Entre administration et spiritualité
En 2025, la Franc-maçonnerie française traverse une période de questionnement profond. Alors que ses obédiences, dirigées par des Grands Maîtres élus, semblent de plus en plus s’orienter vers des préoccupations sociétales et politiques, une question fondamentale émerge : quid de l’éveilleur spirituel ? Si la maçonnerie se revendique comme une voie initiatique non religieuse, la spiritualité devrait être au cœur de son essence. Pourtant, les Grands Maîtres, parfois choisis pour leurs compétences administratives ou leur influence élective, paraissent éloignés de cette dimension.
La maçonnerie, un syndicat ou une voie initiatique ?

Avant d’explorer la question de l’éveilleur spirituel, il est essentiel de clarifier la nature de la Franc-maçonnerie.
En France, comme l’écrivait Bruno Étienne, la Franc-maçonnerie a produit deux maçonneries qui cohabitent, volens nolens, bon gré malgré, depuis trois siècles.
- La première a pour slogan « Liberté, Égalité Fraternité » et entend participer activement à la construction de la société idéale.
- La seconde a pour devise « Sagesse, Force, Beauté » et préfère travailler à la construction du Temple de l’Humanité à partir de la construction du temple intérieur par la maîtrise de l’ego.
L’une est extravertie, progressiste, mondaine ; l’autre est tournée vers l’intérieur, progressive, mystique. Si la première hypothèse est vraie, la maçonnerie devrait se concentrer sur des actions concrètes dans la société – plaidoyer, réseautage, influence politique – et ses leaders seraient des administrateurs ou des stratèges. Mais si la seconde hypothèse prévaut, alors la spiritualité, entendue comme une quête de sens, une transformation intérieure et une connexion avec des vérités universelles, ne peut être absente. Pourtant, dans les deux cas, la pratique s’entoure d’un rituel et de symboles, ce qui laisse peu de doute quant à la fonction initiatique de la Franc-maçonnerie.
Dans ce cas, qui favorise cette spiritualité ? Qui incarne la sagesse nécessaire pour accompagner les Obédiences sur ce chemin ?

Dans le monde religieux, où la spiritualité est le fondement, chaque tradition a un leader spirituel clairement identifié. Chez les catholiques, le pape (actuellement François, élu en 2013) est le guide spirituel, tandis que des administrateurs permanents, comme ceux de la Curie romaine, gèrent les aspects organisationnels. Chez les protestants, des figures comme le président de la Fédération protestante de France (actuellement le pasteur François Clavairoly, en poste depuis 2013) jouent un rôle spirituel, bien que l’organisation soit plus décentralisée. Dans l’Église orthodoxe, le patriarche œcuménique de Constantinople (Bartholomée Ier, en fonction depuis 1991) est une autorité spirituelle, secondé par des administrateurs pour les affaires courantes.
Ces leaders sont choisis pour leur sagesse, leur érudition théologique et leur capacité à inspirer les fidèles, et non pour des compétences purement administratives.

Dans les organisations spirituelles non religieuses, comme la Société Théosophique ou l’AMORC (Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix), la situation est similaire. La Société Théosophique, par exemple, est dirigée par un président international (actuellement Tim Boyd, en poste depuis 2014), choisi pour sa compréhension des principes ésotériques et sa capacité à guider les membres dans leur quête spirituelle. L’AMORC, quant à elle, a un Imperator (actuellement Claudio Mazzucco, en fonction depuis 2019), une figure spirituelle qui supervise les enseignements et les rituels, tandis que des administrateurs gèrent les aspects logistiques. Ces organisations, bien que non religieuses, reconnaissent l’importance d’un leader spirituel pour incarner l’institution.
En Franc-maçonnerie, cependant, la situation est plus complexe. Les obédiences sont dirigées par des Grands Maîtres élus pour des mandats courts (1 à 3 ans), assistés par des directeurs administratifs qui gèrent les affaires courantes.
si l’incarnation de la spiritualité est absente au sommet de l’institution, la maçonnerie peut-elle encore prétendre à son statut de voie initiatique ?
Les Grands Maîtres : administrateurs ou éveilleurs spirituels ?

En France, les huit principales obédiences maçonniques – le Grand Orient de France (GODF), la Grande Loge de France (GLDF), la Grande Loge Nationale Française (GLNF), la Fédération Française du Droit Humain (DH), la Grande Loge Féminine de France (GLFF), la Grande Loge Mixte de France (GLMF), la Grande Loge de l’Alliance Maçonnique Française (GL-AMF), et la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra (GLTSO) – sont toutes dirigées par des Grands Maîtres élus. Ces mandats, généralement de 1 à 3 ans, sont souvent le résultat de campagnes électorales internes, où les candidats mettent en avant leur vision pour l’obédience, leur réseau et leur capacité à gérer une organisation complexe.
Mais un critère semble cruellement absent pour certains : la sagesse spirituelle.
Un parcours initiatique influencé par le pouvoir électif

L’un des problèmes fondamentaux réside dans le processus de sélection des Grands Maîtres. Dans la plupart des obédiences, le parcours pour accéder à ce poste est marqué par des dynamiques électives qui favorisent l’ambition et le réseautage plutôt que la sagesse. Un maçon qui aspire à devenir Grand Maître doit souvent gravir les échelons de l’obédience, occuper des postes comme Vénérable Maître d’une loge, puis membre du Conseil de l’Ordre, avant de se présenter à l’élection. Ce parcours, qui peut prendre des décennies, est davantage un exercice de politique interne qu’une quête spirituelle.
Cette tendance est suffisamment déplorée par certains Francs-maçons, comme en témoigne un Frère qui s’exprime sous couvert d’anonymat :
« Nos rituels sont riches de symboles, mais nos dirigeants parlent comme des militants associatifs. Où est la profondeur spirituelle ? »
Exemple : L’Influence écrasante du GODF

Le Grand Orient de France, avec ses 50 000 membres et son influence historique, joue un rôle déterminant dans cette dérive sociétale. Fondé en 1773, le GODF a été un acteur majeur des combats progressistes en France : la laïcité sous la IIIe République, les droits des femmes, l’abolition de la peine de mort. Mais cette orientation, si elle a fait la gloire de l’obédience aux XVIIIe et XIXe siècles, semble aujourd’hui en décalage avec les besoins spirituels des maçons et les réalités de 2025.
Le GODF exerce une influence politique, économique et médiatique qui étouffe les obédiences plus petites, plus symbolistes qui exercent pour certaines leur activité grâce à l’attribution d’une patente fournie par le GODF.
Dans ce contexte, d’autres Obédiences comme la GLDF, avec environ 34 000 membres, ou la GLTSO, avec 5 000 membres, peinent à faire entendre leur voix face à la machine médiatique du GODF. En 2024, lorsque le GODF a organisé une conférence publique sur « La République face aux extrémismes », relayée par de nombreux médias comme France Info et Le Figaro, les initiatives plus discrètes de la GLDF, comme un colloque sur « Le Symbolisme du Temple de Salomon », sont passées inaperçues. En effet, qui souhaiterait voir en ouverture du Journal de TF1 de 20h un reportage sur le Fil à Plomb symbolique dans une Loge du Tarn et Garonne ?
Cette domination médiatique renforce l’image d’une maçonnerie sociétale, au détriment des obédiences qui cherchent à préserver une dimension initiatique.
De plus, le GODF attire des profils plus politiques que spirituels. Un ancien Grand Maître du GODF, Alain Bauer (2000-2003), est un exemple emblématique : criminologue, consultant en sécurité, et proche de plusieurs hommes politiques, Bauer incarne une maçonnerie tournée vers l’influence sociale plutôt que vers la quête intérieure. Cette orientation a un effet d’entraînement : les maçons qui rejoignent le GODF sont souvent motivés par le réseautage et l’engagement sociétal, et non par une recherche spirituelle. En conséquence, les loges du GODF se vident de leur substance initiatique, comme le note un Vénérable Maître d’une loge parisienne :
« Nos tenues ressemblent à des débats politiques. On parle de laïcité ou de droits humains, mais on oublie de méditer sur le sens du compas ou de l’équerre. »
La maçonnerie sociétale : une obsolescence en 2025 ?

En 2025, l’intérêt d’une maçonnerie purement sociétale est de plus en plus contestable. À l’ère des réseaux sociaux et des plateformes comme X, Facebook ou Instagram, il n’est plus nécessaire de rejoindre une loge pour influencer la société. Les idées circulent rapidement, les pétitions en ligne mobilisent des millions de personnes, et les groupes militants, comme les collectifs féministes ou écologistes, agissent avec une efficacité bien supérieure à celle des loges maçonniques.
Pourquoi passer par un processus initiatique, rester un an au silence en tant qu’Apprenti, et gravir les échelons d’une obédience, si l’objectif est simplement de militer pour une cause ?

Cette évolution explique pourquoi certains Grands Maîtres actuels deviennent plus politiques que spirituels. Leur rôle s’apparente à celui d’un porte-parole ou d’un dirigeant associatif, chargé de représenter l’obédience dans l’espace public et de défendre ses positions. Mais cette transformation a un coût : la maçonnerie sociétale se vide des idées qui ont fait sa gloire aux siècles précédents. Au XVIIIe siècle, des maçons comme Voltaire ou Benjamin Franklin ont contribué à façonner les Lumières et les révolutions démocratiques, tout en s’inspirant des idéaux maçonniques de liberté, d’égalité et de fraternité. Aujourd’hui, ces idéaux sont repris par des mouvements profanes et la maçonnerie peine à se réinventer.

Un symptôme de cette crise est la baisse des effectifs dans les obédiences sociétales. Selon une estimation interne, le GODF aurait perdu environ 5 000 membres entre 2015 et 2025, une chute attribuée à un désintérêt pour une maçonnerie perçue comme « trop politique » et « pas assez spirituelle ». Aux États-Unis, depuis quelques années, la Franc-maçonnerie perd 3% par an. Ce serait la confirmation d’un déclin de cette maçonnerie d’antan. À l’inverse, des obédiences plus symbolistes, comme la GLTSO, connaissent une légère croissance, attirant des maçons en quête de sens et de profondeur initiatique.
La Maçonnerie Survivra-t-elle à ce Courant ?

La question se pose : la Franc-maçonnerie peut-elle survivre à cette dérive sociétale ? Si elle continue sur cette voie, elle risque de perdre son identité initiatique et de devenir une simple association parmi d’autres, incapable de rivaliser avec les réseaux sociaux ou les mouvements militants. Mais un retour à la spiritualité est possible, à condition de repenser le rôle des Grands Maîtres pour qu’ils lui redonnent une place centrale.

Pour que la maçonnerie retrouve son essence, il faudrait peut-être s’inspirer des organisations spirituelles non religieuses. L’AMORC, par exemple, sépare clairement le rôle de l’Imperator, guide spirituel, de celui des administrateurs. En Franc-maçonnerie, une solution pourrait être de créer une figure d’ « Architecte Spirituel », distincte du Grand Maître (à l’instar des Présidents du « Souverain Sanctuaire » dans les Rites égyptiens), choisie pour sa profondeur initiatique et non pour des critères électifs. Ce guide pourrait animer des tenues symboliques, instruire les Vénérables Maîtres, et inspirer les loges dans leur travail intérieur. Certains affirmeront que le « Suprême Conseil » joue ce rôle de sages. Pour qui a eu l’occasion d’y être admis, les jeux de pouvoir intérieur animent de la même énergie ces organisations que la maçonnerie Bleue.

Vers un Renouveau Spirituel ?
Pour survivre, la Franc-maçonnerie doit redonner à la spiritualité la place qui lui revient. Cela passe par une réforme de ses structures, une revalorisation du sens du symbolisme et la désignation d’êtres capables de prolonger des chemins de lumière pour les initiés.
Comme le disait Albert Pike
« la franc-maçonnerie est plus riche en secrets que les Pyramides, attendant l’interprète ».
Notre Orateur évoque notre F passé à l’O éternel Bruno Etienne membre du GODF qui maniait spiritualité et sociétal sans excès et avec profondeur. Cet équilibre est subtil comme notre pavé mosaïque c’est peut-être ce qui n’est pas toujours perçu car la symbolique maçonnique est une transcendance du réel.
La profondeur c’est ce que nous recherchons en Loge, une planche doit toujours élever le débat vers la lumière pour ne pas tomber dans le piège de l’ombre des réactions profanes sur les réseaux sociaux.
Il faut passer sur des obédiences/loges plus petites et plus spirituelles.
Dans la mienne, qui est au RER, on ne fait que du travail spirituel, sur les idées, symboles et emblèmes.
Vrai ! Quand on voit comment les deux derniers GM du GODF exercent leur fonction, on a l’impression d’ être soit dans un syndicat, soit dans un parti politique… ils osent même vous dire pour qui ne pas voter. Ils ne vont pas jusqu’à vous dire pour qui voter , mais c’est limite.
les deux derniers GM sont des pantins avec un doscurs de politique pur le prochain qui sera élu pour un an afin de préparer le retour de TRICHARD QUI A D AILLEURS ETE RECALE PAR LE CONSEIL DE L’ORDRE EN TANT QUE GARANT D AMITIE OPUR LES LOGES D AFRIQUE SERAIT CE UN PREMISCE DE R2ACTIONS DE NOS ELUS
PRENONS le courrier de netorid e ce jour demandant : Je te prie de bien vouloir prendre connaissance en pièce jointe de la circulaire de Nicolas PENIN, Grand Maître du Grand Orient de France, relative à l’appel pour la constitutionnalisation des articles 1 et 2 de la loi du 9 décembre 1905, dite « Loi concernant la séparation des Eglises et de l’État » l obsession de 1905 et de l engagement politique
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https://www.editions-maia.com/livre/en-quete-de-spiritualite-rectifiee-une-experience-initiatique-bertrandus-i-o-eques-geopragmaticus-per-amor-9791042510220/
tout est dit ..
Il y a un énorme problème au niveau de la perception par le public profane …
On ne peut plus utiliser le terme de franc maçonnerie pour deux mouvements si différents ..
un mouvement spiritualiste et un mouvement syndico politique ou le gm trichard envoie des consignes de non vote a ses brebis.
Il y a quelque part une escroquerie sur l’emploi du
nom franc maçonnerie …
Le GO n initie plus des maîtres mais des moutons.
Je l ai dit dans ma loge…on m a encouragé à aller voir ailleurs…
eh oui mon frère su tu n es pas dans le moule et un mouton on te dirige vers la sortie
J’ai bcp aimé cet article. Plus d’engagement au niveau de la spiritualité afin de repositionner La FM.
mille fois oui et une écrasante majorite de nos ff et ss pensent la même chose mais se taisent le smoutons o ne viennent plus en loge d où l absentéisme tres important autour de 50 %