lun 31 mars 2025 - 03:03

Le symbolisme de l’arbre

SYMBOLE DE LA VIE

Selon la mythologie de l’ancienne Egypte, l’arbre représente les trois mondes. Souterrains par ses racines visibles, par son tronc et ses branches et l’invisible grâce aux mystères de son enseignement. L’un des enseignements secrets de l’arbre est constitué par sa sève. Elle demeure présente dans le tronc, lors du dépouillement du feuillage, ainsi la vie hivernale n’est qu’une apparence et non une réalité, elle indique un changement de vie.

L’arbre est un symbole de verticalité entre la terre et le ciel, il éprouve les changements provoqués par les saisons, à ces mutations correspondent les saisons de l’homme, enfance, jeunesse, maturité et vieillesse.

Il enseigne l’intériorité, le détachement, le mystère du dedans, est-il privé de parure, semble t-il endormi, mort, la sève perdure en lui.

Les frères maîtres peuvent connaître l’expression que l’on trouve dans un ancien rituel maçonnique de 1725, et qui fait allusion à «la chair quitte les os».

C’est à dire la séparation entre la chair mortelle et la nature immortelle : les os. L’expression maçonnique «Marrow in the Bone «, c’est à dire « la moelle dans l’os» dont les initiales sont M et B, expression que l’on peut associer symboliquement à cette explication à :

« la sève qui est dans l’arbre, autrement dit la lumière est intérieure et elle transcende la forme apparente de la mort. »

L’ARBRE DANS LA NATURE

Ses racines communiquent avec la terre et l’eau. A la verticalité du tronc s’ajoute l’horizontalité des branches quand à la ramure, feuilles, fleurs, fruits, elle accuse ses liens avec l’air.  La création assume la fonction d’un miroir dans lequel les arbres apparaissent comme des guides.

Le symbole de l’arbre est lié au développement de l’agriculture, environ 6000 ans av JC.

A l’ère agricole, c’est le monde végétal qui enseigne. Dans le monde de la chasse, si vous coupez une patte d’un lapin, elle ne repousse pas. L’arbre constitue une parfaite image de l’ordre cosmique, de la création réconciliée avec elle même.

A ses pieds reptiles, dans ses branches, insectes et oiseaux de toutes espèces. Il est signe d’alliance entre la terre qu’il fouille de ses racines et à laquelle il prend ses richesses, l’eau qu’il aspire et redistribue, l’air auxquelles, il offre ses feuilles, le feu solaire qui le fait croître, épanouit ses fleurs et ses fruits. Son ombre sur la plaine marque l’écoulement du jour, son feuillage, l’écoulement des saisons, il est maitre du temps qui passe.

Tout arbre est un arbre de vie car il symbolise la puissance, la longévité, la générosité, la patience, la protection. Chaque civilisation possède son arbre de vie, les Indiens ont élu le figuier, les Scandinaves, le sapin, les Celtes, le chêne, les Phéniciens, le cyprès, l’islam, l’olivier.

Egypte, l’acacia signifiait la régénération, d’où son symbole d’immortalité. Chez les hébreux, l’arche d’alliance avait été construite en bois d’acacia.

Le cèdre pour son extrême majesté aurait la caractéristique d’être incorruptible chez les hébreux, la charpente des temples étaient en cèdre. «Les justes s’élèvent comme les cèdres du Liban» Ps

L’olivier en Grèce, il était consacré à Athéna, pour les traditions Judéo-chrétiennes, il est symbole de paix.

Le laurier comme toutes les plantes qui demeurent vertes en hiver, il symbolise l’immortalité, les Romains en feront un symbole de gloire.

Le chêne est le roi des arbres, sacralisé depuis des siècles son symbole véhicule principalement la puissance de ses énergies et la solidité de son bois. St Louis rendait sa justice sous un chêne, il le coupait avec une faucille d’or.

Le képi des généraux est entouré de feuilles de chêne brodées à la main avec des fils d’or, elles symbolisent la victoire.

Le pommier, Dionysos Dieu du vin et de la poésie serait l’instigateur de la pomme ; il l’aurait crée afin de l’offrir à la déesse de l’amour Aphrodite. Sa rondeur évoque les seins de la femme et aussi le globe terrestre. Quand aux fleurs de pommiers, elles signifiaient la beauté féminine et la fraicheur de son teint.

Lorsqu’on coupe une pomme en deux, dans le secret de son centre, des alvéoles enveloppent les pépins et on peut observer une minuscule étoile à cinq branches, elle peut être interpréter comme la plénitude d’une connaissance initiatique. Réputée pour la qualité de sa nourriture, la pomme était associée à l’immortalité. Le texte de la genèse a pris comme symbole la pomme, les textes le précisent.

« l’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal »

Gen 2,9

La doctrine de la chute de l’home qui a gouté le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal fait partie intégrante de notre culture occidentale au point que toute notre morale en est imprégnée. Le thème des deux arbres remarque Roger Cook n’appartient pas exclusivement ni au judaïsme, ni au christianisme. Les anciens Babyloniens avaient deux arbres, l’arbre de vérité et de l’arbre de vie qui se dressaient deux arbres colonnes.

Nous avons des sceaux sumériens datant de 3500 ans avant Jésus Christ qui représentent le serpent, l’arbre et la déesse qui offre des fruits aux visiteurs mâles. Que l’arbre soit un symbole de connaissance universelle tient tout d’abord à sa verticalité, le bas vers le haut, passage des ténèbres souterraines à la lumière céleste.

Il y a une différence fondamentale entre l’homme et l’arbre, c’est la mobilité de l’un et l’immobilité de l’autre : l’homme a ses pieds posés sur le sol où l’arbre s’enracine mais les cimes de l’arbre sont plus près du ciel que la tête de l’homme.

La dualité se trouve dans l’arbre lui-même qui est arbre de la connaissance du Bien et du Mal.

Pour la tradition Chrétienne, il s’agirait de la dualité du Bien et du Mal. La tradition judaïque Tov et Ra renvoient davantage à des notions accomplis et de non accomplis, de juste ou d’erroné. Je rappelle que le mot péché en hébreu signifie littéralement «manquer sa cible».

En mangeant du fruit de l’arbre de la connaissance, l’homme s’engage dans la roue des dualités, dans la di-vision, c’est à dire deux visions. Il se condamne à explorer horizontalement le sol qu’il doit travailler à la sueur de son tronc verticalement, à s’échiner, à grimper par degrés au tronc vertical de la connaissance d’où son horizon ne s’élargit que peu à peu et à grand peine.

Psychologie- Judaïsme- Kabbale

En psychologie, le test de l’arbre est important, il permettrait de découvrir les blocages d’évolution chez l’enfant.

Dans l’univers judaïque, l’arbre jouit d’une grande considération

« Si tu es arrêté longtemps au siège d’une ville, tu ne détruiras pas les arbres en portant sur eux la cognée ; ce sont eux qui te nourrissent, tu ne les couperas donc pas, car l’homme est un arbre des champs »

Deut, 20,19

Cet axiome du Talmud est d’une grande actualité écologique.

Pour la kabbale, l’arbre est au cœur de la transmission, il exprime l’idée d’une descente de l’esprit dans la matière, de Kether à Malkuth. Pour les maitres de la tradition, notre rôle serait d’inverser le processus et de ramener le matériel au spirituel. Cette vision n’est pas choquante pour les Franc-maçons.  Toutefois, il y a des religions qui refusent la matière, d’autres qui l’opposent comme les Grecs, et enfin beaucoup qui refusent la lumière.

L’Arbre Inversé

Les deux maîtres grecs d’Averroès : Platon et surtout Aristote. Panneau en marbre provenant de la façade nord, registre inférieur, du campanile de Florence. Attribué à Luca della Robbia, vers 1437-1439.

L’arbre céleste inversé est l’arbre de vie, tandis que l’arbre terrestre est celui qui nous mène à cette vie, l’arbre du bien et du mal. Il y a entre eux une analogie, comme « Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas». (L’analogie n’est pas une comparaison parallèle mais un effet miroir identique et inverse).selon R.Guénon

L’arbre retourné serait l’image restitué du sens réel de la vie, la vie vient d’en haut, elle vient du céleste et de l’Eternel. L’homme doit s’y pendre, tel le pendu du tarot, il doit retourner sa vision afin de rétablir le courant entre lui et sa source de vie.

Dans cette arcane, l’homme est pendu par les pieds entre deux troncs d’arbres, symbole de verticalité comme le sont les deux colonnes à l’entrée du temple. Elles marquent les limites du monde profane, la demeure de l’Un.

Pour le Zohar III, 18,3 :

« le juste est le fondement du monde, le juste est une colonne qui va de la terre au ciel et selon que cette colonne qui porte l’univers se fortifie ou s’affaiblit l’univers lui-même gagne ou perd en force ».

L’universalité du symbolisme de l’arbre témoigne d’un lien primordial entre l’arbre et l’homme sous tous les continents et à travers le temps. Il n’est pas étonnant qu’il soit un symbole de l’initiation que ce soit sous sa forme propre ou sous celle de la croix. Il nous apprend que rien ne meurt que tout se transforme pour le miracle d’une seule chose. Il nous apprend que la nature est le premier livre de la révélation, tout homme ne sachant, ni lire, ni écrire peut percevoir L’Eternel mouvement de le Vie.

« Si tu veux connaître l’invisible regarde le visible »

Talmud

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Christian Belloc
Christian Bellochttps://scdoccitanie.org
Né en 1948 à Toulouse, il étudie au Lycée Pierre de Fermat, sert dans l’armée en 1968, puis dirige un salon de coiffure et préside le syndicat coiffure 31. Créateur de revues comme Le Tondu et Le Citoyen, il s’engage dans des associations et la CCI de Toulouse, notamment pour le métro. Initié à la Grande Loge de France en 1989, il fonde plusieurs loges et devient Grand Maître du Suprême Conseil en Occitanie. En 2024, il crée l’Institution Maçonnique Universelle, regroupant 260 obédiences, dont il est président mondial. Il est aussi rédacteur en chef des Cahiers de Recherche Maçonnique.

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