La Franc-maçonnerie s’enorgueillit de ses Temples. Elle en polit les colonnes, en dose la lumière, en règle l’ordonnancement comme on veille sur un trésor immémorial. Là, nous bâtissons des cathédrales intérieures, degré après degré, dans la lente patience de l’initiation. Mais le Temple n’est pas une destination. Il est un seuil. On y entre pour apprendre, on en sort pour bâtir.
Et si nous n’en sortons pas, il deviendra un mausolée : magnifique, mais mort !
Dans « Une rupture urgente : vers une Franc-maçonnerie vivante », le constat était clair : nous nous essoufflons à force de nous contempler dans un miroir poli par les ans. Les ajustements cosmétiques ne suffisent plus. Varier le thème d’une conférence, ajouter un stand, rallonger un programme ne changera pas le fond du problème. Il faut une rupture totale : franchir le seuil et aller là où la vie bat, là où nos valeurs peuvent rencontrer des visages qui ne franchiront jamais d’eux-mêmes la porte d’un Temple.
Car à quoi sert-il de travailler à la perfection de l’humanité si nous ne côtoyons plus l’humanité réelle – celle qui rit, qui s’émeut, qui lutte, qui se trompe, qui cherche ? Rester entre nous, c’est cultiver un entre-soi confortable mais stérile. C’est laisser se creuser les déserts maçonniques : ces vastes espaces où notre présence est inexistante, où notre voix ne porte pas, où notre idéal ne se manifeste jamais.

Or, il existe un moyen simple, concret, éprouvé, de réinvestir ces espaces oubliés : participer aux forums associatifs de septembre.
Véritable manifestation phare de la rentrée, le Forum des associations rythme la vie locale par un programme d’animations, de rencontres et de démonstrations qui attirent chaque année un public nombreux. Pendant cette journée dédiée au dynamisme associatif, les stands se succèdent comme autant de visages de la cité : clubs sportifs, chorales, associations d’aide aux devoirs, collectifs environnementaux, groupes de théâtre…
Toute la diversité humaine et culturelle d’un territoire s’y concentre, dans un même lieu, le temps d’un rendez-vous unique.

Le public vient avec un esprit ouvert, curieux, prêt à découvrir et à s’engager. C’est un moment privilégié où les liens se tissent naturellement, où les barrières tombent, où la conversation s’amorce sans formalisme. Pour la Franc-maçonnerie, c’est l’occasion idéale de se montrer, de témoigner, de dialoguer, et de rappeler, par sa présence, qu’elle participe pleinement à la vie de la Cité
C’est là que nous devons être !
Non pas pour « recruter », mais pour témoigner de notre existence et de notre utilité.
Non pas pour dévoiler nos rituels, mais pour montrer nos actions :
- nos fondations et fonds de dotation, qui soutiennent l’éducation, la recherche, la solidarité ;
- nos associations caritatives, engagées pour la santé, la mémoire, l’inclusion ;
- nos cercles culturels et/ou littéraires, qui organisent des rencontres ouvertes à toutes et à tous. Et surtout aux jeunes !
Un stand maçonnique – ou celui de nos structures associées – ne serait pas un guichet d’adhésion, mais une porte ouverte symbolique. Avec des brochures claires, des visuels simples, des témoignages vivants. Avec des Frères et des Sœurs capables de traduire nos idéaux en mots universels, de parler de valeurs avant de parler de symboles.

Certains craindront qu’une telle présence ne « banalise » la Franc-maçonnerie. C’est l’inverse qui se produira. Dans un désert, la moindre source devient précieuse. Dans un paysage public où nous sommes invisibles, notre simple apparition deviendra un événement. Non pour faire du prosélytisme – ce n’est pas notre vocation – mais pour rappeler que nous sommes partie prenante de la communauté humaine et que nous travaillons, avec d’autres, à son amélioration.
Les rares obédiences qui se sont risquées à cet exercice – souvent féminines, plus audacieuses en communication – en ont tiré des bénéfices tangibles :
- des rencontres inattendues avec des personnes qui n’auraient jamais franchi le seuil d’un salon maçonnique ;
- des invitations à intervenir dans des écoles, des associations laïques, des festivals locaux ;
- une image plus claire, moins sujette aux fantasmes et aux caricatures.
Un forum associatif est une agora moderne : gratuite, régulière, institutionnalisée, où toutes les forces vives d’un territoire se présentent côte à côte. Refuser d’y être, c’est abandonner le terrain à d’autres discours – y compris ceux qui déforment le nôtre.

Et pourquoi ne pas aller plus loin, dans ce même mois de septembre ?
Quelques jours après les forums associatifs se tiennent les Journées européennes du patrimoine, dont le thème 2025 est « Patrimoine architectural ». L’occasion est parfaite pour inviter les curieux de nature à découvrir non seulement nos bâtiments – parfois des joyaux d’architecture et d’histoire – mais aussi le sens profond que nous donnons à ce patrimoine. Une manière de montrer que nos Temples ne sont pas des forteresses fermées, mais des espaces symboliques inscrits dans l’histoire, porteurs de savoir-faire artistiques, techniques et spirituels.
Ainsi, septembre pourrait devenir le mois où la Franc-maçonnerie sort vraiment de ses murs : d’abord sur les places publiques, au contact direct de la vie locale, puis en ouvrant ses portes aux visiteurs dans un contexte patrimonial, culturel et symbolique. Deux rendez-vous complémentaires, deux occasions de renouer avec notre vocation : éclairer, transmettre, bâtir.
La rupture urgente dont nous parlons depuis des années n’est pas un slogan. C’est un choix vital.
Car une lumière qui ne sort pas du Temple finit toujours par s’éteindre dans sa propre fumée.

C’est étrange, j’ai précisément le sentiment inverse. Aller au forum des associations, oui bien sûr mais comme élu associatif ou simple membre. Nombreux(ses) sont les FF et les SS qui s’investissent dans le milieu associatif, mais encore plus nombreux (ses) ceux et celles qui n’ont jamais adhéré à une association, un syndicat, un parti politique, même pas un club de bridge. Mais mon avis n’est pas forcément pertinent, je viens de démissionner de ma loge après une trentaine d’année en loge, heureux certes, mais combien éloigné d’une pensée originale, audacieuse, susceptible d’éclairer et d’inspirer de nouveaux chemins.
Il est important de rendre la Franc-maçonnerie visible. sans prosélytisme mais montrer simplement les valeurs que défendent les francs-Maçons et qu’ils ne sont pas différent du citoyen lambda. Bien sûr cela va s’en dire que l’on sera confronté à des complotistes .Mais avons nous d’autres choix?
« Continue au dehors ce que tu as commencé au dedans ». J’adhère au fait que le temple est un seuil que l’on franchit pour apprendre, mais dont on doit sortir pour construire. N’est-ce pas là le but ultime de la Franc-Maçonnerie ?
Bonjour Mtcf et merci. Je suis d’accord : la fraternité universelle réclame de passer du spéculatif à l’opération. La fraternité universelle n’a pas de frontières ni de limites : il est temps que les obédiences cessent de dresser des barrières. Bbb
Le rituel ne dit il pas au R.F »nous répondrons à l’extérieur les vérités acquises a l’intérieur.. »?
raisonnement typique godf et rite français qui s’est mis dans la tête qu’une obédience minoritaire sert a construire des citoyens
c’est profondément absurde …comment construire le Temple extérieur si le Temple intérieur est bancale car pourri par les briuts de la société ..
il faut au contraire se garder « a l’intérieur d’une obédience et dans les loges » de se meler de profane
la franc-maçonnerie sert a construire des sages éclairées qui agissebt pour la société a travers des cénacles conçus pour cela ..syndicats , partis politiques ..
Cette façon de voir la franc-maçonnerie qui est un contre sens m’exaspère …dans le monde seul le godf vout kes choses ainsi
Je retournerai votre argumentaire,qui n’est qu’une opinion parmis d’autres.le F.M sans distinction a toujours était visible dans la Société: en bien comme en mal…
est ce à la franc maçonnerie de sortir du temple ou au franc maçon?
éternelle question à laquelle de nombreux maçons que je rencontre ,en s’engageant dans tous les recoins de la société ,ont déjà répondu.
Sauf à croire que l’institution maçonnique répond à toutes les questions laissons nous nous « coagulare » discrètement en loge, chacun d’entre nous, avant de nous » dissolvare » dans nos sociétés.
Bonjour,
Cela invite à réfléchir et l’idée est plus qu’intéressante.
Cela dit, en nous exposant sur l’agora nous prenons le risque de rencontrer une multitude de complotistes en mal de conflits.
Personnellement, je ne prendrais pas ce risque.