CLIPSAS :
vers une dérive autoritaire ?
Retour sur une assemblée générale sous tension
À la suite de notre article publié en mai dernier sur 450.fm (voir: Les dirigeants du CLIPSAS ne reconnaissent plus la liberté de la presse), où nous avions dénoncé l’entrave à la liberté de la presse par les dirigeants du CLIPSAS, de nouveaux éléments viennent renforcer l’idée que cette organisation fraternelle pourrait bien être en pleine dérive.
L’Assemblée Générale de 2024, qui s’est déroulée en Albanie, a laissé place à un climat de confusion et de mécontentement. Des décisions cruciales, prises dans des conditions discutables, sont aujourd’hui au cœur d’une controverse qui pourrait entacher la légitimité même du CLIPSAS. L’absence de budget formel, l’absence d’un vote sur le lieu de la prochaine AG, et la gestion pour le moins opaque de ces événements soulèvent des interrogations majeures. Pire encore, c’est l’intégrité du Grand Maître de la South Carolina Grand Lodge of Ancient Free & Accepted Masons, Rashad Muhammad, qui est remise en cause, ajoutant à la tempête que traverse le CLIPSAS.
Le contexte : une assemblée sous tension et une motion de confiance
Le point de départ de cette controverse réside dans la manière dont l’Assemblée Générale de 2024 s’est achevée. En effet, malgré une réunion formellement conclue, aucun lieu ni budget pour l’Assemblée Générale de 2025 n’avait été validé. Ce sont des points essentiels, selon l’article 8 du Règlement Général du CLIPSAS, qui exige qu’un budget prévisionnel détaillé soit présenté et voté avant d’engager toute organisation future. Or, seule une candidature de la South Carolina Grand Lodge of Ancient Free & Accepted Masons a été soumise, sans qu’aucun document budgétaire ne l’accompagne. Face à cette situation, le Bureau a choisi de soumettre une motion de confiance afin de pouvoir décider seul du lieu de la prochaine Assemblée, un acte qui contourne de fait les votes de l’ensemble des membres.
Cette décision, bien que soutenue par une majorité relative des Obédiences présentes, semble marquer une rupture avec les principes démocratiques du CLIPSAS. En effet, le Règlement Général ne permet pas une telle concentration de pouvoir entre les mains du Bureau. La motion de confiance, votée à la majorité, ne peut en aucun cas remplacer le processus collégial qui exige la validation formelle de toutes les décisions par les membres lors de l’Assemblée.
La candidature controversée de la Caroline du sud
L’autre point névralgique de cette situation réside dans la candidature de la South Carolina Grand Lodge of Ancient Free & Accepted Masons, dirigée par le controversé Rashad Muhammad. En 2011, celui-ci a été mis en cause dans une affaire judiciaire retentissante, accusé de trafic de cannabis d’une valeur de 2,2 millions de dollars【Source: Article 1 – Live5News.com et Article 2 – Live5news.com. Bien que le procès ait été suspendu suite à un mistrial (annulation du procès), il est essentiel d’expliquer ce que signifie réellement ce terme sur le plan juridique pour mieux comprendre les implications de cette situation pour le CLIPSAS. Avant d’aller plus loin, soulignons que le système américain reconnaît la présomption d’innocence, d’autant que la charge de la preuve repose toujours sur l’accusation.
Le « mistrial » : explication juridique
Un mistrial survient lorsqu’un procès ne peut être mené à terme en raison d’une erreur procédurale ou de circonstances exceptionnelles qui empêchent le jury d’arriver à une décision unanime. Cela peut se produire pour plusieurs raisons, comme des irrégularités dans la présentation des preuves, une mauvaise conduite de la part des jurés, ou l’impossibilité pour ces derniers de parvenir à un consensus. Contrairement à un acquittement, qui signifie que l’accusé est reconnu non coupable, un mistrial laisse la porte ouverte à la possibilité d’un nouveau procès. En d’autres termes, l’accusé n’est ni innocenté ni condamné, et l’affaire reste juridiquement non résolue【source: Cornell Law School】.
Dans le cas de Rashad Muhammad, son procès pour trafic de drogue a été annulé pour cause de mistrial, mais cela ne nous dit rien concernant les accusations portées contre lui. De plus, il n’y a eu aucune autre tentative de le juger à nouveau, laissant ainsi en suspens cette affaire judiciaire. Pour le CLIPSAS, une organisation qui s’enorgueillit de défendre des valeurs morales et éthiques élevées, le choix de confier l’organisation de la prochaine Assemblée Générale à une Obédience dirigée par une personnalité au passé judiciaire aussi trouble pose de sérieux problèmes d’image.
Une violation des procédures du Clipsas
En plus des questions soulevées par le passé de Rashad Muhammad, il est crucial de revenir sur les aspects procéduraux qui ont été ignorés lors de l’Assemblée Générale de 2024. En effet, la candidature de la South Carolina Grand Lodge of Ancient Free & Accepted Masons ne respectait pas les critères établis par le Règlement Général. Non seulement elle n’était pas accompagnée d’un budget, mais elle n’a pas non plus fait l’objet d’un vote en bonne et due forme. Or, l’article 8 du Règlement est clair : toute proposition pour organiser une Assemblée Générale doit inclure un budget prévisionnel, et ce dernier doit être soumis à l’approbation de tous les membres lors de l’Assemblée.
Le recours à une motion de confiance pour autoriser le Bureau à décider seul du lieu de la prochaine Assemblée constitue donc une entorse manifeste à ces règlements. Il convient dès lors de se demander si les décisions prises lors de cette Assemblée sont légales et valides.
Peut-on considérer que le Bureau du CLIPSAS a outrepassé ses prérogatives ?
L’ECOSOC ET LES IMPLICATIONS INTERNATIONALS
Une autre dimension importante à prendre en compte est la relation du CLIPSAS avec l’ECOSOC (Conseil économique et social des Nations Unies). Le CLIPSAS jouit d’une reconnaissance auprès de cette instance, qui impose des standards rigoureux en matière de transparence et d’intégrité.
Comment l’ECOSOC réagirait-il face à la nomination de Rashad Muhammad, un homme dont le passé judiciaire est empreint de soupçons, à la tête de l’organisation d’un événement aussi crucial ?
Cela pourrait nuire à la crédibilité internationale du CLIPSAS et remettre en question sa place au sein des organisations affiliées à l’ONU.
Questions juridiques et morales en suspens
En conclusion, les décisions prises lors de l’Assemblée Générale de 2024 ouvrent la voie à de nombreuses interrogations. Le Bureau du CLIPSAS s’est-il engagé dans une voie autoritaire, en s’octroyant des pouvoirs que seul l’ensemble des membres aurait dû valider ? Peut-on légitimement confier l’organisation d’une Assemblée à une Obédience dirigée par un Grand Maître dont l’affaire judiciaire reste en suspens ? Ces questions, tant juridiques que morales, méritent une réponse claire.
Dans notre article précédent, nous avions soulevé une question cruciale : « Quelle suite juridique ou fraternelle sera donnée à cette affaire ? ». Il semble aujourd’hui que la réponse soit sur le point d’éclater. Selon nos sources, plusieurs Obédiences envisagent de prendre des mesures légales contre le CLIPSAS pour contester la légitimité de l’Assemblée Générale qui s’est tenue en Albanie cette année. Une annonce officielle serait imminente, ce qui pourrait marquer un tournant décisif dans cette crise.
Le CLIPSAS, en tant qu’organisation fraternelle de premier plan, doit impérativement rétablir la transparence dans ses processus décisionnels. Il en va non seulement de la confiance de ses membres, mais aussi de sa crédibilité internationale.
Un point important à noter est de se demander comment le CLIPSAS a pu laisser cette obédience être admise au sein de cette institution, sachant les antécédents de certains de ses membres. Il est d’autant plus surprenant qu’en 2015, le président du CLIPSAS était déjà Louis DALY, aujourd’hui toujours en poste. Louis DALY, un ancien policier à la retraite, était un homme de loi. Comment, sous sa présidence, a-t-il pu ignorer qu’en 2011, soit quatre ans avant l’admission de l’obédience, Rashad Muhammad avait déjà été mis en cause dans une affaire de cette ampleur ?
La rédaction A contactÉ la direction du CLIPSAS ainsi que Rashad Muhammad en personne, afin d’obtenir plus d’information. À cette heure, nous n’avons reçu aucune réponse de leur part… Affaire à suivre.
Oh la la, attends un peu… ce gars-là, Muhammad, il s’est carrément pointé au poste de police tout seul, hein, pour se rendre ! C’est écrit noir sur blanc qu’il a été mis en tôle en attendant son procès. Voilà ce qui est marqué ici : https://casetext.com/case/us-v-muhammad-15
C’est écrit :
“Le 27 août 2008, Muhammad s’est rendu de son plein gré à la police de North Charleston suite à un mandat délivré pour possession avec intention de distribuer de la marijuana et des accusations en lien avec des armes à feu. Le 30 décembre 2008, une mise en accusation et une audience de détention ont eu lieu concernant cet acte d’accusation. À la suite de cela, l’accusé a été placé en détention.”
Mais attends, le pire c’est que dans le commentaire d’avant, ils disent ni coupable, ni innocent, mais il est bel et bien derrière les barreaux ! Comment tu veux laisser passer ça, franchement ? Un Président de CLIPSAS qui permet qu’un type comme ça reste dans une institution aussi sérieuse ? Mais c’est complètement inadmissible, je te le dis moi !
Ni condamné ni innocenté… 😞