Du site officiel du Grand Orient d’Italie

C’est en mai, il y a cent ans, que le fascisme obtenait l’approbation parlementaire du projet de loi contre la franc-maçonnerie. Une loi qui entrera en vigueur le 26 novembre 1925 et qui marquera le début de la fin de toutes les libertés civiles.
Le texte de la loi, déjà élaboré en janvier, était parmi les priorités absolues du gouvernement et du parti fasciste, qui avait envoyé le 14 avril une circulaire à toutes ses fédérations, n° 4, qui dit : « La Franc-Maçonnerie constitue en Italie la seule organisation concrète de cette mentalité démocratique néfaste et irréductiblement hostile à notre parti et à notre idée de la Nation, qu’elle, et elle seule, permet aux différents partis, bourgeois et socialistes, de l’opposition parlementaire et aventin, de la résistance, de la cohérence et de l’unité d’action ».

Le débat sur le projet de loi à la Chambre a été fixé au 16 mai. Le rapporteur des propositions était Emilio Bodrero, l’un des opposants les plus virulents à la franc-maçonnerie au sein du PNF, partisan d’une campagne féroce qui avait culminé l’année précédente, en août 1924, avec l’engagement de l’anéantir. Cela avait déclenché la violence des squadristi qui avaient commencé à mettre le feu aux loges.

Parmi les rares députés présents dans l’hémicycle le jour du débat, Antonio Gramsci a pris la parole pour attaquer cette loi. C’était aussi son premier et unique discours dans un parlement devenu alors complètement fasciste. Mais son discours, comme le prévient l’historien et Grand Maître honoraire du Grand Orient Santi Fedele, n’était pas un discours de défense des francs-maçons mais une dénonciation lucide contre la dérive liberticide actuellement en cours.

Le débat a été ouvert par Gioacchino Volpe, qui, dans son discours de soutien à la mesure fasciste, a également levé tout doute sur la référence de la loi à la franc-maçonnerie, à laquelle il a consacré tout son discours enflammé, l’accusant de « malentendu politique, de dégénérescence de la vie publique, de confusion des idées, de survivance des idéologies des Lumières et du XVIIIe siècle, de pacifisme râpé, d’internationalisme, de désorganisation de l’État, d’instrument d’intérêts étrangers au détriment du pays, de vieil anticléricalisme vide, et surtout d’intrigues et de Camorra ».

Une fois la discussion close, au moment du vote il n’y avait pas quorum, la séance fut donc ajournée et le projet de loi fut approuvé le 19 mai avec 289 voix contre 4. Le Sénat vota en sa faveur dans la séance du 22 novembre 1925. Le même jour, une balustrade Torrigiani dissout toutes les loges adhérant au Grand Orient d’Italie, mais pas le Grand Orient d’Italie, qui continue ses travaux.
Le Grand Orient d’Italie a édité la publication d’un volume intitulé « Gramsci et la Franc-Maçonnerie » avec la préface du Grand Maître Bisi dans laquelle le discours est rapporté.