Ou l’éloge de la lenteur
A première vue, l’escargot peut sembler loin de la symbolique maçonnique de la construction. En deuxième « lecture » …il apparaît comme la construction même, puisqu’il la porte sur son dos ! Il est donc une « maison en soi », avec ses murs et son toit, ses ouvertures et fermetures…Qui plus est, il constitue une maison mobile, vivante, puisque l’escargot se déplace !
- Eloge de la lenteur. Sa mobilité qui se caractérise par progression d’une extrême lenteur symbolise évidemment la patience, la persévérance pour aller d’un endroit à une autre. Au siècle de l’urgence (non justifiée), de la vitesse, de la précipitation, ce mouvement, cet « avancement » à l’extrême ralenti indique, tout au contraire, la possibilité d’avancer sans empressement. A noter que l’escargot (comme l’Homme) ne possède pas de marche arrière ! Cette possibilité d’atteindre aussi un but par reptation à un rythme extrêmement lent, sans contrainte, devient une qualité ! Et un modèle pour l’humain (de réflexion et de préparation avant l’action).
- Eloge de la sécurité. Le déplacement lent permet l’observation, l’évaluation des lieux, et l’évitement éventuel des dangers. Rappelons que l’escargot possèdent 4 antennes : 2 sont munies d’yeux dirigées vers l’horizontale et la hauteur, 2 sont dirigées vers le bas avec fonction olfactive et tactile. En l’occurrence, pour l’escargot, Tout ce qui est en haut n’est pas comme ce qui est en bas, contrairement à ce qu’affirme la maxime d’Hermès Trimegiste ! Ces facultés indiquent évidemment la protection et prudence ! Encore un modèle de pondération pour l’humain.
- Eloge de l’adaptabilité. L’escargot secrète une bave qui lui permet (en déroulant un sorte de tapis visqueux progressif devant lui) de se mouvoir et de glisser sur tous les types de sol. Donc une accommodation à son environnement. A cette même image, l’anticipation, la prévision, l’adaptabilité au milieu sont des qualités sans lesquelles l’espèce humaine n’existerait plus (protection vestimentaire et chaussures notamment)
- Eloge du retrait. L’escargot peut se retirer dans sa coquille à la fois pour se protéger et se reposer, en se dissimulant sous les feuillages voire en s’enfouissant dans l’humus (ou dans l’eau, selon son espèce) pendant la période hivernale. Symboliquement le retrait (du monde) et la réflexion, l’introspection, la méditation, la contemplation, la réflexion, le recueillement même, autant de pratiques humaines, se retrouvent ici.
5) Eloge de la « renaissance. L’escargot obéit ainsi à un cycle de vie active et de renaissance après son hibernation. Il nous renvoie ici à nos propres phases de renouvellements d’activité saisonnières.
- Eloge de l’humilité. Par sa vie simple, par sa proximité avec l’humus, l’escargot nous renvoie à l’humilité (d’où ce mot est issu)
- Eloge de la responsabilité. Porter sa maison sur son dos (qui abrite son fonctionnement viscéral) implique une fonction, une « charge à gérer ». Contrairement à l’homme, l’escargot possède son squelette à l’extérieur, donc exposé aux dangers de blessure et d’écrasement, d’où la nécessité d’une vigilance permanente. En ce sens, notre tête abritant notre cerveau malgré sa boite crânienne, est très vulnérable et demande protection constante. Notre enveloppe charnelle est également très mince, notre ossature est aussi fragile. « Êtres de verre », nous sommes responsables de notre corps à entretenir (faim, soif, reproduction).
- Eloge du mystère. Si le calcium qui compose largement sa coquille est organiquement connu, sa forme, multiple selon les espèces, permet toutes les supputations, de la spirale logarithmique au nombre d’or. Sur le plan maçonnique, l’escalier hélicoïdal que cette coquille peut évoquer, renvoie à la « chambre du milieu », située précisément au milieu du temple de Salomon (entre l’équerre et le compas dit notre symbolique). Il est, selon les rites, construit sur un côté du Temple, et composé d’un escalier à vis conduisant précisément à « la chambre des Maîtres » où présidait Salomon pour les prises de décision importantes. Symboliquement, l’escalier à vis, permet à celui qui l’escalade, non de découvrir le mystère « célestes » devant soi (qui doit rester inconnu !) mais de voir son dos (et donc les dangers « terrestres » derrière soi)
CONCLUSION L’escargot – dont la coquille en spirale emblématique, entretient un mystère sujet à diverses interprétations – est une leçon de vie. Cette créature, modèle de douceur et de sagesse, de résilience face à l’adversité, est un modèle de progrès lent mais constant. Sa mince coquille, malgré tout, à la fois foyer et protection, symbolise l’importance de construire un lieu de vie sûr, tant physique que spirituel. Il nous transmet un message profond sur le cycle de la vie, le mouvement perpétuel et l’existence de l’espace et du temps, ces deux énigmes éternelles.