jeu 05 juin 2025 - 06:06

Récit d’un « Sweat Lodge » maçonnique à Val-des-Monts avec la Loge de perfection La Clef d’Hiram

Le 31 mai dernier, dans la région boisée et vibrante de la Haute-Gatineau, à Val-des-Monts, un groupe de 21 frères et sœurs issus du Suprême Conseil des 33e degré du Québec – incluant les membres de l’atelier de perfection La Clef d’Hiram, du 4e au 14e degré – s’est réuni pour vivre une expérience peu commune mais ô combien transformatrice : une hutte de sudation traditionnelle, ou sweat lodge, guidée selon les coutumes algonquines.

À l’initiative du Trois Fois Puissant Maître Sylvain Paquette, cette journée n’était pas une simple activité rituelle, mais bien une immersion opérative et symbolique, une exploration spirituelle des profondeurs de l’Être, au croisement des traditions maçonniques et autochtones.

La tradition de la sweat lodge : purification, renaissance et lien sacré

Indien dans une Sweat Lodge

La sweat lodge, ou hutte de sudation, est une cérémonie de purification ancestrale pratiquée par plusieurs nations autochtones d’Amérique du Nord. Elle se déroule dans une structure circulaire faite de branches et recouverte de couvertures ou de peaux, représentant le ventre de la Terre-Mère. À l’intérieur, des pierres chauffées au feu sont déposées au centre de la hutte, puis arrosées d’eau pour créer de la vapeur. Cette chaleur intense favorise la purification du corps, de l’esprit et de l’âme.

Mais au-delà du simple aspect physique, la sweat lodge est avant tout un rituel spirituel. Chaque cycle de vapeur (appelé un « voyage ») correspond à une direction sacrée — Est, Sud, Ouest, Nord — et invite à une introspection profonde. Les participants sont invités à prier, chanter, méditer et parfois partager des intentions ou des guérisons. Le son puissant du tambour quant à lui, provoque un état de transe profonde qui peut provoquer des états altérés de conscience favorisant ainsi les quêtes de visions.   

Symboliquement, entrer dans la hutte, c’est retourner au sein de la Terre-Mère pour y mourir symboliquement à son ego, à ses souffrances et à ses illusions. En ressortant, on renaît transformé, reconnecté à soi-même, aux autres, à la nature et aux ancêtres. C’est une expérience de dépouillement et d’élévation qui résonne avec de nombreuses traditions initiatiques, dont la franc-maçonnerie, par son symbolisme de mort et de renaissance, de quête de vérité et de purification intérieure.

Une gardienne de la mémoire ancestrale

La cérémonie fut dirigée par Luce Bélanger, femme métissée d’ascendance algonquine et européenne, née à La Tuque, en Haute-Mauricie. Aînée reconnue, gardienne de traditions et fondatrice du Centre des 4 directions, elle est profondément ancrée dans les savoirs de la terre et les enseignements transmis par de grands guides spirituels tels que le Grand-père William Commanda, Thunderchild Kenny Awasis, ou encore Abuela Margarita Nuñes.

Depuis plus de vingt ans, Luce œuvre à la réconciliation entre les peuples, à la reconnexion de l’humain avec la nature et au partage intertraditionnel. En ce 31 mai, c’est avec douceur, puissance et bienveillance qu’elle a guidé nos pas vers le centre du cercle sacré.

Des enseignements partagés avant la cérémonie

Avant d’entrer dans la hutte, les participants ont reçu des enseignements sur les traditions des Premières Nations, notamment la symbolique des quatre directions, le rôle des ancêtres, la médecine sacrée du feu et la roue de médecine. Puis, à la faveur du cercle de parole, des ponts ont été tissés entre Franc-maçonnerie et spiritualités autochtones.

Des échanges profonds ont émergé :
– sur la présence templière en Amérique bien avant Christophe Colomb ;
– sur la légende du roi Henry Sinclair venu à la rencontre du peuple Mi’kmaq, une rencontre mystique qui aurait influencé la genèse de la Franc-maçonnerie écossaise ;
– sur la Prophétie des Sept Feux, dans laquelle les sang-mêlé du Québec sont vus comme les précurseurs d’un 8e feu, celui de la conscience, de la guérison collective et du renouveau.

Et comme pour en sceller le sens, la lecture d’une prophétie faites par une ainée du New Hampshire, lors d’un rassemblement en 2010, fut partager aux membres présents d’une obédience du Québec : celle du rôle futur des francs-maçons de la Grande Loge ANI du Canada dans l’avènement du Huitième Feu, appelant à la réconciliation des peuples, à l’unification des traditions et à l’éveil d’une nouvelle conscience collective. Un message qui résonne aujourd’hui plus que jamais.

Quatre voyages, quatre directions, une transformation

La hutte s’est ensuite refermée sur nous comme une matrice chaude et obscure. À l’intérieur, quatre portes – quatre étapes – ont rythmé le rituel, chacune associée à une direction, une énergie, une épreuve et une prière.
Les pierres chauffées à blanc, les chants sacrés, les offrandes de tabac, de sauge et d’eau ont formé un langage universel : celui du feu, de la terre, de l’eau et de l’air, en nous et autour de nous.

Plusieurs frères et sœurs ont vécu des quêtes de vision, des purifications profondes, des reconnexions intimes à leurs lignées, à leur mission spirituelle, et au sens du chemin maçonnique. La sueur a lavé bien plus que le corps : elle a libéré l’esprit.

Quand traditions se rejoignent

Cette cérémonie a mis en lumière les convergences symboliques entre la Franc-maçonnerie et les spiritualités autochtones :

  • une connaissance transmise par initiation, degré après degré, cercle après cercle ;
  • le respect des anciens et des ancêtres, garants d’une mémoire vivante ;
  • la richesse des symboles sacrés (le cercle, le feu, les directions, les éléments…) ;
  • la recherche constante d’équilibre, de vérité et de sagesse intérieure.

Tout comme les Premiers Peuples, nous cherchons à devenir des êtres debout, enracinés dans le passé mais tendus vers l’horizon du sens.

Une tradition qui s’installe ?

À l’issue de cette journée enrichissante, une certitude est née dans le cœur de plusieurs : ils reviendront!

L’atelier de perfection La Clef d’Hiram, fidèle à sa mission d’approfondissement opératif et initiatique, prévoit un retour en début d’automne pour poursuivre cette quête.

Sous la direction de son T∴P∴M∴ Sylvain Paquette, l’atelier ne se contente pas de transmettre des enseignements symboliques : il invite à les vivre, à les incarner, à se confronter à soi dans des cadres puissants et authentiques. Car c’est aussi cela, le chemin du perfectionnement : oser traverser le feu pour renaître à la lumière.

Et vous, serez-vous des nôtres pour le prochain voyage ?

Par Sylvain Paquette (Interviewé à Montréal)

3 Commentaires

  1. Faut être très prudent.
    Comme le mentionne si bien la Torah ; il ne faut pas mélanger la laine et le lin !

  2. Une expérience inoubliable, pleine de remise en question sur soi-même, le tout organiser par une femme remarquable!

  3. Franc maçon et descendant métis Algonguin, Huron et Nipissing, j’ai déjà participé des dizaines de sweat lodge selon la nation Lakota.

    Je suis intéressé de participer à la prochaine.

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