lun 20 janvier 2025 - 21:01

Franc-maçonnerie et ésotérisme en Russie depuis le XVIIIe siècle

De notre confrère katholisches.info – Par le Père Paolo M. Siano

Présence maçonnique en Russie du XXe siècle à 2020

Dans ce dernier chapitre dont vous retrouverez tous les liens vers les versions originales en bas de cet article, je présente quelques informations sur la franc-maçonnerie russe de l’ère soviétique jusqu’en 2020.

7.1 La franc-maçonnerie clandestine en URSS et en Europe au-delà du rideau de fer

En 1961, la maison d’édition Arnoldo Mondadori publie le livre « Franc-maçonnerie » [ Les francs -maçons, Editions du Seuil, Paris 1961] du franc-maçon français Serge Hutin, qui fournit des informations intéressantes sur la présence maçonnique dans les pays communistes d’Europe de l’Est : « Aujourd’hui, la franc-maçonnerie est toujours interdite en URSS, mais même lorsque les loges sont fermées, certains se rassemblent Les frères maçonniques pratiquent entre eux des rites symboliques et se rencontrent en amitié. Leur rôle est insignifiant et ils n’ont aucune possibilité d’agir politiquement : les francs-maçons russes n’ont ni la volonté ni les moyens de renverser le régime. Dans les démocraties populaires d’Europe de l’Est, la franc-maçonnerie, institution bourgeoise, est évidemment clandestine. En Tchécoslovaquie, où les dirigeants précédents étaient des francs-maçons, l’ordre fut dissous ; seules les réunions privées sont possibles, et il semble que des réunions assez importantes aient lieu » (p. 128).

Et plus loin : « En Bulgarie et en Pologne, il existe des ‘triangles’ secrets dont les activités semblent bien connues des autorités. Sauf peut-être en Roumanie, nous n’avons assisté à aucune arrestation pour activités maçonniques en tant que telles. En 1957, un franc-maçon bulgare pouvait même écrire impunément depuis Sofia vers le Grand Orient de France et la Grande Loge de France . Bien sûr, la vie maçonnique est très limitée, même si les « Triangles » entreprennent de nouvelles initiations » (p. 128).

Hutin apprit d’« un important franc-maçon français » qu’autour d’un des plus importants francs-maçons bulgares, il y avait environ une douzaine ou une quinzaine de francs-maçons qui se réunissaient tous les samedis pour prendre le thé ; La police est probablement au courant de ses activités « philosophiques ». Ces activités maçonniques se poursuivent sans interruption depuis 1945/46, et quelques années avant 1961, un franc-maçon a donné deux conférences publiques sur l’occulte et la franc-maçonnerie devant environ 100 ou 140 personnes. De telles choses ne passent pas inaperçues (voir pp. 128-130).

7.2 Les francs-maçons russes dans la franc-maçonnerie française (GLDF, GLNF…) du XXe siècle

Vers la fin de 1994 ou peu après, les francs-maçons Félix Bonafé et Jean-Paul Delbert [membres de la Grande Loge Nationale de France] publient le livre « Michel Garder. Soldat – Résistant – Franc-Maçon” (sans date, lieu et éditeur) à propos de Michel Garder 33° (1916-1993), Colonel de l’Armée Française et Grand Commandeur du Conseil Suprême du 33ème et dernier degré de l’ Ancien et Accepté Écossais Rite (RSAA) pour la France, affilié à la Grande Loge Nationale Française ( GLNF ).

Michel Garder 33°

Michel Garder est né le 20 octobre 1916 à Saratow, en Russie (voir p. 9). La famille Garder émigre en France. Durant la Seconde Guerre mondiale, Michel se bat contre les Allemands. Il fut arrêté et déporté à Auschwitz-Birkenau en 1944. Après la guerre, il fut libéré, marié et reprit sa carrière militaire. En 1958, le capitaine Michel Garder obtient le certificat d’études militaires supérieures. Garder s’occupe de l’espionnage et du contre-espionnage. Il s’occupe également des études supérieures stratégiques. Mais une maladie soudaine, une opération et la mort suivirent (voir pp. 41-47). Le Colonel Michel Garder 33° est Grand Commandeur du Conseil Suprême du RSAA pour la France.

Passons maintenant au chapitre sur la vie maçonnique de Michel Garder 33°.

Avec la révolution bolchevique de 1917, la franc-maçonnerie fut interdite en Russie soviétique. En conséquence, une franc-maçonnerie russe a été fondée en France, sous la direction du consul russe à Paris de l’époque, le « frère » Léontiev Dimitrievich Kandaouroff, qui a reçu l’ordre de la Grande Loge de France (GLDF) de diriger les futurs cadres de cette franc-maçonnerie. La franc-maçonnerie russe s’organise à Paris. Le 21 octobre 1921, le franc-maçon Kandaouroff, sous l’obédience de la Grande Loge de France et de son Conseil Suprême RSAA, fonde le Chapitre Astrée, qui pratique rituellement du 4ème au 18ème degré RSAA et possède son propre rituel, inspiré du rituels anciens des loges russes du XVIIIe siècle. Le 21 octobre 1922 est fondée la Loge Astrea qui pratique les trois premiers degrés (voir p. 83). A cette époque, la Loge Astrée comprenait des nobles russes qui avaient fui les Soviétiques. En 1924, le consul Kandaouroff reçoit le 33e degré du RSAA (voir p. 83).

Voici les noms de quelques loges russes « symboliques » fondées en France entre 1925 et 1927 : « Aurore Boréale » , « Toison d’Or » ( qui deviendra plus tard la loge « Jupiter »), « Hermès » ; « Prométhée » ( voir p. 84).

Le 13 juin 1956, le profane Michel Garder fut admis comme franc-maçon dans la loge « Astrea » (GLDF) susmentionnée, qui travaillait rituellement en russe. Le 23 mai 1958, il devient franc-maçon et le 12 juin 1959, il devient maître maçon. En 1965, il y a eu un exode massif des francs-maçons de la Grande Loge de France vers la Grande Loge Nationale Française . Le 23 juin 1965, la Loge « Astrea » n°100 est transférée à la GLNF. Michel Garder est son maître de chaire (voir p. 84f). Michel Garder devient Grand Secrétaire, puis 2e Grand Superviseur et 1er Grand Superviseur de la GLNF (voir p. 85).
En 1960, Garder [toujours dans le GLDF] fut accepté dans le rite écossais ancien et accepté (RSAA). Vers 1963/64, il reçut le 30e degré RSAA dans l’Aréopage « Ordo ab Chao » n° 639 (voir p. 85).

Une commission franco-russe du GLDF, composée de quatre francs-maçons importants (les français Charles Riandey et Michel Dumesnil de Grandemont et les russes Pierre Bobrinsky et Léon de Hoyer), élabore un rituel français du 30ème degré pour l’Aréopage Kadosh « Ordo ab Chao » , dans lequel sont inclus des thèmes gnostiques (« on fit entrer des motifs gnostiques », p. 85).

Bonafé et Delbert rapportent que Michel Garder appréciait beaucoup deux écrivains russes : Léon Chestov (1866-1938) et Nicolas Berdiaeff (1874-1948). Chestov était fasciné par la pensée néoplatonicienne et le mysticisme de Plotin (voir p. 87). Garder apprécie également le mysticisme néoplatonicien et le gnosticisme (voir p. 89). En 1969, Garder fut « couronné » (comme on l’appelle dans le jargon maçonnique) du 33ème degré RSAA, et la « couronne » fait référence à la Sefirah Kabbalistique « Kether », la première expression du principe dans le monde de la manifestation (cf. .p.95)…

7.2.1 Un « consistoire » RSAA du 32e degré pour la Russie…

Bonafé et Delbert rapportent qu’après la Première Guerre mondiale, avec l’arrivée des francs-maçons russes en France, le Conseil suprême du RSAA en France (affilié au GLDF) a jugé nécessaire d’établir un « consistoire » russophone (c’est-à-dire un Loge du 32ème degré du RSAA). Le 18 décembre 1926 est fondé à Paris le consistoire « Rossia n° 563 », installé le 10 février 1927 (voir p. 97f). Le Souverain Grand Commandeur du RSAA de France de l’époque, René Raymond (1879-1958), nomma le Frère Kandaouroff déjà mentionné comme Président de ce consistoire, qui annonça que ce consistoire deviendrait un jour le point de départ d’un Conseil Suprême du RSAA. de Russie (cf . p. 98). Cela se passera effectivement de cette façon.

Le 18 décembre 1992, après un long « sommeil », le Consistoire de Rossia renaît, composé de francs-maçons russes et ukrainiens. Ce « consistoire » est présidé par « Très Illustre Frère Lioubomer Houzar, 33ème » (p. 98). La décision de « relancer » ce consistoire dépendait de la nécessité d’avoir un consistoire qui préserverait la tradition maçonnique slave d’inspiration « écossaise » et permettrait la mise en place d’un Conseil suprême du RSAA de Russie en formant ses futurs dirigeants. Le Consistoire de Rossia a défini la stratégie pour l’établissement et la diffusion du rite écossais ancien et accepté en Russie et en Ukraine (voir p. 98).

Celui qui était alors Grand Commandeur du Suprême Conseil, Michel Garder 33°, a prononcé un discours en russe au Consistoire de Rossia dans lequel il s’est adressé au frère Georges Dergachev, qui a reçu le 32° à cette occasion (voir p. 98f).

Dans ce discours, Michel Garder 33. explique entre autres que le franc-maçon nouvellement ordonné du 32e degré (Dergachev) doit mener un combat en tête-à-tête pour vaincre le serpent et le forcer à servir [« vaincre le serpent pour le contraindre à servir » : Il s’agit d’une formulation rituelle du 30e degré du RSAA pour la France], et qu’il doit œuvrer en tant qu’organisateur et bâtisseur pour poser les bases de établir une future juridiction du RSAA pour la Russie (voir p. 99). Dergachev est « couronné » au 33e degré le 11 décembre 1993 et le 15 mai 1994 le Conseil suprême du RSAA pour la France crée à Moscou un Grand Consistoire (32e degré) du nom de « Michel Garder » (voir p.99). .

Il convient de souligner que Garder 33° précise qu’une des tâches du Maçon 32ème degré est de « vaincre le serpent afin de le forcer à servir » (« vaincre le serpent pour le contraindre à servir » : p . 99)… Une théorie qui rappelle la mentalité magique.

Quant au Frère Georges Dergachev, on lit plus loin dans le livre de Bonafé-Delbert que Dergachev est le premier Maître de Chaire de la Loge Harmonie N° 698 de l’Orient de Moscou, fondée le 11 janvier 1992 dans la Grande Loge Nationale Française . Le 8 septembre 1992, Garder 33° était l’hôte de cette loge russe, toujours dirigée par Dergachev, pour l’initiation de 12 profanes (voir p. 116). Garder 33° explique que l’effort d’initiation en Franc-maçonnerie passe d’abord par la mort dans le monde profane et la résurrection dans le monde du sacré (« la mort au monde profane et la renaissance au monde du Sacré »), la découverte du sacré en nous. et implique enfin la transformation et la perception du souffle créateur… Il est donc nécessaire que le franc-maçon meure et renaîte en Hiram pour accéder à la connaissance. atteindre (« le stade de la Connaissance » : cf. p. 102f). Le chemin d’initiation du RSAA mène également à la Kabbale juive et à l’alchimie (voir p. 104).

7.3 Influences maçonniques (et gnostiques) russes au 30e degré du RSAA en France (REAA–GLDF)

En 2000, les Editions Maçonniques de France (affiliées au Grand Orient de France ) et les Editions Cêtre publient conjointement la « Grande Encyclopédie Maçonnique des Symboles » de Jean-Pierre Bayard, Maître Maçon de la Grande Loge de France (GLDF ) et 33 °. Regardons quelques articles de cette encyclopédie maçonnique.

Chevalier Kadosh, aigle blanc et noir

Dans l’article « Grand Inspecteur et Grand Elu Chevalier Kadosch ou Chevalier de l’Aigle Blanc et Noir (30° Degré) » (pp. 195f) Bayard explique que le franc-maçon Kadosch (30°) était un soldat de l’Éternel (« univers complet’, “soldat de l’universel et de l’éternel “) est, rituellement, l’épée flamboyante, la lance du saint Georges, le Caducée d’Hermès (« l’épée flamboyante, la lance inflexible de Saint-Georges, le Caducée d’Hermès » ) et lutte contre tous les despotismes et oppresseurs de la liberté de pensée et de conscience (« tous les despotismes, oppresseurs de la liberté de l’homme, de la liberté de pensée, de la liberté de conscience » cf. 195). Dans l’initiation au 30ème degré du RSAA apparaissent deux figures énigmatiques, appelées dans le texte français ” Poursuivants” , que l’on traduit littéralement par “Procurateurs”, mais peut-être plus correctement par “Chevaliers” : les “Procurateurs” ou Chevaliers Blancs. , qui inspire la réflexion et les valeurs sacrées, et le « Procureur » ou Chevalier Noir, qui inspire plutôt l’action, la violence, le combat… Bayard explique que les personnages de Le Chevalier Blanc et le Chevalier Noir sont issus d’un rituel russe et montrent notre dualité (cf. p. 196).

Dans l’article « Poursuivants » (p. 365f) Bayard explique qu’au 30e degré RSAA les deux « procureurs » ou chevaliers, l’un vêtu de blanc, l’autre de noir, représentent la dualité du monde, le bien et le mal, l’ego et le soi, le Yin et le Yang, le soleil et la lune, le masculin et le féminin, représentent en bref la nécessité et la complémentarité des contraires (voir p. 365f). Bayard explique que cette partie du rituel du 30ème degré du RSAA a été introduite par les francs-maçons russes en exil pendant les deux guerres mondiales et est conservée par le Conseil Suprême du RSAA en France (voir p. 366), c’est-à-dire celui en charge du GLDF est connecté.

Dans le livre « Du Chevalier d’Orient… au Chevalier Kadosch. Etude du quinzième au trentième degré du Rite Ecossais Ancien et Accepté » (Editions du Rocher, Monaco 2009), le franc-maçon Jean Mondet [GLDF et RSAA] montre également le 30e degré RSAA au 30e degré RSAA au Conseil Suprême (RSAA) de La France (SCDF) a pratiqué la forme. Le Kadosh porte un poignard noir et argent pour « tuer le traître » (« tutor le traître », cf. p. 472)… (Est-ce à comprendre uniquement symboliquement ?). Au 30e degré, la « batterie » de coups rituels est de 7 (2-2-2-1), symbolisant la dissolution de la dualité dans l’unité finale (« La dualité, une triple dualité et donc sur tous les plans de l’ être, résolue dans l’unité finale », p.

Selon Mondet, le franc-maçon du 30ème degré RSAA est un intermédiaire entre le divin et l’humain, et tel serait le sens de l’escalier mystique aux deux supports que le franc-maçon Kadosh doit monter et descendre (cf. p. 476f). ); Le franc-maçon Kadosch a donc une fonction sacerdotale (« l’action du Kadosch qui n’est alors qu’un intermédiaire, un agent divin et cela correspond parfaitement à sa fonction sacerdotale », p. 477)…

En 1935, sous l’obédience du SCDF (Conseil suprême de France du RSAA), un Aréopage (Chambre du 30e degré, Kadosh) est fondé en France, composé de francs-maçons russes réfugiés en France après la révolution bolchevique de 1917. . Ces francs-maçons russes introduisent le dialogue déjà évoqué entre le Chevalier Blanc et le Chevalier Noir (” Les Poursuivants” ) , qui est adopté et retenu par les rituels français et devient une particularité du Conseil Suprême du RSAA en France (” une spécificité du SCDF » : voir p. 487).

« Le Poursuivant Noir » (vêtu d’une robe noire) s’adresse aux candidats du 30ème degré de Kadosh : il les appelle à la violence, à la conquête du monde, au mépris des interdits et à la destruction comme nécessité de reconstruction (« P. Noir : « N’ayez crainte de détruire. Ne savez-vous pas qu’il faire place pour construire »); il croit que tout est matière et que les Kadosh doivent contrôler la matière avec leur volonté (voir p. 488)…

A l’opposé, “Le Poursuivant Blanc” (il porte une robe blanche) dit aux candidats du 30ème degré de Kadosh : Rejetez la violence, pratiquez l’humilité, considérez tout dans le monde comme saint, tout est saint, adorez les symboles, croyez, que tout est esprit, ne détruisez pas, mais utilisez bien les matériaux des anciennes constructions pour en construire de nouvelles (cf. p. 488)…

Suivant la logique de la coniunctio oppositorum, Mondet explique que les deux chevaliers, le Noir et le Blanc, sont deux faces de la personnalité du franc-maçon et de chacun de nous… Mondet affirme que si l’on suit les idéaux du « Poursuivant Blanc ». Il ne faut pas agir brutalement contre les idéaux opposés, c’est-à-dire ceux du « Poursuivant Noir », sinon on tomberait dans sa méthode brutale… Mondet affirme que si tout L’Esprit est, comme l’enseigne le « Poursuivant Blanc », l’esprit est aussi dans la matière, et il faut alors spiritualiser la matière (voir p. 488)… La théorie suivante de Mondet est aussi gnostique et « noire » : Le « Chevalier Noir » parle de vaincre, de gagner le monde… Jésus aussi a gagné le monde, l’esprit était en Jésus et Jésus l’a fait ressortir, c’est pour cela qu’il est devenu Christ (cf. p. 488f)… Mondet présente Jésus comme « Poursuivant Noir » avant…

Après avoir prêté le triple serment, le nouveau franc-maçon Kadosh apprend qu’il possède l’arme pour combattre. Quelle arme ? Le rituel moderne de Kadosh (SCDF) l’explique : C’est l’épée flamboyante de l’archange Michel, la lance de Saint Georges et le caducée d’Hermès. L’effet d’une telle arme ? Elle explique le même rituel : celui qui est touché par une telle arme est anobli et devient un allié du chevalier Kadosh au service de la cause pour laquelle il combat (voir p. 489). A propos de la bataille spirituelle du Kadosh (30ème degré) contre le dragon ou le gardien du seuil ( “le dragon” , “le guardien inflexible du seuil” ) , Mondet explique que l’arme à utiliser ne tue pas, mais transforme : L’homme ne doit pas tuer le dragon, mais plutôt le transcender (cf. p. 489)… Dans ce contexte, Mondet donne l’exemple des deux serpents enlacés verticalement sur le caducée, le bâton d’Hermès : « Saint-Michel, Saint-Georges n’a pas dépassé le dragon, mais est transcendé. « Les deux serpents du caducée ne rampent plus sur la terre, ils se sont verticalisés » (p. 489). Il n’est pas difficile de comprendre que la conséquence logique de ces théories initiatiques expliquées par le franc-maçon Mondet est l’union des contraires : le bien et le mal, saint Georges et le dragon, saint Michel et le diable…

Mondet explique alors que l’uniforme (ou devise) du 30ème degré est « Vincere Aut Mori » (Gagner ou Mourir) ; le kadosh devient un soldat de l’universel et de l’éternel (cf. S. Mondet affirme que le kadosh ne doit pas supprimer le mal, mais le transformer en bien : « D’après l’utilisation qu’il fait de ses armes, il ne s’ agit pas, pour le Kadosch, de suppresser le mal, mais de le transformateur en bien » (p. 493).

Selon Mondet, les pensées du mystique allemand Jakob Böhme, selon lequel le mal est l’ombre du bien, apparaissent exactes du point de vue du Kadosh du 30e degré : « Pour lui, le mal n’est pas l’absence de bien, il en est l’ombre » (p. 494).

Mondet précise qu’il possède au moins le 30e degré, puisqu’il écrit à propos de ce degré que notre but est la transformation du mal en bien : « Cette vision nous paraît bien s’adapter au trentième degré car elle donne des pistes pour travailler à notre mais, la transformation du mal en bien » (p. 495).

Les Kadosh sont des Chevaliers de l’Aigle Noir et Blanc, car ils forment leur unité en équilibrant en eux la lumière (ou la partie lumineuse) et l’obscurité (ou la partie obscure) : « Ce combat, mené en nous, nous transformera en réels Chevaliers de l’Aigle Blanc et Noir, ayant construit leur unité en équilibrant leur partie sombre et leur partie claire » (p. 495).

Mondet explique qu’au 30ème degré le Franc-maçon retrouve et absorbe le noir et blanc du damier de la Loge (les trois premiers degrés) : « Il a retrouvé le Noir et le Blanc des premiers degrés et il les accepte maintenant tous les deux. en lui » (ibid., p. 497).

La dualité noir et blanc (” cette dualité “ ) etc. est également bien représentée par l’aigle à deux têtes (bicéphale), que le franc-maçon voit au 30ème degré RSAA et qui l’accompagnera également dans les degrés supérieurs s’il est co -opté (voir p. 497).

7.4 Actualités sur la franc-maçonnerie en Russie jusqu’en 2020

Dans le magazine maçonnique numérique anglais ” The Square “ n° 4/2020, il y a un article sur la franc-maçonnerie russe, ” Russian Freemasonry “, écrit par le franc-maçon russe Eugene L. Kuzmischin 33°-95°, les écrits des francs-maçons Cagliostro , Albert Pike, Albert Mackey, Arthur E. Waite, John Yarker, Robert Ambelain, etc. traduits en russe. Voici quelques nouvelles de l’article de « Frère » Kuzmischin.

À partir de 2020, il n’y aura que quelques francs-maçons en Russie, peut-être pas plus de 1 500, répartis dans une douzaine d’obéissants. Kuzmishin illustre l’histoire de la franc-maçonnerie russe depuis le XVIIIe siècle. Je me limite à l’actualité qui touche le 20e siècle jusqu’en 2020. Au début du XXe siècle, à l’époque du tsar Nicolas II, de nombreuses loges furent fondées à Saint-Pétersbourg par le Grand Orient de France et la Grande Loge de France . Certains francs-maçons russes ont également des contacts avec des loges britanniques. Cependant, la plupart des francs-maçons russes politisent l’activité maçonnique. La franc-maçonnerie russe comprenait à cette époque principalement des membres du parlement (la Douma), des journalistes et des membres de partis politiques.
En 1910, le Conseil suprême des francs-maçons russes décide de rejeter les rituels, symboles, vêtements vestimentaires, serments et conférences et de se concentrer uniquement sur l’activité parlementaire, tout en conservant le titre de « franc-maçon » du Grand Orient des peuples de Russie . Les francs-maçons dissidents sont obligés de visiter des loges étrangères ou de mener des activités rituelles dans de petites loges. Avec la Révolution bolchevique de 1917, les francs-maçons russes sont contraints à l’exil et fondent des loges en France, Grande-Bretagne, Allemagne, Tchécoslovaquie, Serbie, Chine… La plus grande communauté maçonnique russe est celle de France sous l’égide de la Grande Loge de La France et son Conseil Suprême du Rite Écossais Ancien et Accepté .

La perestroïka a débuté en URSS en 1985. En 1986, un groupe de francs-maçons russes de diverses obédiences se sont installés à Paris pour faciliter l’entrée des citoyens soviétiques dans la franc-maçonnerie. En 1990, un « professeur de philosophie » moscovite, Georg Dergachev, est initié franc-maçon dans le Grand Orient de France grâce à des contacts maçonniques à Paris puis fonde une loge à Moscou. C’est ainsi qu’au moins trois Grandes Loges françaises commencèrent leur œuvre missionnaire en Union Soviétique, d’où est issue l’actuelle Fédération de Russie. Le franc-maçon franco-russe Michel Garder (GLNF) a persuadé son ami Georg Dergachev de rejoindre la GLNF. En 1992, Dergatchev est devenu président de la première loge GLNF à Moscou, à laquelle se sont joints d’anciens membres du GODF et du GLDF. D’autres loges GLNF sont fondées à Moscou, Saint-Pétersbourg, Arkhangelsk, Voronej et Yaroslav.

En 1995, la Grande Loge de Russie a été fondée par la GLNF, reconnue par le cercle des francs-maçons masculins réguliers en communion avec la Grande Loge Unie d’Angleterre ( UGLE ). En 1996, le Conseil suprême du RSAA de Russie a été créé. En 2001, le premier schisme s’est produit en raison de désaccords et de « querelles » entre francs-maçons russes. Six loges se sont séparées de la Grande Loge de Russie ( GLR) et ont fondé la Grande Loge Régulière Russe (GLRR) . En 2006, il y a eu une deuxième scission au sein de la Grande Loge de Russie . L’UGLE et la Grande Loge du District de Washington-Columbia tentent de résoudre le problème fraternellement… En 2008 la Grande Loge Unie de Russie ( GLUR) est formée.

Un petit groupe de francs-maçons, également martinistes, quittent leur obédience et rejoignent la Grande Loge Symbolique de France du Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraim . En 2009, cette obédience mixte a ouvert sa première loge à Moscou. En 2015, ce groupe s’est constitué sous le nom de Grande Loge Symbolique de Russie, qui pratique exclusivement le Rite Memphis-Misraim à 95 degrés et compte environ 150 membres (dont peut-être Eugene L. Kuzmischin lui-même, compte tenu de ses 33°-95° degrés). considéré).

La Grande Loge de Russie du Grand Maître Andrei Bogdanov pratique le RSAA et la version italo-roumaine du Rite Memphis-Misraim . Un chapitre britannique de l’Arche royale et un chapitre suprême du rite français sont également basés à Moscou. De plus, un groupe de la Grande Loge de Russie est admis aux hauts degrés du Grand Prieuré Rectifié de France ( Rite Ecossais Rectifié) .

En 2011, un groupe de maîtres maçons russes de diverses obédiences russes a fondé à Moscou le Grand Orient des Peuples de Russie ( GOPR), qui fait partie du cercle maçonnique français CLIPSAS , placé sous l’égide du Grand Orient de France. Le GOPR est mixte-observateur (homme et femme) et pratique le RSAA, le Rite Français et le Rite Memphis-Misraim. En 2020, le GOPR compte environ 400 membres.

En 2011, un groupe de la Grande Loge Unie de Russie quitte l’Obédience et rejoint la franc-maçonnerie mixte française Le Droit Humain , dont les loges sont fondées à Moscou, Saint-Pétersbourg et Vladimir. La loge russe Le Droit Humain compte une soixantaine de membres et pratique exclusivement le RSAA.

En 2011/2012, les deux premières loges fondées en Russie, la GODF et la GLDF, ont été « réveillées » par d’anciens membres de la Grande Loge Unie de Russie et ont repris leur travail maçonnique indépendamment des autres groupes maçonniques russes.

En 2013, un groupe de francs-maçons russes de la Grande Loge Unie de Russie et de la Grande Loge Symbolique de Russie en France ont été admis dans le Rite Rectifié Écossais (« Grand Prieuré Écossais Rectifié d’Occitanie »).

En 2017, 40 femmes russes (déjà initiées franc-maçonnes) fondent une loge à Saint-Pétersbourg en obéissance à la Grande Loge féminine de France . Une deuxième loge sera fondée à Moscou en 2020.

En 2020, un nombre important de membres de la Grande Loge Unie de Russie fondent la Grande Loge Souveraine de Russie à Saint-Pétersbourg.

Le mannequin russo-ukrainien Valeriya Lukyanova, surnommée « Odessa Barbie », a été initiée comme franc-maçonne dans le Grand Orient féminin de Mexico et propose à ses « disciples » une « initiation astrale » à la franc-maçonnerie. .…

À l’exception de la Grande Loge de Russie, tous les autres groupes maçonniques russes entretiennent des contacts entre eux.

7.4.1 Le rite écossais ancien et accepté en Russie

Le 14 mars 2015, un journal maçonnique intitulé « Jalons du rite écossais en Russie (1774-2014) » a été publié sur la page Facebook du Conseil suprême du rite écossais ancien et accepté en Russie ( Conseil suprême . La franc-maçonnerie russe a célébré le 240e anniversaire de la franc-maçonnerie écossaise en Russie. Voici juste quelques données que je trouve intéressantes :

  • 1774 : « Yelagin – Initiation au Rite des 7 Degrés (Londres) ».
  • 1939 : « Création du Conseil suprême de la Russie en exil (Paris) ».
  • 1994 : « Création du Consistoire Mikhaïl Garder n° 911 ».

Bien que cette page Facebook n’ait pas été mise à jour depuis 2015, il est tout de même intéressant de noter que la figure du franc-maçon Ivan I. Jelagin est considérée par le RSAA de Russie comme un pivot : Yelagin, Grand Maître de la Franc-maçonnerie russe, passionné et expert de la Kabbale juive, qui a été initiée au rite des sept degrés à Londres… J’ai parlé ici de Jelagin, un kabbaliste, dans la deuxième partie de mon étude .

Dans le livre « The Rite of Seven Degrees » (Lewis Masonic, Shepperton, UK, 2021), David Harrison (Maître maçon de l’UGLE) explique que le « Rite des Sept Degrés » (qui était également pratiqué par les francs-maçons russes au 18e siècle) enseigne (et rend expérimentable) les concepts initiatiques suivants : mort symbolique ou mort mystique, renaissance-mort, réintégration dans la communauté avec Dieu (« mystique Mort”, “renaissance”, “fraternité avec Dieu”…), imitation du grand architecte de l’univers, identification du candidat à Hiram, nécessité du sacrifice-mort-renaissance (cf. pp. 54-60). ..

Certes, les francs-maçons russes de la RSAA savent aussi que l’ésotérisme, la gnose (et le gnosticisme), le concept alchimique de mort mystique et de mort-renaissance, l’ascension mystique – comme le montre la Kabbale juive – conduisent à la réintégration ou à la réunification avec le Divin sont fondamentaux. au RSAA…

Le Père Paolo Maria Siano appartient à l’Ordre des Franciscains de l’Immaculée (FFI) ; Le docteur en historien de l’Église est considéré comme l’un des meilleurs experts catholiques en matière de franc-maçonnerie, à laquelle il a consacré plusieurs ouvrages de référence et de nombreux essais. A travers ses publications, il apporte la preuve que la franc-maçonnerie, depuis le début jusqu’à aujourd’hui, contenait des éléments ésotériques et gnostiques, qui justifient son incompatibilité avec la doctrine de l’Église.

Traduction/Notes de bas de page : Giuseppe Nardi
Image : Corrispondenza Romana/MiL/ROA (captures d’écran)

Franc-maçonnerie et ésotérisme en Russie depuis le XVIIIe siècle ( Partie 1 )
Franc-maçonnerie et ésotérisme en Russie depuis le XVIIIe siècle ( Partie 2 )
Franc-maçonnerie et ésotérisme en Russie depuis le XVIIIe siècle ( Partie 3 )
Franc-maçonnerie et ésotérisme en Russie depuis le XVIIIe siècle . ( Partie 4 )
Franc-maçonnerie et ésotérisme en Russie depuis 18ème siècle ( partie 5 )

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Charles-Albert Delatour
Charles-Albert Delatour
Ancien consultant dans le domaine de la santé, Charles-Albert Delatour, reconnu pour sa bienveillance et son dévouement envers les autres, exerce aujourd’hui en tant que cadre de santé au sein d'un grand hôpital régional. Passionné par l'histoire des organisations secrètes, il est juriste de formation et titulaire d’un Master en droit de l'Université de Bordeaux. Il a été initié dans une grande obédience il y a plus de trente ans et maçonne aujourd'hui au Rite Français philosophique, dernier Rite Français né au Grand Orient de France.

Articles en relation avec ce sujet

Titre du document

DERNIERS ARTICLES