sam 23 novembre 2024 - 12:11

Abraham, la geste abrahamique : la vision symbolique (2/2)

Du site blog-glif.fr

(Retrouvez l’article 1/2 pour ceux qui ne l’auraient pas lu : cliquez ici)

Notre Très Cher Frère Jean G. s’est penché sur la geste du Patriarche Abraham. Il en a déduit une vision originale au travers le regard du mythe. Compte tenu de la richesse du contenu, son texte est publié en deux parties. Nous publions la seconde partie. Il écrit :

Une vision symbolique du nom.

Abraham n’est-il pas symboliquement le passage à l’hominisation ? Abraham ne recommence-t-il pas la Genèse depuis son début, en l’intériorisant ? La nouvelle Eve est Saraï, (nom sumérien Yskia, « celle qui voit »).

Compte tenu de sa parenté avec Abram, sœur, demi-sœur ou nièce, son statut d’épouse ne va pas forcément de soi. Elle ne deviendra la femme d’Abram que lorsque celui-ci prendra conscience de sa beauté, c’est-à-dire quand elle deviendra sexualisée et non plus seulement une représentation d’une identité généalogique. C’est en écoutant les autres parler de la beauté de Sarah, que le Patriarche accédera à la sexualisation de leur relation, ce qui est un pas symbolique vers l’humanisation de leur couple.

Abram n’a pas non plus d’identité, il est sumérien, peuple qui invente la parole écrite, la première dans notre monde. Il suit son père Thera en exode jusqu’à Haran[1].

C’est à Haran (ou Hârran) qu’Abram entend dieu pour la première fois : « Va-t’en de ton pays, du lieu de tes origines et de la maison de ton père, vers le pays que je te montrerai » Gn 12,1. Certains insinuent que le nom de la ville d’Harran aurait été donné par Terah en souvenir de son fils Haran. Terah mourra à Harran.

Abram a les éléments pour accéder à lui-même, mais n’y arrive pas encore. Le « Lehk-lekha », « va vers toi », ou « va pour toi », ou « sois toi-même », qu’il a entendu de la voix d’un dieu, ne se réalise pas encore.

L’errance et le miracle de la postérité.

Il erre des dizaines d’années, sans terre, sans descendance, sans nom. Il n’existe pas en quelque sorte. Car pour lui exister, c’est se reproduire charnellement, « posséder » une femme, une famille, une terre, un nom pour l’histoire. C’est ce qui fait un humain aux yeux des autres humains, un titre, des possessions, un nom pour l’histoire. Le message n’est-il pas clair : exister se joue ailleurs ? Mais où et comment ? Il n’est pas encore un patriarche à part entière, car même pas père, peut-être le refuse-t-il au fond de lui ? Comme Saul plus tard refusera un temps la royauté avant de s’y soumettre suivant la volonté du peuple, quittant l’ère des Juges pour passer à celle des Rois et fonder un État.

Abram eut tardivement et miraculeusement son fils Isaac[2]. C’est à 99 ans que dieu contracta avec lui l’alliance, actée par la circoncision des hommes, dont la contrepartie est la fondation future d’Israël.  Il maria Isaac à Rebecca la fille de son frère Nachor resté à Ur, qu’il envoya chercher alors qu’il était déjà émigré dans la future Palestine.

Rebecca fut stérile et tardivement comme Sarah, fut mère. Elle eut les jumeaux Saul et Jacob. L’histoire bégaie et hésite.

Isaac, est celui qui rit. Il rit de la fécondité advenue chez le vieillard centenaire et la femme nonagénaire, ses parents. Il rit de la propre infécondité de son couple.

Un motif de méditation : patriarche « par procuration » ?

N’y a-t-il pas dérision de devoir fonder le peuple, mais en fait l’humanité, alors que tous sont stériles ? Cela ne nous indique-t-il pas qu’à côté de cette fondation généalogique, l’enjeu est ailleurs ?

N’est-ce pas ce qui nous est proposé de méditer ?

Abram n’est pas Juif. Il acquière sa judéité par les femmes qui donneront le peuple juif à travers une fécondité tout à coup permise et longtemps refusée. Le moment de l’alliance, de la circoncision, du contrat avec un dieu précède cette entrée dans le monde humain qui s’opère par le changement de son nom en Abraham. En fait, il ne naît pas juif, il le devient.

C’est par la femme « belle », une sorte d’anima jungienne, qu’il peut accéder à une complétude, identitaire (chez les Juifs c’est la femme qui donne l’identité), à la fécondité, et à une terre qui n’est plus tant de ce monde mais de l’Esprit. Ainsi par la beauté, révélée plus par d’autres regards que le sien, Abram deviendra Abraham, ouvrier d’une espérance.

Chez Platon nous trouvons la même chose (Banquet). Par la beauté sensuelle d’un seul (un maître) nous accédons à l’Idée de la beauté de tous qui évolue en prise de conscience du concept de beau en général, qui se transmue en Idée du Bien et de l’Amour du Bien et finalement en spiritualité.

Abraham, l’étranger, le nomade, le stérile n’advient à lui-même, qu’à travers une autre terre, qui n’est pas celle de ses pères, la fixation sur celle-ci, une fertilité qui a besoin de l’autre, de l’étranger (son premier fils, Ismaël, est aussi celui de l’étrangère paradigmatique, l’égyptienne Agar), des autres. Il n’est rien par lui-même. C’est un patriarche par procuration, sur une autre terre, selon un autre mode de vie, par l’intermédiation du féminin prophétique. C’est par tous ces « autres » qu’il vient à lui-même, paradoxe de l’incomplétude élevée comme Être, manque remplit par le désir, esprit qui appelle le spirituel.

Abraham c’est la figure du manque, de terre, de généalogie, du féminin, du divin. Il n’accède à la prise de conscience du plus haut désir qu’en envisageant et expérimentant les autres.

L’expansion de l’être n’est pas de ce monde mais est envisagé dans ce monde, comme passage, pèlerinage, parcours nécessaire, et inévitable. Elle passe par la conscientisation paradigmatique de l’altérité à travers la matière, la filiation, l’amour charnel. Les expériences alternatives de nous-mêmes sont à la fois extraordinaires, dérisoires et prêtent à rire. En sortant de nous-mêmes elles nous y ramènent mais pour changer de plan. Notre terre n’est pas ici, notre filiation non plus, notre anima, notre âme, notre réconciliation avec notre féminin-Intellection suprême, non plus. Revenir à nous-mêmes c’est nous perdre dans le spirituel pour nous retrouver.

Abraham, père des sciences de la philosophie ?

Une autre interprétation, qui finalement n’est différente qu’en apparence est celle que nous livre Saint Clément d’Alexandrie au deuxième siècle. Il évoque Abraham comme celui qui commence par déployer la science, la philosophie comme propédeutique au spirituel :

« La philosophie fait profession de pratiquer la continence dans l’usage des sens, et s’il est beau de l’embrasser pour elle-même, elle paraitra plus auguste et s’élèvera plus haut, si on l’embrasse pour honorer Dieu et arriver à sa connaissance. L’Écriture va nous fournir un témoignage pour confirmer ce que nous venons de dire : Sara, la femme d’Abraham, était depuis longtemps stérile ; comme elle n’enfantait pas, elle permit à Abraham de s’approcher de sa servante Agar, l’égyptienne, pour en avoir des enfants. Ainsi donc la sagesse, qui est la compagne du fidèle, c’est-à-dire d’Abraham qui fut réputé fidèle et juste, était encore stérile et sans enfants, puisqu’elle n’avait produit aucun fruit de vertu. Elle voulait donc avec raison que celui qui marchait déjà dans la voie du progrès s’approchât d’abord de la science mondaine (l’Égypte est le symbole qui représente le monde), et qu’ensuite s’approchant d’elle, la sagesse, selon la volonté de la providence divine, l’épouse légitime, il engendrât Isaac.[3] »

Un lien avec l’hermétisme ?

Ainsi dans l’enfance de l’humanité, Abram, accompagné par la Sagesse, Sara, qui n’est pas sans rappeler la Sophia Pistis de l’Hermétisme, accède-t-il à la science symbolisée par l’Égyptienne Agar, pour comprendre le monde, et à la philosophie pour s’y mouvoir avec justesse, justice et sagesse. C’est un passage obligatoire, une initiation avant d’aborder le Grand Arcane divin.

Et Clément de continuer pédagogiquement :

« J’ai pris la science du siècle comme la plus jeune et comme une simple servante ; mais votre science je la respecte et l’honore comme la vraie maîtresse. » …… « la philosophie est la recherche de la vérité et de la nature des choses ; et la vérité c’est Dieu »

Clément explique l’identité entre Agar l’égyptienne et la science, la continuité qui existe entre science, philosophie et divin.

Il finit par citer Numénius, visiblement en acquiesçant à sa proposition

« Platon a puisé beaucoup à cette source ; car il fit preuve d’une grande érudition. Pythagore aussi, transporta dans sa philosophie un grand nombre de dogmes empruntés à nos livres. C’est pourquoi Numénius, philosophe pythagoricien, dit formellement :

« Qu’est-ce que Platon, sinon un Moïse athénien ?[4] »

Synthèse.

Abraham est l’homme étranger, nomade, stérile. Il est l’incarnation du désir, homme du manque, du vide. Mais il est le vase à remplir, le destin à accomplir, à construire. Il est symbole de l’humanité. Il avance, malgré la nostalgie du ciel, du spirituel. C’est devant lui qu’il espère le trouver et non pas dans le retour en arrière, dans la réaction et le dogmatisme figé.

La Caravane d’Abraham, James Tissot, 1896-1902, musée juif (New York).

ANNEXE.

Chap 12 LIVRE DE LA GENÈSE

01 Le Seigneur dit à Abram : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai.

02 Je ferai de toi une grande nation, je te bénirai, je rendrai grand ton nom, et tu deviendras une bénédiction.

03 Je bénirai ceux qui te béniront ; celui qui te maudira, je le réprouverai. En toi seront bénies toutes les familles de la terre. »

04 Abram s’en alla, comme le Seigneur le lui avait dit, et Loth s’en alla avec lui. Abram avait soixante-quinze ans lorsqu’il sortit de Harane.

05 Il prit sa femme Saraï, son neveu Loth, tous les biens qu’ils avaient acquis, et les personnes dont ils s’étaient entourés à Harane ; ils se mirent en route pour Canaan et ils arrivèrent dans ce pays.

06 Abram traversa le pays jusqu’au lieu nommé Sichem, au chêne de Moré. Les Cananéens étaient alors dans le pays.

07 Le Seigneur apparut à Abram et dit : « À ta descendance je donnerai ce pays. » Et là, Abram bâtit un autel au Seigneur qui lui était apparu.

08 De là, il se rendit dans la montagne, à l’est de Béthel, et il planta sa tente, ayant Béthel à l’ouest, et Aï à l’est. Là, il bâtit un autel au Seigneur et il invoqua le nom du Seigneur.

09 Puis, de campement en campement, Abram s’en alla vers le Néguev.

10 Il y eut une famine dans le pays et Abram descendit en Égypte pour y séjourner car la famine accablait son pays.

11 Quand il fut sur le point d’entrer en Égypte, il dit à Saraï, sa femme : « Vois-tu, je le sais, toi, tu es une femme belle à regarder.

12 Quand les Égyptiens te verront, ils diront : “C’est sa femme” et ils me tueront, tandis que toi, ils te laisseront vivre.

13 S’il te plaît, dis que tu es ma sœur ; alors, à cause de toi ils me traiteront bien et, grâce à toi, je resterai en vie. »

14 En effet, quand Abram arriva en Égypte, les Égyptiens virent la femme et la trouvèrent très belle.

15 Les officiers de Pharaon la virent, chantèrent ses louanges à Pharaon et elle fut emmenée au palais.

16 À cause d’elle, on traita bien Abram qui reçut petit et gros bétail, ânes, esclaves et servantes, ânesses et chameaux.

17 Mais le Seigneur frappa de grandes plaies Pharaon et sa maison à cause de Saraï, la femme d’Abram.

18 Pharaon convoqua Abram et lui dit : « Que m’as-tu fait là ! Pourquoi ne m’as-tu pas fait savoir qu’elle était ta femme ?

19 Pourquoi as-tu dit : “C’est ma sœur” ? Aussi je l’ai prise pour femme. Maintenant, voici ta femme, prends-la et va-t’en ! »

20 Pharaon donna ordre à ses gens de le renvoyer, lui, sa femme et tout ce qu’il possédait.

[1] En 529, l’empereur romain d’Orient, Justinien Ier, fit fermer l’Athènes. Aussi, sept philosophes néoplatoniciens durent quitter Athènes : Damascius le Diadoque Simplicios de Cilicie, Priscien de Lydie, Eulamios de Phrygie, Hermias de Phénicie, Diogène de Phénicie et Isidore de Gaza. Ils s’exilèrent volontairement en Perse, chez le roi Khosrô Ier, qui les installa à Harran ; après le traité de paix conclu entre Khosrô Ier et Justinien Ier en 532, ils rentrèrent en Grèce.

   Les textes syriaques évoquent un évêque monophysite, Siméon des Olivies, qui s’efforça vers 700 de convertir des manichéens, des païens et des Juifs de la région. Ils évoquent également des Sabéens, ceux de la ville de Harran ayant joué un grand rôle dans la traduction en arabe des ouvrages issus de l’Empire byzantin. Adorateurs des étoiles, les Sabéens semblent avoir formé une communauté de païens hellénisés, qui conservèrent l’enseignement astrologique des Babyloniens jusqu’au Xesiècle. Adeptes de l’hermétisme, et de ce fait menacés physiquement, ils tentèrent en vain de faire admettre leur religion au nombre des cultes monothéistes officiels.

Le plus célèbre des sabéens de Harran est Thābit ibn Qurra, un mathématicien, astronome et astrologue, qui traduisit en arabe de très nombreux textes scientifiques grecs. Le théologien chrétien Théodore Abu Qurrah fut, de 795 à 812, évêque orthodoxe de Harran. C’est également la ville natale de l’astronome, astrologue et mathématicien Al-Battani (env. 855-923) et du théologien musulman Ibn Taymiyya (1263).

Note personnelle : A noter que ce lieu est une sorte de pont entre Orient et Occident.

[2] Genèse 17

1.   Lorsque Abram fut âgé de quatre-vingt-dix-neuf ans, l’Éternel apparut à Abram, et lui dit : Je suis le Dieu tout puissant. Marche devant ma face, et sois intègre.

2.   J’établirai mon alliance entre moi et toi, et je te multiplierai à l’infini.

3.   Abram tomba sur sa face ; et Dieu lui parla, en disant :

4.   Voici mon alliance, que je fais avec toi. Tu deviendras père d’une multitude de nations.

5.   On ne t’appellera plus Abram ; mais ton nom sera Abraham, car je te rends père d’une multitude de nations.

6.   Je te rendrai fécond à l’infini, je ferai de toi des nations ; et des rois sortiront de toi.

7.   J’établirai mon alliance entre moi et toi, et tes descendants après toi, selon leurs générations : ce sera une alliance perpétuelle, en vertu de laquelle je serai ton Dieu et celui de ta postérité après toi.

8.   Je te donnerai, et à tes descendants après toi, le pays que tu habites comme étranger, tout le pays de Canaan, en possession perpétuelle, et je serai leur Dieu.

9.   Dieu dit à Abraham : Toi, tu garderas mon alliance, toi et tes descendants après toi, selon leurs générations.

10. C’est ici mon alliance, que vous garderez entre moi et vous, et ta postérité après toi : tout mâle parmi vous sera circoncis.

11. Vous vous circoncirez ; et ce sera un signe d’alliance entre moi et vous.

12. À l’âge de huit jours, tout mâle parmi vous sera circoncis, selon vos générations, qu’il soit né dans la maison, ou qu’il soit acquis à prix d’argent de tout fils d’étranger, sans appartenir à ta race.

13. On devra circoncire celui qui est né dans la maison et celui qui est acquis à prix d’argent ; et mon alliance sera dans votre chair une alliance perpétuelle.

14. Un mâle incirconcis, qui n’aura pas été circoncis dans sa chair, sera exterminé du milieu de son peuple : il aura violé mon alliance.

15. Dieu dit à Abraham : Tu ne donneras plus à Saraï, ta femme, le nom de Saraï ; mais son nom sera Sara.

16. Je la bénirai, et je te donnerai d’elle un fils ; je la bénirai, et elle deviendra des nations ; des rois de peuples sortiront d’elle.

17. Abraham tomba sur sa face ; il rit, et dit en son cœur : Naîtrait-il un fils à un homme de cent ans ? et Sara, âgée de quatre-vingt-dix ans, enfanterait-elle ?

18. Et Abraham dit à Dieu : Oh ! qu’Ismaël vive devant ta face !

19. Dieu dit : Certainement Sara, ta femme, t’enfantera un fils ; et tu l’appelleras du nom d’Isaac. J’établirai mon alliance avec lui comme une alliance perpétuelle pour sa postérité après lui.

20. À l’égard d’Ismaël, je t’ai exaucé. Voici, je le bénirai, je le rendrai fécond, et je le multiplierai à l’infini ; il engendrera douze princes, et je ferai de lui une grande nation.

21. J’établirai mon alliance avec Isaac, que Sara t’enfantera à cette époque-ci de l’année prochaine.

22. Lorsqu’il eut achevé de lui parler, Dieu s’éleva au-dessus d’Abraham.

23. Abraham prit Ismaël, son fils, tous ceux qui étaient nés dans sa maison et tous ceux qu’il avait acquis à prix d’argent, tous les mâles parmi les gens de la maison d’Abraham ; et il les circoncit ce même jour, selon l’ordre que Dieu lui avait donné.

24. Abraham était âgé de quatre-vingt-dix-neuf ans, lorsqu’il fut circoncis.

25. Ismaël, son fils, était âgé de treize ans lorsqu’il fut circoncis.

26. Ce même jour, Abraham fut circoncis, ainsi qu’Ismaël, son fils.

27. Et tous les gens de sa maison, nés dans sa maison, ou acquis à prix d’argent des étrangers, furent circoncis avec lui.

[3]St Clément d’Alexandrie. Stromates. Livre I Chap V,21.

[4] St Clément d’Alexandrie. Stromates. Livre I, chap Chap XXII, 97.

1 COMMENTAIRE

  1. On peut remarquer les changements de noms dans ces versets!
    5- ON NE T’APPELLERA PLUS ABRAM ; MAIS TON NOM SERA ABRAHAM, CAR JE TE RENDS PÈRE D’UNE MULTITUDE DE NATIONS
    15- TU NE DONNERAS PLUS À SARAÏ, TA FEMME, LE NOM DE SARAÏ ; MAIS SON NOM SERA SARA.
    Le problème des femmes les plus imminentes, dans l’Ancien Testament, appelées «les Mères», fut cependant celui de leur stérilité provisoire, problème résolu et dissolu par l’épreuve de l’ALTÉRITÉ. Ce qui apparaît de la capacité du devenir-mère dans l’infini textuel de la genèse est de l’ordre de la spiritualité, car c’est la volonté divine qui accordera la descendance comme récompense existentielle. C’est que l’on peut lire de leurs histoires. Les patriarches, eux, sont des hommes féconds, leurs servantes en témoignent.
    Avbram eu Ismaël avec la servante Agar. Pendant ce temps-là, sa femme Saraï a préservé son incomparable beauté dans la souffrance de sa stérilité. «Quand une femme est enceinte elle est enlaidie et manque de grâce. Ainsi pendant les 90 ans où Saraï n’eut pas d’enfant, elle était comme une fiancée sous son dais» se lit dans Genèse 45-4. Ce qui pourrait être à entendre c’est que l’accomplissement de sa maternité se fait par le changement dans les noms du père et de la mère. Saraï devient Sarah. Le midrash explique que le yod perdu (valeur 10) de Saraï est le signe du masculin et de la puissance. Il y a cassure de ce yod en 2 hé (valeur 5). La substitution de ce yod en hé (h) dans le nom de Sarah est l’indicatif du féminin et symbole de fécondité. C’est comme si Saraï donnait quelque chose d’elle à Abram, qui devient dans le texte Abraham, comme si, à partir du moment où elle reconnaissait l’Autre (en l’occurrence l’enfant d’Hagar), Sarah devenait féconde par cette reconnaissance. (Genèse 17-5 et 17-15). Ce rapprochement peut être fait également pour Agar devenue Hagar après sa maternité.

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Pierre d’Allergida
Pierre d’Allergida
Pierre d'Allergida, dont l'adhésion à la Franc-Maçonnerie remonte au début des années 1970, a occupé toutes les fonctions au sein de sa Respectable Loge Initialement attiré par les idéaux de fraternité, de liberté et d'égalité, il est aussi reconnu pour avoir modernisé les pratiques rituelles et encouragé le dialogue interconfessionnel. Il pratique le Rite Écossais Ancien et Accepté et en a gravi tous les degrés.

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