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En philosophie, la raison est bien plus qu’une simple faculté cognitive : elle est la vertu qui distingue l’être humain, lui permettant de questionner, de reconnaître, de vérifier, de débattre et de déduire ou induire des concepts nouveaux à partir de ceux déjà maîtrisés. Selon l’Encyclopédie, la raison est un processus actif d’investigation et de réflexion, un outil essentiel pour structurer la pensée et comprendre le monde.
Elle se manifeste sous deux formes principales : le raisonnement déductif, où la conclusion découle logiquement des prémisses, et le raisonnement inductif, qui généralise à partir d’observations particulières. Mais au-delà de ces mécanismes, la raison est une quête perpétuelle de vérité, un pont entre l’esprit humain et l’univers.
La Raison selon les Grands Penseurs

Pour Emmanuel Kant, dans sa Critique de la raison pure (1781), la raison se divise en deux sphères : la raison théorique, qui s’applique à la compréhension de la réalité et à la formation de jugements, et la raison pratique, qui guide les comportements selon des principes éthiques. Kant souligne que la raison est la capacité humaine à justifier ses jugements auprès d’autrui, une idée qui fait écho à la célèbre maxime de René Descartes, philosophe français du XVIIe siècle : « Je pense, donc je suis. » Cette formule révolutionnaire ancre l’existence humaine dans la pensée rationnelle, affirmant que l’homme est avant tout un être pensant.
Pourtant, la raison ne règne pas toujours en maître. David Hume, philosophe écossais et disciple de Descartes, affirmait au XVIIIe siècle : « La raison est et doit être uniquement l’esclave des passions. » Selon lui, les émotions et les passions guident le comportement humain, reléguant la raison à un rôle subalterne. Cette tension entre raison et passion illustre la complexité de la nature humaine, où la logique cohabite avec l’instinct et l’émotion.
Raison et Intelligence : une Relation Intime
La raison est souvent considérée comme une manifestation de l’intelligence, mais les deux concepts se distinguent subtilement. L’intelligence englobe des capacités plus larges, telles que la créativité, la mémoire, la perception ou encore la résolution de problèmes.

Selon Aristote (384-322 av. J.-C.), la raison (logos) est la faculté d’argumenter et de structurer la connaissance, tandis que l’intelligence (noûs) est la capacité suprême de saisir les principes premiers et les essences des choses.
Pour Platon, disciple de Socrate, la raison opère dans le domaine discursif, tandis que l’intelligence s’élève vers le monde des Idées, touchant à la vérité ultime.

Kant, de son côté, différencie la compréhension (Verstand), qui organise l’expérience à travers des catégories comme la causalité, de la raison (Vernunft), qui aspire à saisir l’inconditionné (Dieu, l’âme, le monde). L’intelligence, dans ce cadre, serait la faculté pratique qui unit ces deux dimensions pour guider l’action morale.
La Raison au Cœur de l’Histoire Humaine

L’histoire de la pensée humaine est marquée par des figures qui ont utilisé la raison pour explorer des questions fondamentales. Plotin, disciple de Platon, voyait dans la raison une émanation de l’âme universelle, une idée reprise dans certaines traditions monothéistes où la raison est perçue comme une étincelle divine. Pourtant, comme le souligne l’auteur, les définitions philosophiques restent souvent subjectives, reflétant la diversité des perspectives humaines. Cette absence de définitions figées est une richesse : si tout était « exact et concret », la réflexion perdrait son sens, et l’humanité cesserait d’évoluer.

Cependant, une question se pose : pourquoi continuons-nous à nous appuyer sur les penseurs de la Grèce antique, de Rome ou du Moyen Âge ? Si leurs idées forment la base de notre raisonnement, l’auteur nous invite à dépasser ces fondations pour faire émerger de nouvelles critiques, adaptées à un monde en perpétuelle mutation. Comme le souligne un article récent de la revue Selecciones, une conférence philosophique contemporaine a conclu que notre attachement aux philosophes anciens ne doit pas freiner l’émergence de nouvelles pensées. L’Univers, loin d’être statique, exige une raison dynamique, capable de s’adapter et de se réinventer.
Vers une Nouvelle Culture de la Raison

Nous vivons à une époque charnière, entre une « culture sensorielle » héritée du passé et une « culture créative » tournée vers l’avenir. La raison, en tant qu’outil d’organisation des perceptions et des connaissances, joue un rôle clé dans cette transition. Elle nous aide à naviguer dans des dilemmes éthiques complexes, à comprendre notre environnement et à construire un avenir moins incertain, où la science, la philosophie et la spiritualité s’entrelacent.Des institutions comme la franc-maçonnerie soutiennent cette quête d’une humanité plus consciente et intègre, où la raison s’allie à une forme de « supraconscience » capable de transcender les limites de la pensée ordinaire. Comme le disait Platon, « Si la raison fait l’homme, le sentiment le guide. » Cette dualité entre raison et émotion, entre logique et intuition, est au cœur de ce qui nous rend humains.
Conclusion : La Raison, un Horizon Infini
La raison est l’instrument par excellence de l’humanité pour comprendre le monde et se comprendre elle-même. Elle est à la fois une faculté, un principe d’explication et un moteur de progrès. Pourtant, elle ne peut être dissociée de l’intelligence, des émotions et de la curiosité insatiable qui pousse l’homme à explorer l’inconnu. Comme l’affirme l’auteur, l’esprit propose, et la raison dispose. Dans un Univers en perpétuelle évolution, la raison reste notre boussole, nous guidant vers une compréhension plus profonde de nous-mêmes et de notre place dans le cosmos. À nous de continuer à la cultiver, à la questionner et à la réinventer, pour que la pensée humaine reste, toujours, en mouvement.