De notre confrère Russe planet-today.ru
Des archéologues de Varsovie ont récemment découvert un mystérieux système de tunnels sous Gucin Gaj, un parc historique situé dans la région de Mokotów et longtemps entouré de spéculations et de folklore.
Ce tunnel voûté en forme de U, d’environ 60 mètres de long, est situé près du palais de Wilanów et de l’église Sainte-Catherine et a suscité un regain d’intérêt en raison de ses liens potentiels avec la franc-maçonnerie et d’autres objectifs historiques remontant au XVIIe siècle.
Autrefois partie du palais royal de Wilanów, le manoir Gucin Gaj a une riche histoire étroitement liée à l’héritage de Stanisław Kostka Potocki, un éminent noble polonais, homme d’État et fervent franc-maçon. Potocki a acquis le domaine au début du 19ème siècle et a aménagé un complexe de parc, l’appelant Gutsin en l’honneur de son petit-fils August.
Potocki était une figure clé de l’histoire polonaise, occupant des postes tels que président du Conseil d’État du duché de Varsovie et ministre des Cultes religieux et de l’Instruction publique, où il a défendu la réforme sociale et l’éducation. Sa profonde implication dans la franc-maçonnerie, qui lui a permis d’obtenir finalement le titre de Grand Maître du Grand National de l’Est de la Pologne, a ajouté un élément d’intrigue au domaine.
Le tunnel lui-même, désigné dans le registre officiel des monuments polonais sous le nom de « tombes maçonniques », a donné lieu à des rumeurs selon lesquelles il servait de lieu de rencontre secret pour les cérémonies maçonniques. Malgré le manque de sources contemporaines liant définitivement le tunnel aux rituels maçonniques, les légendes persistantes et les niches ressemblant à des catacombes découvertes à l’intérieur du tunnel n’ont fait qu’accroître la curiosité. Ce folklore, combiné à l’importance historique du domaine, a fait du site un centre de recherche historique et archéologique.
Des fouilles récentes ont été menées par l’Institut d’archéologie de l’Université Cardinal Stefan Wyszynski en collaboration avec le Bureau du Conservateur des monuments de Varsovie. Les archéologues ont fouillé une zone de 5 x 5 mètres couvrant l’entrée du tunnel et une partie de l’intérieur, révélant des murs du XIXe siècle qui marquaient l’entrée depuis l’époque de Potocki, ainsi que des structures en briques antérieures remontant au XVIIe siècle. Les découvertes comprenaient des pièces de monnaie du XVIIe siècle et des reliques du début du Moyen Âge, qui contribuent à établir une chronologie historique plus large du site.
Une théorie suggère que le tunnel faisait à l’origine partie d’un réservoir d’eau ou d’un glacier construit pour alimenter le palais voisin de Wilanów. Les notes d’Augustin Lozzi, architecte de la cour du roi Jean III Sobieski, décrivent la construction d’une prise d’eau et d’un glacier sur le versant nord du mont Sluzhewska, à proximité de Gucin Gaya. Selon ces archives, le roi lui-même a testé l’eau et a ordonné qu’elle soit livrée au palais de Wilanów pour irriguer les jardins. La présence d’un étang à proximité conforte l’idée que le tunnel aurait pu être utilisé pour stocker la glace coupée de l’étang en hiver, ou dans le cadre d’un système de collecte d’eau.
Après la mort de Potocki en 1821, son épouse Alexandra transforma le domaine en un bosquet commémoratif dédié à la mémoire de son défunt mari. C’est durant cette période que le tunnel acquiert son lien avec la franc-maçonnerie, un lien qui perdure malgré le manque de preuves concrètes.
Le couloir a également fait l’objet de diverses légendes locales, notamment d’histoires selon lesquelles il aurait servi de refuge pendant la Seconde Guerre mondiale et même de rumeurs selon lesquelles il s’étendrait jusqu’à Czersk. Aujourd’hui, le tunnel sert de site d’hivernage aux chauves-souris et a été déclaré monument naturel.
Les fouilles ont révélé des découvertes importantes, mais une grande partie du tunnel reste enfouie, laissant de nombreuses questions sans réponse. Les recherches en cours viseront à découvrir davantage de secrets du tunnel, notamment s’il s’agissait véritablement d’un site de rituels maçonniques ou si sa fonction première était plus utilitaire.