Dans le monde feutré et symbolique de la Franc-maçonnerie, un nom émerge avec une plume à la fois érudite et humoristique : Philippe Benhamou. Né en 1957, cet essayiste français est devenu une figure incontournable pour ceux qui cherchent à comprendre ou à approfondir leur connaissance sur une des sociétés secrètes les plus discutées au monde.
Un Chercheur dans l’Âme
Docteur en intelligence artificielle, Philippe Benhamou a bifurqué vers un domaine où l’intelligence se mesure aussi à la capacité de décrypter les symboles et les rites. Membre de la Grande Loge de France depuis 1991, il apporte un éclairage moderne et accessible sur des traditions séculaires, ce qui en fait un pont idéal entre les initiés et les profanes.
Des Œuvres pour les Nuls… et les Initiés
Son œuvre la plus célèbre, “La Franc-Maçonnerie pour les Nuls”, co-écrite avec l’auteur américain Christopher Hodapp, a été publiée en 2006 et a rapidement conquis un large public. Ce livre, qui se veut être une introduction ludique et dépoussiérée à la Franc-Maçonnerie, a permis à Benhamou de toucher une audience qui ne se serait peut-être jamais penchée sur le sujet sans ce titre accrocheur de la collection “Pour les Nuls”.
Mais Philippe Benhamou ne se contente pas de vulgariser la Franc-Maçonnerie. Il écrit également des romans et des nouvelles qui plongent le lecteur dans le quotidien ou le symbolisme maçonnique. Son roman “Madame Hiramabbi” a même été récompensé par le Prix Cadet Roussel en 2014, illustrant sa capacité à marier fiction et ésotérisme avec une touche d’humour.
Un Auteur Multifacettes
Au-delà des livres, Benhamou est actif sur la scène médiatique. Co-créateur de la webradio RadioDelta, il anime l’émission “123 Soleil”, où il partage avec passion et esprit ses réflexions sur la Franc-Maçonnerie et d’autres sujets connexes. Il contribue également à divers magazines, comme Franc-maçonnerie magazine, où il continue d’éclairer les lecteurs sur les mystères et les réalités de la loge.
L’Homme derrière les Mots
Philippe Benhamou est un homme qui allie tradition et modernité dans ses écrits. Ses travaux ne se limitent pas à la Franc-Maçonnerie ; il a également exploré d’autres sujets comme l’histoire de l’aviation, montrant ainsi une curiosité intellectuelle et une capacité d’analyse qui ne s’arrêtent pas aux portes de la loge.
Pour résumer, Philippe Benhamou est plus qu’un simple auteur spécialisé dans la Franc-Maçonnerie. C’est un érudit qui, avec humour et précision, ouvre les portes des mystères maçonniques à quiconque désire y jeter un œil, ou plutôt, une plume. Il continue d’écrire, d’enseigner et de partager sa passion, rendant ainsi la Franc-Maçonnerie accessible, compréhensible, et surtout, toujours fascinante.
Philippe Benhamou, en bref, est le guide qui, avec un sourire et une érudition certaine, vous accompagne dans les méandres du temps et des rituels maçonniques.
Interview
Pouvez-vous vous présenter pour ceux qui ne vous connaissent pas encore (ils sont rares) ?
Pour reprendre les mots de nos rituels, je me décrirais comme « un humble postulant perdu dans les ténèbres ». Plus concrètement, je suis toujours en quête de sens, cherchant à comprendre si ma vie a une signification. Mais c’est précisément cette recherche qui donne du sens à mon existence. C’est une quête qui ne peut être menée seule, car ma vie est intrinsèquement liée à celle des autres, et plus largement à la Vie avec un grand V.
Votre parcours est intimement lié à la franc-maçonnerie. Qu’est-ce qui vous a initialement attiré dans cet univers et comment cela a-t-il influencé votre travail d’écriture ?
Comme je l’ai mentionné, la quête de connaissance personnelle et universelle m’a attiré vers la franc-maçonnerie. J’ai été initié dans une loge de la Grande Loge de France en 1991. En 2005, j’ai coécrit « La Franc-maçonnerie pour les Nuls », publié chez First Éditions. Ce livre n’était pas mon premier, mais il a été déterminant dans ma carrière d’écrivain, particulièrement dans le domaine maçonnique avant de m’étendre à d’autres sujets. Avec ma formation scientifique et ma carrière dans un centre de recherche, jamais je n’aurais imaginé que l’écriture puisse occuper une place aussi importante dans ma vie. Un frère m’a dit un jour de moi que j’étais un saltimbanque au pays des géomètres. Comme il y a des gauchers contrariés, je me considère comme un littéraire contrarié.
Avec une carrière prolifique en tant qu’auteur maçonnique, comment décririez-vous l’évolution de la perception de la franc-maçonnerie dans la société contemporaine ?
L’image de la franc-maçonnerie oscille comme un pendule. Grâce à nos efforts de communication, notamment par des ouvrages comme « La Franc-maçonnerie pour les Nuls », le journal 450.fm et Radio Delta, nous avons réussi à démystifier, plutôt que vulgariser, de nombreux aspects de notre pratique. La perception est moins chargée de clichés, bien que nous devions encore affronter les théories du complot et les actes de vandalisme contre nos temples.
Votre dernier ouvrage vient de paraître. Pouvez-vous nous en dire plus sur son contenu et ce qui vous a inspiré à l’écrire ?
Mon dernier projet, longtemps mûri, vient de paraître chez Numérilivre. Il s’agit d’une collection intitulée « À sa place et à son Office », destinée à guider les jeunes maîtres et jeunes maîtresses dans leur rôle au sein de la loge. Les trois premiers tomes sur le Vénérable Maître, le Premier et le Second Surveillant sont disponibles, et d’autres suivront. Ce guide pratique et accessible vise à fournir des repères clairs et des conseils pratiques pour éviter les écueils courants de ces fonctions essentielles.
Quels nouveaux éclairages ou perspectives espérez-vous offrir aux lecteurs avec ce livre ?
Avec cette collection, je souhaite offrir aux futurs officiers des outils concrets pour naviguer avec assurance dans leurs rôles respectifs. L’objectif est de leur fournir une compréhension claire de leurs responsabilités et des meilleures pratiques pour contribuer efficacement à la vie de leur loge. Cela est particulièrement vrai pour les surveillants dont le rôle est fondamental pour la pérennité de la loge : ils contribuent à édifier et consolider un groupe qui prendra la direction de la loge dans quelques années.
Comment abordez-vous le défi de rendre accessibles des concepts parfois complexes ou symboliques au grand public ?
Bien que nous puissions expliquer les rituels et symboles, et même décrire les mythes, rien ne remplace l’expérience directe de ces éléments en action lors des réunions maçonniques. C’est pourquoi, dans mes écrits, j’ai toujours cherché à équilibrer la clarté explicative avec le respect du mystère inhérent à notre pratique, invitant les lecteurs à découvrir par eux-mêmes les profondeurs de la Franc-maçonnerie. Ainsi, dans la Franc-maçonnerie pour les Nuls, j’ai cité le début du rituel d’ouverture de la Loge au 1er degré du Rite écossais ancien et accepté pour montrer au lecteur que s’il pense avoir tout compris, il lui reste encore des éléments mystérieux.
Quelle place accordez-vous à l’humour et à la pédagogie dans vos écrits, notamment dans le cadre maçonnique ?
L’humour est essentiel. Il permet de prendre du recul et de mettre en lumière les petits travers de nos pratiques, tout en posant des questions là où nous pensons avoir toutes les réponses. Dans mes écrits, j’utilise l’humour pour rendre les concepts accessibles et pour montrer que, malgré notre sérieux, nous sommes tous humains et imparfaits.
Et l’humour permet souvent de gratter là où ça fait mal et de poser des questions là où l’on pense avoir tout compris.
Selon vous, quelles sont les plus grandes idées reçues sur la franc-maçonnerie aujourd’hui, et comment vos ouvrages contribuent-ils à les déconstruire ?
Les idées reçues abondent : influence politique, contrôle financier, opposition aux religions. Mes livres s’efforcent de démystifier ces clichés en offrant une vue équilibrée et documentée de ce que nous sommes réellement : des femmes et des hommes engagés dans une quête personnelle et collective pour une meilleure compréhension du monde et de nous-mêmes. Des femmes et des hommes qui vont changer le monde pour le rendre meilleur, chacun à la hauteur de ses capacités.
Face aux défis sociétaux actuels, quel rôle la franc-maçonnerie peut-elle jouer en tant qu’acteur de réflexion et de transmission de valeurs ?
La franc-maçonnerie offre un cadre pour élargir notre conscience et dépasser nos limites personnelles. Que ce soit par l’engagement social ou la quête spirituelle – les deux approches ne sont pas incompatibles, la franc-maçonnerie promeut un humanisme qui peut répondre aux défis modernes par la solidarité et l’amour du prochain, des valeurs plus nécessaires aujourd’hui que jamais.
Avez-vous d’autres projets littéraires ou éditoriaux en préparation ? Si oui, pouvez-vous nous en donner un aperçu ?
Je continue de développer la collection « À sa place et à son office » qui s’enrichira de nouveaux titres en 2025. Par ailleurs, après avoir abondamment écrit sur la franc-maçonnerie, je me tourne désormais vers la fiction, un domaine qui s’est imposé à moi comme une nouvelle passion nécessaire à mon expression créative. J’ai déjà publié deux romans et récemment un recueil de nouvelles. L’écriture est devenue pour moi une nécessité. C’est exigeant mais très enrichissant.
Quel message souhaiteriez-vous transmettre à vos lecteurs, qu’ils soient initiés ou simplement curieux de découvrir la franc-maçonnerie ?
Mon conseil serait de travailler sans relâche, de ne jamais céder à la paresse intellectuelle ou spirituelle, et de trouver du plaisir dans cet effort. Comme l’écrit Jean de La Fontaine dans la fable « Le Laboureur et ses Enfants » : « Travaillez, prenez de la peine : C’est le fonds qui manque le moins ». En franc-maçonnerie comme dans la vie, c’est par le travail que nous pouvons espérer trouver des réponses et peut-être même un trésor.