A l’instant où j’ai pris ma plume pour rédiger ces pages, le sujet de celles-ci m’apparait encore plus nécessaire. Ma table de travail est jonchée de notes, de livres, de même mon esprit est encombré d’idées éparses, comme pour la définition courante du mot épars « répandu ça et là, en désordre ». Le labyrinthe est devant moi, il va falloir rassembler, réunir ce qui était auparavant.

Auparavant, au début….
Au commencement dans le Principe était le Chaos. La terre était déserte et vide, le tohu bohu, les ténèbres, recouverte par l’abîme des eaux au dessus desquelles planait le souffle d’Elohim,
Dieu, le Grand Architecte De L’Univers alors Elohim dit
« sera la Lumière et fut la Lumière, Elohim vit la Lumière, Elohim sépara la Lumière, Elohim appela la Lumière »

Au commencement était le Big Bang, création de notre univers de l’Univers, résultat de l’explosion il y a des milliards d’années d’une boule de matière extraordinairement dense. Cette hypothèse scientifique ne vient là en aucune manière troubler ma réflexion. Je crois en Dieu, profane le jour de mon initiation « souvenez-vous » ce jour là nous avons tous mis notre confiance en Dieu.
Première phrase de notre règle en 12 points :
« la Franc-maçonnerie est une fraternité initiatique qui a pour fondement traditionnel la foi en Dieu, Grand Architecte De L’Univers »
Profane que nous étions, notre quête de Dieu non révélé vers Dieu révélé est en chemin.
De cette certitude absolue nait dans mon esprit le sens de la relativité. L’absolu est ; la relativité est ma possibilité intellectuelle de le prouver, de démontrer l’existence de Dieu ! L’Unité Primordiale l’UN qui est le TOUT !

Platon nous dit (extrait de Parménide) « Dans l’absolu l’un c’est l’un, n’est il pas vrai qu’il pourrait être plusieurs ? il ne faut donc qu’il n’y ait ni partie ni qu’il soit un tout, il n’est ni un tout ni partie, ni droit ni circulaire, ni soit même ni autre chose, ni en repos ni en mouvement, ni identique ni différent, ni semblable ni dissemblable, ni égal ni inégal, ni plus vieux ni plus jeune, il échappe à l’être et à la connaissance.
Dans la position relative l’un EST. Conséquence il est un tout et il se dédouble en une infinité de parties, comporte une égale infinité de l’être et de l’un, il a configuration, il est à la fois lui-même et autre chose, il est dans l’espace, il est en mouvement et en repos, identique et différent. L’absolu est sans nuance sans condition, ce qui existe indépendamment de toute condition, la relativité nous permet d’y réfléchir, rassembler les pièces du puzzle pour comprendre.»
Rassembler ce qui est épars !
Au début : L’Eden, en ce temps Dieu parlait à Adam, Adam créé par Dieu à son image. Le temps primordial en ce temps là, Adam « l’homme » était parfaitement intégré à la nature, comprenait tout, participant de tout, à tout. Puis la chute, la faute, Adam désobéit, le fruit défendu, il mordit au fruit défendu, il mordit au fruit de l’arbre de la Connaissance…
Mais Dieu avait dit
« Le jour où tu auras mangé, de mort tu mourras » et il est dit « Et ce jour là pour la première fois Dieu sourit »

Le premier discours divin précise les limites de la liberté de l’homme, posé dans ce jardin, pour le cultiver et le garder et non pour y flâner à sa guise, variation sur le thème : « Tu peux tout faire sauf cela » thème qui fonde la loi ; qui établit la vie en société. Formuler l’interdit c’est annoncer qu’il se passera quelque chose donc qu’il sera transgressé. Pour quelle raison Dieu interdit à Adam, son cultivateur, son gardien, d’apprendre à distinguer ce qui est utile de ce qui est nuisible à sa survie ?
Deux réponses à cette question :

La première c’est que le créateur veut mettre en route l’histoire, c’est à dire les histoires, les péripéties du devenir sans lesquelles l’œuvre ne serait totalement achevée. Il ne se passerait rien, le temps n’existerait pas, ce serait un éternel présent.
La Seconde, non contradictoire, enrichi le sens. Ce sont il est question comme pour la plupart de tous les récits sur l’origine, ce sont les relations nécessairement conflictuelles entre créateur et créature, dominant et dominé. Et ainsi puisque « l’homme Adam » a voulu acquérir le pouvoir de distinguer le profitable du préjudiciable et bien que l’homme en assume les conséquences.
Rassembler ce qui est épars » Comprendre !

La parole est perdue, l’homme s’est ainsi lui-même donné cette obligation « Rassembler ce qui est épars » pour retrouver cette parole perdue. Le chemin est tracé et si l’homme veut rejoindre…..approcher le Grand Architecte De L’Univers, être auprès de lui, il lui faudra lui-même reconstituer le puzzle « Rassembler ce qui est épars »
Ce puzzle infiniment grand composé de pièces infiniment petites ; les mathématiques peuvent alors effrayer et , en effet, la somme des infiniment petites reste petite et l’édifice parfait doit pourtant comporter toutes les pièces qui le composent.
Rassembler ce qui est épars, c’est alors le seul moyen de se rapprocher de la construction parfaite, la construction de notre édifice de la Connaissance.
Et c’est ainsi que « profane » ou tout était épars, par cette intuition….une sensation qui incite à chercher le moyen, la méthode : L’Initiation ! le point de départ de cette recherche que trouvera l’initié. Des ténèbres du cabinet de réflexion, de la mort au mode profane à la
seconde naissance, humble en entrant par la porte basse..il va vers la quête de la révélation, l’initiation (d’initialiser : mettre au point de départ, comme un compteur qui dès cet instant compte juste) du désordre passager vers l’ordre.
« Rassembler ce qui est épars »

Ainsi entré dans cet espace sacré, tout s’organise, la lumière est perçue, même si elle ne parvient que faiblement, des outils simples apparaissent pour permettre de dégrossir la pierre brute : c’est « l’Apprentissage »
« Qu’avez-vous aperçu en entrant en Loge ? »
« Rien que l’esprit humain ne puisse comprendre »

Compagnon j’ai vu l’étoile flamboyante, la Lumière, l’Harmonie, la Divine Proportion…tout m’a été révélé de ce que nous pouvons être. les Sens, les Arts Libéraux, les Ordres d’Architecture ; les propriétés de la Sphère, la révélation de ce que nous sommes, de ce qui est, à l’image de Dieu, TOUT nous est donné, pour comprendre, rassembler, le travail est le moyen, passions vaincus, volonté soumise, le voyage permettant de rechercher les éléments épars, pièces manquantes du puzzle.
Matière et esprit « mélangés » ; Equerre et Compas entrelacés ; Compagnon on nous a appris à nous connaitre nous-mêmes, on nous a dirigé vers l’étude des arts utiles à la société des hommes. Par l’étude des facultés intellectuelles et des secrets de la Nature, nous avons été amenés à la connaissance jusque devant le trône du Grand Architecte De L’Univers lui-même.

A cet instant il serait possible de croire que tout est acquis !
C’est alors que survient la révélation de l’élévation au Sublime Grade de Maître, entrant dans le Temple à reculons, face à l’étoile flamboyante, de la Lumière reçue à la Lumière vue.
La mort du Maître Hiram, tué par les 3 mauvais compagnons, la chair quitte les os… tout se désunit… symbole de dispersion de ce qui fait corps… mais signification supplémentaire de l’Union à faire… Désintégration, dispersion, reconstitution… »
Rassembler ce qui est épars » Résurrection !
C’est le processus infini qui conduit à comprendre que de « rassemblement » en « rassemblement » la multiplicité se rapproche de l’Unité, de l’Un, du Grand Architecte De L’Univers. La manifestation retourne à l’Unité Primordiale, au Commencement, Maître Hiram meurt, le Maitre renait !
Que demande t on au Maitre ?
« Voyager de l’Occident à l’Orient et sur toute la surface de la terre »
Pourquoi ?
« Pour y répandre la Lumière et rassembler ce qui est épars »
Voyager de l’Occident à l’Orient, c’est-à-dire en sens contraire de la description de la Loge au 1er degré, ce qui indique clairement que la Lumière vient de l’Orient. Information délibérée enjoignant de parcourir la surface de la terre, de l’univers même pour ensuite retourner à la source de ce Lieu Primordial….le Paradis Perdu !

Voilà le parcours du rassemblement à l’intérieur de Soi d’abord épelerchaque partie de l’ensemble jusqu’au jour où nous auront appréhendé l’Essence, le Principe afin d’aller à la Connaissance. Ce jour là, nous aurons rassemblé ce qui était épars et, en nous, compagnons et dans le Cosmos, Maitre Maçon rassemble les hommes passés, présents et à venir épars dans l’univers.
Notre chaine d’union appelée à se grandir infiniment mais qui restera UNE nous rassemblera, nous réintègrera en cette Unité Primordiale…notre retour au Paradis Perdu où tout homme partagera le pain de la connaissance et de l’Amour.
Nous devons aspirer à nous perfectionner, apprendre encore apprendre plus, répandre la Lumière ramener le tout à l’UN !
« La Connaissance de Dieu auteur de tout ce qui est »
Un jour les disciples demandèrent à Jésus :
« Dis-nous quelle sera la fin ? »
Jésus répondit

« Que savez-vous du commencement pour que vous cherchiez aussi la fin ? Heureux qui se tiendra dans le commencement, il connaitra la fin et ne goutera pas la mort »
Ainsi rassembler ce qui est épars, ce qui était auparavant, répandu ça et là , en désordre, c’est le chemin de la compréhension qui commence. L’important n’est pas d’atteindre le but mais de prendre le chemin qui y mène.
Le chemin est long, souhaitons ne jamais le quitter. L’initiation n’est pas une fin… mais un nouveau commencement !

Autre approche sur ce sujet, autre article : https://450.fm/2025/05/13/rassembler-ce-qui-est-epars-2/