jeu 21 novembre 2024 - 16:11

Libre et de bonnes mœurs, la belle affaire !

Être honnête, finalement, c’est déjà pas si mal

La condition historique pour devenir Franc-Maçon est dit-on d’être libre et de bonnes mœurs. L’actualité nous rappelle avec vigueur combien l’évocation des mœurs est sensible.  C’est peut-être avec une certaine clairvoyance cela dit, sachant que les mœurs évoluent avec leurs temps. Il y a des choses que l’on pouvait dire, que l’on pouvait faire à un moment donné et qui ne sont plus acceptables aujourd’hui.  

Certaines obédiences ont cru bon de signifier que libre et probe était largement suffisant, comme s’il valait mieux, parfois, éviter d’entrer dans le champs des mœurs avec son cortège de brigades, d’ennuis et de cybercriminalité en tous genres. Être honnête, finalement c’est déjà pas si mal. Mais ce n’est pas tout à fait la même chose.

Mais avant d’aller plus loin,  puisque l’histoire maçonnique retient ces deux critères dont on peut discuter (et on le fera), c’est toute la question de comment un atelier recrute un frère ou une sœur parmi la multitude de profanes à disposition qui nous intéresse. Quelles sont les qualités requises réellement ? Et puis plus largement, pourquoi il faut francs-Maçons libres et de surcroit de bonnes mœurs, sur la planète, pour quoi faire ?

Les bonnes mœurs c’est quoi ?

La question des mœurs est épineuse à définir. Venant du latin  mos, il s’agit d’un nom masculin qui signifie «volonté, désir; usage, coutume», et qui est utilisé la plupart du temps dans sa forme  plurielle mores c’est-à-dire  «genre de vie, traditions morales, religieuses, habitudes; caractère, comportement; lois, règles»[1]. Les mœurs sont donc l’ensemble de comportements propres à un groupe humain ou à un individu et considérés dans leurs rapports avec une morale collective et les règles de vie,  les modèles de conduite plus ou moins imposés par une société à ses membres. Bref, il y a deux pôles distincts mais indissociables dans ce mot qui parait un peu désuet.

Il y a d’abord l’idée de ce qui conduit la personne dans ces agissements, ce qui la guide, des règles choisies par une personne et qui lui permettent de se comporter en société. Et il y a aussi le fait que bien que ces normes ne soient pas écrites, elles conditionnent néanmoins le jugement moral par les autres individus qui constituent l’entourage.

Les mœurs c’est donc la morale, qui invite à trancher ce qui est bien ou mal, associée au choix individuel d’une personne dans un groupe. On comprend alors ce qui est difficile dans le terme : les mœurs sont à la fois la justification du comportement et ce qui permet de l’empêcher. C’est une interface entre l’individu et le groupe, c’est le rapport entre l’illicite et le légal , entre l’interdit et le possible.

On conçoit mieux pourquoi il faut que le droit s’y intéresse. La loi ne permet pas de définir ce qui est une bonne mœurs mais elle nous prévient clairement : nous sommes tenus de ne pas troubler  l’ordre public[2]. Pour nous aider au cas où, on voit fleurir des brigades des mœurs par exemple. Là, il sera, par exemple, question de définir et d’empêcher que des adultes s’en prennent à des enfants.

C’est François 1er qui introduit , si j’ose dire, dans le droit de la fonction publique, l’enquête de moralité dans la magistrature formellement en 1540. A ce moment, il convenait de ne pas avoir de « vice notable ». Puis, de la période révolutionnaire jusqu’à la mise en place du statut de la magistrature (Loi organique du 22 déc. 1958), il était demandé notamment de faire preuve de « civisme ». Les candidats à l’entrée de l’Ecole Nationale de Magistrature devaient notamment « être de bonne moralité ». Enfin, la loi relative aux droits et obligations des fonctionnaires (n° 83-634 du 13 juillet 1983) a supprimé la condition de bonne moralité en faisant disparaître l’enquête de moralité pour les fonctionnaires et a remplacé cette notion par l’exigence de ne pas avoir de mentions portées au bulletin n° 2 du casier judiciaire qui seraient incompatibles avec l’exercice des fonctions.

On notera que le rituel d’initiation indique que les francs-maçons doivent, comme les juges, les fonctionnaires, être de bonnes mœurs. Mais c’est également le cas de la grande majorité des citoyens. Finalement, les mœurs qu’on en parvient pas à préciser, sont partout, elles sont une moyenne comme en témoigne cette conclusion d’un commissaire du gouvernement français en 1957 : « Notions imprécises et relatives par excellence, les notions de bonne moralité et de bonnes mœurs renvoient à ce qui est moral, au  respect des idées morales communément admises à un moment donné par la moyenne des citoyens ». Reste à savoir qui fait le calcul de cette moyenne ? Alors en franc-maçonnerie comment on vérifie ce savant calcul ? Et bien, les francs-maçons ont suivi l’exemple de la fonction publique, ils ont conservé la même idée que François 1er. Il y a des enquêtes. Trois pour être précis qui sont menées par des Frères et des Sœurs qui ont atteint le grade de maitre. En règle générale, c’est le Vénérable maitre qui les nomme. Et aucun d’eux ne sait qui sont les deux autres. Chacun est chargé de vérifier un domaine de moralité en quelques sortes : l’un va questionner l’impétrant sur son rapport à la croyance, à la spiritualité. Un autre va questionner sur l’engagement social, la manière de penser la citoyenneté et le dernier regarde comment le profane aborde la vie de manière générale, quelles sont les conceptions ou les philosophies qui animent sa manière d’être. Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses. C’est plutôt des entretiens qui visent à dresser le portrait de celui ou celle qui veut faire partie du groupe. Les trois maitres écrivent un rapport qui est lu en loge et sert de support de décision à l’atelier qui vote pour la poursuite ou pas des démarches d’initiation.

Alors, pour résumer, les mœurs nous interrogent sur notre responsabilité dans le groupe dans lequel on vit mais posent également la question de la supervision des représentants du groupe sur les individus. Les mœurs justifient le jugement individuel et social. Les mœurs sont la clé de voute du groupe. En cela, j’ai envie de dire que réclamer du franc-maçon qu’il soit de bonnes mœurs est à la fois la moindre des choses puisqu’il ne s’agit pas de se regrouper entre bandits mais aussi une certaine fumisterie : qui oserait se présenter devant une assemblée pour en demander l’entrée en prétendant être une personne tordue, immorale, dangereuse ou incontrôlable ?

Dans tous les cas, être de bonnes mœurs impose fatalement de respecter la loi d’une manière ou d’une autre. Reste à savoir de quelles lois il s’agit. Et encore, on ne se pose pas la question de la Justice, celle avec un « J » majuscule. Est-ce que toutes les lois sont justes ? Je ne vous apprendrai rien en soulignant que l’apartheid n’était pas illégal dans certains pays. L’esclavage non plus.


[1] https://www.cnrtl.fr/etymologie/moeurs.

[2] le Code civil (art. 6 ; 21-23,al. 1er ; 1133), dans la loi du 1er juillet 1901 relative au contrat d’association (art. 3) : « On ne peut déroger, par des conventions particulières, aux lois qui intéressent l’ordre public et les bonnes mœurs. »

Re-définir ce que signifie être libre

La liberté n’est pas plus simple à définir. Tout dépend de quand on parle et surtout de qui en parle. Je vais essayer de faire simple.

Lorsqu’un français du 21ème siècle pense à la liberté, il fait référence à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen[1], à la rencontre entre une initiative individuelle et un ensemble collectif qui s’appuie donc sur un système public contraignant s’imposant à tous sans distinction. Bref, la notion de liberté, centrale, est pour lui un droit naturel et imprescriptible. C’est avant tout le droit de ne pas être opprimé ou asservi, de ne pas subir de contrainte arbitraire c’est-à-dire en dehors de la loi. La liberté se décline de manière universelle en liberté de conscience, d’opinion, d’expression,  d’aller et venir, de réunion, de la presse et des médias, et de culte. Mais ça c’est en 1789, en France. La franc-Maçonnerie est un peu plus vieille. En 1717 (ou 1723), à sa création, la Franc-maçonnerie n’a pas tout à fait la même conception de l’idée de Liberté. A ce moment, être libre c’est de ne pas être une femme, un mineur, ou un esclave c’est disposer de la plénitude de ses droits civiques. En fait, être libre au 18ème siècle c’est un concept assez restreint, ça ne concerne pas tout le monde.

Parler de liberté, dire qu’on est libre, suppose donc de préciser à quel moment on se situe dans l’histoire et sur quelle partie de la planète. C’est d’autant plus vrai que la liberté entretient un lien étroit avec l’idée des bonnes mœurs. « La compréhension et l’appréhension de l’articulation entre les notions d’ordre public, de bonnes mœurs et de contrat peuvent toutefois être mal aisées du fait de la perméabilité des standards juridiques que sont ces deux notions dont le contenu est lié à l’évolution de la société, autrement dit dont le contenu est en perpétuelle évolution. […]Ce principe fondamental du droit puise sa source dans la théorie de l’autonomie de la volonté, qui trouve elle-même ses racines profondes dans la tradition romaine et dans l’Ancien Droit (Code civil 2017, édition Dalloz, article 6) et son épanouissement dans l’individualisme et le libéralisme tel que porté au XVIIIème siècle. Le postulat de la liberté contractuelle repousse, notamment, des interventions de l’État et d’autres personnes publiques dans la détermination du contenu même de l’accord entre deux ou plusieurs personne privées […]qui par leur volonté propre créent ainsi entre elles un « système privé » de droits et d’obligations. Néanmoins, le principe de la liberté contractuelle n’est pas absolu et est limité par un tempérament de taille : le contrat, et plus largement toutes conventions, ne peuvent déroger à l’ordre public et aux bonnes mœurs ( Code civil 2017, édition Dalloz, article 6). Les standards juridiques de l’ordre public et des bonnes mœurs regroupent des principes fondamentaux de notre société dont la valeur est impérative, que la volonté des personnes privées ne peut donc écarter : ces ensembles de postulats impératifs forment un « système public », auquel on ne peut déroger »[2].


[1] https://www.legifrance.gouv.fr/contenu/menu/droit-national-en-vigueur/constitution/declaration-des-droits-de-l-homme-et-du-citoyen-de-1789

[2] Antoine Dolisi, Étudiant en Droit, Faculté de Droit, de Science Politiques et de Gestion – Université de Strasbourg, https://www.lepetitjuriste.fr/lordre-public-bonnes-moeurs-contrat

« Libre et de bonnes mœurs, c’est relatif en fait !

C’est ainsi qu’on peut souligner toute la relativité de la notion de « Libre et de bonnes mœurs ». Être libre et de bonnes mœurs ne signifie pas la même chose pour tout le monde. Au Droit Humain, il est précisé que l’Ordre «  offre une liberté de pensée et liberté de conscience à tous ses membres.  Fervents défenseurs de la laïcité, en  cette  fin  du  XIXe siècle,  [les]  fondateurs  participèrent activement à la préparation de la loi de décembre1905. Le DROIT HUMAIN ne pouvait donc qu’être imprégné de l’engagement laïc de nos fondateurs. Dans un contexte de laïcisation de la société et de la Franc-Maçonnerie européenne, la laïcité, qui sous-tend la liberté de croyance  ou  de  non-croyance,  la  liberté  de  penser, la liberté d’expression, sera ainsi inscrite comme  un  droit  et  un  devoir  dans  notre  Constitution  Internationale  et  comme  principe  fondateur  de  notre Ordre. En s’affranchissant, du  poids  prépondérant  de  l’Église  Catholique  et  en  initiant  des  membres  qualifiés «d’athées stupides» par Anderson, le DROIT HUMAIN suivra les pas du GODF dans l’émergence de la Franc-Maçonnerie dite libérale. Nous voici ainsi des hommes et femmes libres et de bonnes mœurs »[1].


[1] Les socles du Droit humain, la planche du mois, Orient de Saint jean de Maurienne, 17 mars 2023.

Ce qui est attendu d’un Franc-maçon selon les constitutions d’Anderson

La tradition maçonnique s’appuie en partie sur un vieux texte qu’on nomme les Constitutions d’Anderson pour définir les prérequis et les attendus de celui qui fait sa demande pour franchir la  porte du temple. Ce texte écrit en 1721 par James Anderson,  un pasteur presbytérien et de surcroit écossais, fixe les règles de la première Grande loge en Angleterre. C’est dans ce corpus que les termes de « libres et de bonnes mœurs » sont fixés. Il est composé de 4 chapitres dont le premier raconte l’histoire de l’Art Royal en faisant remonter ses origines à Adam et fait références à ses évolutions au travers de l’histoire.  Il y a également un chapitre dédié aux règlements généraux (39 articles qui expliquent comment fonctionnent une loge), et un autre qui nomme le folklore maçonnique notamment en proposant essentiellement des chants. Dans le chapitre 2, Anderson fait part des devoirs et des obligations des francs-maçons. C’est dans ces paragraphes qu’il nomme expressément les choses. Je ne résiste pas à la tentation de les partager.

Vis-à-vis de Dieu, les choses sont claires : « un maçon est obligé, par sa condition, d’obéir à la loi morale ; et s’il comprend bien l’Art, il ne sera jamais un athée stupide, ni un libertin. Mais bien qu’aux Temps anciens les Maçons fussent tenus en tout Pays d’appartenir à la Religion de ce Pays ou de cette Nation, quelle qu’elle fût, on estime cependant, maintenant, plus convenable de ne leur imposer que cette Religion sur laquelle tous les Hommes sont d’accord, et de les laisser libres de leurs Opinions particulières : c’est à dire, être des Hommes bons et loyaux, ou Hommes d’Honneur et de Probité, quelles que soient les Dénominations et Croyances qui puissent les distinguer. Ainsi, la Maçonnerie devient le Centre d’Union et le Moyen de promouvoir la véritable Amitié entre des Personnes qui eussent dû rester perpétuellement séparées »[1]. Le  franc-maçon croit ce qu’il veut, il n’est pas attaché à un culte en particulier, et surtout pas à l’ Eglise catholique. Ceci expliquant peut être cela, les pratiques britanniques en matière de religion et leur distance vis-à-vis du pape a peut-être conditionné certaines réticences de la part des autorités Vaticanes qu’on retrouvera plus tard et encore aujourd’hui.

Plus loin, on trouve : « Les Personnes admises comme Membres d’une Loge doivent être des Hommes bons et loyaux, nés libres, et d’un Age mûr et discret, ni Serfs, ni Femmes, ni Hommes immoraux et scandaleux, mais de bonne Réputation. ». Cette  fois, c’est le concept de libre en tant que détenteur d’une certaine autorité et de droits qui est mis en avant. Les sujets vulnérables du fait de leur naissance, de leur genre, de leur âge ou de leur condition n’ont pas accès à la plénitude de leurs droits civiques. Ce qui parait injuste aujourd’hui était autrefois le socle de la moralité. Parfois, on ne peut que se réjouir du changement !

« Un Maçon est pour les Pouvoirs Civils un paisible sujet, où qu’il réside ou travaille, et ne doit jamais être impliqué dans des Complots et Conspirations contre la Paix et le Bien-Être de la Nation, ni se conduire irrespectueusement à l’égard des Magistrats subalternes. […]Si bien que si un Frère se rebellait contre l’État, il ne doit pas être soutenu dans sa Rébellion, bien qu’il puisse être cependant pris en pitié comme un Homme malheureux ;». A ce sujet c’est amusant de penser que la franc-Maçonnerie a longtemps dans l’imagination populaire, mais pas seulement, été mentionnée à tort comme une des responsables de la Révolution française ! Il serait fastidieux pour le lecteur de citer toutes les recommandations explicites des Constitutions mais la lecture de ce texte est impérative tant il est riche d’enseignements : le maçon est décrit dans ses comportements à l’intérieur de la loge comme à l’extérieur. Anderson définit les gestes, les paroles et les attitudes entre maçons, avec de profanes, etc. Il montre et explique aussi comment on progresse sur le cheminement maçonnique.

Force est de constater qu’un grand nombre de ces indications impératives ont largement perduré, et sont encore aujourd’hui les bases d’une franc-maçonnerie active. Bien sûr, d’autres textes viendront compléter et parfois contredire Anderson.

En tout cas, ce que ces Constitutions montrent, c’est la très large docilité qui est nécessaire au franc-maçon. Le franc-Maçon, défini par Anderson ,obéit et règle son pas sur celui de ses ainés. La tradition s’impose sans nuance.


[1] James Anderson, Devoirs et obligations, ARCHIVES des LOGES d’Outre mer, et de celles d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande, pour l’Usage des Loges de LONDRES, 1721.

Les qualités requises pour devenir Franc-Maçon : une élite ?

Les qualités décrites par Anderson nous offrent un portrait du maçon « libre et de bonnes mœurs » qui se comprend lorsqu’on l’inscrit dans son contexte culturel et historique. La question n’est finalement pas de savoir si le Franc-Maçon est un mouton ou un lion ou une petite main au service de l’existant ou un danger pour les pouvoirs en place ?

Quand on entend « libre et de bonnes mœurs », on peut évidemment chercher à se révolter contre l’injuste, contre ces considérations datées, mysogines, définitivement obsolètes. Toutefois, ce n’est qu’une face du miroir. Derrière ce libre et de bonnes mœurs, il y a la recherche de la compréhension et de la bonté. Il y également l’idée d’une certaine liberté d’expression et de conscience, que la Loge a rendu possible. L’atelier maçonnique choisit ses membres parce qu’il est nécessaire de partager au moins une conviction : c’est dans la confrontation apaisée des opinions que se forge le progrès de soi d’abord et de la collectivité ensuite. J’entends par libre la capacité d’écouter et de prendre en compte des arguments que je n’ai moi-même émis. Pour les mœurs et la probité, il me parait important de souligner la volonté de ne pas nuire à autrui tout simplement. Bien entendu, toutes les lectures restent possibles mais s’il y a de la souffrance et de la production de douleur physique, psychique ou sociale, c’est alors que l’action peut encore être améliorée. Et cela fonctionne pour les mœurs, comme pour toute l’activité humaine. D’une certaine manière, l’œuvre maçonnique consiste à transformer les choses en limitant le plus possible les effets indésirables sur autrui. Le franc-maçon n’est pas un être solitaire, il doit transmettre, être au cœur de l’action.  Le franc-maçon est au contact des autres, y compris des plus vulnérables. Et donc , il vaut mieux qu’il soit sensibilisé et averti que la question des mœurs n’est pas une mince affaire.

Des francs-maçons sur la Terre, pour quoi faire ?

Imaginons un instant le franc-Maçon parfait : celui qui est doté d’un esprit libre, affranchi de tout dogme, qui est capable de douter raisonnablement tout en croyant méthodiquement au progrès, qui sait également garder le silence quand ce n’est pas à lui de parler et ses mains dans la poche quand elles ne doivent pas toucher ou prendre ce qui n’est pas à lui. Le Franc-Maçon parfait sait qu’il est faillible, il se méfie de lui-même en premier. Il a conscience d’être le matériau brut sur lequel il a la possibilité d’agir. Et il en a le désir, et parfois la force et le courage. Mais évidemment un Franc-maçon parfait tout seul, ça ne sert pas à grand-chose. Ça n’empêche pas les salauds de faire tourner la boutique de leurs affaires, de détruire la planète, de voler, de violer, de faire des guerres, de dénigrer son voisin ou de reluquer l’arrière-train de gamines. Pour construire un mur solide et des remparts contre le vice et la destruction, il faut des pierres solides et en grand nombre. Pour transmettre des idées, il faut des générations de francs-maçons. Des anciens et des jeunes, des vieux et des nouveaux, à tous les échelons, dans toutes les strates, sur toutes les parties de la planète. Sans quoi le pari d’un monde meilleur est perdu. Et puis, il faut des francs-maçons parfaits qui savent que le combat sera difficile et probablement perdu d’avance et qui continuent malgré tout de se battre parce que la situation est désespérée. C’est justement parce que l’Humanité ne sera jamais parfaite qu’il faut des hommes et des femmes qui continuent à croire que le monde peut changer et qu’ils ont un rôle à jouer.

2 Commentaires

  1. Dans le contexte du Royaume d’Angleterre, au début du XVIIIe siècle, «être libre» était en fait très précis et lié :
     aux Liberties des Cités face à la Couronne, notamment de la Cité de Londres, écrite dès 16 juin1215 dans la Magna Carta,
     aux privilèges des guildes (Liveries aujourd’hui, et toujours en usage) d’affranchir des hommes pour en faire des freemen dans les Cités et Bourgs.
     aux Charges attribués aux Freemen élevés au statut de Liverymen, chargés de réglementer les affaires de la Cité ou du Bourg (édicter de nouvelles lois et taxes locales, régler des actes de Justice).
    Pour être un freeman, deux possibilités principales étaient offertes :
     obtenir rédemption par achat et après 7 années d’apprentissage minimum obligatoire auprès d’un Freeman,
     obtenir rédemption par achat (mais plus cher bien sûr).
    Être Freeman permettait de monter une affaire et d’être autorisé à travailler dans la Cité ou le Bourg, plus une zone d’exclusivité et réglementée de quelques miles autour (de 1 à 8 miles selon la Guilde/Livery). Il s’agissait d’une règle de Corporations dont ils se portaient également garant de la qualité des produits et services (surveiller par les Maîtres et Surveillants des Liveries). Il y avait un aspect protectionniste des marchés économiques et des savoir-faire, puisqu’il était interdit dans les Liveries d’embaucher des apprentis qui n’étaient pas fils de freeman (pas d’étrangers, pas d’esclaves). Dans le plus ancien texte connu des Devoirs anglais, le Manuscrit Regius (ou Halliwell), daté de la fin du XIVe siècle, il y est clairement spécifié que «le maître doit bien veiller à ne pas prendre de serf comme apprenti, ni à en engager un par obstination, car le seigneur à qui le serf est lié peut venir le chercher où qu’il se trouve». Il y est encore dit que «l’apprenti doit être bien né, de naissance légitime». Ainsi, ces constitutions laissaient clairement entendre qu’il fallait être fils de freeman. James Anderson l’était d’ailleurs, puisque fils d’un Maître verrier d’une Loge de la Cité d’Aberdeen (il fut d’ailleurs Maître de Loge et a reconstitué le Livre des Marques des membres de la loge).
    Les tout premiers textes de la maçonnerie opérative il était écrit : «né libre et de bonnes humeurs» qui devient «libre et de bon renom» ensuite, et pour insister sur les valeurs morales, est devenu «libre et de bonnes mœurs». Les deux notions fréquemment accolées de mœurs et de coutumes perdurent de l’Antiquité jusqu’au XIXe siècle. Si la première regarde les manières d’être comme implicitement structurées par des systèmes de valeurs, la seconde désigne des habitudes, et donc des systèmes de pratiques.
    À la première fête solsticiale d’hiver qui suivit la fondation du Grand Orient, le 27 décembre 1773, un discours sur le caractère et le rôle de la Franc-maçonnerie fut prononcé par le F. Henrion de Pensey. On remarquera ce qu’il dit des «bonnes mœurs» : «Les [bonnes] mœurs, aussi bien que les lois, sont les colonnes sur lesquelles repose la prospérité des empires. Avec des mœurs on se passerait de lois. Sans les mœurs, les plus sages règlements sont inefficaces.»
    Aux exigences des bonnes mœurs citoyennes, la Franc-maçonnerie ajoute des exigences qui lui sont propres parmi lesquelles l’esprit du lien fraternel. À la morale coutumière, la Franc-maçonnerie associe une morale transcendantale, un idéal moral développé dans les catéchismes devenus mémentos et dans les rituels à travers questions et réponses. Ainsi viendront, suivant les grades, des propositions d’élévation morale.

    Bonnes mœurs
    Il existe une morale coutumière, adaptée à tel lieu et à tel temps, qui est la morale des honnêtes gens dans une société donnée. Elle traduit les bonnes mœurs qu’il est souhaitable de suivre pour l’harmonie de la collectivité ; elle est à la mesure de quiconque et ne réclame aucun élan intérieur ni vertu supérieure. C’est ce minimum de morale sociale qui est exigée ; le casier judiciaire du profane doit être vierge lors de sa demande d’entrée en Franc-maçonnerie.
    Pierre-Joseph Proudhon a exploré des définitions du mot «mœurs» à partir de la page 57 de son ouvrage De la justice dans la révolution et dans l’église, nouveau principes de la philosophie pratique : « le mot «mœurs» vient du latin mos, génitif moris, lequel signifie coutume, usage, habitude, institution et aux pluriel mours. La racine de ce mot est la même que celle de modestia, qualité de l’âme qui consiste à garder en tout la mesure et les convenances, vir modestus est l’homme de bonnes manières d’un ton distingué, mesuré dans ses paroles et ses sentiments… :
    Le droit français ne maintient plus l’interdiction de déroger aux bonnes mœurs, toutefois encore évoquée dans l’article 6 du code civil créé par la loi n° 1803-03-05 du 15 mars 1803 (On ne peut déroger, par des conventions particulières, aux lois qui intéressent l’ordre public et les bonnes mœurs) ainsi que dans le code de la propriété intellectuelle et dans le code de commerce. Cette notion apparaît en effet désuète au regard de l’évolution de la société ; la jurisprudence l’a progressivement abandonnée au profit de la notion d’ordre public dont elle n’a eu cesse de développer le contenu.

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Association Georges Troispoints
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L’association Georges Troispoints s’est fixé un but : présenter la Franc-Maçonnerie en général et le Droit Humain de France (dont ses fondateurs sont membres) en particulier, de manière simple et sans détours. Fondée en 2016 et inscrite au Tribunal de Grande Instance de Metz, l'association "mère", Georges Troispoints Moselle, accompagne toutes les actions locales de ses « filles » sur le territoire national. En effet, notre association, a grandi, s’est développée (Auvergne, Alpes Maritimes, Touraine, Vosges, Ile de France….) et nous espérons la voir s’étendre encore à d’autres régions de l’Hexagone et des Outre-Mer. Vous pouvez donc nous contacter en vue d’organiser des Cafés maçonniques ou autres événements dans votre région, votre ville, au sein de vos Orients. Georges Troispoints partagera avec vous ses expériences, sa communication, ses conseils, sur un socle fondateur de valeurs communes, avec pour seule ambition de présenter la Franc-Maçonnerie en général et le Droit Humain de France (dont ses fondateurs sont membres) en particulier, de manière simple et sans détours loin des idées reçues et des préjugés.…Un de ses objectifs est de faire connaître « au dehors », dans le monde « profane », qui sont vraiment les francs-maçons. Nous sommes fiers de notre idéal. Partageons-le. Pour mémoire, en plus du blog sur ce site, "Georges Troispoints Moselle" organise un café maçonnique par trimestre et une ou plusieurs conférences annuelles sous le titre "Les grands Rendez-Vous de Georges". A bientôt ici ou là ...et continuez à nous suivre sur ce site ou sur notre page Facebook !

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