mer 04 décembre 2024 - 19:12

Le « lévrier » de Dürer : Le Veltro et le « 515 » de la Fin des Temps

« Melencolia I »

Le grand peintre, mathématicien, dessinateur, et graveur allemand, Albrecht Dürer (1471-1528), le maître de Nuremberg, a réalisé en 1514, une étrange gravure sur cuivre intitulée : Melencolia I ou La Melencolia. Le terme Melencolia vient du latin melancholia qui est transcrit du grec melankholía, composé de mélas, qui signifie « noir », et de khōlé, « la bile ». Le mot signifie donc étymologiquement la « bile noire » associée à Saturne et à la « tristesse », mot qui n’avait pas pour les anciens le même sens qu’aujourd’hui, et qui est souvent utilisé comme synonyme de la dépression nerveuse considérée de nos jours comme une pathologie grave.

Notons aussi que Saturne (planète et signe) est aussi liée au cube.

La Melencolia I de Dürer n’a toujours pas livré ses secrets, car seuls ceux qui sont initiés à l’ésotérisme chrétien et qui sont donc en contact avec les représentants de la Tradition Primordiale, en possèdent la clé. Il est donc superflu d’insister sur le fait que nous ne ferons, dans cette brève étude, qu’effleurer notre sujet. Et si nous citons cette œuvre, c’est parce qu’elle montre un lévrier endormi – qui est un Monarque qui attend son « Heure » – aux pieds d’un ange qui semble, lui aussi, attendre « quelque chose ». Ce lévrier de Dürer, il ne fait aucun doute que c’est le lévrier de Dante, le Veltro et le « 515 » (Cinq-Cent-Dix et Cinq, le 500-10 et 5) de la Fin des Temps. Notons que le lévrier est un chien utilisé dans la chasse à courre pour traquer les « bêtes noires » comme le loup (symbole et animal-totem de la Lignée Caïnite) et l’ours. La Melencolia I est donc une œuvre qui se rapporte directement à cette période terminale du présent cycle de l’Humanité et à la venue du Grand Monarque. Elle nous parle de la mesure du temps et de l’« Heure » lors de laquelle vont se manifester des événements apocalyptiques.

Dürer Melancholia I

Ci-dessus : La Melencolia I, célèbre gravure réalisée en 1514 par le grand peintre, mathématicien, dessinateur, et graveur allemand, Albrecht Dürer (1471-1528), le maître de Nuremberg. Cette œuvre montre, en bas à gauche, un lévrier endormi aux pieds d’un ange qui semble attendre « quelque chose ». Ce lévrier de Dürer n’est autre que le lévrier de Dante, le Veltro et le « 515 » de la Fin des Temps. La Melencolia I est donc une œuvre qui se rapporte directement à cette période terminale du présent cycle de l’Humanité et à la venue du Grand Monarque. Elle nous parle de la mesure du temps et de l’« Heure » lors de laquelle vont se manifester des événements apocalyptiques.

La « douzième heure ».

A la suite de René Guénon, nous pensons que cette phase terminale du présent cycle a commencé au début du XIVe siècle avec la destruction de l’Ordre du Temple qui marque une rupture décisive – il y a un « avant » et un « après » cette destruction – dans l’histoire spirituelle de l’Occident, puisque c’est l’Ordre du Temple qui maintenait le lien avec les organisations initiatiques Orientales et la Tradition Primordiale Polaire. Les Templiers étaient en effet les « gardiens de la Terre Sainte », formule qui peut s’entendre selon différentes perspectives. C’est à partir de cette rupture que la « chute » de l’Occident s’est accélérée et que les forces contre-initiatiques et « sataniques » ont gagné du terrain et se sont répandues dans toutes les strates de la société. Initié à l’ésotérisme chrétien, Dürer a montré dans sa Melencolia I qu’il était conscient des grands bouleversements qui se préparaient, et que l’Occident était définitivement entré dans une période sombre qui verrait la manifestation de signes particulièrement éloquents.

Notons que cette gravure est datée de 1514 et que la somme des chiffres 1+5+1+4 donne le nombre « 11 » qui signe l’appartenance effective de Dürer à une organisation initiatique héritière de l’Ordre du Temple. La date de 1514 marque aussi le 200e anniversaire de la destruction du Temple, et ce n’est certainement pas qu’un simple « clin d’œil » du maître de Nuremberg à cet événement tragique. Elle signe au contraire la volonté de l’artiste de montrer que l’Occident est alors entré dans une période de « chute » accélérée depuis la disparition des moines/chevaliers et de leur influence – influence spirituelle – bénéfique. Notons aussi que cette date de 1514 figure dans le « carré magique » de la gravure est qu’elle est encadrée par les chiffres 1 et 4 qui correspondent respectivement au A d’Albrecht et au D de Dürer. L’œuvre est donc dûment signée, et l’artiste/initié a sans doute voulu dire que la Melencolia I marquait un moment important de sa vie.

En haut de la gravure, nous voyons un astre avec une queue qui traverse le ciel et qui semble vouloir s’écraser sur la terre. Cet astre ne peut être qu’une comète, et nous savons qu’une comète traversa en effet le ciel occidental au cours des années 1513 et 1514 (visible à la fin de décembre 1513 jusqu’au 20 février 1514). Dans ce contexte, le passage d’une comète (« astre de mauvais augure ») ne peut être qu’un mauvais présage et le signe annonciateur de grands bouleversements. Notons aussi que cet astre sombre se dirige vers une balance, symbole du signe zodiacal du même nom qui fait référence au « Jugement dernier » et à la Fin des Temps. Les tympans des cathédrales gothiques montrent en effet le Jugement Dernier ainsi que l’archange Michel pesant les âmes sur une balance qu’un démon essaie de faire pencher du mauvais côté. Tout indique dans cette œuvre que le « temps est compté », car à côté de la balance nous trouvons un sablier surmonté d’un cadran solaire qui indique la « douzième heure », celle où commencent les travaux maçonniques au Rite Ecossais Rectifié, et celle où Adam fut chassé du Paradis marquant ainsi sa « chute ».

En grossissant le cadran solaire, il apparaît que la « douzième heure » est marquée par la faux de la mort. L’heure est « grave » serions-nous tentés de dire. A côté du sablier et du cadran solaire apparaît une cloche reliée à une corde qui sort du cadre de la gravure. Le mystère reste donc entier sur l’identité de l’« agent » extérieur qui doit actionner cette cloche. Ce qui est certain en tout cas, c’est que cette cloche a la même fonction que les trompettes de l’Apocalypse, elle sert à annoncer « quelque chose » qui doit advenir prochainement.

Le « carré magique » qui mesure le temps.

Exactement sous la cloche annonciatrice de l’« Heure », et cette précision est importante car la cloche est directement associé à l’élément de la gravure qu’elle surmonte, nous voyons un « carré magique » (d’ordre n = 4 de 16 cases) dont la somme des nombres dans chaque rangée, verticale et horizontale, et dans chaque diagonale, donne 34, somme de tous les nombres de 1 à 16 (136, nombre sacré), divisée par 4. Comme nous l’avons déjà fait remarqué, dans ce « carré magique » se trouve la date de « 1514 », en bas sur la dernière rangée, qui ne laisse plus aucun doute sur le « message » qu’à voulu faire passer Dürer en ce qui concerne les conséquences désastreuses de la destruction de l’Ordre du Temple. Une des propriétés remarquables du « carré de Dürer » est qu’il est de type « gnomon », c’est-à-dire que la somme dans l’un de ses quatre quadrants, ainsi que la somme des nombres du carré du milieu, valent également 34, et le fait d’être un carré « gnomon » découle d’une propriété encore plus étonnante et bien plus rare : le « carré de Dürer » est « à symétrie centrale », c’est-à-dire que deux cases symétriques par rapport au centre donnent toujours la somme 17.

Ce n’est pas anodin que le « carré de Dürer » soit une sorte de « gnomon » (ce qui le lie directement au cadran solaire) dans lequel est inscrit le nombre « 17 ». Ainsi, ce « carré magique » invite à mesurer le temps et à indiquer une « heure ». Littéralement, le terme gnomon signifie : « qui discerne et qui règle », « qui connaît », ou encore « équerre ou cadran solaire » en grec. Dans les méridiennes, le gnomon désigne l’élément qui laisse passer les rayons du Soleil. C’est, le plus souvent, un trou cylindrique pratiqué dans une plaque scellée en hauteur dans un mur ou dans la verrière d’un édifice recevant la ligne méridienne. L’usage a donné le nom de « gnomon » à certaines méridiennes astronomiques, tel le fameux « gnomon de Saint-Sulpice » à Paris, et rappelons qu’une méridienne est un instrument ou une construction qui permet de repérer l’instant précis du midi solaire (la « douzième heure »). Nous comprenons mieux le lien entre la date d’exécution de l’œuvre, 1514, et la date dans le carré magique : Dürer voulait signifier que son carré magique servait à mesurer le temps.

Ci-contre : Le « carré magique » situé en haut, à droite (carré noté 1), dans la gravure intitulée Melencolia I réalisée en 1514 par Albrecht Dürer (la date de 1514 figure dans le « carré magique). Exactement sous la cloche annonciatrice de l’« Heure », Dürer a placé son « carré magique » d’ordre 4, de 16 cases, dont la somme des nombres dans chaque rangée, verticale et horizontale, et dans chaque diagonale, donne 34, qui est la somme de tous les nombres de 1 à 16 (136, nombre sacré), divisée par 4 (illustration Daniel Robin).

Ci-dessus : Le « carré magique » d’Albrecht Dürer est de type « gnomon », c’est-à-dire que la somme dans l’un de ses quatre quadrants (notés 1,2,3,4 dans l’illustration), ainsi que la somme des nombres du carré du milieu (10+11+6+7), valent également 34, et le fait d’être un carré « gnomon » découle d’une propriété encore plus étonnante et bien plus rare : le « carré de Dürer » est « à symétrie centrale », c’est-à-dire que deux cases symétriques par rapport au centre donnent toujours la somme 17 (illustration Daniel Robin).

Le « Roi du monde » et Jupiter.

Dans son De occulta philosophia, Livre second, publié en latin en 1533, Henri Corneille Agrippa de Nettesheim (1486-1535), dit Cornelius Agrippa, présente sept carrés magiques normaux, d’ordres 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, qui correspondent respectivement aux planètes Saturne, Jupiter, Mars, le Soleil, Vénus, Mercure, la Lune. Son « carré magique » d’ordre 4 correspond à la planète Jupiter et il est quasiment identique au « carré magique » de Dürer de même ordre. Il ne fait donc aucun doute que Dürer fait référence à la planète Jupiter et à son « carré magique » dans sa gravure. Notons qu’Henri Corneille Agrippa de Nettesheim et Albrecht Dürer étaient des contemporains et qu’ils se connaissaient. Ils étaient sans doute affiliés à des organisations initiatiques similaires qui participait au même courant « théurgico-prophétique », tout comme Nostradamus. Cornelius Agrippa avait rédigé sa De Occulta Philosophia dès 1510, et quelques exemplaires, aux dires de l’auteur, circulaient déjà sous le manteau à cette date. Il est donc certain qu’Albrecht Dürer avait eu connaissance du De Occulta Philosophia lorsqu’il a gravé sa Melencolia I en 1514.

Ci-dessus : à gauche, le « carré magique » de Jupiter de 16 cases. Au centre, le caractère de Jupiter, et à droite, le symbole astrologique de cette planète. Les 3 nombres de Jupiter sont 4, 16, 34 et 136. La planète Jupiter est donc étroitement associée au chiffre 4, au cadran, au cadran solaire de forme carrée, à la quadrature (quadrature du cercle). A noter que le caractère de Jupiter, au centre, est divisé en quatre parties égales (illustration Daniel Robin).

Dans une note de bas de page de son Roi du Monde (Note : René Guénon, Le Roi du Monde, éditions Gallimard, 1958, page 55, note 1), René Guénon lève un coin du voile sur les liens qui unissent le « Grand Monarque » de la Fin des Temps et la planète Jupiter : « Tsedeq est aussi le nom de la planète Jupiter, dont l’ange est appelé Tsadquiel-Melek ; la similitude avec le nom de Melki-Tsedeq (auquel est seulement ajouté El, le nom divin qui forme la terminaison commune de tous les noms angéliques) est ici trop évidente pour qu’il y ait lieu d’y insister. Dans l’Inde, la même planète porte le nom de Brihaspati, qui est également le « Pontife céleste ». – Un autre synonyme de Malkuth est Sabbath, dont le sens de « repos » se réfère visiblement à l’idée de la « Paix », d’autant plus que cette idée exprime, comme on l’a vu plus haut, l’aspect externe de la Shekinah elle-même, celui par lequel elle se communique au « monde inférieur ».

Pour bien comprendre le sens de cette note de René Guénon, il faut citer ce passage où il est question de Melki-Tsedeq : « Le nom de Melchissédec, ou plus exactement Melki-Tsedeq, n’est pas autre chose, en effet, que le nom sous lequel la fonction même du « Roi du Monde » se trouve expressément désignée dans la tradition judéo-chrétienne. Nous avons quelque peu hésité à énoncer ce fait, qui comporte l’explication d’un des passages les plus énigmatiques de la Bible hébraïque, mais, dès lors que nous nous étions décidé à traiter cette question du « Roi du Monde », il ne nous était véritablement pas possible de le passer sous silence. Nous pourrions reprendre ici la parole prononcée à ce propos par saint Paul : « Nous avons, à ce sujet, beaucoup de choses à dire, et des choses difficiles à expliquer, parce que vous êtes devenus lents à comprendre » (Note : René Guénon, Le Roi du Monde, éditions Gallimard, 1958, chapitre intitulé « MELKI-TSEDEK », page 48). Dans cet extrait, René Guénon énonce clairement que Melki-Tsedeq, qui est en lien étroit avec Jupiter (le dieu de la Lumière), est lui-même le « Roi du Monde », et plus loin il nous dit que : « Melki-Tsedeq est donc roi et prêtre tout ensemble ; son nom signifie « roi de Justice », et il est en même temps roi de Salem, c’est-à-dire de la « Paix » ; nous retrouvons donc ici, avant tout, la « Justice » et la « Paix », c’est-à-dire précisément les deux attributs fondamentaux du « Roi du Monde ». Il faut remarquer que le mot Salem, contrairement à l’opinion commune, n’a jamais désigné en réalité une ville, mais que, si on le prend pour le nom symbolique de la résidence de Melki-Tsedeq, il peut être regardé comme un équivalent du terme Agarttha » (Note : René Guénon, Le Roi du Monde, éditions Gallimard, 1958, chapitre intitulé « MELKI-TSEDEK », page 49).

« M » comme Monarque.

Si nous revenons à la Melencolia I de Dürer, nous voyons que la cloche située juste au-dessus du « carré magique » doit nous avertir du retour imminent du Grand Monarque, du Roi du Monde, de Melki-Tsedeq, du dixième Avatâra de la tradition hindoue, du Mahdî de la tradition islamique, du Veltro, qui n’est autre que le « 515 » (Cinq-Cent-Dix et Cinq, le 500-10 et 5), le lévrier de Dante qui est le même que celui qui figure sur la gravure de Dürer. Bientôt, le « Roi du Monde » sortira de l’Agarttha pour préparer la seconde venue du Christ. Et n’oublions pas que l’Agarttha est le centre spirituel suprême, invisible et souterrain, dépositaire de la Tradition Primordiale, qui s’est occultée et dissimulée aux hommes lorsque l’Humanité est entrée dans ce cycle « d’obscurcissement et de confusion » qu’est le nôtre, c’est-à-dire le Kali-Yuga, il y a environ 6 000 ans. Melki-Tsedeq reviendra et il occupera les fonctions de roi et de prêtre. Il sera « Roi de Justice », et comme nous le rappelle René Guénon : « Si maintenant nous prenons le nom de Melki-Tse-deq dans son sens le plus strict, les attributs propres du « Roi de Justice » sont la balance et l’épée ; et ces attributs sont aussi ceux de Mikaël, considéré comme l’« Ange du Jugement ». Ces deux emblèmes représentent respectivement, dans l’ordre social, les deux fonctions administrative et militaire, qui appartiennent en propre aux Kshatriyas, et qui sont les deux éléments constitutifs du pouvoir royal. Ce sont aussi, hiéroglyphiquement, les deux caractères formant la racine hébraïque et arabe Haq, qui signifie à la fois « Justice » et « Vérité », et qui, chez divers peuples anciens, a servi précisément à désigner la royauté. Haq est la puissance qui fait régner la Justice, c’est-à-dire l’équilibre symbolisé par la balance, tandis que la puissance elle-même l’est par l’épée, et c’est bien là ce qui caractérise le rôle essentiel du pouvoir royal ; et, d’autre part, c’est aussi, dans l’ordre spirituel, la force de la Vérité » (Note : René Guénon, Le Roi du Monde, éditions Gallimard, 1958, chapitre intitulé « MELKI-TSEDEK », page 53).

Il n’est pas inutile de rappeler que le sixième Ciel du Paradis (Chant XVIII) de La Divine Comédie est le « Ciel de Jupiter », dont la vertu caractéristique est la Justice, et nous voyons immédiatement le lien direct de ce Ciel avec le « Roi de Justice » évoqué par René Guénon. Le Chant XVIII du Paradis commence par ces quelques précisions : « Les Guerriers du Christ. […], SIXIEME CIEL : CIEL DE JUPITER (Esprits Justes et Pieux). Mille feux se disposent en forme de lettres, puis l’M final en forme d’Aigle […] (Note : Bibliothèque de la Pléiade nrf Gallimard, Dante, Œuvres complètes, page 1526). Il est important de citer les vers 88-97 du Chant XVIII : « Se montrèrent donc en cinq fois sept voyelles et consonnes ; et je notai les lettres dans l’ordre où elles m’apparurent. « DILIGITE IUSTITIAM », furent les premiers verbe et nom peint en incipit ; « QUI IUDICATIS TERRAM », furent les derniers. Puis dans la lettre M du cinquième mot elles demeurèrent ordonnées ; si bien que Jupiter paraissait d’argent incrusté d’or. Et je vis descendre d’autres lumières de la cime du M, et faire pose, chantant le Bien qui devers soi les tire ». Le Ciel de Jupiter est le siège des âmes des princes sages, qui sont justes et pieux. Les âmes qui résident dans ce Ciel apparaissent à Dante comme des lumières qui volent et chantent. Elles forment des lettres lumineuses qui composent la phrase « DILIGITE IUSTITIAM QUI IUDICATIS TERRAM », qui signifie : « Aimez la justice, vous qui gouvernez le monde », ou « Aimez la justice, vous les juges sur la Terre », ou encore, « Aime la justice toi qui juges le monde ». Après les lettres, les âmes des bienheureux, à partir du « M » final de « TERRAM », forment l’image d’un aigle qui est l’allégorie de l’Empire. Le « M » final est la première lettre du mot Monarchie qui renvoie au De Monarchia de Dante. Dans son Esotérisme de Dante, René Guénon précise encore une fois que : « […] le nom hébreu de la planète Jupiter est Tsedek, qui signifie « juste ». Quant à l’échelle des Kadosch, nous en avons déjà parlé : la sphère de Saturne étant située immédiatement au-dessus de celle de Jupiter, on parvient au pied de cette échelle par la Justice (Tsedakah), et à son sommet par la Foi (Emounah). Ce symbole de l’échelle semble être d’origine chaldéenne et avoir été importé en Occident avec les mystères de Mithra : il y avait alors sept échelons dont chacun était formé d’un métal différent, suivant la correspondance des métaux avec les planètes ; d’autre part, on sait que dans le symbolisme biblique, on trouve également l’Echelle de Jacob qui, joignant la terre aux cieux, présente une signification identique » (Note : René Guénon, L’ésotérisme de Dante, éditions Gallimard, 1957, pages 11 et 12).

Au-dessus du Ciel de Jupiter, Dante évoque le septième Ciel (Chant XXI du Paradis) qui est celui de Saturne. Les âmes qui résident dans ce Ciel se sont consacrées à la vie contemplative et à l’ascèse. Elles apparaissent à Dante comme des splendeurs qui montent et descendent les marches d’un « escalier céleste » lumineux, de la couleur de l’or brillant, et il est si haut, qu’on ne peut en voir le sommet. La tradition dit que Saturne instaura l’Age d’Or durant lequel régnait l’harmonie entre les hommes et les Cieux, c’est-à-dire les états d’être supérieurs. Le Ciel de Saturne de Dante est à rapprocher de la Melencolia I de Dürer car nous avons vu plus haut que le terme Melencolia vient du latin melancholia, mot qui signifie la « bile noire » associée à Saturne et à la « tristesse » dans le sens que lui donnaient les anciens. L’« escalier céleste » de Dante est donc identique à l’échelle à sept barreaux de la Melencolia I qui est bien évidemment l’Echelle de Jacob du Livre de la Genèse sur laquelle montent et descendent les anges. Notons que Jupiter est désigné comme étant le fils de Saturne, les deux « signes » sont donc étroitement liés l’un à l’autre, et les romains ont très tôt assimilé Saturne à Cronos qu’il ne faut pas confondre avec Chronos, le père des Heures, dieu du temps, et personnifications des douze heures du jour ou de la nuit.

Dürer initié à l’Hermétisme.

Cette brève analyse de la célèbre gravure de Dürer, centrée sur le lévrier (le Veltro et le « 515 ») montre combien cette œuvre est parfaitement structurée et répond à des critères et à un symbolisme précis. Si nous divisons la gravure en 4 parties égales, la structure apparaît nettement. L’ensemble est parfaitement cohérent.

Dans le carré noté 1 (voir illustration ci-dessous), nous avons :

  • le « carré magique » qui correspond au Ciel de Jupiter, à la mesure du temps et de l’« Heure » qui reste inconnue,
  • la cloche annonciatrice d’un événement majeur situé à la Fin des Temps,
  • le sablier (instruments de mesure du temps),
  • le cadran solaire (instruments de mesure du temps),
  • la balance du Jugement Dernier qui renvoie à l’Archange Saint-Michel et la pesée des âmes au Jugement Dernier,
  • le visage de l’ange (un ange couronné de lauriers) dont le regard se dirige vers le « M » de MELENCOLIA (« M » comme Monarque).

Dans le carré noté 2 (voir illustration ci-dessous), qui correspond au Ciel de Saturne, nous avons :

  • l’Echelle de Jacob qui monte vers le huitième Ciel qui est le Ciel des Etoiles Fixes,
  • la comète, qui comme la cloche annonce un événement majeur,
  • un arc-en-ciel qui symbolise l’Alliance entre le Ciel et la Terre,
  • une vaste étendue d’eau calme,
  • un port et une cité,
  • une chauve-souris (symbole des ténèbres et des forces maléfiques) qui montre sur la face interne de ses ailes le mot « Melencolia I »,
  • un creuset alchimique (référence à l’Hermétisme),
  • la surface supérieure de forme triangulaire d’un polyèdre également appelé rhomboèdre tronqué ou solide de Dürer (composé de 12 sommets, de 4 faces visibles et de 4 faces invisibles) sur lequel prend appui l’Echelle de Jacob (l’Echelle semble prendre naissance dans le polyèdre),
  • et enfin la moitié d’un chérubin.

Dans le carré noté 3 (voir illustration ci-dessous), nous avons :

  • la partie inférieure du polyèdre, qui pourrait bien être la « Pierre philosophale » permettant de gravir l’Echelle de Jacob qui monte vers les Cieux,
  • le Veltro endormi (le Grand Monarque),
  • une sphère, symbole de perfection, qui est le complément du « carré magique » (quadrature du cercle). Les deux figures ont une position parfaitement symétrique.
  • une roue de meunier,
  • une sphère et des outils pour travailler le bois et la pierre.

Enfin, dans le carré noté 4 (voir illustration ci-dessous), qui semble être le carré le plus pauvre en symboles, nous avons :

  • un compas tenu par l’ange,
  • une règle,
  • des clous,
  • et surtout, la partie inférieure du vêtement de l’ange. Dans les plis de ce vêtement nous trouvons des clés qui signifient le pouvoir, et une bourse qui signifie la richesse (indications fournies par Dürer).

Ci-dessus : Si nous divisons la Melencolia I en quatre parties égales, nous pouvons alors structurer de façon cohérente les différents éléments symboliques qui la compose. Bien évidemment, d’autres découpages beaucoup plus complexes sont possibles tant cette œuvre est riche de sens (Note : L’un des meilleurs sites Internet qui offrent une analyse détaillée de la Melencolia I est sans aucun doute celui-ci : Site sur ce lien ) (illustration Daniel Robin).

Une étude exhaustive de la Melencolia I nous permettrait d’appréhender la profondeur et l’étendue des connaissances (mathématiques, géométriques, astronomiques, astrologiques, hermétiques, etc.) de Dürer et aussi celles des initiés à l’Hermétisme chrétien de cette époque. Le maître de Nuremberg faisait partie d’une longue « chaîne » d’initiés qui prenait sa source dans l’Ordre interne et secret des Templiers. Cette chaîne initiatique ininterrompue passait par Dante Alighieri (1265-1321), Henri-Corneille Agrippa de Nettesheim (1486-1535), Jean Trithème (1462-1516), Philippus Theophrastus Aureolus Bombast von Hohenheim dit Paracelse (1493-1541), Michel de Nostredame dit Nostradamus (1503-1566), et se poursuivait au sein de la Fraternité des Rose+Croix.

Il n’est peut-être pas inutile de rappeler à ce propos ce que disait René Guénon de la Fede Santa, l’organisation initiatique à laquelle appartenait Dante : « L’association de la Fede Santa, dont Dante semble avoir été l’un des chefs, était un Tiers-Ordre de la filiation templière, ce qui justifie l’appellation Frater Templarius ; et ses dignitaires portaient le titre de Kadosch, mot hébreu qui signifie « saint » ou « consacré », et qui s’est conservé jusqu’à nos jours dans les hauts grades de la Maçonnerie. On voit déjà par là que ce n’est pas sans raison que Dante prend comme guide, pour la fin de son voyage céleste, saint Bernard, qui établit la règle de l’Ordre du Temple ; et il semble avoir voulu indiquer ainsi que c’était seulement par le moyen de celui-ci qu’était rendu possible, dans les conditions propres à son époque, l’accès au suprême degré de la hiérarchie spirituelle » c’est-à-dire l’accès à la Tradition Primordiale occultée dans l’Agarttha (Note : René Guénon, L’ésotérisme de Dante, éditions Gallimard, 1957, pages 11 et 12). Plus loin, il ajoute cette remarque qui indique que la « chaîne » initiatique depuis Dante jusqu’aux Rose+Croix, ne s’est pas rompue : « […] il y a des raisons de penser que la Fede Santa, au temps de Dante, présentait certaines analogies avec ce que fut plus tard la « Fraternité de la Rose-Croix », si même celle-ci n’est pas plus ou moins directement dérivée de celle-là » (Note : René Guénon, L’ésotérisme de Dante, éditions Gallimard, 1957, page 12).

Sources bibliographiques :

  • « Agarttha – A la recherche du Dépôt Sacré – La lignée secrète Tome 2 » (Daniel Robin).
  • « Les Templiers de l’Agarttha – Gardiens de la Terre Sainte et de la Tradition Primordiale » (Daniel Robin).

1 COMMENTAIRE

  1. Passionnante et rare approche de la gravure. Merci
    Pour un autre regard, pourquoi ne liriez-vous pas également l’article publié en janvier 2023 ici : 450.fm/2023/01/03/la-melancolie-demoniaque-ou-angelique/

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Daniel Robin - Vertical Project
Daniel Robin - Vertical Projecthttps://vertical-project.com
Co-fondateur de Vertical Project, il prône un rapprochement entre science et spiritualité qui déboucherait sur une « troisième voie de connaissance », qui pourrait conduire, dans un futur proche, vers une compréhension plus profonde de l’Univers et une attitude plus respectueuse vis-à-vis de la nature. Il a fait des recherches approfondies dans les domaines de la spiritualité et de l’ésotérisme. Passionné d’astronomie et d’exobiologie, il a toujours été fasciné par la question de savoir s’il existait d’autres civilisations évoluées dans l’Univers. D’où son engagement dans l’étude des ovnis qui n’est pas seulement livresque. Il est aujourd’hui président de l’association Ovni Investigation basée à Lyon et anime un Réseau d’enquêteurs au niveau national. Ses recherches l’ont amené a effectué des enquêtes sur le terrain auprès de témoins directs du phénomène ovni. Daniel Robin a publié de nombreux articles et dossiers sur la question de l’existence des civilisations extraterrestres dans des magazines spécialisés et sur différentes sites Internet. Il organise à Lyon les « Rencontres des Sciences et de l’Inexpliqué » qui sont des cycles de conférences dont l’objectif principal est de rapprocher la science et les phénomènes inexpliqués (ovnis, expériences de mort imminente, parapsychologie, phénomènes en lien la spiritualité au sens large).

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