mer 08 janvier 2025 - 12:01

Les Travaux d’Hercule pour un Franc-maçon

De son premier nom Alcide, Hercule était le fils du dieu Zeus et d’une mortelle, Alcmène ; il était l’un des héros les plus vénérés de la Grèce antique. La narration de ses exploits a de nombreuses variantes. Certains le représentent fidèle au mythe tel que raconté par Homère, parfois il sert à montrer le lien entre la mythologie et la religion chrétienne, d’autres ont voulu le montrer dans un des pires moments de sa vie, l’esclavage qu’il a vécu avec Omphale. 

J’ai eu envie de vous ramener la présentation qui en fut faite par Alice Ann Bailey dans son livre Les travaux d’Hercule[1]. L’histoire est longue mais exaltante et didactique pour éclairer le chemin d’un aspirant. J’ai abrégé, forcément, les 195 pages qu’elle y consacre, ne retenant, de-ci de-là, que le fond de la mythologie qu’elle rapporte. Particulièrement, j’ai apuré le texte de toutes les interprétations développées par l’auteur sur la symbolique des zodiaques qui accompagnent le parcours d’Hercule. 

Les différentes graphies et couleurs sont des indications pour présenter un tel travail (pourquoi pas en loge?) à plusieurs voix en les différenciant (le titre des travaux n’est pas à prononcer).

Hercule se tenait devant son Instructeur. Il comprenait confusément qu’une crise l’attendait qui conduirait à un changement de langage, d’attitude et de plan. L’Instructeur l’examina et fut satisfait. La première grande Porte était grande ouverte. Une voix se fit entendre :

  • L’instructeur – “Hercule, mon fils, avance. Passe la Porte et pénètre sur le Chemin. Accomplis ton travail et reviens pour m’en rendre compte.”

Avec des cris de triomphe, Hercule se précipita, courant entre les piliers de la Porte avec une confiance présomptueuse et sûr de son pouvoir. 

1. LA CAPTURE DES CAVALES MANGEUSES D’HOMMES

Ainsi commença le Travail et le premier grand acte de service. Diomède, fils de Mars, réputé fougueux, gouvernait le pays par-delà la Porte et il élevait les chevaux et les cavales pour la guerre sur les marais de ses terres. Ces chevaux étaient sauvages et les cavales féroces ; tous les hommes tremblaient à leur approche, car ils ravageaient le pays, causant de grands dégâts, tuant tous les fils des hommes qu’ils rencontraient sur leur chemin. Ils engendraient régulièrement des chevaux des plus sauvages et des plus méchants.

  • L’instructeur – “Capture ces cavales et fais cesser ces actes mauvais. Va et délivre ce lointain pays et ceux qui y vivent.”

“Viens, Abdéris, et aide-moi à remplir cette tâche” cria Hercule, appelant l’ami qu’il aimait beaucoup et qui le suivait toujours lorsqu’il allait d’un lieu à l’autre. Abdéris arriva et prit place à ses côtés ; ensemble, ils examinèrent la tâche à accomplir, dressant soigneusement leurs plans, Mais…Si grand était le plaisir de sa prouesse qu’il estima que le fait de tenir les cavales et de les conduire sur le Chemin vers Diomède était au-dessous de sa dignité.

Hercule accula finalement les cavales sauvages dans un champ d’où elles ne pouvaient plus aller nulle part et là il les captura et les attacha, demanda à Abdéris de les ramener, puis il tourna le dos, et alla de l’avant plein d’orgueil. Mais Abdéris était faible et redoutait la tâche. Il ne put retenir les cavales ni les atteler, ni les conduire sur la trace des pas de son ami. Elles se tournèrent contre lui, le déchirèrent, le piétinèrent et le tuèrent, puis elles s’échappèrent vers les terres les plus sauvages de Diomède. Accablé de douleur, assagi, humble et découragé, (coupe amère) Hercule recommença son travail. De nouveau il chercha les cavales de lieu en lieu, laissant sur le sol son ami moribond. De nouveau il attrapa les cavales et les conduisit lui-même par la Porte.

  • L’instructeur – “Le premier travail est terminé ; la tâche est faite, mais mal faite. Apprends d’elle la véritable leçon et passe ensuite au prochain service à rendre à ton prochain. 

Ce qui attire, dans cette histoire, est l’impulsivité d’Hercule et le fait qu’il n’a pas toujours réussi. Il échoua quelques fois et dut refaire le travail jusqu’à ce que le succès couronne ses efforts. 

Le cheval blanc symbolise le mental illuminé de l’homme spirituel. Le cheval noir représente le mental inférieur, avec ses idées fausses et ses concepts humains erronés. Les juments, comme celles que nous rencontrons dans le premier travail, indiquent l’aspect féminin du mental qui donne naissance aux idées, aux théories et aux concepts. Est ici symbolisée la tendance du mental à créer des formes-pensées qui incarnent les idées conçues, lesquelles sont lâchées dans le monde, destructrices lorsqu’elles émanent du mental inférieur, mais constructrices et salvatrices lorsqu’elles viennent de l’âme.

Tout Hercule en puissance peut facilement constater qu’il a en lui ces cavales dévastatrices si, pendant un jour entier, il fait minutieusement attention à ses pensées et à ses paroles, lesquelles sont toujours le résultat de la pensée. Il découvrira rapidement que l’égoïsme, la malveillance, les commérages et la critique constituent une grande partie du contenu de sa pensée et que les cavales de son mental sont constamment fertilisées par l’égoïsme et l’illusion. Au lieu de donner naissance à des idées et à des concepts ayant pour origine le royaume de l’âme et au lieu d’être fertilisées par le règne spirituel, ces cavales deviennent mères de l’erreur, de la fausseté et de la cruauté, lesquelles ont leur origine dans l’aspect inférieur de la nature humaine.

2- La CAPTURE DU TAUREAU DE CRÈTE

  • L’instructeur – Va dans la contrée gardée par la deuxième Porte, cherche et capture le Taureau sacré et conduis le dans le Lieu Saint.” Passe par la Porte, mets-toi en chemin. Accomplis ton travail et reviens me rendre compte de l’action.”

De lieu en lieu, Hercule chassa le taureau conduit par l’étoile qui brillait sur le front du taureau, lampe claire dans l’obscurité. Cette lumière se déplaçait avec le taureau, le conduisait ici et là. Seul, Hercule chercha le taureau ; seul, il le chassa jusqu’à son repaire ; seul, il le captura et monta sur son dos. Autour de lui se tenaient les Sept Sœurs qui l’encourageaient en chemin. Dans cette lumière, il chevaucha le taureau, le ramena, traversant les eaux miroitantes de l’île de Crète jusqu’au Lieu Saint où résidaient les hommes à l’œil unique, les trois Cyclopes.

L’ “Œil du Taureau”, dans le Taureau, magnifique étoile fixe Aldébaran, est l’une des raisons pour lesquelles cette constellation est considérée comme conférant l’illumination. Dans les temps anciens, elle était appelée l’étoile conductrice des cieux et le Taureau a toujours été apparenté à la lumière, nomination vieillie du mot Nord. Du latin septentriones, (de septem, sept et triones, bœufs de labour), désignant les sept étoiles qui forment la constellation de la Grande Ourse ou plutôt de la Petite Ourse dont l’étoile du nord (l’étoile polaire) fait partie. Le septentrion est à la fois nord et sept, c’est-à-dire origine du Mystère et sa révélation. Dans la tradition occidentale, le soleil s’y trouve donc, symbolisant la lumière incréée, contenant toutes les potentialités que l’initié devra faire éclore Les rituels, pour marquer dans le langage la trace de la Tradition et la symbolique cosmique, utilisent très souvent ce mot. Les apprentis prennent place sur la colonne du septentrion. Repère céleste du voyageur, le septentrion oriente l’apprenti pour qu’il ne s’égare pas.

  • L’instructeur – “Le deuxième travail a été accompli et la tâche a été facile. Apprends d’elle la leçon des proportions. Force pour s’acquitter d’une tâche ardue, bonne volonté pour remplir celle qui ne met pas les pouvoirs à contribution, telles sont les deux leçons apprises. Lève-toi maintenant et cherche le pays gardé par la troisième Porte. Trouve les pommes d’or et apporte-les ici.”

3- LA CUEILLETTE DES POMMES D’OR DES HESPÉRIDES

En un lointain pays croissait l’arbre sacré, l’arbre de la sagesse portant les pommes d’or des Hespérides. La renommée de ces fruits délicieux s’était étendue jusqu’au loin et tous les fils des hommes, qui savaient être aussi des fils de Dieu, les désiraient. « Indique-moi le chemin, ô Instructeur de mon âme. Je cherche les pommes et j’en ai besoin pour mon usage personnel. Montre-moi le chemin le plus rapide et je partirai !” 

  • L’instructeur – “Pas ainsi, mon fils ; la route est longue. Je te confierai seulement deux choses et ce sera ensuite à toi de prouver la vérité de ce que je te dis.

Vous aurez bien sûr entendu comme moi «Je ne sais ni lire ni écrire, donnez-moi la première lettre je vous donnerai la suivante.»

Hercule passa par la troisième Porte et se dirigea vers le nord. Malgré l’aide proposée par Nerée, un messager envoyé par l’instructeur pour l’aider, aveuglé par sa passion pour sa mission, il ne vit pas, et ne trouvant pas l’arbre sacré en direction du nord, Hercule se tourna vers le sud et continua sa recherche dans le lieu des ténèbres. Après avoir vaincu seulement au second round le serpent Antée, heureux et confiant, Hercule reprit sa recherche, sûr de lui et avec un courage renouvelé. Il se dirigea alors vers l’ouest. Là, il rencontra Busiris, le grand trompeur, fils des eaux et proche parent de Poséidon, dont le travail consiste à apporter l’illusion aux fils des hommes par des paroles d’apparente sagesse. Tombé sous le charme de Busiris, Hercule obéit, acceptait tout ce qu’il disait, mais chaque jour il devenait plus faible sur le chemin ne cherchant plus l’arbre sacré. Sa force était sapée. Son gourou aimé l’attacha alors sur un autel et le garda lié une année entière.

Soudainement un jour, alors qu’Hercule luttait pour se libérer et commençait à voir Busiris pour ce qu’il était, les paroles prononcées par Nérée le messager lui revinrent à la mémoire : “La Vérité réside à l’intérieur de toi-même. Il existe en toi un pouvoir, une force et une sagesse supérieurs. Tourne-toi vers l’intérieur et, là, évoque une force et un pouvoir qui sont l’héritage de tous les fils des hommes”. Alors avec la force qui est celle de tous les Fils de Dieu, il brisa ses liens, s’empara du faux instructeur – qui lui avait paru si sage – et le lia à sa place sur l’autel. Il ne dit pas un mot, mais le laissa là pour qu’il apprenne.

Soudain il s’arrêta, la surprise le figeant sur place. Un cri de profonde détresse frappa ses oreilles. Quelques vautours tournant autour d’un rocher attirèrent son attention. Le cri se fit de nouveau entendre. Devait-il poursuivre son chemin. Un autre cri retentit, aussi Hercule se dirigea rapidement au secours de son frère. Il trouva,… tout le monde l’a deviné, Prométhée enchaîné. Hercule chasse les oiseaux ce qui doit soulager Hitchcock, et soigne Prométhée.

Du nord au sud et de l’est à l’ouest l’arbre sacré fut cherché sans succès. Pourtant, un jour qu’il était rongé par l’inquiétude et fatigué de ses voyages, Hercule entendit dire par un pèlerin qui passait sur le chemin qu’on pouvait trouver l’arbre près d’une montagne lointaine. Ce fut la première véritable information. Il dirigea donc ses pas vers les hautes montagnes de l’est. Mais il fut de nouveau arrêté par une sensation de profonde angoisse. Atlas se trouvait devant lui, chancelant sous le fardeau du monde qu’il portait sur ses épaules ; son visage était marqué par la souffrance, ses membres fléchissaient par la fatigue, ses yeux se fermaient par la douleur. Il ne demandait pas d’aide mais se tenait courbé par le poids du monde, il portait aussi un gilet jaune. L’arbre sacré et les pommes d’or s’effacèrent de sa pensée. Il n’avait plus à cœur que d’aider le géant aussi vite que possible. Il se précipita en avant et s’empressa de déplacer le fardeau, le soulevant des épaules de son frère et le mettant sur les siennes, se chargeant ainsi lui-même du poids du monde. Il ferma les yeux, se tendant dans l’effort et voilà que le fardeau glissa. Il était libre et Atlas de même. Après le sacrifice, vient la récompense.

Devant lui se tenait le géant qui avait dans ses mains les pommes d’or et qui les lui offrait avec amour. La recherche était finie. On raconte autrement que ce sont 3 très belles femmes qui les lui remirent. Par cette narration, il faut comprendre qu’à la fin du même travail, il acquit une vision beaucoup plus large de son âme en la voyant sous trois aspects, chacun d’eux portant en lui la puissance des trois principes de la divinité. Aglaé symbolise la gloire de la vie et la splendeur du soleil couchant, la magnificence de la manifestation sur le plan physique. Elle offre une pomme à Hercule en lui disant : “Le chemin vers nous est toujours caractérisé par des actes d’amour.” Erythéia, qui garde la porte, l’âme, toujours ouverte par l’Amour-Sagesse, donne à Hercule une pomme sur laquelle est gravé le mot d’or : service. Hespéris, l’étoile du soir, l’étoile de l’initiation, représentant la Volonté, dit à Hercule : “Foule le Sentier.” Et alors,… ah le héros qui dit ! “Je vous rends les pommes pour ceux qui viendront après moi”, et Hercule s’en retourna d’où il était venu.

Il se présenta ensuite devant l’Instructeur qui l’encouragea et lui dit en lui montrant la quatrième Porte:

  • L’instructeur – “Passe par cette Porte. Capture la biche et retourne, une fois encore, au Lieu Saint.”

Eurysthée lui imposa la tâche d’aller chercher les pommes d’or du Jardin des Hespérides.

 La pomme se retrouve depuis longtemps dans la mythologie et dans le symbolisme. C’est un mode symbolique de raconter l’histoire de l’apparition du mental et la manière dont il commença à fonctionner dans la créature primitive qui n’était ni animale, ni strictement humaine. Avec l’arrivée du mental vint la connaissance de la dualité, de l’attirance des opposés, de la nature de l’âme qui est le bien et de la nature de la forme qui est le mal si elle retient l’âme et entrave sa pleine expression. Cette fois, il n’était pas limité aux contrées sauvages ravagées par les cavales mangeuses d’hommes, ni à la petite île de Crète. Il fallait fouiller toute la planète.

Le Maître donnera une suggestion et n’en dira pas plus. C’est au disciple de donner suite à la suggestion de la façon qu’il croira la plus sage. “Ne perdons pas de vue que les plus hautes aspirations pour le bien-être de l’humanité se teintent d’égoïsme si, dans l’esprit du philanthrope, se cache l’ombre d’un désir de profit personnel…” Il se libéra d’abord sous l’influence du symbole de Prométhée – qui signifie Dieu incarné – le délivrant de la torture des vautours du passé. Le plexus solaire, l’estomac et le foie sont, si je peux l’exprimer ainsi, l’extériorisation de la nature du désir ; Hercule se libéra des vautours du désir qui l’avaient si longtemps torturé. Il renonça à l’égoïsme et à sa propre satisfaction.

6- La CAPTURE DE LA BICHE DE CÉRYNÉE

Devant la quatrième grande Porte, se tenait Hercule. Sur une colline toute proche, un petit faon. Hercule entendit une voix. Cette voix venait du cercle brillant de la lune, d’Artémis lui adressa des paroles d’avertissement :

  • Artémis – “La biche est mienne, aussi ne la touche pas. Pendant longtemps, je l’ai nourrie et je l’ai soignée quand elle était jeune. La biche est mienne et mienne elle doit rester.”

Alors surgit Diane, la chasseresse des cieux, fille du Soleil. Bondissant vers la biche, les pieds chaussés de sandales, elle en revendiqua la possession.

  • Diane – “Non, Artémis ma belle, la biche est à moi et doit rester mienne. Jusqu’ici, elle était trop jeune, mais maintenant elle peut être utile. La biche aux cornes d’or est mienne et mienne elle restera.” Une autre voix résonna à ses oreilles avec autorité : “La biche n’appartient à aucune des jeunes filles, ô Hercule, mais au Dieu dont tu vois le sanctuaire au loin, sur ce mont. Va la délivrer ; conduis-la dans le sanctuaire où elle sera en sécurité et laisse-la là”.

Ainsi, pendant toute une année il poursuivit la biche de colline en colline et de forêt en forêt, il la chassa jusqu’au jour où, près d’un étang, il la trouva étendue de tout son long sur l’herbe non foulée, endormie, fatiguée de sa fuite provoquée par les 2 déesses qui cherchaient à déjouer les efforts d’Hercule. L’ayant blessée d’une flèche au pied, il vint tout près d’elle et la serra dans ses bras, tout contre son cœur.

Comme Gollum qui voulait s’emparer de l’anneau , il pensa qu’elle était devenue sienne. Renâclant, il rapporte cependant l’animal au centre du Lieu Saint mais remarquant sa blessure il en réaffirme que la biche est doublement sienne se prévalant de son droit de recherche et de son adresse. 

La querelle des déesses luminaires reprend

  • Artémis – “Non, la biche est mienne et l’a toujours été. Je vis sa forme reflétée dans l’eau ; j’entendis ses pas sur les chemins de la terre ; je sais que la biche est mienne, car toute forme est mienne.”
  • Diane – “Si son esprit repose en toi, ô grand Apollon, noble fils de Dieu, sache alors que la biche est morte ; elle a été tuée par l’homme qui est un fils d’homme, bien qu’il soit fils de Dieu. Pourquoi peut-il entrer dans le sanctuaire tandis que nous attendons la biche au dehors ?”

Le dieu solaire mit fin à la querelle en disant : “Parce qu’il a porté la biche dans ses bras contre son cœur et, dans le Lieu Saint, la biche repose ainsi que l’homme. Tous les hommes sont miens. La biche est mienne aussi ; elle n’est ni à vous ni à l’homme.”

Hercule, revenant de l’épreuve, passa de nouveau par la Porte et trouva son chemin le ramenant vers l’Instructeur de sa vie.

  • L’instructeur – “Hercule, mon fils, va et regarde de nouveau entre les piliers de la Porte.

Sur une colline proche, se tenait un faible faon. Hercule s’étonna. “Ai-je accompli l’épreuve, ô sage Instructeur ? Le faon est de nouveau sur la colline où je l’avais vu au début de ma recherche.”

  • L’instructeur – “Le quatrième travail est terminé et la recherche doit être fréquente en raison de la nature du test et de la nature de la biche. Ne l’oublie pas, mais médite sur la leçon apprise.”

Nous avons vu que la biche qu’Hercule cherchait était consacrée à Artémis, la lune, mais qu’elle était aussi revendiquée par Diane, la chasseresse des cieux et par Apollon, le dieu solaire. Une chose souvent oubliée par les étudiants en psychologie et par ceux qui sondent le développement de la conscience de l’homme, c’est qu’il n’existe pas de séparation précise entre les divers aspects de sa nature, mais qu’ils sont tous les phases d’une unique réalité. Les mots instinct, intellect et intuition ne sont que des aspects différents de conscience et de réaction à l’environnement et au monde dans lequel l’homme se trouve. Il est un animal et il possède, comme lui, la qualité d’instinct et de réaction instinctive à son environnement. L’instinct est la conscience de la forme et de la vie de la cellule, le mode de connaissance de la forme ; c’est pourquoi Artémis, la lune, qui gouverne la forme, revendique la biche sacrée. L’instinct animal est aussi divin que les autres qualités que nous considérons comme plus spirituelles.

Mais l’homme est rationnel, il peut analyser et critiquer et il a ce quelque chose que nous appelons le mental et la faculté de perception et de réponse intellectuelles qui le différencie de l’animal, qui lui ouvre un nouveau domaine de conscience, mais qui n’est, néanmoins, qu’une extension de son appareil de réponse et la transformation de l’instinct en intellect. Par l’un, il devient conscient du monde des contacts physiques et des conditions émotionnelles. Par l’autre, il devient conscient du monde de la pensée et des idées ; il est ainsi un être humain. Lorsqu’il a atteint ce stade de perception intelligente et instinctive, Eurysthée lui indique qu’il y a un autre monde dont il peut aussi devenir conscient, mais qui a son propre mode de contact et son propre appareil de réponse.

Diane, la chasseresse, revendiquait la biche parce que, pour elle, la biche était l’intellect et l’homme, le grand chercheur, le grand chasseur devant l’Éternel. Mais la biche avait une autre forme, plus subtile, celle qu’Hercule, l’aspirant, cherchait. Il est dit qu’il la pourchassa pendant un cycle de vie, mais ce n’était pas la biche comme instinct qu’il s’efforçait de trouver, ni la biche comme intellect. C’était quelque chose d’autre et pour cela il chercha pendant un cycle de vie.

Nous lisons qu’Hercule captura finalement la biche et la conduisit dans le temple où elle fut réclamée par le dieu solaire qui reconnaissait en elle l’intuition spirituelle, cette expansion de conscience, ce sens de perception consciente hautement développé, qui donne au disciple la vision de nouveaux champs de contact et qui lui ouvre un nouveau monde d’existence. Il nous est dit que la bataille se poursuit encore entre Apollon, le dieu solaire, qui savait que la biche était l’intuition, Diane, la chasseresse des cieux, qui savait qu’elle était l’intellect et Artémis, la lune, qui savait qu’elle n’était qu’instinct. Les deux déesses revendicatrices avaient raison sur un point, et le problème de tous les disciples est d’utiliser correctement l’instinct à sa juste place et de juste manière. Ils doivent apprendre à utiliser l’intellect sous l’influence de Diane, chasseresse et fille du Soleil et, par lui, entrer en rapport avec le monde des idées et de la recherche humaine. Ils doivent apprendre à transporter cette capacité dans le temple du Seigneur et là, la voir transmuée en intuition. Grâce à l’intuition, ils doivent devenir conscients des choses de l’esprit et des réalités spirituelles que ni l’instinct ni l’intellect ne peuvent leur révéler.

5- LE MASSACRE DU LION DE NÉMÉE

Devant la cinquième grande Porte, se tenait Hercule, “Que fais-je ici ? Qu’elle est l’épreuve et pourquoi est-ce que je cherche à franchir cette Porte ?”

  • L’instructeur – “Hercule, un appel de profonde détresse a retenti. Tes oreilles extérieures n’y ont pas répondu et pourtant l’oreille intérieure connaît bien le besoin, car elle a entendu une voix t’informant du besoin et t’exhortant à te mettre en route. Les gens de Némée sollicitent ton aide. Ils sont dans une profonde angoisse. Le récit de tes prouesses est arrivé à eux. Ils demandent que tu tues le lion qui dévaste le pays prenant sa part d’hommes. Va, cherche le lion qui ravage le pays au-delà de la cinquième Porte.

Les habitants de cette contrée dévastée vivent silencieusement derrière les portes verrouillées. Ils ne se hasardent pas à sortir pour travailler ni pour cultiver leurs terres. Du nord au sud et de l’est à l’ouest, le lion rôde et, rôdant, s’empare de tout ce qu’il rencontre sur son chemin. Son horrible rugissement s’entend toute la nuit et tous tremblent derrière leurs portes closes. Que feras-tu, ô Hercule, que feras-tu ? Où sont tes armes et ta puissante protection ?” “Toutes ces armes ne font que me surcharger, me retarder et entraver mon départ sur le Chemin. Je n’ai besoin que de ma robuste massue,taillée de ma main d’un arbre jeune et vigoureux ; avec elle et mon cœur intrépide, je vais chercher le lion.”

Hercule alla d’un lieu à un autre à la recherche du lion. Il trouva les habitants de Némée cachés derrière leurs portes, sauf quelques-uns qui s’aventuraient au-dehors, par nécessité ou désespoir. “Où est le lion ?” demanda Hercule. “Le lion est ici.” lui fut-il répondu. “Non, là-bas.” dit une voix en proie à la peur. “Non pas, j’ai entendu son rugissement près de la montagne sauvage, cette semaine.” “Et moi de même, dans cette vallée où nous nous trouvons.” “J’ai vu ses traces sur un sentier que je suivais, Hercule, écoute-moi et traque-le jusqu’à son repaire.” Pendant des jours et des nuits, Hercule chercha le chemin, écoutant les rugissements du lion, tandis que les gens de Némée restaient tapis derrière des portes closes. Soudain, il vit le lion qui se tenait au bord d’un épais fourré de jeunes arbres. 

Alors le lion s’avança vers lui, fou de rage et sans peur, stupéfait de prouesses jusqu’alors inconnues. Car Hercule continuait d’avancer. Soudain, le lion se retourna et, devant Hercule, se précipita dans un fourré sur les pentes rocheuses d’un chemin de montagne escarpé. Ainsi tous deux continuèrent. Tout à coup, alors qu’il suivait le chemin, le lion disparut ; il ne fut plus vu ni entendu. Hercule s’arrêta sur le Chemin et se tint silencieux. Il chercha d’un côté et de l’autre, tenant sa fidèle massue, l’arme qu’il avait façonnée lui-même, le présent qu’il s’était donné à lui-même en des jours passés depuis longtemps et en qui il avait confiance. Il chercha de tous côtés, passa sur chaque chemin, allant d’un point à l’autre sur l’étroit sentier qui courait au flanc de la montagne. Soudain, il arriva à une caverne d’où lui parvint un fort rugissement – un grondement sauvage qui semblait lui ordonner de s’arrêter ou de perdre la vie. Hercule s’arrêta, criant aux habitants du pays : “Le lion est ici. Vous allez voir ce que je vais faire.” Hercule, fils de l’homme et cependant fils de Dieu, pénétra dans cette caverne, la traversa dans toute sa longueur et dans l’obscurité, ressortit dans la lumière du jour et ne trouva pas le lion, mais seulement une autre sortie. S’arrêtant, il entendit le lion derrière lui, mais non devant. “Que dois-je faire ?” se dit-il ; “cette caverne a deux ouvertures ; quand j’entre par l’une, le lion en sort et revient par celle que j’ai laissée derrière moi. Que vais-je faire ? Les armes sont inutiles. Comment tuer ce lion et sauver les gens de ses crocs ? Que faire ?” 

Comme il cherchait autour de lui ce qu’il pouvait faire et qu’il prêtait l’oreille aux rugissements du lion, il vit des tas de bois et de bûches à portée de sa main. Les tirant à lui, les traînant de toutes ses forces, il mit les bûches et les fagots dans l’ouverture la plus proche et obstrua ainsi le passage vers la lumière du jour aussi bien vers l’intérieur que vers l’extérieur, s’enfermant avec le lion féroce à l’intérieur de la caverne. Alors il affronta le lion. À deux mains, Hercule le saisit, le tenant étroitement serré l’étouffant. Sur son visage, il sentait le souffle du lion. Pourtant, il le tenait toujours à la gorge et serrait. Les rugissements de haine et de peur s’atténuèrent de plus en plus ; l’ennemi de l’homme devint toujours plus faible et s’affaissait. Hercule tenait bon. Ainsi, il tua le lion de ses deux mains, sans armes, grâce à sa force personnelle extraordinaire. Il tua le lion et le dépouilla de sa peau, la montrant aux gens qui se tenaient près de l’entrée de la caverne. “Le lion est mort !” crièrent-ils. “Le lion est mort ! Et Henri Salvador précisa le lion est mort ce soir!

Hercule retourna triomphant vers Celui qui l’avait envoyé pour prouver sa force, servir et répondre au besoin de ceux qui étaient dans une extrême détresse. Il déposa la peau du lion aux pieds de Celui qui était l’Instructeur de sa vie et reçut la permission de porter cette peau à la place de celle qu’il mettait déjà.

  • L’instructeur – “O Hercule, tu as de nouveau tué un lion. Le lion et les serpents doivent être mis à mort encore et encore. C’est bien mon fils. Va te reposer en paix avec ceux que tu as libérés de la peur. Le cinquième travail est terminé.

Le lion de Némée symbolise donc la puissante personnalité qui menace la paix de la contrée. Quelle est la leçon à tirer du fait qu’Hercule traqua le lion dans une caverne à deux ouvertures ? Pourquoi obstrua-t-il l’une des ouvertures et pénétra-t-il par l’autre ? Quel est l’enseignement spirituel sous-jacent à la tradition selon laquelle il tua le lion de ses mains nues ?

Beaucoup de ces anciennes histoires ont gardé le secret de leur véritable signification pendant des milliers d’années. Ce n’est qu’aujourd’hui et dans cette génération que le sens ésotérique véritable apparaît. Ce qui est intéressant dans la période que nous vivons maintenant est qu’elle marque un développement absolument unique dans l’évolution de la race humaine. Il y a toujours eu des manifestations de dieux solaires et le travail d’Hercule fut vécu maintes et maintes fois par quelques individus. Chaque nation a produit ses aspirants évolués qui traquèrent le lion de la personnalité jusque dans la caverne et, là, le maîtrisèrent. Mais, relativement aux myriades d’êtres humains, ils ont constitué une très faible minorité. Nous sommes maintenant dans un monde qui voit beaucoup d’aspirants et, dans toutes les nations, la génération montante produira ses milliers de disciples ; déjà des milliers d’individus cherchent le Chemin. Le monde est plein de personnalités et le moment est venu où le lion de la tribu de Juda doit triompher du lion du soi personnel. Nous ne sommes pas seuls dans notre lutte, comme l’était Hercule, mais nous faisons partie d’un grand groupe de fils de Dieu qui se débattent dans les épreuves préparatoires à l’initiation ainsi que dans les problèmes qui feront éclore les pleins pouvoirs de l’âme.

Partout, la conscience des individus est en train de se déplacer sûrement hors de la nature émotionnelle donc hors du centre du plexus solaire, dans le corps mental et par conséquent, dans la tête. Il y a dans la tête une petite caverne, une petite structure osseuse qui protège l’une des glandes les plus importantes du corps, la glande pituitaire. Quand cette glande sera en pleine activité, nous aurons une personnalité parachevée et active, se gouvernant elle-même, douée d’activité mentale et d’endurance. Le corps pituitaire a une double configuration ; dans l’un de ses lobes, le frontal ou anté-pituitaire, se trouve le siège du mental qui raisonne, de l’intellectualité et, de l’autre, le post-pituitaire, siège de la nature émotionnelle imaginative. Il est dit aussi que cette glande coordonne les autres, dirige la croissance et est essentielle à la vie. Berman définit l’intellectualité comme la “capacité mentale de maîtriser son environnement par des concepts et des idées abstraites”. Quand cette glande est insuffisamment développée, il y a aussi bien une déficience affective qu’une déficience mentale. Beaucoup d’endocrinologues et de psychologues se sont exprimés de manière semblable. C’est dans cette caverne que le lion de la personnalité développée a son repaire et c’est là qu’Hercule, le dieu solaire, doit vaincre.

Pendant des siècles, les Égyptiens et spécialement les Hindous ont connu l’existence des chakras ou centres de force dans le corps éthérique. La découverte du système endocrinien montre l’existence de glandes physiques correspondant aux mêmes endroits. L’une d’elles, le corps pituitaire, avec ses deux lobes, symbolise la caverne aux deux ouvertures, dont l’une devait être fermée par Hercule avant qu’il ne puisse maîtriser la personnalité au moyen du mental supérieur. En effet, ce n’est qu’après avoir bloqué l’ouverture des émotions personnelles (post-pituitaire), lancé au loin sa fidèle massue et refusé symboliquement de mener plus longtemps une vie personnelle et égoïste, qu’il put, entrant par l’ouverture représentée par l’anté-pituitaire, vaincre le lion de la personnalité dans la caverne. Ces corrélations sont si exactes qu’elles présentent un imposant témoignage de la parfaite intégrité du Plan. “En haut comme en bas.” Une remarquable corrélation entre les vérités biologiques et les vérités spirituelles.

6- La PRISE DE LA CEINTURE D’HIPPOLYTE

  • L’instructeur – “Debout, ô Hercule, passe par la sixième grande Porte.”

Un autre mot retentit aussi, non pour Hercule, mais pour celles qui demeuraient sur les rives de la grande mer. Elles écoutaient et entendirent. Sur ces rives, vivait une grande reine qui régnait sur toutes les femmes du monde alors connu. Elles étaient ses vassales et ses guerrières intrépides.

Dans ce royaume, il n’y avait point d’hommes, mais seulement des femmes rassemblées autour de leur reine. Dans le Temple de la Lune, elles faisaient chaque jour leurs dévotions et là, elles offraient des sacrifices à Mars, le dieu de la guerre. elles attendaient le message d’Hippolyte, leur reine, qui se tenait sur les marches du grand autel, portant la ceinture que Vénus, la reine de l’amour, lui avait offerte. Cette ceinture était un symbole, symbole de l’unité réalisée par la lutte, le conflit, l’effort, symbole de la maternité et de l’Enfant sacré vers qui toute la vie humaine est réellement orientée.

  • Hyppolyte – “Le mot a résonné ; se met en route un guerrier dont le nom est Hercule. À lui, je dois céder ma ceinture. Obéirons-nous, ô Amazones, ou combattrons-nous la parole de Dieu ?”

Hercule fut annoncé à la porte du temple, Hippolyte, la reine guerrière, s’avança. Mais hercule se battit avec elle sans écouter les belles paroles qu’elle s’efforçait de lui adresser. Il lui arracha des mains la ceinture qu’elle lui offrait comme symbole d’unité et d’amour, de sacrifice et de foi. Saisissant la ceinture, il tua la reine, celle qui lui donnait ce qu’il demandait. Alors qu’il se tenait auprès de la reine mourante, consterné de ce qu’il avait fait, il entendit la voix de son Instructeur :

  • L’instructeur – “Mon fils, pourquoi tuer ce qui est nécessaire, celle qui t’est chère, la donatrice de dons splendides, la gardienne du possible ? Pourquoi tuer la mère de l’Enfant sacré ? De nouveau, nous inscrivons un échec. De nouveau, tu n’as pas compris. Rachète ce moment avant de chercher à me revoir.”

Hercule arriva de nouveau sur les rives de la grande mer. Près de la côte rocheuse, il vit un monstre marin tenant entre ses mâchoires une jeune fille, Hésione. Ses cris perçants et ses gémissements montaient jusqu’au ciel et frappèrent les oreilles d’Hercule, rongé de regrets et qui ne connaissait pas le sentier qu’il suivait. Il s’élança promptement à son aide, mais il était trop tard. Hésione disparut dans la gorge caverneuse du monstre marin qui avait mauvaise renommée. S’oubliant lui-même, ce fils d’homme qui était fils de Dieu se lança dans les vagues et atteignit le monstre qui, se retournant vers lui en une rapide attaque et en rugissant, ouvrit la gueule. Hercule se jeta dans le tunnel rouge de sa gorge à la recherche d’Hésione qu’il trouva au plus profond du ventre du monstre. De son bras gauche il la saisit et la serra contre lui, tandis qu’avec sa fidèle épée, il se fraya une sortie hors du ventre du monstre jusque dans la lumière du jour. C’est ainsi qu’il la sauva, équilibrant de cette manière son précédent geste meurtrier. Car telle est la vie, un acte de mort, un acte de vie et ainsi les fils des hommes qui sont les fils de Dieu apprennent la sagesse, l’équilibre et le mode d’aller à Dieu.

  • L’instructeur – “Le sixième travail est terminé. Tu as tué qui te chérissait et qui, de manière inconnue et méconnue, t’apportait l’amour et le pouvoir nécessaires. Tu as sauvé qui avait besoin de toi et ainsi, une fois encore les deux sont un. Réfléchis de nouveau aux voies de la vie, réfléchis aux voies de la mort. Va te reposer, mon fils.”

Ainsi, l’origine de la guerre entre les sexes est ancienne ; elle est inhérente à la dualité de l’humanité et du système solaire. Les divorces en sont un véritable témoignage et la compétition surgit aussi bien dans les affaires qu’au foyer. Il y a, dans cette histoire, des points à ne pas négliger, car ils sont importants. Quelle fut la contribution d’Hippolyte à l’erreur ?

Peut-être avoir offert à Hercule la ceinture de l’unité que Vénus lui avait donnée parce que Celui qui préside l’avait ordonné et non parce qu’elle ressentait l’unité. Ne le fit-elle pas par contrainte et non par amour ? Ainsi elle mourut. Il nous est dit que le mal doit arriver, mais malheur à ceux par qui il vient ; ainsi, Hercule ne réussit pas à comprendre sa mission bien qu’il atteignît son objectif. Il faut aussi noter que le travail ne fut pas décrit à Hercule comme dans les autres cas. Le mot fut transmis seulement au pays où la reine des Amazones gouvernait son univers de femmes, tous les hommes en étant exclus. C’est à Hercule que fut laissé le soin de comprendre la nature du travail et il n’en fut pas capable.

7- La CAPTURE DU SANGLIER D’ÉRYMANTHE

L’instructeur pensait

  • L’instructeur – “Il faut qu’il exécute encore un autre travail. Il a besoin d’équilibre, de jugement sain et de préparation pour un test majeur et pour le service futur envers la race des hommes. Pour cela, qu’il se prépare avec soin.”

L’Instructeur vint à Hercule :

  • L’instructeur – “Va mon fils, et capture le sanglier sauvage ; sauve un pays ravagé, mais prends cependant le temps de manger.”

Pholos invita Hercule à entamer une barrique de vin qui ne lui appartenait pas encore. Elle appartenait au groupe des centaures et les dieux qui la leur avaient donnée avaient estimé que cette barrique ne devait pas être entamée sauf quand les centaures, tous présents, se réuniraient. Elle appartenait au groupe. Mais Hercule et Pholos la percèrent en l’absence de leurs frères et appelèrent Chiron, un autre sage centaure à venir partager leurs réjouissances. Ce qu’il fit. Tous trois burent ensemble, festoyèrent et firent beaucoup de bruit. Les autres centaures les entendirent de très loin. Ils arrivèrent en colère et une furieuse bataille s’engagea. En dépit de ses sages résolutions, le fils de l’homme qui était fils de Dieu devint une fois encore le messager de la mort. Il tua ses amis, les deux centaures avec qui il venait de boire ; tandis que les autres centaures se lamentaient bruyamment, Hercule s’enfuit sur les hautes montagnes et reprit sa recherche. Il posa un piège adroitement caché et attendit la venue du sanglier dans l’obscurité. Les heures s’écoulèrent les unes après les autres, et il attendit jusqu’à l’aube. De son repaire, le sanglier apparut à la recherche de nourriture, poussé par une faim longtemps inassouvie. Dans l’obscurité, près du piège, le fils de l’homme veillait. Le sanglier tomba dans le piège et, le moment venu, Hercule délivra l’animal sauvage devenu prisonnier de son habileté. Il lutta contre lui et le maîtrisa, lui faisant faire ce qu’il disait et suivre le chemin qu’il désirait.

  • L’instructeur – “Le septième travail est terminé, la septième Porte est franchie. Médite sur les leçons du passé ; réfléchis sur les tests, mon fils. Deux fois tu as tué ce que tu devais aimer. Apprends pourquoi.”

Hercule resta à l’intérieur des portes de la cité, et là se prépara à ce qui arriverait plus tard, au test suprême.

8- LA DESTRUCTION DE L’HYDRE DE LERNE

  • L’instructeur – “Près de la rivière, se trouve le marais empoisonné de Lerne. Dans ce marécage infect, vit l’hydre monstrueuse, vraie calamité pour toute la région. Cette horrible créature possède neuf têtes et l’une d’elles est immortelle. Prépare-toi à te battre contre cette bête répugnante. Ne pense pas pouvoir te servir de moyens ordinaires, car, pour une tête détruite, deux autres repoussent immédiatement.”

À maintes reprises, Hercule attaqua le monstre déchaîné qui, au lieu de s’affaiblir, devenait plus fort à chaque assaut. Alors Hercule se souvint des paroles de son Instructeur : “Nous nous élevons en nous agenouillant.” Rejetant sa massue, il s’agenouilla, saisit l’hydre de ses mains nues et l’éleva en l’air. Tenue dans les airs, sa force diminua. À genoux, il maintint l’hydre bien au-dessus de lui, afin que l’air et la lumière purifiants puissent avoir l’effet voulu. Le monstre, puissant dans l’obscurité et dans la vase, perdit bientôt de son pouvoir quand les rayons du soleil et l’effleurement du vent l’atteignirent. Mais ce n’est que lorsqu’elles furent sans vie qu’Hercule vit la tête mystique qui était immortelle. Alors il coupa l’unique tête immortelle qui sifflait encore furieusement et l’enterra sous un rocher. 

Hercule retourna auprès de son Instructeur. 

  • L’instructeur – “La victoire est complète”, dit celui-ci. “La lumière qui brille à la huitième Porte est maintenant fondue avec la tienne.”

Tant qu’Hercule lutta dans le marécage, dans la boue et les sables mouvants, il fut incapable de vaincre l’hydre. Il dut soulever le monstre dans les airs, c’est-àdire transférer son problème dans une autre dimension afin de le résoudre. En toute humilité, agenouillé dans la vase, il dut examiner son dilemme à la lumière de la sagesse et dans l’atmosphère élevée de la pensée investigatrice. Nous pouvons déduire, de ces considérations, que les réponses à beaucoup de nos problèmes ne nous parviennent que lorsqu’un nouveau foyer d’attention est atteint, qu’une nouvelle perspective est établie.

La tâche assignée à Hercule avait neuf aspects. Chaque tête de l’hydre représente un des problèmes qui assaillent la personne courageuse qui cherche à atteindre à la maîtrise d’elle-même. Trois de ces têtes symbolisent les appétits associés au sexe, au bien-être physique et à l’argent. Les trois suivantes concernent la peur, la haine et la soif du pouvoir. Les trois dernières têtes représentent les vices du mental non illuminé: orgueil, séparativité et cruauté.

9- L’EXTERMINATION DES OISEAUX DE STYMPHALE

L’Instructeur, qui se tenait au centre du lieu de paix, dit à Hercule : 

  • L’instructeur – “O fils de Dieu qui es aussi fils de l’homme, le moment est venu de fouler un autre chemin. Tu es devant la neuvième Porte ; franchis la et trouve le marais de Stymphale où sont les oiseaux qui causent des ravages. Découvre alors le moyen de les chasser de la demeure où ils sont depuis longtemps en sécurité.”

Hercule se tenait devant le marécage et réfléchissait à la manière d’accomplir la tâche assignée et de débarrasser la région de ces oiseaux de proie. Athéna lui avait donné des cymbales qu’il entrechoqua si fortement que les oiseaux sortirent des marais et s’enfuirent pour ne plus jamais revenir. 

Les oiseaux qui faisaient le plus de mal étaient au nombre de trois. Ils sont parfois nommés : le commérage cruel, l’égoïsme par la parole et le jet des perles aux pourceaux. Il est dit que le commérage est un “meurtre spirituel”. Inutile d’en discuter et de dire combien de vies furent ruinées par lui. Il existe une loi inflexible : si vous vous adonnez au commérage, d’autres feront de même en ce qui vous concerne. Nous recevons ce que nous donnons.

10 – La DESTRUCTION DE CERBÈRE, GARDIEN DE L’HADÈS

  • L’instructeur – “Tu as bravé mille dangers, ô Hercule, et beaucoup de choses ont été accomplies. Tu possèdes la sagesse et la force. Veux-tu les employer à secourir un être en proie à une incessante souffrance ?” “L’être enchaîné est Prométhée” dit l’Instructeur. “Il y a très longtemps qu’il souffre ainsi et, cependant, il ne peut mourir, étant immortel. Il déroba le feu du ciel, c’est pourquoi il est puni. Le lieu de sa demeure est connu sous le nom d’Enfer, le domaine d’Hadès. Il t’est demandé, ô Hercule, d’être un sauveur. Descends dans les profondeurs et là, sur les plans extérieurs, délivre-le de ses souffrances.”

La descente continua longtemps. Seul et cependant pas tout à fait seul, Hercule allait toujours. Quand il cherchait en lui-même, il entendait la voix argentine de la déesse de la sagesse, Athéna, et les paroles encourageantes d’Hermès. À la fin, il arriva à une sombre rivière empoisonnée, le Styx, rivière que doivent traverser les âmes décédées. Il fallait verser une obole à Charon, le passeur, pour être conduit de l’autre côté. Le sombre visiteur venant de la terre effraya Charon qui oubliant la rétribution, le fit traverser. Hercule avait enfin pénétré dans l’Hadès, région obscure et brumeuse où les ombres – plus exactement les enveloppes des défunts – flottaient.

Quand Hercule aperçut Méduse avec sa chevelure entrelacée de serpents qui sifflaient, il saisit son épée et lui porta un coup, mais il ne frappa rien d’autre que le vide. Par des sentiers labyrinthiques, il arriva à la cour du roi qui gouvernait les régions infernales, Hadès. Sinistre et sévère, la mine menaçante, le roi était assis avec raideur sur son trône, noir comme le jais, alors qu’Hercule approchait. “Qu’est-ce que vous, mortel, cherchez dans mon domaine ?” demanda Hadès. “Je cherche à libérer Prométhée”, répondit Hercule. “Le sentier (dit Hadès) est gardé par le monstre Cerbère, un chien à trois grosses têtes ; autour de chacune d’elles, est enroulé un serpent. Si vous pouvez le vaincre les mains nues, exploit que personne encore n’a accompli, vous pourrez délivrer Prométhée.” 

Satisfait de cette réponse, Hercule se mit en route. Il vit bientôt le chien à trois têtes et entendit ses aboiements furieux. Montrant les dents, la bête se précipita sur lui. Saisissant Cerbère à la gorge centrale, Hercule la tint serrée comme dans un étau. Le monstre se débattit comme un forcené, puis sa force faiblit et Hercule le maîtrisa.

Ceci fait, il continua son chemin et trouva Prométhée gisant sur une dalle dans de terribles souffrances. Rapidement il rompit les chaînes et libéra Prométhée. Rebroussant chemin, il s’en revint comme il était venu et, lorsqu’il atteignit le monde des vivants, il y trouva son Instructeur.

  • L’instructeur – “La lumière brille maintenant dans le monde des ténèbres”. “Le travail est accompli. Repose-toi, mon fils.”

Comme ce fut déjà le cas dans les mythes antérieurs, Hercule dut s’arrêter et accomplir un acte de service avant d’aller vers Cerbère. Il vit un être enchaîné attaqué par un vautour et il dut le délivrer avant de pouvoir s’occuper de son propre problème. Car, pour l’initié, le service vient toujours en premier, le service qui consiste à apporter de l’aide où c’est nécessaire. Telle est l’histoire de l’initié, car elle est toujours basée sur la conscience de groupe.

11 – LE NETTOYAGE DES ÉCURIES D’AUGIAS

  • L’instructeur – “La roue a tourné onze fois ; tu es maintenant devant une autre Porte. Tu as longtemps poursuivi la lumière qui vacillait tout d’abord, puis grandit jusqu’à devenir un phare sûr et qui maintenant brille pour toi comme un soleil resplendissant. Tourne le dos à son éclat ; reviens sur tes pas ; retourne vers ceux pour qui la lumière n’est qu’un point et aide-les à l’intensifier. Dirige tes pas vers Augias dont le royaume doit être nettoyé d’un mal très ancien. J’ai dit.”

Hercule apprit que, depuis des années, le roi Augias n’avait jamais fait enlever le fumier accumulé par son bétail dans les écuries royales ; les pâturages euxmêmes étaient tellement recouverts du fumier que rien n’y pouvait pousser. Par conséquent, une pestilence mortelle s’étendait à tout le pays, causant des ravages en vies humaines. Hercule alla au palais et se mit en quête d’Augias. Celui-ci, informé de l’intention d’Hercule de nettoyer les écuries malodorantes, se montra méfiant et incrédule.

  • Le roi Augias – “Vous dites que vous voulez accomplir cette tâche énorme sans récompense”. Je n’ai pas confiance en ceux qui se vantent ainsi. Vous avez combiné quelque plan astucieux pour m’enlever mon trône, ô Hercule. Je n’ai Jamais entendu parler d’hommes qui cherchent à servir le monde sans récompense. Au point où j’en suis, j’accueillerais n’importe quel fou qui chercherait à m’aider. Mais il faut conclure un marché, afin qu’on ne se moque pas de moi comme d’un roi fou. Si en un seul jour vous accomplissez ce que vous avez promis, un dixième de mon grand troupeau de bœufs sera à vous mais si vous échouez, votre vie et votre destin seront entre mes mains. Je ne pense pas que vous puissiez réaliser ce dont vous vous vantez, mais vous pouvez essayer.”

Hercule travailla avec force et décision. Par ses efforts, il réussit à détourner ces deux rivières du cours qu’elles suivaient depuis des décennies. Elles furent contraintes à déverser leurs eaux à travers les écuries pleines de fumier. Leurs flots impétueux entraînèrent les immondices si longtemps accumulées. Le royaume fut purgé de toute cette atmosphère fétide. En un seul jour, l’impossible tâche fut accomplie, mais le roi trahit sa promesse en s’écriant avec fureur.

  • Le roi Augias – “Vous avez réussi par un stratagème. Ce sont les rivières qui ont fait le travail et non pas vous. C’est une ruse pour me prendre mon troupeau, un complot contre mon trône. Vous n’aurez pas de récompense. Sortez, allez-vous-en avant que je ne vous raccourcisse d’une tête.”

Hercule retrouva l’instructeur.

  • L’instructeur – “Tu es devenu un serviteur du monde” “Tu as avancé en reculant. Tu as atteint la Maison de Lumière par un autre chemin encore ; tu as donné la lumière pour que celle des autres puisse briller. Le joyau accordé par le onzième travail est à toi à jamais.”

L’objectif de l’épreuve peut être résumé comme suit. Hercule devait aider au nettoyage du monde donnant une juste direction, à travers lui, aux forces de vie.

12 – LA CAPTURE DES BŒUFS DE GERYON

  • L’instructeur – “Tu es maintenant devant la dernière Porte. Un travail reste encore à accomplir avant que le cercle ne soit complet et que la libération ne soit atteinte. Rends-toi au lieu ténébreux appelé Érythrée où règne la Grande Illusion, où Géryon, le monstre à trois têtes, trois corps et six mains est seigneur et roi. Il détient illégalement un troupeau de bœufs roux que tu dois conduire à notre Cité Sacrée. Méfie-toi d’Eurytion, le berger, et de son chien à deux têtes, Orthros.” Il fit une pause. “Je puis te donner un avertissement : Invoque l’aide d’Hélios.”

Dans un temple, Hercule fit des offrandes à Hélios, dieu du feu solaire. Il médita pendant sept jours et une faveur lui fut alors accordée. Un calice d’or tomba sur le sol à ses pieds. Il fit voile vers l’île dans la coupe d’or et, lorsqu’il arriva, il grimpa jusqu’au sommet d’une montagne et passa la nuit en prière. Puis il tua le chien à deux têtes Orthros, mais il épargna le berger Eurytion. Il tua aussi Géryon le propriétaire des bœufs roux. Ici vient la partie merveilleuse de l’histoire : Il mit tous les bœufs dans la coupe d’or dans laquelle il était venu vers l’île, les emmena vers la Cité Sacrée et les offrit en sacrifice à Athéna, déesse de la Sagesse. L

  • L’instructeur – “Sois le bienvenu, ô fils de Dieu qui es aussi fils d’homme. Le joyau de l’immortalité est tien. Par ces douze travaux, tu as vaincu ce qui est humain et endossé le divin. Tu es revenu à la demeure pour ne plus la quitter. Sur le firmament étoilé, ton nom sera inscrit, symbole de la destinée immortelle des fils des hommes qui luttent. Les travaux humains sont terminés, tes tâches cosmiques commencent.”

Le symbole des bœufs roux est celui des désirs inférieurs, le désir étant encore une caractéristique éminente de l’humanité. Ces désirs sont gardés par un berger, le mental, le chien à deux têtes représentant l’aspect matière et la nature psychique. Vous voyez pourquoi Hercule épargna le berger. Le mental peut encore être le berger des bœufs.

Dans l’histoire d’Hercule, sont dépeintes les expériences du Sentier du Disciple et les premiers stades du Sentier de l’Initiation. Hercule apprend les leçons d’équilibre, de désintéressement et de victoire sur la nature du désir. Lentement et péniblement, il apprend que la compétition et l’emprise égoïste doivent disparaître et que saisir quelque chose pour le soi inférieur séparé ne fait pas partie de la mission de l’aspirant. Les caractéristiques de l’homme immergé dans la vie de la forme et sous l’emprise de la matière sont : la peur, la compétition et la cupidité. Elles doivent être remplacées par la confiance, la coopération, la conscience de groupe et l’abnégation. Telles sont les leçons que nous donne Hercule.

Mais avant toute chose, les travaux convertissent Hercule en symbole de la libération individuelle et de la quête de l’immortalité. C’est dans la douleur et grâce à son “effort héroïque” qu’Hercule parvient à vaincre, à exterminer ou à dominer tous les monstres (symboles de fléaux, de vices ou de forces du mal) qui croisent son chemin. Suivant les ordres d’Eurysthée, Héraclès enchaîne les épreuves les unes après les autres et il ne peut pas commencer un nouveau travail sans avoir accompli le précédent ; ainsi, selon les mots de Paul Diel, “le héros progresse à l’intérieur d’un processus ordonné de lutte progressive en évolution. C’est un travail lent qui présente de grandes difficultés et souvent accompli dans l’ignorance des forces libérées et des résultats acquis.” Pas à pas, l’aspirant est conduit le long du sentier de la connaissance de soi. Son caractère et sa nature sont mis à l’épreuve jusqu’à ce que les qualités qui caractérisent la forme soient transmuées en celles qui révèlent l’âme. 

Les illustrations sont de Gustave Doré qui les dessina à 15 ans. pour consulter l’album des gravures ici


[1] D’après Alice Ann Bailey à partir de la page 8474 :

1 COMMENTAIRE

  1. Merci Solange.
    Que d’analogies possibles pour un aficionado du REAA. On (je) se réfère rarement à la mythologie, et pourtant… !
    Hercule fils de Dieu et d’une mortelle, tiens cela me rappelle quelque chose.
    Ces 12 portes sont comme les barreaux d’une échelle très mystérieuse. Barreaux qui vont nous faire basculer dans l’au-delà, le monde non manifesté, ou nous allons (je l’espère) retrouver notre identité d’homme réalisé.
    Encore merci.

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Solange Sudarskis
Solange Sudarskis
Maître de conférences honoraire, chevalier des Palmes académiques. Initiée au Droit Humain en 1977. Auteur de plusieurs livres maçonniques dont le "Dictionnaire vagabond de la pensée maçonnique", prix littéraire de l'Institut Maçonnique de France 2017, catégorie « Essais et Symbolisme ».

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