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Quels sont les rapports entre la théorie psychanalytique et divers aspects de la spiritualité et de la laïcité ? Ces questions font débat au sein de la psychanalyse depuis l’origine avec Freud qui s’en est expliqué dans de nombreux ouvrages tout comme d’un autre point de vue avec Françoise Dolto.
Avec Jean-Pierre Winter Psychanalyste et écrivain
De son abondante correspondance et échanges avec le Pasteur suisse protestant Pfister, Freud a écrit un livre traitant frontalement de ces questions et qu’il a baptisé : « L’avenir d’une illusion ». Dans cet ouvrage, après avoir remarqué que « la voie de l’intellect est basse, mais elle ne s’arrête pas tant qu’on ne l’a pas entendue » il conclut : « Non, notre science n’est pas une illusion. Mais ce serait une illusion de croire que nous puissions trouver ailleurs ce qu’elle ne peut nous donner ». Manière de dire avec le poète Heine : « Nous abandonnons le ciel, aux anges et aux petits moineaux ».
Une illusion est souvent la satisfaction, la réalisation de désirs très anciens parmi les plus pressants de l’humanité. On peut corriger ses erreurs, comme le fait la science, mais on ne peut pas grand-chose contre ses illusions qu’elles soient religieuses, politiques ou amoureuses. Toutefois, et cela peut paraitre contradictoire, Freud assigne à la psychanalyse la tâche de dessiller l’homme moderne pour qu’il se sépare de ses encombrantes croyances qu’il juge infantiles voire névrotiques. C’est son point de vue de savant athée mais pourtant une psychanalyste, pourtant rigoureusement freudienne, Françoise Dolto, envisage de considérer l’affaire autrement.
Le travail de Dolto, concernant plus sa spiritualité que ses croyances, s’appuie sur des exemples bibliques dont elle se sert comme de sujets fictifs qui représentent un certain état de la psyché, et de la psychologie humaine. C’est ainsi qu’elle évoquera le cas bien connu de Caïn et Abel dont Victor Hugo a fait un poème intitulé « La conscience » . Si je devais donner un titre à son interprétation, ce serait : « Mourir pour vivre » idée assez centrale de toute son œuvre.
C’est une autre formulation tout aussi parlante que le concept de « castration symboligène » employé par elle pour décrire les différentes renonciations auxquelles on se soumet au cours de notre évolution psychique : renoncement au primat de la satisfaction orale, puis anale, puis totalement pulsionnelle. C’est une certaine forme de mort qui permet une relance du désir, de la vie, et cette notion de relance, dans sa spiritualité à elle, s’appuiera sur la notion de résurrection, sans la réduire à sa dimension essentiellement religieuse. Sa compréhension de la résurrection, c’est justement l’idée que les textes sur lesquels elle s’appuie offre le matériel nous permettant de penser ce que veut dire « mourir pour vivre », donc pour renaître autrement.
Ce jeudi 28 mars à Bruxelles, au temple de la rue de Laeken, a été organisé un colloque sur le thème “Psychanalyse et Franc-maçonnerie”. Les 5 conférenciers étaient très intéressants. Les actes du colloque seront publiés dans une prochaine revue de l’association “La Pensée et les Hommes”. Cette association a déjà publié plusieurs revues sur des thèmes liés à la FM comme les temples, les grottes et les cultes à mystères.
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