ven 22 novembre 2024 - 12:11

Plongée dans la loge maçonnique gaillacoise

De notre confrère ladepeche.fr

La Loge Orion s’est ouverte en 1813. Une “grande loge dans une petite ville”. À l’occasion du 250e anniversaire du Grand Orient de France, les “frères” gaillacois ont créé leur “Mur des Illustres”.

Le Grand Orient de France fête cette année les 250 ans de son appellation. Sa loge gaillacoise a voulu marquer cette célébration par la réalisation d’un mur mémoriel honorant six de ses anciens membres qui se sont illustrés dans la vie de la loge et de la société.

Rendez-vous est pris avec Robert, un “frère”, sur une place de la ville. Il nous conduit dans une rue du centre historique. Une porte anonyme ouvre sur une galerie. Sur la droite, des fac-similés de “J’accuse” de Zola dans l’Aurore, de la “Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne” d’Olympe de Gouges, et une gravure illustrant la plantation d’un arbre de la Liberté.

En face, les photos des illustres frères Fos de Laborde (1750-1814), délégué du Tiers Etat et maire de Gaillac : c’est lui qui fonda la Loge La Parfaite Harmonie en 1774 qui devint Orion en 1813. Paul Marchandeau, six fois ministre de la troisième République et maire de Reims, fut initié à Orion en 1904. Paul Bousquet (1907-1983) résistant gaillacois, en fut le Vénérable pendant quatorze ans. Pendant la guerre, il cacha chez lui les archives de cette Loge Orion, puis relança son activité à la Libération.

Hubert Landes (1905-1982) chef de la brigade de Vabre, sauva de nombreux juifs et fut reconnu en 2021 Juste parmi les Nations. Roger Navarrot (1907-1963) impulsa dès 1940 la Résistance sur Gaillac aux côtés de Renée Metge, Lucien Flour et Pierre Vendeven, dit “Vendôme”. Robert Labrusse, ancien Préfet, fut membre du Conseil de l’Ordre.

Rites et Fraternité

En juin, les frères ont tenu une cérémonie inaugurale rappelant qu’une “petite ville peut avoir une grande loge”. Robert indique que jusqu’en 2021, l’édifice abritait trois loges, mais la Grande Loge Féminine de France est partie à Albi. Restent Le Grand Orient de France et Le Droit Humain.

Robert préside l’Association Philanthropique, propriétaire des locaux. “Sous Vichy, ils avaient été vidés, mais le maire avait résisté pour garder le bâtiment et y recueillir des réfugiés. Un charpentier s’y est installé et l’a maintenu en l’état. Puis le Comité de Libération a demandé, dès sa première réunion, d’y réinstaller la Loge”. Comité que présidait un frère, Roger Navarrot.

Ce sont des Francs Maçons qui ont travaillé à gratter, piquer et jointer les briques. L’an dernier, l’édifice a été mis en accessibilité. Robert poursuit le guidage vers la cuisine et la salle où ils se retrouvent deux fois par mois. “Ici, nous mangeons avant la tenue. Ailleurs, c’est souvent l’inverse. À tour de rôle, trois frères se chargent du repas”.

À l’étage, la bibliothèque et, derrière une porte où il faut taper avant d’entrer, se trouve le Temple. Une pièce où l’éclairage indirect maintient une pénombre bleutée propice à la réflexion. Sur les côtés, des fauteuils alignés comme dans une stalle, un parquet ciré, une estrade parée des signes maçonniques : triangle, équerre et compas.

Robert parle à voix basse. “Ici, on apporte sa vision sans affrontement. La Loge est une école de maîtrise de soi, on apprend à écouter. Au-delà des sujets de société abordés, il y a les relations interpersonnelles, la fraternité qui règne entre nous”. La visite se termine, la porte se referme sur leurs secrets. Ils se retrouveront lors de la prochaine tenue. Quand et sur quel thème ? Robert sourit en guise de réponse.

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