mar 15 avril 2025 - 07:04

Le troisième œil et la Franc-maçonnerie : une quête de l’ineffable

De notre confrère elnacional.com – Par Mario Múnera Muñoz

Dans les méandres de l’âme humaine, où les questions éternelles résonnent comme des échos d’un passé oublié, le troisième œil brille tel un phare dans l’obscurité. Ce concept, vénéré dans le bouddhisme et l’hindouisme, transcende les frontières des religions pour s’ancrer au cœur de la franc-maçonnerie, cette voie initiatique qui guide l’homme vers l’inconnu. Le troisième œil n’est pas qu’une image poétique : il incarne l’aspiration profonde à percer le voile de l’existence, à répondre à ces interrogations qui hantent chaque esprit curieux – d’où venons-nous ? Que faisons-nous ici ? Où irons-nous ?

Un bol tibétain, pour faire du son méditatif
Un bol tibétain, pour faire du son méditatif

Ces questions, aussi simples qu’elles paraissent, nous confrontent à l’immensité du mystère. Elles nous rappellent que nous sommes à la fois fragiles et immenses, des microcosmes nichés dans le vaste macrocosme de l’univers. La Franc-maçonnerie, avec ses symboles énigmatiques et ses rituels séculaires, offre une lanterne pour éclairer ce chemin tortueux, celui de la vérité ultime, de l’ineffable.

L’ineffable, ce mot chargé de mystère, désigne ce qui échappe au langage, ce qui défie la raison. Imaginez-vous face à une œuvre d’art abstraite, où les couleurs et les formes dansent sans logique apparente, pourtant elles éveillent en vous une émotion indescriptible. Ou pensez à l’amour, ce sentiment si puissant que les mots peinent à en capturer l’essence. Dire « je t’aime » semble toujours insuffisant ; c’est dans les actes, dans le silence, que l’amour se révèle. De la même manière, l’ineffable est une expérience intérieure, un dialogue muet avec l’absolu. En franc-maçonnerie, il se manifeste dans le Grand Architecte de l’Univers, ce principe créateur qui régit les lois du cosmos sans jamais se dévoiler pleinement. Les ouvriers d’Hiram Abiff, figures légendaires de cette tradition, symbolisent ceux qui travaillent inlassablement à polir leur pierre intérieure, à lever le voile qui sépare le connu de l’inconnaissable. Leur quête n’est pas celle du pouvoir ou de la gloire, mais celle de l’équilibre, de l’harmonie entre le terrestre et le divin.

La Franc-maçonnerie n’impose pas de dogmes, elle invite à l’exploration. À travers ses symboles – l’équerre, le compas, la pierre brute – elle propose un langage universel qui transcende les cultures et les époques. Ces outils ne sont pas de simples objets ; ils sont des ponts vers le transcendant, des rappels que la vérité ne se trouve pas dans les certitudes, mais dans l’humilité de la recherche. Le troisième œil, dans ce contexte, devient une métaphore puissante : il est l’œil de la conscience, celui qui voit au-delà des illusions du monde matériel. Dans le bouddhisme, cet œil est lié à l’illumination, au Nirvana, cet état de paix où l’ego s’efface pour laisser place à l’unité. Dans l’hindouisme, il évoque Brahman, la réalité ultime qui englobe tout. En franc-maçonnerie, il se traduit par l’ouverture de l’esprit, par la dissolution des dualités – bien et mal, lumière et ombre – pour atteindre un centre, un point d’équilibre où l’initié rencontre le sacré.

Mais comment accéder à cet ineffable ? La réponse réside dans le silence. Pas un silence vide, mais un silence vivant, celui de la méditation et de la contemplation. Lorsque l’esprit se tait, lorsque les pensées s’apaisent, une porte s’ouvre. C’est dans cet espace que l’initié peut entrevoir la vérité, non pas comme une révélation spectaculaire, mais comme une douce évidence. Les grands avatars de l’histoire, qu’ils soient prophètes, sages ou philosophes, ont tous insisté sur cette vérité : vivre en harmonie avec la nature et autrui est la clé pour se connecter à l’absolu. La franc-maçonnerie, loin de s’opposer aux religions, les embrasse comme autant de chemins vers le même sommet. Elle ne prétend pas détenir la vérité, mais offre une méthode, un cadre pour la chercher. Chaque rituel, chaque symbole, est une invitation à plonger plus profondément en soi, à explorer les limites de la perception humaine.

Ce voyage n’est pas sans défis. Lever le voile de l’ignorance demande du courage, de la patience et, surtout, de la sagesse. Le monde moderne, avec son vacarme et ses distractions, nous éloigne souvent de cette quête intérieure. Pourtant, l’appel de l’ineffable reste là, tapi dans un coin de notre cœur, prêt à resurgir au moindre moment de calme. La franc-maçonnerie, par son insistance sur la discipline et la réflexion, nous rappelle que la connaissance n’est pas un don, mais une conquête. Comme le disait un ancien adage, la vérité est un trésor caché dans une grotte obscure ; seuls ceux qui osent y entrer, lampe à la main, peuvent l’entrevoir. Le troisième œil, dans cette métaphore, est la lampe, et la franc-maçonnerie, la carte qui guide nos pas.

Pourquoi cette quête est-elle si essentielle ? Parce qu’elle nous relie à quelque chose de plus grand. En cherchant l’ineffable, nous ne cherchons pas seulement à comprendre l’univers, mais à nous comprendre nous-mêmes. Nous sommes tous des ouvriers d’Hiram, des bâtisseurs de notre propre temple intérieur. Chaque effort, chaque moment de silence, chaque méditation, est une pierre de plus ajoutée à cet édifice. Et lorsque, enfin, nous atteignons cet état de plénitude, nous réalisons que l’ineffable n’était pas une destination, mais un état d’être. Il est la paix qui naît lorsque l’ego s’efface, lorsque nous cessons de nous battre contre le mystère pour l’embrasser. La franc-maçonnerie, avec sa richesse symbolique et sa profondeur spirituelle, nous offre les outils pour construire ce pont entre le visible et l’invisible, entre l’homme et l’absolu.

Œil d'Horus
Oudjat – Œil d’Horus

Alors, êtes-vous prêt à entreprendre ce voyage ? Le troisième œil vous appelle, non pas pour vous perdre dans des abstractions, mais pour vous trouver dans la simplicité du silence. La franc-maçonnerie, avec ses mystères et ses promesses, n’est pas une fin, mais un commencement. Elle vous tend la main, vous invite à poser la première pierre de votre temple. Dans ce monde où tout va si vite, où les vérités s’effritent, elle offre un refuge, un espace où l’âme peut respirer. Osez regarder au-delà, osez chercher l’ineffable. Car c’est là, dans l’ombre lumineuse du troisième œil, que réside la réponse à tout ce que vous avez toujours cherché.

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Erwan Le Bihan
Erwan Le Bihan
Né à Quimper, Erwan Le Bihan, louveteau, a reçu la lumière à l’âge de 18 ans. Il maçonne au Rite Français selon le Régulateur du Maçon « 1801 ». Féru d’histoire, il s’intéresse notamment à l’étude des symboles et des rituels maçonniques.

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