Les Obédiences tissent des relations et des accords qui permettent ainsi les visites, les reconnaissances et parfois les doubles appartenances entre-elles. Il s’agit en quelque sorte, d’un moyen pour légitimer les petites afin de profiter des grandes. Les grandes quant à elles, signent aussi ces accords, mais il s’agit plus d’un traité de paix qu’un désir de croissance lorsque les forces en présence sont de même nature.
Lorsqu’on sait que 85% de la Franc-maçonnerie française se résume aux 8 plus grandes OBéDIENCES réunies, on comprend aisément la situation monopolistique.
Il suffit de rappeler que le GODF à lui seul, représente 33% des effectifs des « big height ». On voit ainsi qui est le patron en France et qui donne le tempo.
Pour paraphraser un ministre de la IIIe république en 1968 :
« Quand le GODF tousse, c’est toute la maçonnerie qui s’enrhume ! »
Mais voilà, cette logique de traités entre Obédiences est plus complexe qu’il n’y parait. Car le traité peut s’accompagner parfois d’un accord pour une patente de Rite. Ce point mérite un léger décodage afin de permettre une meilleur compréhension du système.
Lorsque le fondateur d’un Rite disparait, une structure maçonnique pérenne doit pouvoir en devenir le gardien pour les siècles à venir afin d’assurer la survie et la transmission. Les maçons disparaissent, alors que les Obédiences sont censées rester longtemps. C’est un moyen de protéger le Rite et de s’assurer qu’il ne sera pas exploité par des structures maçonniques sectaires ou malveillantes. Nous le comprenons, tout cela part d’un très bon sentiment.
Ce principe de fonctionnement serait juste et parfait, puisqu’il existe depuis des siècles… si les Obédiences ne s’étaient pas impliquées dans des investissements immobiliers pour financer les Temples. En effet, lorsqu’une Obédience est à la fois propriétaire du Rite par la patente et propriétaire du Temple qui engendre des revenus immobiliers pour autofinancer cesdits temples, on comprend rapidement le conflit d’intérêts. On serait en droit de penser que les Obédiences sont impartiales et respectent des règles éthiques, mais comment maintenir ces bonnes intentions lorsque des crises financières ou des bulles immobilières à répétitions viennent perturber la vie initiatique de nos Temples ?
Revenons aux traités d’amitié avec un exemple concret, qui pourrait s’apparenter à un abus de pouvoir ou de petits arrangements entre amis avec un cas concret :
Lors du Conseil de l’Ordre de la Séance plénière des 30 novembre et 1er décembre 2018 du GODF, sous la direction du Grand Maître Jean-Philippe HUBSCH, le conseil de l’Ordre entreprend une démarche de suspension des traités avec quelques Obédiences « amies », en les personnes de :
- la Grande Loge des Cultures et de la Spiritualité (GLCS),
- la Grande Loge Mixte Nationale (GLMN), et
- la Grande Loge Mixte de Memphis Misraïm (GLMMM).
Les trois sont accusées des mêmes maux. On leur reproche un manque de stabilité. Ainsi, les trois traités avec ces 3 Obédiences amies finissent par être suspendus.
Le cas de la troisième Obédience (GLMMM) est particulier et mérite d’être souligné.
Une guerre interne durant l’année 2018 et 2019 va conduire cette dernière à se vider de 80 % de ses effectifs. De surcroit, une des Loges restantes est gérée par un Vénérable Maître qui avait été radié du GODF 24 ans plus tôt pour trafic d’influence et faux et usage de faux avec condamnation de 4 ans de prison (Jean-Michel Boucheron) et qui le 30 janvier 2018, avait été rejugé pour fraude fiscale, mais aussi pour organisation d’insolvabilité. Venait d’être à nouveau condamné le 27 mars 2018, à 18 mois de prison avec sursis, 20 000 € d’amende et la privation de ses droits civils, civiques et familiaux durant 3 ans. Par conséquent, son Obédience devait l’exclure et en aucun cas le GODF ne devait maintenir un traité d’amitié dans ces conditions.
Un proche du dossier nous confirme d’ailleurs que l’intégralité des pièces avait été remise en mains propres au F∴ Michel KUNTZ ex Grand Orateur de l’époque pour être transmis au Grand Maître. Le GODF n’a jamais tenu compte de ces éléments.
A la surprise générale, quelques mois plus tard, sur les 3 traités en question, 2 étaient toujours en instance de traitement, celui de la micro Obédience GLMMM avec ses quelques dizaines de membres avec un VM privé de ses droits civiques étaient quant à lui rétabli. On pourrait penser que cela vient de l’administration HUBSCH.
Que nenni, car 5 ans plus tard, notre rédaction a fait un état des lieux et la situation ne s’est pas améliorée loin s’en faut. La rédaction a contacté les 2 Obédiences en suspens.
La GLMN : aucune nouvelle, le traité n’a jamais été résilié, mais il n’a jamais été rétabli. Depuis 2 Grands Maîtres se sont succédés, aucune affaire fâcheuse n’est venue entacher l’image de cette Obédience, pourtant, le traité est toujours en attente de rétablissement.
La GLCS : Même traitement pour cette Obédience, le Grand Maître vient d’être remplacé, l’Obédience continue sa route sans ternir sa réputation. Pourtant, aucune nouvelle du GODF pour le rétablissement du traité malgré le souhait du nouveau Grand Maître Pierre Lacagne qui dit vouloir relancer prochainement les discussions à ce propos.
La GLMMM : Autre son de cloche du côté de cette énigmatique maison. Il est en effet difficile de nommer cette micro structure une Obédience. En effet, il y a quelques semaines, le mercredi 11 octobre dernier, notre confrère Hiram.be titrait dans ses colonnes : GLMMM – le GM sortant seul candidat… pour un 5e mandat ! Il informait ses lecteurs que le Grand Maitre en place depuis 5 ans avait éliminé son opposant au printemps dernier pour rester seul en course, comme il a coutume de le faire depuis son arrivée. Le confrère concluait son papier par la question : « Que se passera-t-il quand il ne restera plus que le Grand Maître ?… »
Tout cela n’est qu’anecdotique pour la Franc-maçonnerie. Ce qui est plus inquiétant, c’est que le GODF maintient ses liens avec cette maison devenue douteuse pour ne pas dire sulfureuse.
La rédaction de 450fm a contacté les services de communication du GODF afin de comprendre. A l’heure où cet article parait, le GODF n’a pas souhaité apporter de réponse aux questions de la rédaction.