sam 14 septembre 2024 - 20:09

Liliane Mirville – Grande Maîtresse de la GLFF interviewée par la rédaction

Nous sommes honorés d’accueillir Liliane Mirville qui, le samedi 1er juin 2024 à l’issue de l’Assemblée Générale annuelle, a été élue par les Députées Grande Maîtresse de la Grande Loge Féminine de France (GLFF), pour cette interview exclusive. Forte de son expérience et de son engagement profond, elle incarne un nouveau souffle pour cette institution vénérable et se prépare à diriger avec sagesse et vision la plus grande obédience féminine au monde.

Liliane Mirville : Bonjour, en premier lieu, je voudrais saluer vos lectrices et lecteurs et vous remercier de cette interview.

450.fm : Très respectable sœur, très chère Liliane, pouvez-vous nous parler des grandes figures féminines qui vous ont inspirée tout au long de votre vie, qu’elles soient maçonniques ou non ?

LM : Quatre grandes figures féminines m’ont inspirée et ont tracé ma voie de femme et de femme Franc- Maçonne : Olympe de Gouges, Louise Michel, Simone de Beauvoir, Simone Veil. Ces personnalités ont marqué leur époque ,par leur destin hors norme. Ce sont des femmes, héroïques, des pionnières éclairées et les plus illustres figures de nombreux combats menés par les femmes pour l’égalité, l’abolition de l’esclavage, la défense pour leur émancipation…

450.fm : Pourriez-vous partager avec nous un moment marquant de votre carrière maçonnique qui a particulièrement influencé votre parcours ?

L. M. : Un moment marquant de ma carrière maçonnique a été l’initiation de femmes en tant que Vénérable Maîtresse d’une loge de la Grande Loge Féminine de France. Une responsabilité, une grande émotion, une grande joie, un devoir de transmission ininterrompue de la démarche initiatique et spirituelle. Initier des femmes, c’est les mettre à un début de chemin. C’est leur faire prendre conscience de leurs potentialités, de prendre la mesure de leur liberté, de leur faire comprendre la place vitale qu’elles occupent dans l’univers par leur engagement fécond dans la construction de la Cité pour une humanité meilleure.

450.fm : Quels sont, selon vous, les défis actuels les plus importants pour la franc-maçonnerie féminine en France ?

L. M. : Pour moi, il n’y a qu’un seul défi , celui qui consiste à dépasser le clivage des valeurs masculines et des valeurs féminines pour arriver à reconnaître leur valeur universelle de paix. En somme c’est réunir ce qui épars aujourd’hui.

450.fm : Comment envisagez-vous de faire rayonner les valeurs de la Grande Loge Féminine de France ?

L. M. : Faire rayonner nos valeurs : c’est porter haut et fort notre idéal maçonnique  et les valeurs qui nous rassemblent, c’est aussi et surtout, porter haut et fort un message d’Espérance.

Tout d’abord, la GLFF, ordre initiatique, a pour but le perfectionnement de l’humanité ; à cet effet, les franc maçonnes travaillent à l’amélioration constante de la condition humaine…Elles ont pour devoir d’étendre à tous les membres de l’humanité les liens fraternels qui les unissent. Elle a pour objet la recherche constante et sans limite de la Vérité, de la Justice, dans le respect d’autrui et la liberté absolue de conscience … (art 1 de la Constitution).

Être initiée à la GLFF, c’est se construire, travailler à l’intérieur des loges pour porter à l’extérieur l’idéal et nos valeurs. Mais c’est aussi agir, prendre position, c’est se sentir responsable du monde réel dans lequel nous vivons.

Entrer dans une Obédience féminine ,c’est se battre pour celles qui n’ont pas  la liberté de se battre. C’est se battre pour celles  qui n’osent pas ou ne peuvent pas parler.

Toute l’action de nos pionnières a été de participer activement à l’émancipation des femmes :

-à la reconnaissance des droits sociaux des femmes,

-au développement de la contraception, à la légalisation et l’inscription de l’IVG dans la Constitution.

Nous devons poursuive ces actions, avec ardeur, permettant l’émancipation des femmes qui se rassemblent autour des valeurs de la République, dont la GLFF fait siennes, LIBERTE -EGALITE- FRATERNITE 

450.fm : Quelles initiatives spécifiques prévoyez-vous pour renforcer la présence de la GLFF dans le paysage maçonnique français ?

L. M. : La GLFF occupe une place prépondérante au sein de la Franc Maçonnerie mondiale.

Elle est la première Obédience maçonnique féminine dans le monde, compte aujourd’hui 13000 membres voire 25000 membres avec les Grandes Loges Féminine dans le monde,  issus d’horizons et de milieux différents .C’est une Association  avec  452 loges réparties en France métropolitaine, en Outre-mer, dans de nombreux pays d’Afrique, d’Amérique du Nord, et d’Europe sur 4 continents et 20 pays.

Les initiatives spécifiques pour renforcer notre présence dans le paysage maçonnique passe par d’une part, par l’organisation de nombreux colloques, conférences, salons maçonniques, journées régionales, visio conférences et d’autre part par les nombreuses visites des Conseillères Déléguées auprès des loges dont elles ont la charge ce qui favorise les échanges et les liens et renforce la solidité féminine.

450.fm : Comment prévoyez-vous de vivifier la vie initiatique et spirituelle au sein de la GLFF ?

L. M. : La Grande Loge féminine de France travaille dans différents domaines :  symbolique, philosophique et sociétal selon plusieurs rites : REAA rite de l’Obédience, RF avec ses 4 variantes, Rite Écossais Rectifié, Rite d’Adoption, Rite Ancien et Primitif Memphis Misraïm. Ces différents rites offrent de nouvelles voies de recherches, qui répondent aux différentes sensibilités pour les Sœurs de la GLFF ainsi que pour les profanes.

L’initiatique est bien le socle de notre démarche qui nous rassemble et fonde notre unité. Ce travail initiatique collectif est incontournable, il est effectué en Loges, selon le rituel que, chacune a choisi.

Notre dimension initiatique nous offre les forces et les méthodes qui nous permettent à nous, femmes initiées « d’être et de devenir ».

450.fm : Quelle est votre vision pour l’avenir de la laïcité et des droits des femmes dans le contexte actuel ?

L. M. : Bien que le principe de laïcité soit inscrit dans la Constitution de la République Française dans son article 1, celui-ci est bien malmené depuis quelques années.

Nous assistons à une résurgence du religieux dans la société. La tentation du communautarisme, proposant une organisation sociale sur la base de communautés fondées, la plupart du temps, sur des lois religieuses, et vivant les unes à côté des autres, à l’exemple des pays anglo-saxons, doit être considérée comme contraire à ce qui caractérise l’organisation de la société française depuis la loi du 9 décembre 1905. Ce qui se passe en ce moment, avec des demandes croissantes d’accommodements qui peuvent sembler  raisonnables,  droits à la différence en matière religieuse sont plus s inquiétants pour l’avenir, pour la liberté, l’égalité et la fraternité.

Est-il nécessaire d’ajouter que laïcité et droit des femmes sont intimement liés ? Les femmes sont toujours les premières victimes des intégrismes religieux.

Nos combats et nos engagements doivent continuer avec plus d’ardeur encore ,pour dénoncer les structures de domination masculine, les stéréotypes, les difficultés des femmes : violence, difficulté économique, plafond de verre, prostitution, terrorismes religieux et politiques…

450.fm : Comment comptez-vous intégrer les nouvelles technologies dans les pratiques et les communications de la GLFF ?

L. M. : Je dirais que pour le moment , nous n’utilisons que les médias “classiques”. En dehors du digital, nous communiquons grâce à nos communiqués, envoyés à la presse, et grâce à nos publications.

450.fm : Quels sont les principaux projets qui vous tiennent à cœur pour les trois prochaines années de votre mandat ?

L. M. En complément du projet « Vivifions la vie initiatique et spirituelle », je vous en citerai trois autres :

Contribuer à notre rayonnement

Ma volonté, c’est de communiquer davantage, par tout type de support, pour faire connaître pleinement dans le monde la spécificité féminine et ses valeurs distinctives de la Grande Loge féminine de France et ainsi susciter le « désir » chez d’autres femmes de nous rejoindre.

Au sein de l’Obédience, c’est organiser davantage de Tenues Blanches Fermées, de Tenues Communes entre loges avec une pluralité de conférencières qui, j’en suis persuadée, auront à cœur de faire partager leurs travaux.

Les thèmes de réflexion émanent de multiples directions :

-des commissions (Laïcité, Droits des Femmes, Ethique et Bioéthique, Vœux, Histoire et Recherche maçonnique, etc.), des congrès régionaux,  des loges de l’obédience avec les travaux .

C’est mettre au point des colloques ou autres manifestations pour partager auprès d’un large public, nos publications, écrites par des femmes Franc Maçonnes, » Voix d’Initiées et Les Cahiers de Bathilde Vérité » et systématiquement proposées lors de chaque évènement.

Être visible en Europe, à l’International et Outre- Mer, nos actions déjà entreprises avec l’Institut maçonnique européen que nous avons créé en 2008, pour porter la voix de la Grande Loge Féminine de France auprès des institutions sont à pérenniser.

Rayonner passe par un développement de la GLFF. Incorporer de nouvelles loges en France, en Europe, en Outre-mer et à l’International dans l’Obédience, puis fonder de nouvelles obédiences féminines indépendantes et souveraines font partie des priorités de l’évolution de la GLFF.

De nombreuses Obédiences émanant de la GLFF ont déjà été créées. En 2025, nous espérons, voir la naissance d’une, voire deux nouvelles Obédiences féminines….

Favoriser un recrutement dynamique

Le paysage maçonnique a changé, de nombreuses Obédiences se sont ouvertes aux femmes et la pandémie COVID est passée par là, comme les autres Obédiences, nous avons vu nos effectifs diminuer, aussi nous devons favoriser un recrutement dynamique, alors comment peut-on faire ?

J’ai demandé en Convent que chaque Sœur de la GLFF devienne une « Ambassadrice » active favorisant la cooptation comme mode de recrutement de nos loges mais aussi « des Ambassadrices » d’une Franc-Maçonnerie féminine actuelle lors de tous nos événements. Ce comportement est vital pour le devenir de notre Obédience. A cet effet, lors de notre prochaine Assemblée, un débat de fond portera sur la thématique «   la Jeunesse-notre Avenir » ?

Placer la solidarité au sein de notre engagement

La solidarité est une des valeurs à laquelle je suis profondément attachée. C’est une valeur essentielle qu’il nous faut transmettre d’autant plus que nous vivons une période de crise économique importante au quotidien qui génère beaucoup d’inquiétudes et d’anxiétés.

Nous avons Un Fonds de dotation qui s’appelle « Femmes Ensemble ».

Nous participons aux actions inter obédiencielles, en ce qui concerne l’emploi, l’aide aux anciens, la colonie de vacances…

450.fm : Pouvez-vous nous en dire plus sur le fonds de dotation « Femmes Ensemble » et comment il soutient les droits des femmes et la solidarité ?

L. M. : Le Fonds de dotation « Femmes Ensemble »   qui, grâce aux dons de nos membres, vient en aide à des personnes en souffrance auprès d’Associations humanitaires dans la Cité.

Il soutient les droits des femmes et la solidarité par des actions de solidarité conduisant à redistribuer tout ou partie de ses ressources, par la promotion ou à la défense des droits des femmes, par des manifestations pour faire connaître les valeurs du fondateur, par le développement et si nécessaire l’acquisition d’un patrimoine historique.

Ainsi, nous avons poursuivi les actions en faveur : des femmes et enfants victimes de violences domestiques, des femmes afghanes réfugiées et de leurs enfants, des Banques Alimentaires, des victimes du tremblement de terre de Turquie et de Syrie et au bénéfice des femmes vivant en territoire de grande ruralité pour qu’elles puissent bénéficier de procédures d’accueil et d’écoute. L’année 2024 a débuté par la mise en route d’une action dite « Camping Care » dont nous espérons qu’elle permettra d’aider au financement d’un second véhicule transformé en salon solidaire et itinérant de soins de bien-être, destiné aux femmes en situation de grande exclusion.

450.fm : La Grande Loge Féminine de France participe régulièrement à des salons maçonniques. Pouvez-vous nous parler de l’importance de ces événements pour votre obédience ?

L. M. : La richesse de nos auteurs et de nos publications fait que nous sommes présentes dans nombre de salons du livre maçonnique pour nous faire mieux connaître. C’est une action que nous comptons amplifier dans les années à venir. A ce titre, je suis heureuse de vous informer que nous allons participer avec les autres Obédiences, aux  salons du livre de Nantes et Toulouse.  Nous espérons vous y rencontrer.

450.fm : La collection “Voix d’initiées” est une belle initiative de la GLFF. Quels sont les objectifs de cette collection et comment contribuez-vous à sa promotion ?

L. M. : La collection  « Voix d’initiées » écrite par des femmes Franc-maçonnes est une vitrine de notre obédience dont nous pouvons être fières. Elle illustre bien la spécificité de notre mode de pensée et comment la démarche initiatique voire spirituelle ouvre sur les préoccupations du monde. Les nombreuses contributions reçues pour le dernier ouvrage paru, Vivre Rire et Aimer, a suscité un engouement qui confirme que c’est une philosophie indispensable, particulièrement à cette époque difficile.

La collection « Voix d’initiées » s’est bien développée depuis sa naissance il y a 14 ans et connaît de plus en plus de succès. Pour contribuer à sa promotion et accroître notre désir de visibilité, plusieurs voies de communication sont en place :

Je peux déjà annoncer que sortira pour la TGL 2025 un nouvel ouvrage sur le thème « Du silence et de la responsabilité des mots ».

Vers le grand public, la GLFF organise une table de vente de la collection de « Voix d’initiées » à chacun de nos événements publics. (Colloques, conférences publiques, journées du Patrimoine, Temple Ouvert etc…)

Sur le site grand public de la GLFF, dans la rubrique nos publications, nous présentons également les différents opus de la collection avec un lien vers le site de notre éditeur, ce qui permet à toute personne qui le souhaite de les acquérir.

450.fm : Pouvez-vous nous expliquer le rôle de la Commission Nationale des Droits des Femmes au sein de la GLFF et les actions qu’elle mène ?

L. M. : La Commission Conventuelle des Droits des Femmes conduit une réflexion sur l’état actuel des droits des femmes et sur les actions à mener pour que les femmes d’ici et d’ailleurs accèdent à leur autonomie et à la plénitude de leurs droits.

La commission s’attache à s’interroger les structures politiques , sociales et religieuses ainsi que les courants culturels qui pérennisent l’inégalité entre les femmes et les hommes. Elle s’attache à imaginer des moyens pour y remédier

 Les actions menées par la commission sont nombreuses :

Au titre des « Familles de pensée », nous sommes consultés lors de l’élaboration de chaque projet de loi touchant à l’intégrité de la personne humaine et nous défendons les valeurs de la dignité , du respect de l’individu : de la naissance de la personne jusqu’à sa mort par ex sur le port du voile, dernièrement sur « l’accompagnement des malades et la fin de vie ».

Dans le cadre de l’évolution de la politique de la France en Europe, nous avons pris part à la rédaction du « Manifeste pour une Europe de progrès et de paix » pour notre Obédience  ,dans le cadre de l’IME et d’un questionnaire pour la   plateforme en vue des élections européennes.

Nous nous sommes interrogés et nous sommes réjouies de la constitutionalisation de L’IVG. Nous avons   fait ouvrir des réflexions autour de la maternité de substitution nommée GPA et en a fait un ouvrage posant le pour et le contre. Nous travaillons de façon assidue sur la problématique de la « transidentité »

Nous nous intéressons à la condition des femmes en Iran, en Afghanistan, dans les guerres en Ukraine, entre le Hamas et Israël mais aussi sur le viol, la pornographie, la prostitution et toutes les violences que les femmes en particulier subissent

Cette vigilance nous emmène à réfléchir de façon approfondie sur le concept de « Sororité »

 450.fm La loge Nationale de recherche « Bathilde Vérité » de la GLFF publient les “Cahiers”. Pouvez-vous nous en dire plus sur ces publications et leur impact ?

L. M. : La vocation de la Loge Nationale de Recherche réside dans des travaux qu’elle met à disposition de l’ensemble des Franc-maçonnes de l’obédience comme des autres composantes de la Franc-maçonnerie. C’est un véritable outil de réflexion utile, tant au niveau du travail symbolique, philosophique, éthique, sociologique, qu’ésotérique. Le premier thème choisi est celui de l’hermétisme.

Les cahiers « Bathilde Vérité », dont 3 ont déjà été publiés, portent sur les textes Hermétiques de l’Antiquité à la Renaissance, qui ont influencé nos rituels.  

En dehors des Cahiers, la loge Nationale de recherche transmet ses travaux :                                                                                              

Lors de ses quatre tenues annuelles au 3ème degré, tenue ouverte à tous, Sœurs et Frères.

Proposant des conférence, elle met à disposition des Loges de La GLFF, qui le souhaitent, une vingtaine de sujets. Durant cette année maçonnique, 22 tenues sur les 36 prévues en 2024 ont été présentés en Métropole. Ces moments de partage mettent en évidence cet appétit qu’ont les Sœurs de l’Obédience de connaître certains aspects de notre Tradition et suscitent chez certaines l’envie d’aller plus loin.

Un nouveau Cahier paraît à chaque convent. Une visioconférence présente ce nouveau cahier pour partager ce bonheur de la découverte avec nos sœurs de la Grande Loge féminine de France.

Les cahiers de la Loge Nationale de Recherche Bathilde prennent tout naturellement place dans la ligne éditoriale de la GLFF. Ils apportent des éclairages, impulsent des réflexions au sein de notre Obédience mais aussi à l’extérieur, participant ainsi au rayonnement de la Grande Loge féminine de France.

450.fm : La Commission Nationale de la Laïcité joue un rôle crucial. Quelles sont ses principales missions et réalisations ?

L. M. : Parmi les principales missions des commissions, nous travaillons afin que le principe de laïcité demeure compris, clair et que sa définition ne soit entachée d’aucune ambiguïté. Nous participons en tant que commission de la laïcité aux travaux de l’obédience autour de la fin de vie par exemple, ou de ce que nous voulons pour l’Europe avec le manifeste de l’IME.

Parmi les réalisations de la commission on peut compter notre colloque annuel, à la date anniversaire du 9 décembre, ouvert au public (Sport et République : agir dans la cité pour l’universalisme et contre les communautarismes) ou à public plus restreint (Art, Culture et Laïcité : un même combat vers la Liberté).

De plus, la commission publie annuellement les actes de ces colloques ; elle publie d’autre part les Cahiers de la Laïcité, documents d’analyse permettant d’engager des réflexions plus approfondies pour les Sœurs de l’obédience.  Enfin elle diffuse les travaux des commissions régionales ; pour exemple, « Laïcité et fin de vie » par nos Sœurs du Nord, « Aux arts, citoyennes, citoyens » par nos Sœurs du Centre.

450.fm : La Commission Nationale Éthique et Bioéthique traite de sujets importants et sensibles. Quels sont les thèmes actuels sur lesquels elle travaille ?

L. M. : Pour répondre à ce monde pluriel et aux changements de paradigmes que nous traversons, nos actions s’inscrivent dans un travail sur soi de formation, d’éveil de l’esprit critique concernant les problématiques actuelles.

Questionnements sur le sens que nous voulons donner à nos existences. Nous interrogeons les différentes sensibilités sur les philosophies de la vie, de la fin de vie, l’importance du droit dans la mise en œuvre du respect des libertés de chacune et chacun.

Ni dogme, ni religion, notre Commission espère jouer un rôle de « passeuse » Informer, Transmettre, pour construire un monde équitable et durable respectueux des différences, de l’altérité.

Nos thèmes de réflexion et d’action au quotidien :

Nos échanges pour comprendre les impacts, du numérique, des I.A, génératives ou non, des nouvelles technologies sur le fonctionnement de la société, les relations interindividuelles, la santé humaine et planétaire ont pour finalité de participer à la construction d’un monde équitable, durable, respectueux des différences.

Sœurs de la GLFF, nous sommes très sensibles à la modification des imaginaires indispensables pour restaurer une société des communs, prendre soin des vulnérabilités et prévenir la marchandisation du corps des femmes et de l’humain.

Nos réflexions portent sur la conduite des recherches, les connaissances, la vision d’une pensée cosmopolitique.

C’est dans ce sens que nous organisons un colloque tous les ans sur une question d’actualité.

En 2024 à Marseille : « La Préservation du Vivant ; Une responsabilité individuelle et collective ». Valérie Masson Delmotte (Co Présidente du GIEC) …

450.fm : L’Institut Maçonnique Européen (IME) représente la GLFF auprès des instances européennes. Quels sont les projets récents ou à venir de l’IME ?

L. M. : L’Institut Maçonnique Européen (IME) est l’organisme de représentation de la Grande Loge féminine de France auprès des institutions européennes.

Concernant les projets récents ou à venir de l’IME, nous avons travaillé au sein de la Commission européenne avec les organisations philosophiques sur le thème « Le mode de vie européen en période d’instabilité » et réalisé une synthèse de travaux de loges 2022-2023 sur « 6

A l’occasion de ses 15 ans et dans la perspective des élections européennes, nous avons publié un Manifeste IME « Pour une Europe de progrès et de paix ». Nous organiserons le 12 octobre 2024 à Lyon un colloque sur le thème « Les femmes au cœur de l’Europe » à la fois pour les Sœurs de la GLFF, pour les obédiences amies et les profanes. Enfin, un travail historique de l’IME depuis sa création en 2008 est en cours.

Pour 2024-2026 Le travail de l’IME, à l’étude des loges, portera sur « De la démocratie en Europe -Regards de femmes ».

450.fm : La démarche initiatique et spirituelle ainsi que la défense des droits des femmes et de la laïcité sont au cœur de votre mission. Comment articulez-vous ces deux aspects dans vos actions quotidiennes ?

L. M. : Ce sont des aspects absolument indissociables, les droits des femmes sont au cœur de la démarche initiatique qui ouvre à une meilleure compréhension de soi, un chemin de liberté dégagé du poids des conditionnements culturels ou des stéréotypes.

Quant à la laïcité c’est un principe qui permet le respect des croyances de chacune, mais elle est aussi héritière de cet idéal d’une « religion universelle » où chaque être humain puisse se retrouver quelle que soit son opinion, ce « centre de l’union » cher aux fondateurs de la Franc-maçonnerie. En ce sens cette universalité souvent mal comprise n’exclut pas la quête spirituelle de chacune, ils ne peuvent que donner à chacune l’envie de s’engager pour une société ouverte en particulier pour les femmes, car en tant qu’obédience féminine nous sommes particulièrement sensibles au sort qui leur est fait, comme cela a déjà été dit….

Sceau GLFF
Sceau GLFF
Liliane Mirville, Grande Maîtresse de la GLFF

2 Commentaires

  1. Singulier (pour ne pas dire gonflé) pour une obédience monogenrée qui ne fait que d’affirmer la spécificité du genre féminin que d’affirmer « Il n’y a qu’un seul défi , celui qui consiste à dépasser le clivage des valeurs masculines et des valeurs féminines pour arriver à reconnaître leur valeur universelle de paix. En somme c’est réunir ce qui épars aujourd’hui ». Sur ce chantier du dépassement de la dichotomie des genres, DH, OITAR, GLMU, GLMF, GLCS, GLMMM… (et à la marge maintenant le GO) ont plus de crédibilité.

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Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti, directeur de la rédaction de 450.fm, est chroniqueur littéraire, membre du bureau de l'Institut Maçonnique de France, médiateur culturel au musée de la franc-maçonnerie et auteur de plusieurs ouvrages maçonniques. Il contribue à des revues telles que « La Chaîne d’Union » du Grand Orient de France, « Chemins de traverse » de la Fédération française de l’Ordre Mixte International Le Droit Humain, et « Le Compagnonnage » de l’Union Compagnonnique. Il a également été commissaire général des Estivales Maçonniques en Pays de Luchon, qu'il a initiées.

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