jeu 19 septembre 2024 - 14:09

La Laïcité Tunisienne (par Jean-Pierre Zana)

Je suis né à Sfax, dans le Sahel Tunisien et j’ai grandi avec mes amis musulmans, chrétiens, orthodoxes et juifs sans problèmes. Nos grands-mères partageaient les gâteaux lors de fêtes religieuses avec tous nos amis. Nous allions dans les églises, les mosquées et les synagogues où nos grands-pères demandaient que l’on soit « sages ».

En 1960, avec Christian et Raouf nous étions assis sur le port de Sfax où les militaires embarquaient dans les bateaux et nous étions tristes. Bourguiba est devenu président et lors des manifestations, les ouvriers de mon père nous raccompagnaient chez nous pour ne pas être pris en otage.

Nous avons vécu une vraie laïcité où nous vivions ensemble avec nos différences, mais le respect des uns et des autres.

J’ai retrouvé un document dont l’insigne montre la laïcité, un régiment qui s’est engagé en 1914 et en 1939-1945. Beaucoup de tunisiens musulmans, chrétiens et juifs se sont engagés avec l’armée des Etats-Unis pour rejoindre l’armée Française en Italie et remonter jusqu’à Berlin.

4e régiment de tirailleurs tunisiens

Le 4e RTT est créé le 14 décembre 1884 en Tunisie sous l’appellation de 4e RTA. Il sert sans interruption jusqu’au 31 mai 1962, date à laquelle il est dissous en Algérie, où il avait été rapatrié en septembre 1958, suite à l’indépendance de la Tunisie.

L’écriture arabe se traduit par ” sous la garde (ou sous la protection) d’Allah ( في حفظ الله’)

Le 4ème régiment des tirailleurs tunisiens était un régiment d’infanterie de l’Armée Française en activité entre 1884 et 1956 ; c’est le régiment les plus décoré de l’Armée Française.

Un notable musulman vient de dire publiquement : « Écoute-moi, France amie. Te souviens-tu de ces turcos à la calotte rouge, véritable et interminable champ de coquelicots, qui, le regard enflammé, scrutaient à travers le créneau de la tranchée les gestes du Boche ?

Les revois-tu bondissant par-dessus le parapet, semblables à des lions et sautant chez le voisin pour l’anéantir ? Les revois-tu tombant à mi-chemin, encourageant dans leur agonie, lente ou rapide, les camarades des autres vagues qui poursuivaient le même but et tombaient à leur tour ?

Te souviens-tu quand, plus tard, en bataillons ardents, coude à coude avec leurs vaillants frères français, ils s’élançaient, en des 
luttes homériques, sus au Teuton ?

Fauchés par la mitraille, ils avançaient quand même ; aveuglés par les gaz délétères, ils marchaient sans souci du danger ; broyés par les marmites, ils couraient à la victoire, bousculant l’ennemi et lui faisant mordre la poussière, atteignant enfin l’adversaire et le taillant en pièces. Oh ! les beaux hommes ! Les braves gens ! Comme leur héroïsme cadrait bien avec celui des incomparables poilus de France.

« Écoute-moi, France aimée. Connais-tu les noms, l’origine de ces héros qui, d’une façon obscure, sont morts pour toi, oui, pour toi, sans autre souci que celui d’immoler leur jeunesse pour que toi, bienfaitrice de l’univers, champion de la civilisation, tu puisses vivre ? Et ce, sans récompense autre que celle, posthume, de la reconnaissance ? Peu importe leurs noms, pourvu que leur mémoire soit éternelle. Ils savaient, ces soldats magnifiques, que leur trépas, consenti pour ta juste cause, n’était pas un sacrifice inutile. Ils songeaient, avant de pénétrer dans l’au-delà, que tu serais compatissante à la douleur des leurs, laissés à l’arrière. Ils étaient sûrs que tu pleurerais leur mort au même titre que celle de tes propres enfants. Et c’était pour eux une sorte de pieuse joie de mourir ainsi à l’ombre de ton fier drapeau, ce drapeau qui a réalisé tant de conquêtes, non seulement par le sabre, mais aussi grâce aux principes d’humanité que tu as sue, depuis des siècles, inculquer aux peuples placés sous ta tutelle. »

Ses rangs ne sont formés que de fils de la douce Tunisie, encadrés par des Français et quelques Algériens de choix. Il serait impossible, même dans un long ouvrage, de retracer 
tous les traits d’héroïsme qui foisonnent dans l’histoire de ces tirailleurs, mais aujourd’hui chacun sait ce que signifient les mots « Attaque et Défense », « Tenir et Vaincre », chacun sait ce qu’ils coûtent, et la simple énumération de ces attaques et de ces défenses suffira pour légitimer l’orgueil avec lequel les tirailleurs du 4e régiment de marche portent leur fourragère aux couleurs de la Légion d’honneur. 

Nous sommes à Verdun, le 24 octobre 2016, officiers français et étrangers rangés sous les couleurs de nombreux pays et une pluie battante pour célébrer le centenaire de la reprise du fort de Douaumont. Ciel triste, ambiance nostalgique, émotions fortes : lectures et projections d’images rappellent tant la violence des combats que les actions héroïques, spécialement des troupes venues d’outre-mer. Un long moment, l’accent est mis sur la contribution considérable des tirailleurs tunisiens dans cette terrible bataille. En tant qu’officier tunisien, cela éveille en moi de forts sentiments d’appartenance et de fierté.

« Sous La Garde d’Allah » et durant 72 ans (en activité entre 1884 et 1956), le 4è régiment de tirailleurs tunisiens fut l’un des régiments les plus décorés de l’armée française. Mobilisé par la République, il connut d’abord la trop célèbre horreur des tranchées avant de se couvrir de gloire face à la barbarie nazie. Toujours et en tous lieux, sur les différents fronts et champs de bataille, les tirailleurs tunisiens firent preuve d’une profonde loyauté, d’une immense ardeur au combat et d’un remarquable esprit de sacrifice.

Dépassant les postures bien compréhensibles de la période de l’indépendance et remettant à leur place certains reflexes idéologiques parfois encore vivaces mais aussi décalés que compassés, n’est-il pas temps de mettre les actes glorieux de ces hommes au premier rang de la liste des exemples à suivre en matière de courage, d’esprit de camaraderie et d’audace ?

Combien il serait utile à la Tunisie moderne de se remémorer les durs et étroits sentiers parcourus par les hommes du 4è régiment de tirailleurs tunisiens et leurs frères d’armes. Cela représente un héritage inestimable, destiné à enrichir et soutenir les générations actuelle et futures dans les combats de toutes sortes.

Il est temps de décomplexer notre vision historique et que la Tunisie se réconcilie avec son passé et avec son histoire militaire en particulier, en rendant hommage à ses « anciens », saluant leur héroïsme durant les deux guerres mondiales.

Ahmed Ben Abdallah
Officier stagiaire de la promotion Gallois, 24è promotion de l’École de guerre. Issu de l’Académie militaire Fondouk Jedid en Tunisie, le LTC Ahmed Ben Abdallah a participé́ à de nombreux déploiements et opérations. Avant de re- joindre la 24è promotion de l’École de guerre (2016-2017), il était commandant du Centre d’excellence EOD tunisien (CEET).

Les femmes Tunisiennes

Nos grands-mères quand elles faisaient le ménage ou la lessive s’habillaient comme ces femmes tunisiennes. Mais quand elles sortaient, elles s’habillaient autrement.

Lors d’un mariage, ou quand il faisait chaud avec sirocco elles utilisaient le Sefseri un voile traditionnel féminin porté en Tunisie.

Les femmes tunisiennes d’Antan, participaient à des Miss locales et mondiales dans les années 60 à 80.

Les femmes tunisiennes portaient des vêtements occidentaux sauf dans les années 90, les femmes tunisiennes ont perdu leur liberté.

La Tunisie a défendu pendant longtemps la Laïcité, mais malheureusement les pays riches du Moyen Orient Islamiques politiques ont imposé le voile qui n’est pas religieux. L’Imane Kahina Bahloul, première femme imam de France a publié « mon Islam, ma liberté ». Sur France Inter mais aussi sur le monde et sur YOUTUBE. Elle a demandé d’arrêter de faire du voile un symbole de l’Islam. L’essor des idéologies islamistes, accompagné d’un processus de réislamisation de la société ayant pour ambition de donner un fondement religieux à l’organisation politique et sociale, fonde son projet sociétal sur une dichotomie entre les genres. Celle-ci se traduit par une normativité sociale dont l’objectif premier est le contrôle du corps de la femme, source de tentations et de désordre social.

En conclusion regardez les photos ci-dessous et engagez-vous dans le débat.

3 Commentaires

  1. Merci Jean Pierre
    Très émouvant de retrouver notre enfance dans ce récit dont bon nombre vont ce retrouver
    C’était notre « Laïcité «  à la Tunisienne

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