sam 23 novembre 2024 - 09:11

L’hommage de la GLFF à Louise Michel le 1er mai

L’hommage rendu par la Grande Loge Féminine de France (GLFF) à Louise Michel chaque 1er mai depuis 2011 témoigne de l’influence profonde et persistante de cette figure historique sur les mouvements féministes et maçonniques. La GLFF, une obédience exclusivement féminine, reconnaît en Louise Michel une source d’inspiration pour son engagement envers la justice sociale, l’égalité et les droits des femmes.

Sceau GLFF
Sceau GLFF

Cet hommage annuel peut prendre diverses formes, telles que des cérémonies commémoratives, des conférences ou des publications qui célèbrent sa vie et son œuvre. Le choix du 1er mai, Journée internationale des travailleurs, pour cet hommage est particulièrement significatif, car il souligne l’engagement de Louise Michel en faveur des droits des travailleurs et des opprimés, des causes centrales à la fois pour la franc-maçonnerie progressiste et pour les mouvements sociaux plus larges.

Entrée du cimetière communal de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine)

Cette pratique illustre également la manière dont les organisations contemporaines peuvent puiser dans l’héritage des figures historiques pour renforcer leurs idéaux et leurs engagements actuels. En rendant hommage à Louise Michel, la GLFF met en lumière non seulement son passé révolutionnaire, mais aussi son rôle en tant que modèle pour les luttes contemporaines pour l’égalité et la justice.

Sépulture de Louise Michel, Levallois-Perret, détail

Revenons sur la personnalité de Louise Michel

Louise Michel, surnommée la « Vierge Rouge », est une des figures les plus marquantes du mouvement anarchiste et révolutionnaire français. Née le 29 mai 1830 à Vroncourt-la-Côte, en Haute-Marne, elle devient célèbre pour son rôle actif et son engagement durant la Commune de Paris en 1871. Voici un aperçu de sa vie et de ses œuvres :

Louise Michel était enseignante avant de devenir une militante politique. Elle a été profondément influencée par les idées républicaines et socialistes qui circulaient avant et pendant la Seconde République en France. Son engagement a pris une tournure plus radicale avec l’éclatement de la Commune de Paris, où elle s’est impliquée comme ambulancière et combattante.

Après la défaite de la Commune, elle a été arrêtée et déportée en Nouvelle-Calédonie, où elle a soutenu la cause des peuples indigènes Kanak contre le colonialisme français. Elle retourne en France après l’amnistie de 1880 et continue de lutter pour les droits des travailleurs, des femmes, et contre les injustices sociales jusqu’à sa mort en 1905.

Louise Michel était également une écrivaine et poétesse prolifique. Ses œuvres incluent de la poésie, des pièces de théâtre, des mémoires, et des écrits politiques. Voici quelques-unes de ses œuvres notables :

Publiés en plusieurs volumes, ces Mémoires retracent les expériences de Michel pendant la Commune, sa déportation et son engagement politique. Ils sont un témoignage crucial sur cette période turbulente de l’histoire française.

Lueurs dans l’ombre est un recueil de poèmes qui explore les thèmes de la révolte, de la justice sociale et de l’espoir.

La Commune est une histoire et une analyse des événements de la Commune de Paris, défendant ses idéaux et ses acteurs.

Son héritage

Louise Michel est restée une icône de la lutte pour la liberté et l’égalité. Son dévouement à la cause des opprimés et son refus de se soumettre à l’injustice font d’elle une figure inspirante pour les mouvements féministes et anarchistes. Des écoles, rues et places portent son nom en France, témoignant de son impact durable.

Louise Michel a aussi influencé la culture populaire, apparaissant comme personnage dans des romans, films et pièces de théâtre qui explorent l’histoire de la Commune et le mouvement anarchiste. Sa vie et son œuvre continuent d’être étudiées et célébrées comme symbole de résistance et de courage face à l’oppression.

Martine Rouchon, Adjointe au Maire déléguée aux Affaires sociales

Louise Michel reçoit la lumière le samedi 3 septembre 1904 au sein de la loge « La Philosophie Sociale » de la Grande Loge Symbolique Écossaise (GLSE). Au lendemain de sa réception, elle est déjà invitée par la respectable loge « Diderot » à donner une conférence sur le féminisme.

Nous vous joignons, avec grand plaisir, le déroulé de cette émouvante commémoration. Une cérémonie à laquelle assista une délégation de cinq membres du Conseil municipal de Levallois-Perret, dont Martine Rouchon, Adjointe au Maire déléguée aux Affaires sociales et Christian Mortel, Adjoint au Maire délégué au Monde combattant, à la Mémoire et aux questions de Défense.

Michèle Minne-Turi

C’est notre très chère sœur Michèle Minne-Turi, présidente de la Commission Nationale d’Histoire et de Recherche Maçonniques (CNHRM) qui prononça le discours d’ouverture et de fermeture. Rappelons que la CNHRM fut mise en place en 1976 et est chargée de constituer, archiver, entretenir et conserver le patrimoine historique et culturel de la GLFF, de le faire connaître et d’en entretenir la mémoire afin de contribuer au rayonnement de la GLFF par la diffusion de l’histoire de la franc-maçonnerie féminine.

Sont évoquées les personnalités de :

Françoise Moreillon prononça l’allocution sur Eugénie Herminie Cadolle

Eugénie Herminie Cadolle est une corsetière française innovante, créditée de l’invention du soutien-gorge moderne. Née en 1845, elle fut une pionnière dans le domaine de la lingerie féminine, transformant de manière significative les sous-vêtements pour femmes. En 1889, Eugénie Herminie Cadolle présente sa création lors de la Grande Exposition à Paris. Son design consistait initialement en un corset coupé en deux parties : la partie inférieure continuait de servir de corset pour la taille et la partie supérieure soutenait la poitrine. Cette partie supérieure a évolué pour devenir le soutien-gorge moderne, un concept que Cadolle a continué à perfectionner.

Son entreprise, toujours en activité aujourd’hui, a été transmise de génération en génération aux femmes de la famille Cadolle, en mettant l’accent sur le luxe et les sous-vêtements sur mesure. La contribution d’Eugénie Herminie Cadolle à la mode et au confort féminin a été monumentale, offrant une alternative aux corsets restrictifs du 19ème siècle.

Marie Verdure était une militante républicaine française active lors de la Commune de Paris en 1871. Née le 16 juin 1849 à Saint-Folquin, France, et décédée le 23 mars 1878 dans le 9e arrondissement de Paris, elle a joué un rôle notable dans les mouvements sociaux de son époque.

Marie Verdure fut membre de la société “L’Éducation nouvelle pour la Commune de Paris”, une organisation dédiée à la réforme éducative et sociale au sein de la Commune. Cette société fut à l’origine des premières crèches à Paris, ce qui représente une contribution significative au soutien des familles ouvrières et à la promotion des droits des femmes et des enfants à cette période tumultueuse de l’histoire française.

Son engagement en tant que femme dans le mouvement de la Commune de Paris met en lumière le rôle actif que certaines femmes ont joué dans les mouvements politiques et sociaux de la France du XIXe siècle, souvent sous-représentées dans les récits historiques traditionnels.

Noëlle Martin sur Anna Jaclard

Anna Jaclard, née Anna Vassilievna Korvin-Krukovskaja en 1844, fut une figure marquante du mouvement socialiste et féministe du XIXe siècle. Originaire de Russie, elle est devenue une militante active, non seulement dans son pays d’origine, mais aussi sur la scène internationale.

Anna Jaclard a joué un rôle significatif lors de la Commune de Paris en 1871, un épisode révolutionnaire où les citoyens de Paris ont tenté d’instaurer un gouvernement radical et socialiste en opposition au gouvernement conservateur français. Pendant cette période, elle s’est engagée activement avec l’Association internationale des travailleurs (AIT), mieux connue sous le nom de Première Internationale, qui visait à unir divers mouvements ouvriers et socialistes européens pour promouvoir les idées de coopération et de solidarité internationale.

Les membres du Conseil municipal

En tant que féministe, Anna Jaclard a également milité pour les droits des femmes, notamment en soutenant leur accès à l’éducation et à l’emploi, et en luttant pour une plus grande égalité sociale et politique. Sa vie de militante est un exemple de l’intersection des luttes pour le socialisme et les droits des femmes, illustrant la contribution significative des femmes dans les mouvements révolutionnaires de l’époque.

Après la répression de la Commune de Paris, elle a dû faire face à de nombreuses difficultés, y compris l’exil. Anna Jaclard est décédée en 1887, mais elle reste une figure inspirante pour les mouvements féministes et socialistes.

Denise Oberlin ancienne grande maîtresse, initiatrice de l’hommage à Louise Michel

Victorine Brocher, née le 4 septembre 1839 et décédée le 4 novembre 1921, fut une figure marquante de la Commune de Paris et une militante influente dans les cercles anarchistes. Son engagement politique et social est bien documenté, notamment à travers ses mémoires intitulés Souvenirs d’une morte vivante, où elle raconte avec précision et émotion sa participation active dans les événements de la Commune de Paris en 1871.

En tant que communarde, Victorine Brocher a pris part aux luttes et aux défenses des barricades, représentant un exemple remarquable de l’implication des femmes dans les mouvements révolutionnaires de l’époque. Après la répression sanglante de la Commune, elle a continué à militer pour les idéaux anarchistes et socialistes.

Bannière de la GLFF

En 1881, elle est déléguée au Congrès anarchiste de Londres, un événement significatif dans l’histoire des mouvements anarchistes européens. Ce congrès a réuni divers activistes et penseurs, renforçant les liens et les stratégies entre les militants internationaux.

La grande maîtresse accompagnée d’un délégation du Conseil fédéral

Outre ses engagements politiques, Victorine Brocher a également contribué régulièrement à divers périodiques anarchistes, utilisant sa plume pour défendre les causes qu’elle soutenait. Son œuvre journalistique et ses écrits sont un témoignage précieux des idées et des luttes de son temps.

Elle a également joué un rôle important dans le domaine de l’éducation en cofondant et enseignant à l’école internationale de Louise Michel. Cette école visait à promouvoir une éducation basée sur les principes de liberté et d’égalité, reflétant les convictions profondes de Victorine Brocher sur l’importance de l’éducation dans l’émancipation individuelle et collective.

Catherine Lyautey

Victorine Brocher reste une figure emblématique des luttes féministes et anarchistes, symbolisant l’engagement indéfectible en faveur de la justice sociale et de la liberté.

Catherine Lyautey, grande maîtresse conclut l’hommage rendu à Louise Michel, avant d’entonner, tous ensemble, l’assistance tant venue nombreuse, « Le Temps des Cerises ». les organisatrices ayant pris soin de distribuer les paroles.

Tombe J.-B. Clément, cimetière du Père-Lachaise

« Le Temps des Cerises », sa symbolique

 « Le Temps des Cerises » est une chanson emblématique française souvent associée aux idéaux révolutionnaires et à la Commune de Paris de 1871. La chanson a été écrite en 1866 par Jean-Baptiste Clément, un militant politique et membre de la Commune, et mise en musique par Antoine Renard. Clément était aussi connu pour son appartenance à la franc-maçonnerie, une affiliation qui influençait souvent les réseaux et les idéologies politiques de l’époque.

La chanson « Le Temps des Cerises » symbolise l’espoir et la mélancolie des moments de changement et de lutte. Les cerises représentent le printemps et la beauté éphémère de la vie, qui sont contrastés par le contexte de lutte et de révolution. C’est une métaphore de la jeunesse et de l’innocence perdues, mais aussi un symbole d’espoir pour des jours meilleurs.

Jean-Baptiste Clément a dédié la chanson à Louise Michel après la Commune, en hommage à son rôle de figure centrale et de combattante dévouée pour les idéaux de la Commune.

Tombe J.-B. Clément, cimetière du Père-Lachaise

Le 1er mai, souvent célébré internationalement comme la Fête du Travail, est une journée de reconnaissance des droits des travailleurs et des luttes ouvrières. L’association de « Le Temps des Cerises » avec cette journée renforce les thèmes de la solidarité et de la résistance ouvrière. Bien que la chanson ne soit pas spécifiquement écrite pour le 1er mai, son esprit et son message résonnent avec les valeurs de cette journée, rendant son interprétation particulièrement poignante lors des célébrations du travail et des manifestations en faveur des droits sociaux et économiques.

Ainsi, la chanson, avec sa richesse symbolique et son lien avec les figures historiques telles que Louise Michel, demeure un hymne puissant pour les mouvements sociaux et les commémorations de la lutte pour la justice et l’égalité.

Tombe famille Ferré

Le dépôt de roses sur la tombe de la famille Ferré et Théophile Ferré

Qui était ce compagnon de lutte de Louise Michel

Théophile Ferré était un acteur clé de la Commune de Paris et un compagnon de lutte de Louise Michel. Né en 1846, Ferré fut un militant engagé et a joué un rôle important dans les événements révolutionnaires de 1871 à Paris.

Durant la Commune, Ferré a occupé des postes de responsabilité, notamment en tant que membre de la Commune de Paris chargé de la sécurité publique. Il était connu pour ses convictions radicales et son engagement envers les idéaux socialistes et républicains. Théophile Ferré et Louise Michel partageaient des idéaux communs de justice sociale, d’égalité et de liberté, ce qui les a rapprochés au sein du mouvement communaliste.

Après la semaine sanglante, qui a marqué la fin brutale de la Commune avec la répression menée par les forces gouvernementales, Ferré a été arrêté, jugé et condamné à mort pour ses actions durant la Commune. Il est notamment accusé d’avoir signé des ordres d’exécution contre des otages, ce qui a été une des charges les plus lourdes contre lui lors de son procès.

Théophile Ferré a été exécuté en novembre 1871, devenant ainsi un des nombreux martyrs de la Commune. Sa mort a été un coup dur pour ses camarades, notamment pour Louise Michel qui a profondément pleuré sa perte et qui a continué à lutter pour les mêmes idéaux pour lesquels Ferré avait donné sa vie.

L’amitié et le compagnonnage de Théophile Ferré et Louise Michel sont emblématiques de la solidarité et de l’engagement des communards, qui ont cherché à instaurer une société plus juste au péril de leur vie.

Photos © Yonnel Ghernaouti, YG

Christine Sauvagnac, passé grand maître de la GLCS et Denise Oberlin, ancienne grande maîtresse de la GLFF
Dépôt de gerbe

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Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti, fut le directeur de la rédaction de 450.fm de sa création jusqu'en septembre 2024. Il est chroniqueur littéraire, membre du bureau de l'Institut Maçonnique de France, médiateur culturel au musée de la franc-maçonnerie et auteur de plusieurs ouvrages maçonniques. Il contribue à des revues telles que « La Chaîne d’Union » du Grand Orient de France, « Chemins de traverse » de la Fédération française de l’Ordre Mixte International Le Droit Humain, et « Le Compagnonnage » de l’Union Compagnonnique. Il a également été commissaire général des Estivales Maçonniques en Pays de Luchon, qu'il a initiées.

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