Les plans du Temple de Salomon, nous dit la Bible, ont été donnés à David par son dieu Yahvé : « Tout cela c’est dans un écrit de la main de Yahvé qui m’a fait connaître tous les détails du plan » (I Chroniques XXVIII, 19), mais David pour autant n’aura pas l’honneur de le faire construire. Cet honneur sera réservé à son fils Salomon. David va donc faire ce qui est en son pouvoir pour préparer le travail avant sa mort : rassembler des carriers pour tailler des pierres, préparer des métaux, notamment du fer et du cuivre, faire venir des bois de cèdre en grande quantité, et enfin transmettre à Salomon (I Chroniques XXVIII, 11, 12) le plan :
« Le plan du vestibule (Ulam), de ses maisons, de ses magasins, de ses chambres hautes, de ses salles intérieures, et de la pièce du Kaporet (le couvercle de l’Arche ou Propitiatoire) soit le Débir ; et le plan de tout ce qu’il avait dans l’esprit concernant les cours de la Maison de Yahvé, toutes les salles alentour, les trésors de la maison d’Elohim) et les trésors des choses consacrées.».
Le plan du Temple
Le temple, de forme rectangulaire, est orienté Est – Ouest, l’entrée étant face à l’Est, face au Soleil levant.
Ses dimensions font référence aux dieux du Ciel en Mésopotamie :
Sa longueur de soixante coudées fait référence au dieu du Ciel, Anu, représenté par le nombre soixante ; sa largeur de vingt coudées à Shamash, dieu du Soleil, tandis que sa hauteur de trente coudées évoque le dieu Lune, Sin, dont le nombre était trente.
Son volume était donc de 60 x 20 x 30 soit 36000 coudées cube, nombre mettant en évidence le cercle de 360 degrés, symbole de l’univers, rappelant que ce temple, comme tous les temples, n’était que le reflet du celui de l’Univers, trône du Principe suprême.
Il comprenait trois parties
À l’avant : le Ulam (« qui est en avant »), ou « Vestibule », une entrée de dix coudées de profondeur à double porte, donnant accès au Héikhal.
Au milieu : le Héikhal (« Palais » ou « Maison grande») qui se nommait également Qodesh « Saint ». C’était la salle du culte. Elle mesurait quarante coudées de long sur les vingt de largeur.
À l’arrière : soit derrière le Héikhal était le Débir (« Derrière » ou « À l’arrière » ou encore « Lieu de la parole » de Davar « parole ») ou encore le Qodesh ha Qodeshim « Saint des saints ». Ce lieu très sacré était cubique.

De la sorte, le cube étant composé de six faces, de douze arêtes et de huit sommets soit (6+12+8), soit vingt-six éléments, le Débir faisait référence au nombre de Yahvé, le Tétragramme IHVH soit Yod 10 + Hé 5 + Vav 6 + Hé 5 = 26.
Ce cube de vingt coudées de côté, disposait de sa propre toiture (dix coudées au-dessous du plafond du Héikhal).
Dans le Héikhal : les objets de culte en rapport avec le cosmos
Dans cette pièce où officiaient les prêtres, se trouvaient :
À droite en entrant, soit du côté nord (côté lunaire), une table portant les douze pains des faces, pains sans levain, les uns sur les autres, six d’un côté, six de l’autre, en rapport avec les douze Pleines Lunes, les douze mois, les douze signes du zodiaque.
Puis, disposés de chaque côté de l’accès au Débir, cinq chandeliers à sept branches, soit dix au total, les sept branches de chacun faisant référence aux sept planètes, dites traditionnelles.
Au milieu devant l’entrée du Débir : l’Autel d’or des encens.
Dans le Débir
C’est là qu’on avait mis l’Arche d’Alliance (Aron ha ‘Edout « Coffre du Témoignage ») contenant les Tables de la Loi. Elle était fermée par un couvercle d’or, le Kaporet, d’où s’élevaient les deux Kérubim, leurs faces tournées vers le Héikhal et leurs ailes remplissant toute la largeur de la pièce.
Devant le Ulam, deux colonnes marquant les solstices
À l’Est, devant l’entrée, les deux colonnes en cuivre (nekhoshet), nommées par Khiram le bronzier Yakhin et Bo’az, marquaient les solstices, tout comme le faisaient les deux obélisques devant les frontons des temples égyptiens ; ou comme le faisaient les deux colonnes, ne portant rien, devant d’autres temples du Moyen Orient, comme on peut le voir sur cette image reconstituée d’un temple du Liban dans la plaine de la Bekaa, datant de l’époque du bronze tardif.

Celles du Temple de Salomon mesuraient dix-huit coudées de hauteur et douze de circonférence. Elles étaient surmontées de deux chapiteaux de cinq coudées de haut ce qui leur faisait un total de vingt-trois coudées de hauteur, soit pas loin de douze mètres. Elles reliaient le Ciel à la Terre et marquaient le passage du monde profane au monde sacré.
Les chapiteaux en forme de lotus
Ces chapiteaux avaient, sur une hauteur de quatre coudées, la forme d’une fleur de lotus (shôshan en hébreu, de l’égyptien ssn), la fleur impériale des pharaons, le lotus bleu d’Égypte, « le lotus d’or aux pétales de lapis-lazuli », le premier élément émergé de l’océan primordial, lors de la création du monde. C’est ainsi que le dieu Ré est sorti du lotus au commencement des temps, renaissant chaque matin, faisant du lotus un symbole de renaissance. Le lotus bleu au cœur jaune, en effet, s’ouvre et se ferme en fonction de la course du Soleil.

Ainsi, déjà dans le temple égyptien, des colonnes lotiformes incarnaient le mythe : les chapiteaux étaient alors en forme de fleur de lotus ouverte (comme à gauche sur l’image) ou fermée (comme à droite).
Dans le Livre des morts (Chap. 81) l’initié devient un lotus : « Formule pour prendre l’aspect d’un lotus, paroles dites par l’adepte : je suis ce pur lotus qui sort portant le Lumineux, celui qui est attaché au nez de Ré. Je suis descendu le chercher pour Horus. Je suis le pur qui sort de la prairie marécageuse.» Et sur de nombreuses peintures des tombeaux du Nouvel Empire on voit les trépassés reprendre vigueur en respirant le parfum d’un lotus.
On comprend donc que les colonnes marquent bien les solstices ! Les points équinoxiaux se repérant exactement entre les deux.
Des treillis en forme de réseaux de sept chaînettes
Autour du chapiteau il y avait des treillis en forme de réseaux de chaînettes (sept chaînettes). Sept, nombre sacré chez les Hébreux, en rapport avec les six directions de l’espace plus le centre et les six jours de la création plus celui du repos. Et bien sûr avec les sept planètes qui sont en rapport avec les sept métaux.
Deux rangs de cent grenades soit en tout quatre cents grenades
Enfin se trouvaient deux rangs de cent grenades autour des treillis pour recouvrir les moulures, ce qui ajoutait une coudée à la hauteur du chapiteau et qui faisait un total de quatre cents grenades pour les deux colonnes.

Le symbolisme des grenades
Si des grenades étaient attachées au bas de la robe couleur du ciel du grand Prêtre pour représenter les éclairs, et symbolisaient pour les Hébreux, la lumière, le feu, l’énergie, par sa forme, une sphère portant une couronne, la grenade est aussi un symbole de puissance et de royauté. Elle peut représenter l’Univers, le royaume du Très Haut.

En tous cas on trouve des grenades au sommet des sceptres royaux :
Ainsi au musée du Louvre, on peut voir un sceptre en os surmonté d’une grenade dont la couronne a six pétales.
Et on a découvert deux petits sceptres d’ivoire semblables, de 24 cm de longueur surmontés eux aussi de grenades dans un temple du XIII° siècle av. J.C. à Lakish dans le sud de Juda (image).

Enfin par ses nombreux grains couleur de sang elle est symbole de vie et de fertilité. Aussi en Mésopotamie le grenadier était fréquemment représenté comme Arbre de vie.
Mieux encore, sur les colonnes, par leur nombre 400, elles représentent le Tav qui est ce nombre. Dernière lettre de l’alphabet hébreu, anciennement représentée (jusqu’à l’ère chrétienne) par un X, le Tav, marque du sceau divin, représente l’aboutissement la Création et la Totalité des choses crées. Elle est l’absolu, la perfection du créé. Les grenades ici par leur nombre sur les colonnes et par la multitude de leurs graines (qui va de 400 environ à 868) représentent elles aussi la totalité des univers.
MAGNIFIQUE TRAVAUX