Les dirigeants du Grand Orient de France semblent conduire leurs affaires avec quelque désinvolture. Qu’on nous entende bien, il ne saurait s’agir ici d’incriminer les 1 300 Loges ou encore les 50 000 Sœurs et Frères qui les composent. Bien au contraire car la vérité leur est due. En réalité, les membres de l’Obédience sont victimes, de la part de leurs dirigeants successifs, d’une coupable négligence confinant, à la longue, à de l’impéritie.
Les responsables sont faciles à identifier : c’est un petit groupe “d’incapables”, peut-on dire, de “profanes” en matière de gestion, qui, depuis quelques années, administrent, sans grand souci de prévision, cette noble institution, c’est-à-dire que, sans leur faire de procès d’intention, ils semblent gérer à la godille, un peu à la va-comme-je-te-pousse et, par suite, assez malencontreusement les activités d’une sorte d’hydre à laquelle repousseraient périodiquement des têtes inadaptées à un corps plus monstrueux que mythique ! Certes, l’ignorance sert souvent d’excuse à l’incurie mais est-ce bien le cas, en l’espèce ?
Nous ne prononçons pas de telles critiques à la légère. Dans cet article, nous nous attacherons à établir des faits, à soumettre le résultat de nos investigations à la sagacité de lecteurs de bonne foi, sachant que l’appétit de vérité n’était apparemment pas du goût de tous et que notre chemin fut semé d’embûches. Triste constat !
1°) Nous dénonçons chez les dirigeants du GODF une volonté d’entrave à la liberté de la presse
Nous commémorons actuellement le dixième et douloureux anniversaire de l’attaque contre la rédaction de Charlie Hebdo. Ce fut l’occasion pour le Grand Maître Nicolas Penin de rappeler, dans un communiqué officiel, l’attachement de sa maison maçonnique aux valeurs de liberté de la presse.
Voilà pour la théorie et les bonnes intentions. Malheureusement, la pratique s’écarte bien vite de ces principes que l’on prétend intangibles, dès lors qu’il s’agit de soi…
En effet, durant l’été dernier, notre rédaction a publié une série d’articles dénonçant des agissements peu conventionnels quant à la gestion de la Fondation du GODF.
Ou encore, dans un autre article, nous nous interrogions avec gravité quant à l’existence de certaines manœuvres politiques visant un ancien Grand Maître du GODF.
Comme chacun a pu le lire, ces articles étaient documentés, sourcés et n’ont jamais été contestés, pas plus qu’ils n’ont donné lieu à quelque demande de droit de réponse comme la loi le permet. Notre rédaction agissait strictement dans le cadre des missions incombant à tout organe de presse digne de ce nom et respectueux de la déontologie journalistique.
Nous savions que, par le passé, le GODF n’avait guère éprouvé de pudeurs de gazelle à mandater ses avocats. Si, en la circonstance, il demeura étonnamment silencieux envers nous, c’est qu’en coulisses, il ourdissait de basses manœuvres vengeresses.
a) La rédaction s’est procuré une copie du rapport intégral du Convent 2024 à Lille. On peut y lire un passage pour le moins surprenant :
Ainsi, le GODF permet, lors d’un convent, de statuer sur le bien-fondé d’un article de presse qui révèle des dysfonctionnements graves au sein de sa propre organisation… Avouons que, pour une maison qui se veut le défenseur ombrageux de la liberté de la presse autant que de la laïcité, force est de constater qu’elle a le cuir un peu chatouilleux.
2°) Passons maintenant à des faits autrement plus graves
Le directeur de Publication de 450.fm est membre d’une Obédience qui entretient avec le GODF des liens d’amitié par un traité qui la rend dépendante, en ceci qu’ils sont assortis de l’attribution de diverses Patentes de Rites maçonniques.
Pour ceux qui ne sont pas familiers de ce jargon, c’est la conséquence d’une sorte de croyance en la légitimité historique d’une Obédience se présentant comme détentrice d’un rite et qui peut ainsi en délivrer licence pour en autoriser la pratique par une autre puissance maçonnique. (Lire à ce sujet l’article concernant les traités d’amitié au GODF du 8/11/2023)
Comme cette Patente (licence) est reconnue et acceptée par une communauté généralement importante, elle finit par se charger de la valeur que leurs utilisateurs veulent bien y donner. Au passage, notons que ces « Patentes » vont généralement de pair avec la location de Temples, ce qui donne à la transaction une coloration discutable, l’Obédience qui refuserait la Patente risquant mécaniquement de se voir privée de Temple. Les principes initiatiques ou spirituels rencontrent alors immédiatement d’assez pesantes contraintes matérielles. Ce type de relations tapisse le tableau général de la Franc-maçonnerie.
Selon des témoignages reçus par la rédaction de 450.fm, le précédent Grand Maître du GODF, Guillaume Trichard, contactait en privé, de temps à autre, le Grand Maître de l’Obédience à laquelle appartient notre Directeur de Publication, afin de lui demander « aimablement » de radier Franck Fouqueray. Ne sont-ce point là des mœurs nauséabondes ?
Or la pression est encore montée d’un cran, lorsqu’à la rentrée 2024, un courrier à l’en-tête du Grand Maître du GODF fut envoyé, signé du successeur de Guillaume Trichard, Nicolas Penin, demandant implicitement à son homologue de prendre des mesures contre le Frère Fouqueray de son Obédience, on le devine, en raison de la responsabilité qu’il exerce dans ce Journal et des articles gênants que diffuse 450.fm, mais le motif invoqué n’en fait l’aveu qu’à demi, n’osant arguer du contenu des articles, mais du fait que les photos les illustrant seraient utilisées sans autorisation… Le motif qui se veut habilement chantourné manque quelque peu d’épaisseur, surtout quand, à chaque fois, on lit les textes entourant les photos !
Le Conseil de l’Ordre de l’Obédience du Frère Fouqueray a donc consacré une partie de sa séance du 8 novembre 2024 à envisager la manière de traiter cette demande embarrassante. Car, d’un côté, aucune raison sérieuse ne la soutenait et, d’un autre côté, froisser le grand frère non soviétique donnait à réfléchir… Le procès-verbal de ladite séance en porte témoignage.
Quelle portée le GODF entend-il donner, avant la moindre initiative, à l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui dispose que « Tout citoyen peut parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi » ?
L’affaire n’est toujours pas close et on peut très bien imaginer que les pressions contre ladite Obédience continuent de s’exercer jusqu’à ce que vengeance soit faite.
3°) qu’en est-il de la situation financière préoccupante du GODF ?
La Rédaction s’est procuré des informations internes sur la gestion du GODF.
Comptes sociaux du GODF :
Il apparait objectivement que, sous le mandat de Georges Sérignac, les finances ont pour le moins dérapé. Dans le tableau ci-contre, on constate en 2021 une sérieuse sortie de route avec des déficits qui ne cessent de se creuser. On pourrait penser que, si les finances du GODF se dégradent, la gestion du capital immobilier constitué par la SOGOFIM (SAS au Capital social de 23 360 000,00 €), “filiale” du GODF abritant ses 114 bâtiments pour un total de 180 Temples, pourrait “compenser” commodément ces pertes. Or il n’en est rien, car la SOGOFIM, elle-même, subit une regrettable hémorragie, enregistrant des pertes à hauteur de 95 000 €, en 2022, et 474 000 €, l’année suivante, sans parler des années précédentes dont voici le tableau.
La Commission Conventuelle du Budget (COCOBU) qui est une instance interne au GODF chargée de contrôler la gestion de ses activités écrit elle-même :
- Préoccupations et Manque de Transparence : La COCOBU a exprimé des inquiétudes significatives concernant la gestion de la SOGOFIM, notamment :
- Absence de Prévisions Financières : Aucun prévisionnel pour le compte de résultat au 31 décembre 2024 n’a été fourni, malgré un déficit de 474 000 euros en 2023.
- Gestion des Cotisants : Un suivi insuffisant des effectifs cotisants, surtout au sein des Juridictions, avec des retards dans l’envoi des facturations.
- Entretien et Économie d’Énergie : Manque de planification pour les travaux de maintenance et d’économie d’énergie, avec seulement deux diagnostics énergétiques effectués sur les temples.
- Absence de Planification Stratégique : Pas de plan de patrimoine ni de programmation financière pluriannuelle, éléments cruciaux pour une gestion immobilière durable.
Quant à la gestion de l’Obédience, elle note :
- Budget 2024 : Le dernier Convent a voté un budget rectificatif prévoyant un déficit de 640 000 euros. Grâce à un plan d’économies rigoureux, ce déficit devrait être réduit à environ 500 000 euros, ce qui représente une économie de 140 000 euros. Cette réduction est due à une gestion stricte et à l’hypothèse que la subvention à la SOGOFIM reste stable.
- Nombre de Cotisants : Au 31 octobre 2024, le nombre de cotisants s’établit à 50 316, indiquant une tendance positive pour atteindre l’objectif de 50 400 cotisants d’ici la fin de l’année.
- Perspective pour 2025 : Avec la poursuite de la rigueur budgétaire et une augmentation de la capitation de 8,80 euros par cotisant, l’équilibre budgétaire semble envisageable pour l’année 2025. La COCOBU prévoit un point d’avancement au printemps prochain.
Pour autant, elle incite à la vigilance :
« La COCOBU continue de surveiller de près les finances de l’Obédience et de la SOGOFIM, insistant sur la nécessité d’une transparence accrue et d’une gestion plus rigoureuse des actifs et des budgets. Le rapport détaillé sera publié sur Netori, accessible à tous les membres de l’Obédience, afin de garantir une information complète et transparente sur l’état financier et les orientations futures.
Un suivi précis des comptes est prévu pour février 2025, où une analyse plus approfondie des résultats de l’année 2024 sera possible, permettant ainsi de mieux anticiper les défis financiers à venir. »
Dans un tel contexte, on peut certainement être préoccupé car la stagnation des effectifs au regard de l’accroissement des coûts de maintenance des bâtiments demeure un point de fragilité.
Au delà des entraves que les pilotes voudraient imposer à la liberté de la presse, demeure cette interrogation sur leur capacité à maintenir un plan de vol sécurisé, connu non seulement de l’équipage mais de tous les passagers…