lun 31 mars 2025 - 03:03

La Franc-maçonnerie et la sagesse antique

De notre confrère universalfreemasonry.org

La Franc-Maçonnerie dérive-t-elle de la Sagesse Ancienne ?

Les membres des groupes d’études maçonniques sont naturellement des étudiants passionnés de l’origine et de l’histoire de l’Ordre, et nombre de chercheurs sérieux admettent franchement que la lecture de la littérature disponible sur le sujet les a laissés perplexes et sceptiques. Cet article propose donc de tracer les grandes lignes d’un mouvement aussi vieux que l’humanité elle-même, dont le but et la doctrine sont encore fidèlement préservés, quoique de manière très rudimentaire, dans notre système maçonnique.

Ce faisant, nous tenterons de répondre aux principales questions posées par de nombreux étudiants en quête d’une illumination plus complète, telles que : Quelle était la nature des Mystères Anciens que la Franc-Maçonnerie moderne prétend perpétuer ? Pouvons-nous justifier la nécessité de leur perpétuation aujourd’hui ? Dans quel but l’Initiation a-t-elle été instituée ? A-t-elle jamais servi à quelque chose de réel, ou peut-elle le faire aujourd’hui ? La résolution satisfaisante de ces problèmes dépend, dans une large mesure, de la compréhension des buts et des idéaux de l’Ordre maçonnique.

L’une des premières choses qui frappe tout étudiant en littérature maçonnique et en religion comparée est la remarquable présence de facteurs, de croyances, de doctrines, de pratiques et de symboles communs dans les religions de toutes les races, anciennes ou modernes, civilisées ou barbares, chrétiennes ou païennes. Aussi éloignées les unes des autres par le temps ou la distance, aussi intellectualisées ou primitives soient-elles, et aussi profondes soient-elles – et malgré leurs différences importantes – chaque peuple a employé et emploie encore des idées, des symboles et des pratiques communs aux autres. Un examen attentif de la littérature maçonnique confirme et amplifie cette impression, car l’étudiant constatera que de nombreux auteurs liés à la Franc-Maçonnerie ont démontré l’étroite correspondance entre des systèmes apparemment sans rapport, et ont souligné l’ancienneté et l’universalité des idées, des symboles et des pratiques incarnés dans notre système moderne de Franc-Maçonnerie. Il est cependant un point que l’étudiant a invariablement beaucoup de mal à cerner : c’est la raison pour laquelle l’ancienneté et l’universalité sont si clairement mises en évidence par les archives existantes. Il est regrettable que la majorité de ceux qui ont écrit des traités sur l’histoire et le but maçonniques aient négligé de donner une explication sur ce point, et puisqu’il nous fournit la clé essentielle de tout le problème de la genèse, de l’histoire et de la raison de l’existence de la Franc-Maçonnerie, il est si important de clarifier la question avant de procéder au plan général de notre sujet.

Si l’on persévère dans la recherche et la réflexion, l’étudiant comprendra que l’universalité et l’uniformité constatées par les historiens sont dues au fait qu’à une époque lointaine, dans le passé, fut implantée dans l’esprit de toute la famille humaine – alors sans doute beaucoup plus concentrée qu’aujourd’hui – une doctrine fondamentale concernant la nature et la destinée de l’âme humaine et sa relation avec la Divinité. Dans toutes les Écritures et cosmologies, la tradition d’un « Âge d’Or » est universelle, un âge d’innocence, de sagesse et de spiritualité relatives, où prévalaient l’unité raciale, le bonheur individuel et l’illumination ; où régnait cette vision ouverte dont il est écrit qu’un peuple périt, mais en vertu de laquelle les hommes étaient autrefois en dialogue conscient avec les mondes invisibles et étaient guidés, instruits et guidés par les « dieux » ou surintendants désincarnés de la race naissante, qui leur transmettaient les principes sûrs dont dépendaient leur bien-être spirituel et leur évolution. Les témoignages concernant cet « Âge d’Or » sont consignés dans toutes les langues, et il est unanimement reconnu comme la période des débuts de l’espèce humaine.

À cette époque, nous apprenons que l’intellect psychique et physique de l’homme était endormi, et c’est pour cette raison que l’humanité naissante fut guidée et instruite sous la supervision directe d’Instructeurs divins. Il est particulièrement significatif pour les francs-maçons de constater que la tradition affirme que c’est sous la direction de ces Instructeurs que l’humanité reçut ses premières notions de tous les arts et de toutes les sciences, et que ce sont eux qui posèrent les fondations de ces civilisations antiques qui intriguent tant notre génération moderne d’érudits. Ceci explique que, aussi loin que remontent les recherches archéologiques ou autres, on trouve des stades avancés de civilisation, chacun doté d’un système numérique élaboré ; là où, selon les théories scientifiques modernes, seules les conditions les plus primitives seraient envisageables. La présence de systèmes numériques pleinement développés dans les civilisations anciennes prouve que la science des nombres n’a pas été lentement développée par l’homme primitif apprenant à compter sur ses doigts, comme on le suppose communément, et confirme la tradition d’un système de calcul pleinement élaboré qui a été révélé au sacerdoce des premières races par les enseignants spirituels de l’humanité.

Nous nous enorgueillissons aujourd’hui d’être plus sages et plus avancés que l’humanité primitive. Nous supposons que nos ancêtres vivaient dans une ignorance morale, dont nous sommes depuis progressivement sortis vers une lumière relative. Cependant, toutes les preuves contredisent ces suppositions. En réalité, elles indiquent que l’homme primitif, malgré son sous-développement intellectuel selon les normes modernes, était spirituellement conscient et psychiquement perceptif à un degré inimaginable de nos jours. C’est donc nous qui, malgré toute notre intelligence et notre développement intellectuel dans les domaines temporels, sommes néanmoins plongés dans l’obscurité et l’ignorance de notre propre nature, du monde invisible qui nous entoure et des vérités spirituelles éternelles. Nous pouvons donc nous demander comment il se fait que nous nous soyons éloignés à ce point de notre état originel, et une fois de plus, la tradition nous vient en aide.

La tradition universelle veut également que l’âme collective de l’espèce humaine ait subi une « chute », un déclin moral loin de son véritable chemin de vie et d’évolution. Ce déclin a eu pour effet de la couper presque entièrement de sa source créatrice et, au fil des siècles, de l’enfoncer de plus en plus profondément dans les conditions physiques. Cette séparation, d’une unité utilisant une langue unique, s’est transformée en une diversité de races conflictuelles, parlant des langues et présentant des degrés de développement moral différents. Elle s’est accompagnée d’une densification progressive du corps matériel et d’une atrophie correspondante de la conscience spirituelle. Cette tradition de l’expulsion de la Chute, quelle qu’en soit la cause, des limites les plus proches de la Déité est si catholique qu’elle a dû constituer un canon de la doctrine fondamentale, ou proto-évangile, qui sous-tend tous les grands systèmes religieux de l’histoire. L’antiquité et l’universalité constituent, bien sûr, des preuves insuffisantes de sa véracité pour le rationalisme moderne, mais pour l’étudiant sincère, un témoignage d’un autre ordre peut être apporté. On le retrouve dans le sacralisation volubile de la Nature, perpétuée et enregistrée d’une manière aisément discernable par l’œil et l’esprit compréhensif.

De nos jours, l’évolution, ou la tendance perpétuelle des choses à s’élever, est généralement acceptée comme un processus cosmique. Mais la capacité à s’élever n’implique-t-elle pas nécessairement un échec antérieur ? La valeur logique de l’hypothèse évolutionniste, comme de toute hypothèse, ne peut être appréciée qu’en la comparant à son antithèse, et les lois de la logique humaine, comme les francs-maçons devraient bien le savoir, ne sont que l’ombre de celles du LOGOS, le Logicien Divin. La vérité de la Chute a donc été perpétuée dans notre monde phénoménal par le fait que la chute est la propriété de toute chose matérielle. Seul l’esprit purifié est capable d’ascension, de contrecarrer la loi de la gravitation qui, comme le montre l’allégorie de l’épée flamboyante des Chérubins gardant l’Éden, exclut rigoureusement de l’ascension tout ce qui est inapte à habiter un monde plus avancé que le monde physique. Ainsi, l’acte initial de l’existence terrestre de chaque graine, germe, œuf, de chaque animal nouveau-né et enfant, est de tomber à terre. Au tout début de sa carrière, il répète donc, sous sa propre forme ou personne, la Chute primordiale de l’Esprit Cosmique dans le plan de la Nature, tandis que sa fonction ultérieure est de s’élever et de croître physiquement ou moralement selon son espèce.

Pour autant qu’elle affecte l’humanité, la doctrine de la Chute, décrite dans la légende biblique d’Adam et Ève et de leur expulsion de l’Éden, n’était pas due, comme on le suppose communément, à la transgression d’un individu, mais résultait d’un défaut de l’âme collective de la race adamique, et constituait un processus couvrant de vastes cycles temporels. Tel est le témoignage unanime de la tradition de la Sagesse Antique et, malgré son rejet par beaucoup de nos jours, je suis convaincu que nous ne pouvons appréhender adéquatement le plan divin sans comprendre que la Chute en était un incident, ordonné par la Déité et existant originellement dans sa prescience ; que la descente de l’esprit et son incarnation dans le monde matériel furent un processus aussi graduel que l’a été et l’est l’émergence de la vie spirituelle hors de ses limites physiques actuelles. L’emprisonnement de l’esprit dans des conditions matérielles, impliquant, comme il l’a fait et le fait encore, la lutte pour l’émancipation et la connaissance du mal, était et reste essentiel et nécessaire pour permettre à l’esprit humain de prendre conscience de sa perfection et de sa divinité inhérentes, en traversant une expérience contraire à son droit de naissance dans un monde d’existence aux antipodes de son foyer naturel.

Il s’ensuit que la Rédemption est le complément nécessaire de la Création, et c’est pourquoi nous constatons que la tradition affirme qu’en conséquence de la Chute, il était nécessaire et conforme à la Divine Providence que l’humanité soit rachetée et restaurée à son ancien état, restauration qui nécessitait à son tour de longs cycles de temps. Et cela exigeait quelque chose de plus : l’application d’une méthode méthodique et scientifique, sous une direction experte, et nous pouvons raisonnablement nous demander d’où pouvaient venir cette compétence et cette connaissance scientifique, sinon du monde divin, désormais invisible, de ces « dieux » et gardiens de la race errante dont parlent toutes les anciennes traditions et les écrits sacrés.

Cette méthode experte ne serait-elle pas correctement décrite si elle était qualifiée, comme dans notre Franc-Maçonnerie moderne, de « science céleste » et de « science noble », et ne serait-elle pas accueillie avec les mots que les Francs-Maçons utilisent : « Salut, Art Royal ! » Ceux de nos Frères, responsables de l’inscription figurant sur la première pierre de la première salle des Francs-Maçons, consacrée le 1er mai 1775, ont reconnu très tôt ce fait, car en déclarant l’autorité en vertu de laquelle la Franc-Maçonnerie anglaise revendique la préséance et la juridiction sur « l’ensemble des Frères du monde entier », ils ont réaffirmé l’« Ancien Repère » concernant l’origine de la Science par ces mots significatifs : « Elle descend du Ciel ».

Il faut donc attribuer aux gardiens spirituels de l’homme primitif la transmission de cette science universelle de la reconstruction du temple déchu de l’humanité, et à cette source la diffusion, en tout pays et parmi tous les peuples, de symboles, pratiques et doctrines identiques ou équivalents. C’était la seule et sainte religion catholique « dans le monde entier », qui établissait les « us et coutumes » anciens et établis, à suivre en tout temps par quiconque acceptait sa discipline. C’était la « Loi sacrée » destinée à guider l’humanité déchue, une loi valable depuis des temps immémoriaux, autrement dit, de l’aube des temps jusqu’à leur crépuscule, et dont il est écrit : « Comme il était au commencement, maintenant et toujours, pour les siècles des siècles. »

On attribue à cette science universelle son origine orientale, car l’Orient, à tous égards, géographiquement, astronomiquement et spirituellement, est toujours la source de la lumière « Ex Oriente Lux » (Lumière venue de l’Orient) ; à mesure que l’humanité s’est diffusée et distribuée sur le globe, elle s’est progressivement étendue vers l’Occident. Cette vérité est consignée dans nos cours d’instruction modernes par la formule sibylline : « La science est née en Orient et a ensuite étendu son influence bénéfique vers l’Occident » (Quatrième section, Première leçon).

Au cours de la dispersion de l’humanité, il s’est produit une densification progressive du corps matériel et une atrophie conséquente de la perception spirituelle, déjà mentionnée. De ce fait, l’influence de l’enseignement de la Sagesse a diminué d’autant, bien que ses principes soient restés valables et efficaces. Suivre en détail son évolution nécessiterait un long traité et dépasse donc le cadre du présent article. Il convient toutefois de noter que, malgré les caprices et les conceptions humaines, la Lumière, telle celle d’un Maître Maçon, ne s’est jamais totalement éteinte, aussi sombre que soit l’époque, et que, selon la tradition, l’époque actuelle est spirituellement la plus sombre des époques obscures. Il est vrai que « Dieu ne s’est jamais privé d’un témoin vivant parmi les hommes », et parmi les témoins de la Sagesse Antique se trouve le système que nous connaissons sous le nom de Franc-Maçonnerie ; une faible lueur, peut-être, mais néanmoins une véritable lumière, dans la lignée de la doctrine primitive.

Les premiers enseignements des Mystères dont on puisse retrouver la trace dans l’histoire se trouvent en Orient et dans la langue connue sous le nom de sanskrit – un nom en soi significatif et approprié, car il signifie Écriture Sainte ou « Sanctum Scriptum » ; et pour les plus grandes lumières sur la Sagesse Ancienne, il faut encore se référer aux écritures religieuses et philosophiques de l’Inde, qui était à son apogée spirituelle et temporelle lorsque l’Europe moderne était gelée sous une coupe de glace. Mais les races humaines, comme les individus, ont leur enfance, leur maturité et leur vieillesse ; elles ne sont que des unités, à une échelle plus grande que l’individu, au service du but général de la vie. Lorsqu’une race donnée a atteint ou échoué dans ce but, la gestion des Mystères passe à d’autres mains, plus efficaces. Le grand porteur suivant de la Lumière du monde fut l’Égypte. Après des siècles de suprématie spirituelle, elle devint à son tour le désert aride qu’elle est aujourd’hui, tant spirituellement que matériellement, laissant néanmoins une masse de vestiges structurels et écrits témoignant encore de sa possession de la Doctrine à l’époque de sa gloire. D’Égypte, à mesure que les civilisations se développaient dans les pays voisins, des centres mineurs de diffusion de la connaissance furent institués en Chaldée, en Perse, en Grèce et en Asie Mineure. Un témoignage de cette diffusion est conservé au V de la LS, car l’EXODE est, dans l’une de ses nombreuses allusions, un témoignage de la transmission des mystères catholiques d’Égypte vers des régions nouvelles et vierges pour leur illumination.

Parmi ces différentes traductions, deux nous intéressent particulièrement : l’une en Grèce, l’autre en Palestine. Nous savons, d’après le V de la LS, que Moïse fut initié aux Mystères égyptiens et acquit toute leur sagesse, tandis que les écrits du philosophe alexandrin Philon le Juif nous apprennent qu’en Égypte, Moïse acquit « une grande maîtrise de la musique, de la géométrie, de l’arithmétique, des hiéroglyphes et de tout le domaine des arts et des sciences ». Autrement dit, il devint véritablement un maître maçon et, à ce titre, se qualifia pour sa grande tâche ultérieure : diriger le peuple hébreu et formuler son système religieux et ses règles de vie, tels qu’ils sont énoncés dans le Pentateuque. Le système mosaïque a continué, comme nous le savons, le long du canal indiqué dans les livres de l’Ancien Testament, puis, après de nombreux siècles, a fleuri dans la plus grande de toutes les expressions des Mystères, comme révélé dans les Évangiles du Nouveau Testament, ou Nouveau Témoin, impliquant le déploiement, la compréhension et le rassemblement du passé religieux du monde entier, centralisé sous la Grande Maîtrise Suprême de Celui qui est appelé la Lumière du Monde, et incarnant toutes les caractéristiques, légendes et symboles appartenant jusqu’ici aux figures centrales des dispensations précédentes, proclamant l’unité de toute aspiration humaine, et formulant dans un grand système les doctrines de l’Orient et de l’Occident.

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Parallèlement à l’existence des Mystères hébraïques sous la dispensation mosaïque, se développait la grande école grecque. Issue de la religion orphique, elle culmina et parvint à son apogée à Delphes, générant la sagesse philosophique associée à Athènes et à l’époque de Périclès. La Grèce était la descendante spirituelle de l’Inde et de l’Égypte, et nous savons que le grand Initié, surnommé Pythagore, voyagea en Inde avant d’être reçu en Égypte pour recevoir son initiation finale, avant de fonder l’école qui lui était associée à Crotone. Platon nous apprend également que les aspirants à l’initiation visitaient l’Égypte avant de promouvoir leur avancement spirituel en Grèce.

Il ne sera pas possible de traiter de manière adéquate de tous les systèmes de mystères dans cet article, bien qu’à des fins d’illustration en ce qui concerne notre sujet actuel, une référence sera faite à l’un des plus célèbres d’entre eux, l’Éleusisien, qui a existé en Grèce pendant plusieurs siècles. Le mot « Éleusis » signifie lumière, et par conséquent, l’initiation aux Mystères d’Éleusis proclamait la quête de lumière de l’aspirant, exactement au même titre que le franc-maçon est aujourd’hui amené à déclarer que la « Lumière » est le souhait prédominant de son cœur. Autrement dit, le candidat cherchait à être doté d’une « compétence de la sagesse divine » et était prêt à se soumettre volontairement à un processus par lequel il passait de l’état naturel à l’état spirituel. L’initiation signifiait donc l’orientation de la conscience du candidat vers un principe nouveau et supérieur, la formation d’un homme nouveau, au sens d’une nouvelle façon de vivre et d’une nouvelle vision de l’univers.

À propos de ce processus, saint Paul écrit dans son Épître aux Éphésiens : « Soyez renouvelés dans l’esprit de votre intelligence ; Et que vous revêtiez l’homme nouveau, créé selon Dieu dans une justice et une sainteté véritables. Ce processus de « revêtir l’homme nouveau », évoqué par saint Paul au chapitre 4 de son Épître aux Éphésiens (versets 23 et 24), implique notre compréhension de l’interprétation ésotérique ou spirituelle de l’Immaculée Conception, autrement dit de la naissance du Principe Divin pour agir dans l’organisme de l’homme naturel. En Franc-Maçonnerie, cette naissance mystique est reproduite par le nom « Lewis », traditionnellement associé à l’Art. Ce mot est un excellent exemple du langage cryptique délibérément employé par les rédacteurs de notre Rituel, car un examen attentif révèle qu’il s’agit d’une corruption d’Éleusis et d’autres noms grecs et latins désignant la Lumière.

C’est pourquoi, dans nos conférences d’instruction, « Lewis » est utilisé pour désigner « le fils d’un franc-maçon », mais cela n’a assurément aucune référence à l’humain. Filiation et filiation. Il s’agit de la naissance mystique de la Lumière Divine, la Lumière du Monde, en soi ; comme le dit un texte biblique familier : « Un enfant nous est né, un fils nous est donné », une filiation véritablement sublime. Les conférences d’instruction décrivent également un « Lewis » comme quelque chose qui, « une fois intégré à une pierre, forme une bride et permet au Maçon d’élever de lourds poids à certaines hauteurs, tout en les fixant sur leurs supports appropriés », ce qui est une manière cachée d’exprimer le fait que, lorsque la Lumière de la Sagesse Divine est amenée des profondeurs de l’homme et fermement greffée ou imbriquée dans son organisme naturel, il devient alors capable d’affronter aisément les difficultés, les problèmes et les « poids » de toutes sortes, insurmontables pour l’homme ordinaire.

À l’époque où les Mystères d’Éleusis étaient une institution publique florissante, les personnes cultivées considéraient comme essentielle la candidature à l’initiation, car la formation et l’instruction étaient religieusement propices à la formation d’hommes et de citoyens vertueux. Il convient de noter qu’aujourd’hui, le même message est transmis au grand public par le biais de la presse par le Comité des Objectifs et des Relations de la Grande Loge Unie d’Angleterre. Autrefois, cependant, les principes de la science de l’initiation n’étaient pas communiqués aux candidats, mais simplement par l’accomplissement de certaines formalités cérémonielles. Les hommes instruits postulaient pour entrer aux Mystères de la même manière qu’aujourd’hui, les étudiants entrent en résidence à l’université et sont tenus d’obtenir leur diplôme. Le développement futur et la valeur de l’Ordre Maçonnique en tant que force morale dans la société dépendront donc d’une renaissance, sous une forme adaptée aux conditions modernes, de l’ancien enseignement de la Sagesse et aussi de la pratique de ces Mystères qui ont été prescrits il y a quinze siècles, mais dont la Franc-Maçonnerie moderne est le descendant direct et représentatif.

Sous bois à l'aube, forêt de gros arbres en été

À l’époque où les Mystères prospéraient, les candidats admis étaient classés selon leur capacité morale et leur stature intellectuelle ou spirituelle. Pendant plusieurs années, ils se soumettaient à des exercices intellectuels disciplinaires et à une ascèse corporelle, au cours desquels ils étaient soumis à des tests périodiques afin de déterminer leur aptitude à accéder aux processus plus solennels et sérieux de l’initiation proprement dite. L’initiation était administrée uniquement aux personnes dûment qualifiées, et sa nature précise était secrète et jalousement gardée.

On retrouve un écho de cette progression par étapes régulières dans notre rituel actuel, dans les informations données au candidat lors de la cérémonie d’initiation, stipulant qu’« il existe plusieurs degrés en Franc-Maçonnerie, chacun ayant ses propres secrets », et rappelant que ceux-ci « ne sont pas conférés aux candidats sans distinction, mais uniquement en fonction de leur mérite et de leurs aptitudes ». L’éducation des aspirants à l’Initiation était exclusivement axée sur la culture des « quatre vertus cardinales », ce qui rappelle immédiatement la référence de nos propres Conférences où il est affirmé que « la tradition nous informe » qu’elles étaient « constamment pratiquées par la majorité de nos anciens Frères ». Une autre condition préalable à l’accès à l’ordre supérieur de la vie était l’étude des « sept arts et sciences libéraux ».

3 Piliers
3 Piliers – Sagesse Force et Beauté

L’interprétation donnée à ces vertus et sciences était cependant bien plus avancée que ce que l’esprit moderne considère comme adéquat ; et il est intéressant de noter que, bien que nous ne nous soyons pas écartés du programme théorique essentiel de l’Art actuel, la pratique diffère considérablement. Par exemple, chez nos anciens Frères, la vertu de TEMPÉRANCE impliquait la maîtrise totale de la nature passionnelle ; la FORCE impliquait un courage qui ne se laisse pas décourager par l’adversité et qui ne permet aucun détournement du but visé ; La PRUDENCE comprenait cette profonde perspicacité conduisant à la vision prospective et produisant la faculté prophétique de vision ; la JUSTICE exigeait une droiture inébranlable de pensée, de parole et d’action.

Les « arts et sciences » étaient également de nature positive, et on les qualifiait de « libéraux » car le programme éducatif était expressément conçu pour « libérer » l’âme de l’aspirant des illusions inhérentes à l’état naturel. Ainsi, la GRAMMAIRE, la LOGIQUE et la RHÉTORIQUE étaient considérées comme des disciplines de nature morale, grâce auxquelles les tendances irrationnelles étaient éradiquées et les candidats formés à devenir des témoins vivants du Logos universel et à parler efficacement avec la « langue de bonne réputation ». La GÉOMÉTRIE et l’ARITHMÉTIQUE étaient des sciences de l’espace transcendantal et de la numération, dont la compréhension complète fournissait la clé de l’Univers et de l’homme lui-même, car chaque expression de la vie était dotée de son nombre, de son taux vibratoire ou de sa longueur d’onde.La science de l’ASTRONOMIE n’incluait pas seulement l’observation des corps célestes, mais était principalement orientée vers l’étude de la métaphysique et la compréhension correcte de la distribution des forces dans, et déterminant le destin des individus, des nations et de la race. Enfin, la MUSIQUE, ne se limitait pas à l’étude d’œuvres vocales ou instrumentales, mais s’intéressait à l’ajustement de la vie personnelle en harmonie avec le Centre de Toute Vie, Dieu, par la pratique vivante de la philosophie.

Les Mystères d’Éleusis impliquaient donc bien plus qu’une simple philosophie théorique ; ils exigeaient également une méthode de vie philosophique, divisée en deux parties principales, les Petits et les Grands Mystères. Les Petits Mystères dispensaient l’instruction élémentaire, mais leur objectif était de permettre aux candidats de poursuivre leur tâche de purification et d’adaptation aux vérités qui leur étaient révélées. Les Grands Mystères concernaient le développement de la conscience au sein même de l’âme et étaient liés à la vie nouvelle et intense résultant directement de la fidélité aux disciplines prescrites. Pour faire une légère analogie, les Petits Mystères entretenaient avec les Grands Mystères le même rapport que nos grades d’Arts actuels avec la Sainte Arche Royale. Les candidats compétents et correctement préparés conformément au programme des Petits Mystères étaient finalement admis à l’initiation aux Grands Mystères, tandis que ceux qui échouaient n’étaient pas autorisés à poursuivre. Le décret interdisant l’accès aux Grands Mystères aux candidats non qualifiés n’était pas arbitraire, mais absolument nécessaire dans l’intérêt des candidats eux-mêmes. En effet, la pureté intérieure du cœur et de l’esprit, associée à la possession des quatre vertus cardinales, était essentielle aux épreuves de l’initiation, qui, sans cela, exposaient l’aspirant à la folie et aux obsessions. C’est pour cette raison que le nombre de candidats qualifiés ne représentait qu’un faible pourcentage de ceux qui entraient aux Mystères, et cette loi reste valable de nos jours, car nous retrouvons la même vérité réaffirmée dans le V. de la LS, manuel de notre système moderne, par ces mots familiers : « Beaucoup sont appelés, mais peu sont élus. »

Une qualité primordiale était exigée de ceux qui postulaient pour entrer aux Mystères : l’humilité. Il est important de noter que le candidat à l’admission en Franc-Maçonnerie est toujours tenu de solliciter humblement. La raison en était, et demeure aujourd’hui, que la sagesse à laquelle les Mystères et l’initiation permettent d’accéder est une folie pour les esprits mondains.

Miroir magique dans la nature
Miroir magique dans la nature

Pour l’atteindre, un candidat doit donc être prêt à renoncer complètement et volontairement à la sagesse mondaine, ce qui peut l’amener à considérer comme invalide tout ce qu’il tenait auparavant pour vrai, et que, de plus, ceux qu’il fréquente habituellement continueront de croire et d’affirmer comme vrai. Parlant de cette manière d’aborder la compréhension des choses spirituelles, saint Paul, dans son Épître aux Corinthiens, déclare : « Que personne ne s’y trompe. Si quelqu’un parmi vous croit être sage selon ce monde, qu’il devienne fou afin de devenir sage » (1 Corinthiens ; chapitre 3, verset 18). Le candidat aux mystères chrétiens était instruit qu’il devait se contenter de « devenir fou pour le royaume des cieux » et être prêt à subir l’adversité et le ridicule, si nécessaire. C’était l’une des principales raisons du secret et l’une – mais pas la seule – des origines de l’injonction maçonnique au secret. Lors des processions publiques des Petits Mystères d’Éleusis, les vases et les éléments sacramentels étaient portés sur le dos d’un âne, pour signifier que pour recevoir la connaissance divine, « l’humilité est une vertu essentielle ». Dans le V. des Petits Mystères, la même chose est symbolisée par la chevauchée populaire du dimanche des Rameaux vers Jérusalem, dont on lit : « Ton Roi vient à toi, juste et sauvé, humble et monté sur un âne ». Apulée, dans « L’Âne d’or », en fournit l’explication lorsqu’il écrit : « Il n’est aucune créature aussi capable de recevoir la divinité qu’un âne ; si vous ne vous transformez pas en lui, vous ne pourrez en aucune façon porter les mystères divins. »

Outre l’enseignement pratique inclus dans le programme des Mystères, un autre moyen, très instructif, était l’expression, par le biais de mythes, des vérités du monde divin et de toute l’histoire spirituelle de l’homme. Les mythologues grecs étaient passés maîtres dans l’art d’exprimer des vérités cosmiques et philosophiques sous forme de fables, transmettant l’enseignement théosophique aux esprits avertis et le dissimulant aux profanes. La création de mythes était une science, et non, comme beaucoup le prétendent, une indulgence pour une fiction irresponsable. Leur présentation théâtrale instruisait les candidats aux vérités fondamentales de la vie. L’un des mythes grecs les plus connus est celui de Déméter et de sa fille Perséphone, célébré chaque année en grande pompe à Éleusis. Il racontait comment la jeune Perséphone s’était éloignée de l’Arcadie (le paradis) et de sa mère Déméter pour cueillir des fleurs dans les champs d’Enna. Comment le sol s’était ouvert et l’avait précipitée dans le monde obscur d’Hadès, gouverné par Pluton.

Zeus tenant dans sa main un éclair du ciel
Zeus tenant dans sa main un éclair du ciel

Le désespoir de la mère face à la perte de sa fille atteignit Zeus, le chef des dieux, qui ordonna que, si la jeune fille n’avait pas mangé du fruit d’Hadès, elle serait immédiatement rendue à sa mère pour toujours ; mais que si elle en avait mangé, elle devrait passer un tiers de l’année avec Pluton et retourner auprès de Déméter pour les deux autres tiers. L’enquête révéla que, malheureusement, Perséphone avait mangé une grenade dans le monde inférieur, de sorte que sa restitution à sa mère ne pouvait être permanente, mais seulement périodique. Ce mythe est l’histoire de l’âme humaine et est de même nature que le mythe mosaïque d’Adam et Ève et de la pomme, et que, comme la parabole du fils prodigue, aucun des deux n’a de référence physique.

Perséphone désigne l’âme humaine, issue de cette Terre-Mère primordiale et incorruptible que les Grecs personnifiaient sous le nom de Déméter, de la même manière que le récit mosaïque parle de Dieu façonnant l’homme à partir de la poussière du sol. Son errance loin de sa patrie arcadienne et de sa mère céleste, à la recherche de fleurs (fleurs symbolisant de nouvelles expériences) dans les champs d’Enna, correspond aux mêmes impulsions de désir qui ont conduit à la désobéissance d’Adam au jardin d’Éden et à sa chute dans ce monde extérieur. Le mot « Enna » signifie « ténèbres et amertume », résultat de désirs incontrôlés. Une explication plus complète de sa signification se trouve dans le V. du Livre des Sept, où il est traduit de l’original par Géhenne. Pluton est désigné comme le « dieu des richesses », signifiant les richesses de la sagesse et de l’expérience, et c’est dans son royaume que Perséphone est tombée. « Manger des fruits » fait allusion aux plaisirs inférieurs de ce plan d’existence inférieur, qui, comme le symbolise la grenade, est peuplé d’illusions et de vanités. Tant que ces tendances erronées ne seront pas éradiquées, tant que les désirs du cœur ne seront pas totalement sevrés des plaisirs extérieurs,il ne peut y avoir de restauration permanente de l’âme à sa source, mais simplement le répit périodique et le rafraîchissement que la mort physique apporte lorsqu’elle retire l’âme du royaume de Pluton vers le monde céleste, pour être suivie encore et encore par des descentes périodiques dans des limitations matérielles et des réascensions dans des conditions désincarnées, jusqu’à ce qu’elle devienne pleinement parfaite.

Comme indiqué précédemment, la Franc-Maçonnerie, descendante directe de l’ancien enseignement de la Sagesse, suit la méthode traditionnelle d’enseignement par le biais des mythes. Son canon d’enseignement des degrés de l’Art contient deux mythes. Le premier est celui de la construction du Temple du roi Salomon, et le second, le récit de la mort et de l’enterrement du Maître Bâtisseur, relaté dans l’histoire traditionnelle. Pour un esprit littéral, la construction du Temple de Jérusalem apparaît comme l’histoire d’une véritable structure de pierre et de mortier, érigée par trois notables asiatiques : l’un en conçut l’idée, l’autre en fournit les matériaux, tandis que le troisième en était l’architecte et le chef des travaux. Les deux premiers auraient été rois de petites nations voisines ; le troisième n’était pas un membre de la famille royale, mais apparemment un personnage sans dignité sociale, fils de veuve.

Pour le bien de la Franc-Maçonnerie en général, il convient de rappeler clairement les paroles de saint Paul : « Ces choses sont une allégorie », car le Temple maçonnique de Salomon n’est pas un temple de briques et de pierres ordinaires. Il est façonné à partir de cette « pierre brute », cette matière première incorruptible avec laquelle le Créateur a façonné l’organisme humain. La Jérusalem où ce temple a été construit n’était évidemment pas la Jérusalem géographique de Palestine, mais faisait référence à l’éternelle « cité de paix » céleste, ou, autrement dit, à « cette Maison non faite de main d’homme » ; non pas, comme l’affirme également saint Paul, « la Jérusalem d’aujourd’hui », mais « la Jérusalem d’en haut, qui est notre mère à tous » (Épître aux Galates, chapitre 4, verset 26), correspondant ainsi à la Jérusalem grecque.

Les bâtisseurs du Temple n’étaient pas non plus trois personnages humains résidant au Levant, car leurs noms personnifient l’énergie divine considérée dans ses trois principes constitutifs, autrement appelés Sagesse, Force et Beauté dans nos conférences. Ces trois principes, appelés « Piliers », comme on les appelle également dans les conférences d’instruction, sont personnifiés par SK de I., HK de T. et HA. Une explication de leur signification cachée est nécessaire pour interpréter correctement le mythe. Salomon personnifie l’Essence-Vie primordiale, ou Sagesse Divine substantialisée, qui est le fondement de notre être ; elle est décrite comme « Roi d’Israël », car Israël signifie « coopérer ou gouverner avec Dieu ». Pour conjuguer cette Essence-Vie transcendantale à un véhicule qui lui confère fixité et forme, il a fallu l’aide d’un autre principe « royal », personnifié par le « Roi de Tyr », dont on peut donc dire à juste titre qu’il a fourni le « matériau de construction ».

En hébreu, le nom « Tyr » signifie « roc » et évoque la force ou la durabilité. La conjonction de Salomon et d’Hiram de Tyr (Essence-Vie et Moule ou Matrice) représente donc le fondement de l’âme, rendu fonctionnellement efficace par l’ajout du troisième principe, décrit comme le « fils de la veuve », et personnifiant le principe intellectuel actif ou Logos. Ainsi, HA est le principe christique immanent à chaque âme ; crucifié, mort et enseveli en tous ceux qui ne sont pas conscients de sa présence, mais néanmoins présent en tous comme une force salvatrice. Pour citer encore saint Paul : « Le Christ en vous, l’espérance de la gloire ». La description de ce principe comme « le fils de la veuve » reflète dans notre système moderne une belle part du symbolisme gnostique et fait référence à la nature veuve de la Divine Maternité, conséquence de l’abandon de la sagesse par ses enfants fragiles. La véritable Gnose nous informe que seuls les enfants qui, dans la chair, luttent pour rejoindre leur Mère sont dignes d’être appelés « fils de la veuve », et comme l’indique clairement notre rite cérémoniel, c’est de ceux qui œuvrent à cette tâche qu’est adressée la traditionnelle supplique à tous ceux qui l’ont rejointe : « Venez à mon secours, fils de la Veuve, car je suis aussi le fils de la Veuve ».

Roi salomon bâtisseur, ce qui est en haut est comme ce qui est en bas

Le Temple de l’âme humaine, constitué originellement des trois principes parfaitement équilibrés et divinement déclarés « très bons », a été renversé de son éminence primitive par un incident fâcheux, objet de notre légende maçonnique centrale. Sa chute a été provoquée par l’abus disproportionné, déséquilibré et donc désordonné de ses pouvoirs inhérents. Ainsi, l’homme est désormais, au sens figuré, un temple en ruine, sur lequel est écrit « Ichabod » – « la gloire s’en est allée » – car, coupé de toute communion consciente avec son Principe Vital et Immortel, l’homme est prisonnier de lui-même et de sa nature temporelle ; il lui reste à revenir sur ses pas et à reconstruire son temple. C’est pourquoi il est conseillé au candidat maçonnique de ne plus rester esclave de ses illusions et de l’attrait des « possessions matérielles », mais de devenir un homme libre et un maçon, engagé dans l’œuvre de se façonner en une « pierre vivante » pour le temple cosmique d’une humanité régénérée.

Dans l’Ordre, être installé sur la « Chaire du Roi Salomon » signifie donc, au sens propre, retrouver « ce qui est perdu », et c’est à juste titre que l’on présente cela comme le but de tout franc-maçon. En fait, si nous ne retrouvons pas la Sagesse Divine durant notre séjour en ce monde, nous manquons cette occasion, car il est universellement attesté que l’état après la mort n’est pas un état de travail, mais de ressourcement et de repos, où aucun progrès réel n’est possible. L’initiation fut donc instituée pour transmettre la science de la réincarnation.

Cependant, comme l’enseignaient les Mystères Anciens, nous rappelons que l’âme qui n’entreprend jamais ce travail en ce monde ne pourra le faire dans l’au-delà et restera suspendue dans les plans les plus ténus de cette planète, jusqu’à ce qu’elle soit à nouveau entraînée dans le tourbillon de la génération par la roue incessante de la vie. C’est pourquoi le candidat maçonnique est exhorté à « veiller à accomplir la tâche qui lui est assignée tant qu’il est encore jour », ce qui implique ce qui est dit dans le V de la LS : « C’est maintenant le temps du salut, car la nuit vient où personne ne peut travailler. » La conception maçonnique de la « Grande Loge d’en haut » est également en accord avec l’enseignement contenu dans le V de la SL concernant les niveaux d’existence post-mortem, car nous lisons que « Dans la maison de mon Père se trouvent de nombreuses demeures », ou littéralement des lieux de repos, et que celles-ci et leurs occupants sont gradués dans l’ordre hiérarchique selon leur degré d’éminence spirituelle. « Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas », affirme l’ancien axiome, mais malheureusement, le monde moderne a perdu tout sens du principe de hiérarchie, qui, puisqu’il prévaut dans le monde supérieur, devrait se refléter dans celui-ci.

Temple de la Grande Loge Unie d’Angleterre – Le Temple (GLUA)

La Franc-Maçonnerie, cependant,La Maçonnerie conserve le témoignage de cette gradation dans la répartition symbolique de ses membres. Au-dessus de la Loge de Métier préside la Grande Loge Provinciale, tandis qu’au-delà règne la Grande Loge de la nation. Plus haut, théoriquement, se trouvent les Chapitres de l’Arche Royale, avec les Chapitres Provinciaux et les Grands Chapitres à leur sommet. De plus, dans le vêtement symbolique porté par les membres de chacun de ces rangs, l’étudiant attentif percevra l’intention d’exprimer de manière appropriée la vérité ainsi signifiée. Ainsi, le tablier maçonnique d’un blanc immaculé est bordé d’un bleu pâle pour les jeunes frères, une nuance pâle de ce bleu qui, même physiquement, est la couleur du ciel. Pour les aînés des Loges Provinciales et des Grandes Loges, le bleu pâle de la Maçonnerie est intensifié au plus profond, et le vêtement est orné de dentelles d’or, symbolisant ainsi ce que le Psalmiste dit : « La fille du Roi (l’âme) est toute glorieuse intérieurement, son vêtement est façonné d’or. » En se dirigeant vers l’Arche Royale, on remarquera que le bleu dévotionnel de l’Ordre est désormais teinté de rouge, couleur du feu symbolisant la tonnelle spirituelle. Ce mélange donne le violet, toujours apanage de la royauté, sur terre comme au ciel. Ainsi, par leurs vêtements des différents grades, les membres de l’Ordre maçonnique symbolisent sur terre les anges, les archanges et toute la compagnie du Ciel.

Temple de la Grande Loge Unie d’Angleterre – Le Temple (GLUA)

Et maintenant, frères, puis-je conclure cet article, et le conclure, comme chaque Loge est close, en paix et en concorde avec tous mes Frères, et avec l’antique prière que l’Ordre soit préservé par Dieu et que ses membres soient cimentés par toutes les vertus. Si, dans ce que j’ai écrit, la Franc-Maçonnerie a reçu une conception spiritualisée au-delà de sa compréhension commune, je n’ai fait que suivre l’exemple de nos Anciens Frères, qui, levant les yeux vers les collines d’où vient la force, ont travaillé sur les plus hautes éminences de l’esprit et ont discerné les Mystères, non avec les yeux de la chair, mais avec la vision et la compréhension de l’esprit. Il se peut que peu soient prêts à gravir ces hautes collines aujourd’hui, en cette époque plus que d’habitude troublée et sombre, mais néanmoins certains sont prêts et désireux de le faire malgré les grandes épreuves et tribulations qui accompagnent un monde en plein bouleversement, et c’est spécialement pour eux que j’ai compilé ce récit. Actuellement, l’esprit du monde domine toutes les institutions. La sagesse est peu apparente ; Faute de vision, le peuple périt ; et la quête de la lumière doit se poursuivre dans des conditions particulièrement difficiles. Mais il nous est rappelé qu’il existe un mystère d’obscurité autant que de Lumière ; et, entre les mains modelantes du Grand Architecte de la Maison de Vie, l’obscurité et la lumière se ressemblent et servent de piliers jumeaux qui, finalement, établiront la Maison dans la force. Ceux donc qui ne sont pas encore prêts à s’engager sur la voie supérieure de la compréhension des choses de l’Art, sont néanmoins intégrés à notre grande Fraternité, car, comme nous le rappellent les paroles d’une Ode maçonnique familière, nous sommes chargés et tenus d’étendre :

« Un doux accueil à tous ceux que nous rencontrons dans nos murs sacrés ; que Dieu accorde encore à ceux que nous saluons de se hâter lorsque le devoir les appelle. »

Finalement, il appartient au métier lui-même de décider s’il entrera dans son propre héritage en tant que successeur direct des anciens Mystères et de l’enseignement de la Sagesse, ou si, en échouant à le faire, il subira le sort inévitable de tout ce qui n’est que forme, dont l’esprit s’est éloigné.

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Alice Dubois
Alice Dubois
Alice Dubois pratique depuis plus de 20 ans l’art royal en mixité. Elle est très engagée dans des œuvres philanthropiques et éducatives, promouvant les valeurs de fraternité, de charité et de recherche de la vérité. Elle participe activement aux activités de sa loge et contribue au dialogue et à l’échange d’idées sur des sujets philosophiques, éthiques et spirituels. En tant que membre d’une fraternité qui transcende les frontières culturelles et nationales, elle œuvre pour le progrès de l’humanité tout en poursuivant son propre développement personnel et spirituel.

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