Pour une société du progrès humain : Analyse de la lettre ouverte de Humanisme et Lumières
Le 23 septembre 2024, le blog Humanisme et Lumières a publié une lettre ouverte intitulée « Pour une société du progrès humain », qui appelle à une profonde réflexion sur l’évolution de nos sociétés contemporaines. Ce texte, empreint d’un idéal humaniste, propose une vision alternative face aux dérives d’un progrès technologique et économique souvent déconnecté des besoins fondamentaux de l’être humain.
À travers une critique des paradigmes dominants et des propositions concrètes, cette lettre se veut un manifeste pour un avenir plus juste et équilibré. Décryptage.

Une critique lucide du progrès actuel
La lettre commence par dresser un constat sévère : le progrès, tel qu’il est actuellement conçu, est devenu une fin en soi, au détriment de l’humain. Les auteurs dénoncent une course effrénée à l’innovation technologique et à la croissance économique qui, loin de servir l’ensemble de l’humanité, creuse les inégalités et aliène les individus. Ils pointent du doigt une « société de la performance » où la valeur d’une personne se mesure à sa productivité, reléguant les dimensions spirituelles, culturelles et sociales au second plan.
Ce diagnostic fait écho à des préoccupations largement partagées en 2025. Par exemple, les inégalités mondiales continuent de se creuser, avec un PIB mondial toujours dominé par les pays industrialisés (environ 70 % des 23 000 milliards de dollars en 1993, selon des données historiques similaires à celles mentionnées dans des archives syndicales). De plus, l’essor de l’intelligence artificielle et de l’automatisation, souvent présenté comme un progrès, suscite des inquiétudes quant à la déshumanisation du travail et à l’augmentation du chômage, un paradoxe déjà relevé dans d’autres écrits critiques sur le capitalisme.
Les auteurs de Humanisme et Lumières vont plus loin en critiquant l’idéologie du « mondialisme », qu’ils perçoivent comme une extension du capitalisme visant à uniformiser les cultures et à réduire les individus à des « ressources humaines ». Ce point de vue résonne avec des analyses contemporaines qui dénoncent la standardisation des modes de vie et la perte des identités locales face à la globalisation.
Une vision humaniste du progrès
Face à ce constat, la lettre propose de redéfinir le progrès en le recentrant sur l’humain. Elle appelle à une « société du progrès humain » où la technologie et l’économie seraient au service de valeurs fondamentales : la justice, la solidarité, la liberté et l’épanouissement personnel. Les auteurs insistent sur la nécessité de réintégrer des dimensions éthiques et spirituelles dans les décisions politiques et économiques, un plaidoyer qui rappelle les réflexions d’intellectuels humanistes comme Montaigne, dont les travaux sur la vanité et les mœurs sont toujours étudiés aujourd’hui.
Concrètement, la lettre avance plusieurs pistes d’action. Elle préconise une éducation qui valorise la pensée critique et l’éveil culturel, plutôt que la simple préparation au marché du travail. Elle appelle également à une économie plus équitable, où les richesses seraient redistribuées pour réduire les écarts sociaux, et à une gouvernance participative qui redonnerait aux citoyens un rôle actif dans la construction de leur avenir. Enfin, elle souligne l’importance de préserver la diversité culturelle face à l’uniformisation mondialiste, un enjeu crucial dans un monde où les identités locales sont menacées.
Une résonance avec les débats actuels
En mai 2025, ces idées trouvent un écho particulier dans un contexte marqué par des crises multiples : sociales, environnementales et morales. Les mouvements syndicaux, comme ceux du SNUI dans les années 1990, rappellent que la résistance au libéralisme sauvage est une lutte de longue date, avec des manifestations et contre-sommets qui continuent d’inspirer les militants d’aujourd’hui. De même, des initiatives comme le Festival d’Histoire populaire, prévu les 22-24 mai 2025 à Paris-Est-Créteil, mettent en avant les groupes marginalisés et prônent une histoire « par le bas », en phase avec les idéaux de justice et de solidarité portés par la lettre.
Cependant, certaines propositions de Humanisme et Lumières peuvent sembler utopiques. Par exemple, réorienter l’économie mondiale vers plus d’équité nécessite une volonté politique forte, difficile à obtenir dans un système dominé par des intérêts privés. De plus, la lettre reste vague sur les moyens concrets pour concilier progrès technologique et préservation des valeurs humaines, un défi majeur à l’heure où des technologies comme les Progressive Web Apps (PWA) transforment notre rapport au numérique.
Un appel à l’action collective
En conclusion, la lettre ouverte de Humanisme et Lumières se distingue par sa capacité à articuler une critique percutante et une vision inspirante. Elle nous rappelle que le progrès ne doit pas être un rouleau compresseur, mais un outil au service de l’humanité. En 2025, alors que les tensions sociales et les crises écologiques s’intensifient, cet appel à une société plus humaine et solidaire résonne comme un impératif. Reste à savoir si les citoyens, les penseurs et les décideurs sauront s’en emparer pour transformer cette vision en réalité.
Ce texte, bien qu’idéaliste, a le mérite de poser les bonnes questions et de nous inviter à repenser notre avenir collectif. Comme le souligne un autre blog humaniste, « nous avons tous la responsabilité d’être, avec nos faiblesses et nos forces », pour lutter contre l’obscurantisme et construire un monde meilleur. Un défi à la hauteur des enjeux de notre époque.