jeu 24 avril 2025 - 18:04

Le Troisième Œil et la Franc-Maçonnerie : une quête d’illumination intérieure

De notre confrère elnacional.com

Dans les traditions spirituelles millénaires, le concept du « troisième œil » transcende les cultures et les époques, symbolisant une perception au-delà du visible, une ouverture vers l’ineffable – ce qui ne peut être exprimé par des mots. Le terme « ineffable », dérivé du latin ineffabilis (« imprononçable »), évoque cette réalité qui échappe au langage et aux sens physiques. En franc-maçonnerie, ce concept trouve un écho profond, incarnant la quête de lumière, de vérité et de conscience supérieure.

À travers les rituels, les symboles et le chemin initiatique, les maçons explorent cet « œil intérieur », un portail vers la sagesse universelle et la compréhension de soi. Cet article plonge dans le lien entre le troisième œil et la franc-maçonnerie, explorant sa signification spirituelle, ses racines historiques et son rôle dans l’éveil de la conscience.

Le troisième œil : une vision au-delà du visible

Le troisième œil, souvent associé à la glande pinéale dans les traditions ésotériques, est un symbole universel de perception spirituelle. Dans l’hindouisme, il correspond au chakra Ajna, situé entre les sourcils, considéré comme le siège de l’intuition et de la vision divine. Dans le bouddhisme, il représente la sagesse qui permet de voir au-delà des illusions du monde matériel, un accès à une conscience supérieure. Les anciens Égyptiens l’associaient à l’Œil d’Horus, symbole de protection et de clairvoyance spirituelle. Même la Bible, dans des passages comme Matthieu 6:22 (« Si ton œil est unique, tout ton corps sera plein de lumière »), évoque une vision intérieure qui transcende le physique.

Vitriol

Mais que signifie réellement « voir au-delà » ? Nos yeux physiques perçoivent le monde tangible à travers les sens : le toucher, l’ouïe, l’odorat, le goût. Le troisième œil, en revanche, est un « œil intérieur », une faculté intuitive qui révèle ce qui est caché : les vérités profondes, les émotions, les pensées, les dimensions spirituelles. Il s’agit d’ouvrir la conscience, de lever le voile des illusions – ce que les bouddhistes appellent maya – pour accéder à une compréhension plus profonde de soi et de l’univers. Comme l’écrit l’auteur d’El Nacional, « le plus loin que nous devons aller est en nous-mêmes ; tout est là ». Cette idée résonne avec le principe maçonnique fondamental : Connais-toi toi-même, inscrit sur le temple de Delphes et repris dans les loges comme une invitation à l’introspection.

Le troisième œil et l’éveil spirituel

chakra

Dans les traditions initiatiques, l’ouverture du troisième œil est un processus graduel, exigeant discipline, méditation et persévérance. Ce n’est pas un don inné, mais une conquête spirituelle. Le sixième chakra, Ajna, est considéré comme le centre de l’esprit et du corps, un pont vers l’illumination. Lorsqu’il s’éveille, il apporte clarté, intuition, compassion et un amour universel. Mais lorsqu’il est bloqué – par la peur, la colère, le dogmatisme ou l’attachement matériel –, il engendre confusion, fatigue et incapacité à prendre des décisions éclairées. « C’est comme un brouillard mental », note l’article d’El Nacional, un voile qui obscurcit la lumière intérieure.

L’éveil du troisième œil ne se limite pas à des perceptions spirituelles. Il peut aussi développer des capacités mentales comme la clairvoyance, la télépathie ou la projection astrale. Cependant, l’auteur met en garde : ces « pouvoirs » ne sont pas le but de la vie spirituelle. « Développer le pouvoir mental n’est pas la vie spirituelle, car si c’était le cas, tous les magiciens seraient des êtres spirituels élevés », souligne-t-il. Ces facultés, bien que fascinantes, risquent de détourner l’aspirant de son véritable objectif : se connecter à la Grande Énergie Universelle – ou, en termes maçonniques, le Grand Architecte de l’Univers (GADU). Pour éviter cet écueil, l’article recommande une pause dans la méditation si de tels pouvoirs se manifestent, afin de recentrer la pratique sur l’élévation spirituelle authentique.

Le troisième œil dans la franc-maçonnerie

En franc-maçonnerie, le troisième œil n’est pas explicitement nommé, mais son essence imprègne les rituels et les symboles. La quête maçonnique est une quête de lumière, un voyage vers l’illumination intérieure, qui s’aligne parfaitement avec l’ouverture de la conscience décrite par le troisième œil. Les rituels maçonniques, riches en symbolisme, visent à stimuler cette « vision intérieure » chez l’initié. L’Œil qui voit tout, souvent représenté dans les loges, incarne cette vigilance spirituelle, cette capacité à percevoir les vérités cachées. Comme le note l’article, « l’œil qui voit tout rappelle au franc-maçon l’importance de la réflexion et de la recherche constante de la vérité et de la connaissance ».

Crédit photo Wolfgang Sauber - Hiram représenté entre les deux colonnes du temple, vitrail de St John's Church, Chester (Angleterre, 1900)
Crédit photo Wolfgang Sauber – Hiram représenté entre les deux colonnes du temple, vitrail de St John’s Church, Chester (Angleterre, 1900)

Un symbole clé de cette quête est la légende d’Hiram Abiff, maître architecte du temple de Salomon et figure centrale de la franc-maçonnerie. Assassiné par trois mauvais compagnons, Hiram représente l’initié qui doit surmonter les obstacles (ignorance, égoïsme, fanatisme) pour atteindre la lumière. Sa résurrection symbolique, célébrée dans le grade de maître maçon, évoque l’éveil de la conscience, l’ouverture du troisième œil. Ce parallèle est d’autant plus frappant que le front – siège du troisième œil – est souvent un point focal dans les rituels maçonniques, où des gestes ou des symboles (comme le bandeau retiré lors de l’initiation) marquent le passage des ténèbres à la lumière.

Les obstacles à l’ouverture de la conscience

le 3e oeil

L’article d’El Nacional met en lumière les obstacles qui bloquent le troisième œil : dogmatisme, fanatisme, attachement à la raison pure. Ces pièges, associés à ce que l’auteur appelle « l’œil intellectuel », maintiennent l’individu prisonnier de l’ego et des illusions matérielles. Carl Gustav Jung, cité dans l’article, déplorait déjà la « pauvreté des niveaux spirituels » à son époque. Aujourd’hui, dans un monde dominé par la logique, l’analyse et les distractions matérielles, cette critique reste pertinente. Les ambitions de pouvoir, les écrans omniprésents, la quête de biens matériels : autant de voiles qui obscurcissent la conscience et empêchent l’éveil du troisième œil.

Profane devant la porte

En franc-maçonnerie, ces obstacles sont symbolisés par les « métaux » que l’initié doit abandonner avant d’entrer en loge – une métaphore des attachements profanes (orgueil, avidité, ignorance). Le travail maçonnique consiste à polir la pierre brute, c’est-à-dire à se dépouiller de ces entraves pour accéder à la lumière intérieure. Comme le souligne l’article, « cultiver la capacité de voir au-delà de l’évidence conduit à une meilleure compréhension de nous-mêmes et du monde qui nous entoure ».

Un chemin initiatique vers la lumière

Chemin

La franc-maçonnerie, à travers ses grades et ses rituels, propose un chemin graduel vers l’éveil de la conscience. Dès l’initiation, le profane est plongé dans l’obscurité – symbolisée par le bandeau sur les yeux – avant d’être ramené à la lumière. Ce passage des ténèbres à la clarté est une métaphore de l’ouverture du troisième œil, une invitation à dépasser les perceptions limitées des sens physiques. Chaque grade – apprenti, compagnon, maître – approfondit cette quête, encourageant l’initié à explorer les profondeurs de son être, à cultiver les vertus et à se connecter à une sagesse universelle.

Les outils maçonniques, comme l’équerre et le compas, symbolisent cette dualité entre le matériel (l’équerre, le monde physique) et le spirituel (le compas, l’élévation). Le maçon apprend à équilibrer ces dimensions, à transcender la raison pure pour accéder à l’intuition – cet « organe spirituel » décrit par l’article. Les rituels, souvent empreints de symboles cosmiques (soleil, lune, étoiles), rappellent que la quête maçonnique est aussi une quête de connexion avec l’univers, avec le GADU.

Le troisième œil et les valeurs maçonniques

L’ouverture du troisième œil résonne avec les valeurs fondamentales de la franc-maçonnerie : liberté, égalité, fraternité. Un troisième œil éveillé, selon l’article, apporte « un sentiment d’amour, de compréhension et de compassion ». Ces qualités sont au cœur de l’idéal maçonnique, qui cherche à unir les hommes par-delà leurs différences. En développant sa vision intérieure, le maçon apprend à dépasser les préjugés, à comprendre autrui et à agir avec bienveillance – des principes essentiels dans une loge, où la fraternité transcende les clivages religieux, culturels et sociaux.

De plus, la franc-maçonnerie insiste sur la recherche de la vérité, une quête qui nécessite un esprit ouvert, « au-delà du littéral », comme le note l’article. Les symboles maçonniques – l’étoile flamboyante, le delta lumineux – ne sont pas des vérités figées, mais des invitations à méditer, à interpréter, à explorer. Le troisième œil, en tant que centre de perception intuitive, devient un outil pour « comprendre les vérités contenues dans ces symboles », pour saisir l’ineffable qui se cache derrière le visible.

Un processus graduel et exigeant

Une porte mystérieuse
Une porte mystérieuse – Escalier qui monte vers la porte de la Lumière

L’éveil du troisième œil, comme le chemin maçonnique, est un processus graduel. « C’est une discipline qui demande beaucoup de persévérance et de méditation », écrit l’auteur d’El Nacional. En franc-maçonnerie, cette progression est structurée par les grades et les travaux en loge, qui exigent patience, humilité et engagement. La méditation, bien que moins formelle que dans les traditions orientales, est implicite dans les moments de silence et de réflexion qui ponctuent les rituels maçonniques. Ces instants d’introspection permettent au maçon de se connecter à sa voix intérieure, d’écouter cette « intuition spirituelle » qui guide vers la lumière.

Pour autant, l’éveil spirituel n’est pas un aboutissement garanti dans une seule vie. Comme le souligne l’article, « je ne pense pas qu’il puisse être réalisé dans ce cycle de vie ». Cette humilité face à la quête spirituelle est une leçon maçonnique : le chemin compte plus que la destination. Chaque pas, chaque rituel, chaque réflexion est une étape vers l’illumination, un polissage de la pierre brute qui révèle, peu à peu, la lumière intérieure.

Une invitation à transcender

Le troisième œil, dans la franc-maçonnerie, est plus qu’un symbole : c’est une invitation à transcender les limites du monde matériel, à explorer les dimensions invisibles de l’existence. « Au-delà du physique, il y a tout ce qui ne peut être ni vu ni touché : les émotions, les pensées, les croyances, les expériences spirituelles », écrit l’auteur. En cultivant cette vision intérieure, le maçon apprend à écouter sa voix profonde, à faire confiance à son intuition, et à se connecter au divin – qu’il nomme GADU, Dieu, ou Grande Énergie Universelle.

Dans un monde contemporain marqué par le matérialisme et la superficialité, le message du troisième œil est plus pertinent que jamais. La franc-maçonnerie, en offrant un espace de réflexion et de quête spirituelle, rappelle l’importance de cette lumière intérieure. Comme le souligne l’article, « le troisième œil nous rappelle l’importance d’écouter notre voix intérieure ». Pour le maçon, cette écoute est le cœur de son travail : se connaître soi-même, comprendre l’univers, et marcher, pas à pas, vers la vérité.


Sources :

  • Traditions spirituelles : Le Troisième Œil de Lobsang Rampa, 1956 (pour les références au chakra Ajna et au bouddhisme).
  • El Nacional, « Obreros de Hiram Abiff: El tercer ojo y la masonería – II », 2025.
  • Contexte maçonnique : Les Symboles des Francs-Maçons de Robert Lomas, 2008.

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Charles-Albert Delatour
Charles-Albert Delatour
Ancien consultant dans le domaine de la santé, Charles-Albert Delatour, reconnu pour sa bienveillance et son dévouement envers les autres, exerce aujourd’hui en tant que cadre de santé au sein d'un grand hôpital régional. Passionné par l'histoire des organisations secrètes, il est juriste de formation et titulaire d’un Master en droit de l'Université de Bordeaux. Il a été initié dans une grande obédience il y a plus de trente ans et maçonne aujourd'hui au Rite Français philosophique, dernier Rite Français né au Grand Orient de France.

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