ven 25 avril 2025 - 22:04

26/04/25 : « Compagnonnages et Franc-Maçonnerie » : une conférence de Jean-Michel Mathonière à Saint-Nazaire

Ce samedi 26 avril 2025, Saint-Nazaire accueillera une conférence très attendue animée par Jean-Michel Mathonière, historien de renom et spécialiste des compagnonnages. Intitulée Compagnonnages et Franc-Maçonnerie, cette rencontre se tiendra à la Galerie des Franciscains, de 15h00 à 17h30, et sera gratuite pour le public.

Organisée dans le cadre des initiatives culturelles de la ville, elle promet d’éclairer les liens historiques, symboliques et culturels entre ces deux traditions initiatiques souvent mal comprises. Alors que Saint-Nazaire se prépare à une belle journée printanière, cet article propose une plongée dans les thèmes qui seront abordés, le parcours de Mathonière et le contexte de cette conférence.

Jean-Michel Mathonière : une autorité en matière de compagnonnages

Jean-Michel Mathonière

Jean-Michel Mathonière, né en 1958 à Montluçon, est une figure incontournable dans l’étude des compagnonnages et des traditions artisanales. Après une première carrière comme dessinateur en bâtiment et génie civil, il s’est tourné vers l’édition et la librairie, avant de se consacrer pleinement à la recherche historique. En 1993, il a fondé à Dieulefit (Drôme) les éditions La Nef de Salomon, une maison spécialisée dans les traditions initiatiques et les savoirs artisanaux. Il est également le créateur du Centre d’étude des compagnonnages à Avignon, membre de l’Académie de Vaucluse et de l’Association francophone des historiens de la construction. Son expertise l’a conduit à intervenir dans des cadres prestigieux, comme la Bibliothèque nationale de France en 2015, lors d’une conférence mondiale sur le mutualisme, la franc-maçonnerie et l’histoire, où il a prononcé une intervention remarquée intitulée Savoirs et emblèmes du savoir chez les compagnons tailleurs de pierre à la fin de l’Ancien Régime.

Mathonière est l’auteur de plusieurs ouvrages de référence, parmi lesquels Travail et Honneur : les Compagnons Passants tailleurs de pierre en Avignon aux XVIIIe et XIXe siècles (1996, coécrit avec Laurent Bastard) et Le serpent compatissant : iconographie et symbolique du blason des Compagnons tailleurs de pierre (2001). En 2013, il a été le commissaire de l’exposition La règle et le compas au Musée de la Franc-Maçonnerie à Paris, une initiative qui explorait les influences opératives et spéculatives dans la franc-maçonnerie. Cette conférence à Saint-Nazaire s’inscrit dans la continuité de ses travaux, visant à démystifier les relations entre compagnonnage et franc-maçonnerie, souvent entourées de malentendus et de stéréotypes.

Compagnonnage et Franc-maçonnerie : des origines distinctes

La conférence promet de poser les bases historiques des deux traditions, en soulignant leurs origines et leurs objectifs distincts. Le compagnonnage, né au Moyen Âge, est une organisation ouvrière qui vise à transmettre les savoirs techniques et les valeurs morales aux artisans itinérants, notamment les tailleurs de pierre, charpentiers, couvreurs et autres métiers du bâtiment. Structuré autour du Tour de France, un périple initiatique permettant aux compagnons de parfaire leur art et leur caractère, le compagnonnage repose sur des rites, des symboles et une forte identité corporative. Les compagnons utilisaient des emblèmes comme l’équerre, le compas ou le serpent compatissant – un symbole de régénération et de sagesse – pour marquer leur appartenance et leur maîtrise.

La Franc-maçonnerie, quant à elle, émerge au XVIIe siècle en Écosse et en Angleterre, avant de se diffuser en France au début du XVIIIe siècle. D’abord opérative, c’est-à-dire liée aux métiers de la construction (les maçons bâtisseurs des cathédrales), elle évolue rapidement vers une forme spéculative, axée sur la réflexion philosophique et morale. Les maçons spéculatifs, qui n’étaient plus des artisans mais des intellectuels et des bourgeois, adoptent les outils des bâtisseurs – l’équerre, le compas, le maillet – comme symboles de leur quête intérieure. Leur objectif n’est plus de construire des édifices matériels, mais un « temple intérieur », métaphore de l’élévation spirituelle et de la recherche de vérité.

Jean-Michel Mathonière devrait insister sur un point clé : bien que les deux traditions partagent des symboles comme l’équerre et le compas, ces outils n’ont pas la même signification. Pour les compagnons, ils représentent la maîtrise technique et la droiture morale dans le métier ; pour les maçons, ils incarnent des concepts abstraits, comme l’équilibre entre raison et intuition ou la quête de perfection.

Points de convergence et divergences

L’un des aspects les plus attendus de la conférence est l’analyse des points de convergence et des divergences entre les deux traditions. Le compagnonnage et la franc-maçonnerie partagent une structure initiatique, avec des rites de passage marquant l’évolution de l’individu. Dans le compagnonnage, le jeune aspirant devient compagnon après avoir réalisé un « chef-d’œuvre », une pièce démontrant sa maîtrise technique et artistique. En franc-maçonnerie, le profane progresse à travers les grades d’apprenti, de compagnon et de maître, chacun accompagné de rituels symboliques visant à approfondir sa compréhension des valeurs maçonniques.

Les deux mouvements valorisent également la fraternité et la transmission. Chez les compagnons, cette transmission passe par l’apprentissage direct du métier et des valeurs éthiques, souvent dans un cadre communautaire comme les « cayennes » (auberges compagnonniques). En franc-maçonnerie, elle s’effectue à travers les travaux en loge, où les symboles, les rituels et les discussions philosophiques nourrissent la réflexion collective.

Cependant, les divergences sont tout aussi significatives. Le compagnonnage reste ancré dans le monde du travail manuel et de l’artisanat, avec une finalité pratique : former des artisans compétents et vertueux. La franc-maçonnerie, en revanche, s’adresse à des individus issus de milieux sociaux variés, souvent plus aisés, et se concentre sur une quête spirituelle et intellectuelle. Mathonière devrait également évoquer les tensions historiques entre les deux traditions, notamment au XVIIIe et XIXe siècles, lorsque certains compagnons percevaient la franc-maçonnerie comme une organisation élitiste cherchant à s’approprier leurs symboles et leurs rites.

Une influence mutuelle à explorer

Un autre thème central de la conférence sera l’influence mutuelle entre compagnonnage et franc-maçonnerie, un sujet que Mathonière maîtrise particulièrement grâce à ses recherches sur les tailleurs de pierre. Au XVIIIe siècle, période charnière, les deux traditions se croisent fréquemment, notamment dans les grandes villes comme Paris ou Avignon. Certains compagnons, séduits par les idéaux maçonniques, rejoignent des loges, tandis que des maçons s’intéressent aux rites et aux symboles compagnonniques, qu’ils intègrent dans leurs propres pratiques. Par exemple, le mythe d’Hiram Abiff, central dans la franc-maçonnerie et symbolisant la quête de la lumière à travers la mort et la résurrection, pourrait avoir été influencé par les légendes compagnonniques autour de Maître Jacques et du Père Soubise, figures fondatrices du compagnonnage.

Inversement, des compagnons adoptent des éléments maçonniques, comme l’organisation en grades ou l’usage de symboles universels. Mathonière devrait toutefois nuancer cette influence mutuelle : si des emprunts existent, ils sont souvent le fruit de contextes locaux et ne reflètent pas une fusion des deux traditions. Il est probable qu’il mette également en garde contre les théories simplistes qui prétendent que la franc-maçonnerie serait une « évolution » du compagnonnage, une idée répandue mais historiquement infondée.

Saint-Nazaire : un cadre idéal pour une telle réflexion

L’événement se tiendra à la Galerie des Franciscains, située au 25 rue du Croisic à Saint-Nazaire, un lieu culturel bien connu des habitants. Saint-Nazaire, ville au riche passé industriel et maritime, est un cadre idéal pour cette conférence. Avec ses chantiers navals historiques, comme ceux de l’Atlantique (aujourd’hui STX France), elle a été un terreau fertile pour le compagnonnage, notamment pour les charpentiers et les forgerons. La franc-maçonnerie y est également implantée depuis le XVIIIe siècle, avec des loges affiliées au Grand Orient de France et à d’autres obédiences. En 2025, alors que Saint-Nazaire continue de se réinventer à travers des projets culturels et touristiques, cette conférence offre une occasion de reconnecter la ville à son héritage artisanal et initiatique.

La ville mise de plus en plus sur la culture pour diversifier son attractivité, comme en témoignent des événements à venir, tels que le Festival Les Escales, prévu du 25 au 27 juillet 2025, qui célèbre les musiques du monde. La conférence de Mathonière s’inscrit dans cette dynamique, en proposant un éclairage historique et intellectuel accessible à tous, dans un esprit d’ouverture et de dialogue.

Pourquoi assister à cette conférence ?

Cette conférence est une opportunité rare d’entendre un spécialiste de la trempe de Jean-Michel Mathonière, dont les travaux font autorité dans le domaine des compagnonnages. Elle s’adresse autant aux initiés qu’aux profanes, offrant un regard éclairé sur deux traditions qui ont façonné l’histoire sociale et culturelle de la France. Les participants pourront s’attendre à une présentation rigoureuse, enrichie d’exemples concrets tirés des recherches de Mathonière, notamment sur les tailleurs de pierre d’Avignon et leurs emblèmes symboliques.

Mathonière devrait également inviter le public à réfléchir à l’actualité des valeurs portées par le compagnonnage et la franc-maçonnerie. Dans un monde marqué par la globalisation et la standardisation, le compagnonnage rappelle l’importance de la transmission des savoir-faire artisanaux et de l’éthique du travail bien fait. La franc-maçonnerie, quant à elle, offre un espace de réflexion sur les grandes questions philosophiques et sociétales, comme la liberté, la tolérance et la fraternité – des valeurs particulièrement pertinentes en 2025, alors que l’Europe traverse des crises migratoires, climatiques et sociales.

Informations pratiques :

  • Date et horaire : Samedi 26 avril 2025, de 15h00 à 17h30.
  • Lieu : Galerie des Franciscains, 25 rue du Croisic, 44600 Saint-Nazaire.
  • Tarif : Gratuit, ouvert à tous, dans la limite des places disponibles.
  • Contact : Pour plus d’informations, contacter les organisateurs via les canaux officiels de la ville de Saint-Nazaire (www.saintnazaire.fr).

Une occasion de démystifier deux traditions

À l’approche de cette conférence, Saint-Nazaire se prépare à accueillir un moment de réflexion et de découverte. Jean-Michel Mathonière, avec son érudition et sa clarté, devrait réussir à démystifier les compagnonnages et la franc-maçonnerie, souvent entourés de clichés et de fantasmes. En montrant que ces traditions, bien que distinctes, partagent un idéal commun – l’élévation de l’individu, qu’elle soit technique, morale ou spirituelle –, il offrira au public une nouvelle perspective sur ces héritages culturels. Pour les habitants de Saint-Nazaire et les visiteurs de passage, ce rendez-vous est une occasion unique de plonger dans l’histoire, les symboles et les valeurs qui ont façonné des générations d’artisans et de penseurs. Ne manquez pas cette rencontre, ce samedi 26 avril 2025, à la Galerie des Franciscains !

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