(Les « éditos » de Christian Roblin paraissent le 1er et le 15 de chaque mois.)
Comme vous avez pu le constater en me lisant de temps à autre, au-delà même de mon attachement au symbolisme, j’appartiens à cette école qui conçoit la franc-maçonnerie comme une voie initiatique. Or qu’est-ce qu’une voie initiatique ? C’est un engagement intérieur qui vise, en premier lieu, à se débarrasser des scories qui obstruent une vision libre et complète de la vie, jusqu’alors entravée par tout un réseau de réactions égoïstes, reliées à des peurs, à des préjugés et à des désirs de domination.

Ce dépouillement se fait peu à peu. Il vient en réfléchissant aux choses sous des angles divers, en entendant des Frères ou des Sœurs examiner les mêmes questions d’une façon différente. Ce dépouillement est aussi un accueil d’autres points de vue. Ce sont des routes qui s’ouvrent sans que l’on sache toujours où elles mènent, une identification progressive des traces jusqu’au repérage des tracés sous-jacents.
C’est un paradoxe continuel où le détachement des apparences qui nous guidaient antérieurement, loin de nous rendre insensibles aux phénomènes qui nous environnent, nous fait témoins des réalités dans l’enchevêtrement de leurs causes et la variété de leurs manifestations.

En cela, la Franc-maçonnerie n’est pas un exercice de renoncement au monde comme théâtre d’illusions universelles et perpétuelles, dans une conviction qui s’arrêterait à une position passive et dégagée. C’est voir mieux, plus profondément, pour agir en conséquence. Aussi bien, si se libérer des impressions trompeuses commence par soi-même, c’est pour accéder à la plénitude de son être et donc à son propre accomplissement, non point pour sa seule jouissance mais en harmonie avec les forces qui composent les milieux où l’on vit. Dans cette optique, lucidité et responsabilité vont de pair, dans le respect de la liberté de chacun.
Ce n’est, certes, pas simple. Une réalisation entière est loin d’être toujours possible.
Très prosaïquement, ce que nous appelons la sagesse réside dans une tentative constante d’ajustement.
L’ajustement est un défi permanent.
Une belle ouverture d’esprit par ces mots qui nous rappelle que la plénitude intérieure est un voyage qui se doit de rayonner vers l’extérieur