété globale et son attractivité personnelle.
10. Défis Internes : Comment renforcer l’unité de l’obédience ?
Votre élection, à raison de 51,1 % des suffrages – ce qui n’a rien d’unique, bien d’autre cas s’étant produits par le passé avec de faibles écarts entre candidats au second tour –, témoigne d’une démocratie vivante et d’un scrutin concurrentiel. Cependant, après ces épisodes, il faut, comme on dit, « recoller les morceaux » et refaire l’unité. Même si, par leur discipline, les francs-maçons devraient y parvenir sans difficulté, il s’agit de retrouver une dynamique qui implique le plus grand nombre, en fédérant les énergies de toutes les régions et de tous les frères. Comment pensez-vous désamorcer les éventuelles frilosités et les tensions subsistantes ?
JRN : La Grande Loge est une institution vivante, avec une démocratie mature et apaisée. Je ne crois pas une seconde à l’existence de ce que vous appelez : « des frilosités et des tensions subsistantes » et ce d’autant moins que j’ai clairement inscrit mon mandat dans un esprit de continuité.

Vous me donnez ainsi l’occasion de rendre hommage à la Grande Maîtrise de mon prédécesseur, Thierry Zaveroni. Je ne doute pas que l’histoire conservera la mémoire d’une œuvre dense et réussie, qui est aussi celle de tous les Frères qui l’ont accompagné dans son action, ce qui est le lot de chaque Grand Maître qui n’agit jamais seul (c’est, d’ailleurs, l’esprit même de la franc-maçonnerie).
Pour le reste, je vais remplir ce rôle indispensable d’impulsion et de mobilisation des énergies que doit accomplir, selon moi, tout Grand Maître. L’histoire, la souveraineté, la dimension nationale et internationale de la Grande Loge de France, nous donnent collectivement cette motivation, cette ambition et, en toute hypothèse, ce devoir.
Avec comme objectif primordial de transmettre au plus grand nombre une Tradition initiatique qui nourrit nos vies d’initiés et qui est un message d’Espérance, dans un monde bouleversé. Je vais tout faire pour assumer ce devoir au mieux de mes capacités, au nom de tous les Frères de la Grande Loge de France.
Merci de votre bienveillant accueil dans vos colonnes (je crois que nous avons ce mot en commun…).
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