Shoshin, l’art de conserver l’esprit du débutant : une leçon de modestie et d’apprentissage continu. Dans le bouddhisme zen et les arts martiaux japonais, le terme shoshin, signifiant « esprit du débutant », représente une approche essentielle de la pratique et de la vie. Cette philosophie, prônée par des figures majeures du zen telles que Dogen, fondateur de l’école Sōtō, et Shunryu Suzuki, maître zen contemporain, incite chacun à cultiver une humilité constante, quel que soit le niveau atteint.
Adopter le shoshin, c’est embrasser l’idée qu’il y a toujours à apprendre et à améliorer, même pour le plus expérimenté des maîtres. « Dans l’esprit du débutant, n’existe pas la pensée “j’ai atteint quelque chose” », expliquait Shunryu Suzuki. Cette idée est centrale dans la voie du zen, mais aussi dans la discipline du budo (arts martiaux) : il s’agit de progresser avec un esprit frais et ouvert, sans jamais penser que le chemin est accompli.
Cette mentalité va bien au-delà de la simple pratique spirituelle ou martiale. Le shoshin est une invitation à se libérer des pensées égocentriques, qui risquent de limiter la compréhension. Selon Suzuki, le vrai secret des arts martiaux et du zen réside dans cette disposition mentale : un expert devrait continuellement apprendre avec l’esprit d’un novice, pour éviter de sombrer dans la complaisance et maintenir sa vigilance.
Appliqué au quotidien, le shoshin encourage à redécouvrir chaque expérience, qu’elle soit familière ou nouvelle, comme si elle était unique. Cette capacité à garder un regard neuf est un outil précieux pour quiconque cherche à éviter les certitudes ou à enrichir ses connaissances de manière authentique. Que ce soit dans l’apprentissage ou dans la vie de tous les jours, le shoshin rappelle que la véritable sagesse réside dans l’acceptation que nous n’avons jamais terminé d’apprendre.
Ainsi, l’esprit du débutant nous invite à une modestie face à nos savoirs, à une curiosité renouvelée et à une discipline sans relâche. Dans un monde en constante évolution, le shoshin s’avère un allié précieux pour cultiver la résilience, la souplesse mentale, et une ouverture propice à l’épanouissement personnel et collectif.
Bien que la tradition japonaise du shoshin (« esprit du débutant ») et les principes de la Franc-maçonnerie proviennent de cultures distinctes, leurs valeurs centrales s’accordent de manière surprenante.
Pratiqué dans le bouddhisme zen et les arts martiaux, shoshin invite chaque pratiquant à aborder chaque situation avec humilité et ouverture, comme s’il la découvrait pour la première fois. De même, la Franc-maçonnerie, société initiatique occidentale, valorise la progression personnelle et l’abandon des certitudes pour une quête perpétuelle de vérité.
Pour les pratiquants de shoshin, le secret de l’apprentissage et de la sagesse réside dans la capacité à conserver une attitude de débutant, indépendamment de leur niveau de maîtrise. Cette idée est résonante dans la Franc-maçonnerie, où l’initié évolue graduellement à travers des degrés et des symboles, incité à ne jamais se considérer comme détenteur absolu de la connaissance. Dans ces deux disciplines, la modestie est essentielle pour éviter l’orgueil et les illusions d’achèvement spirituel.
Un autre point commun est l’importance de l’introspection. Le shoshin encourage à réévaluer les certitudes, à réexaminer chaque expérience pour en tirer des leçons nouvelles. En Franc-maçonnerie, les rituels et symboles sont aussi des moyens pour l’initié de regarder en lui-même et d’affronter ses limites, dans un objectif d’amélioration constante. Comme shoshin, la Franc-maçonnerie voit dans le cheminement individuel une étape perpétuelle vers la perfection, un processus de transformation intérieure.
Ces deux approches, bien qu’ancrées dans des cultures distinctes, prônent l’idée que la véritable sagesse repose dans la remise en question permanente et le dépassement de soi. Que ce soit dans l’art martial ou le symbolisme maçonnique, shoshin et Franc-maçonnerie convergent vers un idéal d’humilité et d’évolution personnelle, où l’apprentissage et l’ouverture d’esprit deviennent des valeurs cardinales pour tendre vers la meilleure version de soi-même.