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03/10/23 : L’ITEM présente « Gaston Monnerville, homme d’État et franc-maçon »

L’ITEM, l’Institut Toulousain d’Études Maçonniques vous connaissez forcément. 450.fm s’est fait l’écho, à de multiples reprises, de ses manifestations, notamment lors du salon 7e Salon maçonnique de Toulouse en novembre 2022.

Le 3 octobre prochain, à 20h, rue de l’Orient à Toulouse (Haute-Garonne), l’ITEM organise une conférence ayant pour thème « Gaston Monnerville, homme d’État et Franc-Maçon ».

Gaston Monnerville fut membre durant toute sa vie de la Grande Loge de France, d’une longévité maçonnique exceptionnelle.

Initié 16 octobre 1918, venant juste d’être majeur, il occupa, à diverses reprises, des fonctions importantes au sein de l’Ordre. Toutes ses actions ainsi que ses multiples engagements témoignent de son attachement à l’idéal maçonnique qui, pour lui, se résume ainsi :

– la Liberté pour tous les Hommes ;

– l’Egalité parmi tous les Hommes ;

– la Fraternité entre tous les Hommes.

Il aura cherché toute sa vie à mettre en œuvre ces principes.

Commençons par son engagement maçonnique

Il fut franc-maçon en 1915, initié à la respectable loge « La Vérité » n° 280 de la GLDF, à l’orient de Toulouse. Il fut affilié ensuite à la « « La Prévoyance » n° 88, à l’orient de Paris et devint député de sa Loge, puis Conseiller fédéral.

Il intégra le Suprême Conseil de France (SCDF) au sein duquel il fut élevé au 33e et dernier degré du Rite Écossais Ancien et Accepté.

Gaston Monnerville considéra toujours son engagement maçonnique comme l’un des plus engageants de sa vie. Malgré ses multiples et hautes fonctions républicaines il resta tout au long de sa (très longue) vie, un franc-maçon actif et assidu.

À titre d’exemple, le 5 mai 1981, alors âgé de 84 ans, il prononça en l’Hôtel de la Grande Loge de France, une conférence majeure consacrée à l’abbé Grégoire.

C’est en octobre 1985, au moment où Alain Ara – conférencier d’un soir pour la circonstance – organisait en tant que jeune vénérable maître, le centenaire de sa Loge « La Vérité » qu’il vint honorer de sa présence cette manifestation.

L’exposé se déroulera en deux temps : l’homme politique et le franc-maçon.

Pour mémoire, nous devons la première biographie consacrée à Gaston Monnerville, qui fut pendant vingt-deux ans l’inamovible président de la deuxième Assemblée, à Jean-Paul Brunet avec son Gaston Monnerville. Le Républicain qui défia de Gaulle (Paris, Albin Michel, 1997).

Signature de Gaston Monnerville – Archives nationales, 20210278 – 1, dossier n° 59-3 DC.png

Retour sur un homme, une vie, un idéal…

Avec un précédent de taille, trop vite oublié, en la personne de Gaston Monnerville, radical socialiste et homme de Gauche, qui resta plus de 20 ans président du Sénat et Monnerville, ses mandats sont le reflet de sa vie et de son engagement pour servir la France et la République :

1932 – 1942 : député radical de la Guyane

1935 – 1940 : maire de Cayenne

1946 – 1948 : sénateur de la Guyane

1948 – 1974 : sénateur du Lot

1947 – 1968 : président du Conseil de la République puis du Sénat

1951 – 1971 : président du conseil général du Lot

1964 – 1971 : maire de Saint-Céré

1974 – 1983 : membre du Conseil constitutionnel

L’avocat de métier :

Petit-fils d’esclaves, né le 2 janvier 1897, il fréquente le lycée de Cayenne, commune française et chef-lieu désormais de la collectivité territoriale unique française de Guyane et, en 1912, bénéficiant d’une bourse d’études, il quitte la Guyane et entre en classe de seconde à Toulouse, au lycée Pierre de Fermat, un lycée emblématique de la ville rose qui porte le nom du célèbre magistrat, polymathe et surtout mathématicien français, surnommé « le prince des amateurs ».

Lycée Fermat, Toulouse.

Élève particulièrement brillant, il opte pour les lettres et choisit de suivre la classe de philosophie. Il y remporte notamment le prix Théodore Ozenne décerné par l’Académie des sciences et belles-lettres de Toulouse et le prix d’honneur. Il passe à la fois sa licence ès lettres et sa licence en droit, avec les félicitations du jury. C’est également avec les félicitations du jury qu’il fut reçu, en 1921, docteur en droit.

Dès 1918, il s’inscrit au Barreau de Toulouse. Reçu, en 1921, au concours des secrétaires de la Conférence, il prononce, à une séance solennelle de rentrée, un discours remarqué sur « La Critique et le Droit de réponse ».

Gaston Monnerville quitte Toulouse et s’inscrit en 1921 au Barreau de Paris. Il entre bientôt au cabinet d’un célèbre avocat, César Campinchi (1882-1941), dont il sera, pendant huit ans, le principal collaborateur.

En 1923, il est reçu au concours des secrétaires de la Conférence des avocats, à la Cour d’appel de Paris. En 1927, il est élu président de l’Union des jeunes avocats à la cour de Paris.

Le député Monnerville en 1932.

Gaston Monnerville plaide plusieurs grands procès. Et surtout, il s’illustre, à l’âge de 34 ans, en 1931, dans l’affaire Galmot ou le procès des émeutiers de la Guyane est un procès de l’entre-deux guerres en France. En effet, au cours de ce procès, Gaston Monnerville prononce un illustre et vibrant discours qui est un véritable réquisitoire contre le colonialisme et le traitement infligé à la Guyane. Il a provoqué ainsi l’émotion des jurés, mais aussi de l’opinion publique, entraînant la relaxe de tous les accusés. Fort de cette aura, Gaston Monnerville s’engage ensuite dans une carrière politique : il devient député de Guyane, sous-secrétaire d’Etat aux colonies et président du Conseil de la République puis du Sénat…

Un prestigieux homme politique

Gaston Monnerville est élu à une très forte majorité député radical socialiste de la Guyane en 1932. Il sera réélu en 1936.

Dans les troisième et quatrième cabinets de Camille Chautemps, il est sous-secrétaire d’État aux Colonies en 1937 et 1938. La nomination d’un homme de couleur au gouvernement ne fut appréciée ni en Allemagne, ni en Italie, ni évidemment en France par l’extrême droite.

Engagé volontaire dans la marine du 23 juin 1939 jusqu’à la formation du régime Pétain, Gaston Monnerville participe à la Résistance et entre dans le mouvement Combat sous le nom de « Saint-Just » en hommage à son oncle, Saint-Just Orville,  candidat du parti radical-socialiste devenu maire de Case Pilote, une commune située dans le département de la Martinique.

Le Sénat.

Après avoir été élu aux deux Assemblées nationales constituantes, Gaston Monnerville est élu au Conseil de la République – futur Sénat ; Guyane – en 1946. Il devient président de ce conseil en mars 1947. En 1948, il est élu dans le Lot et conserve ce mandat sous la Vème République en qualité de sénateur du parti de la Gauche démocratique.

Après 1958 où il aide à la constitution de la Ve République, il conserve son mandat à la tête de la Haute Assemblée en étant président du Sénat de 1959 à 1968. Il aura ainsi présidé la deuxième chambre du Parlement pendant 21 ans. Il siège au Sénat jusqu’en 1974.

En 1962, Gaston Monnerville s’oppose au projet de référendum sur l’élection du président de la République au suffrage universel et lâche le mot de « forfaiture » à l’encontre du Premier ministre Georges Pompidou, qui avait accepté de signer le projet de référendum.

Il combat le projet de réforme du Sénat qui sera rejeté lors du référendum du 27 avril 1969, ce qui provoquera le départ immédiat du Général de Gaulle.

De 1962 à 1969, le Président Monnerville sera l’un des opposants les plus résolus au général de Gaulle. Gaston Monnerville présida également le Sénat de la Communauté en 1959 et 1960.

Sur le plan municipal, il fut maire de Cayenne, puis maire de Saint-Céré (Lot). Sur le plan départemental, il présida le conseil général du Lot de 1951 à 1971.

Gaston Monnerville fut depuis toujours membre du Parti radical socialiste. Lorsque survient la scission radicale de 1972, il donne son adhésion au nouveau Mouvement des radicaux de gauche.

Le 22 février 1974, Alain Poher, son successeur, le nomme membre du Conseil constitutionnel. Gaston Monnerville prête serment le 5 mars, devant Georges Pompidou, président de la République, qui décédera moins d’un mois plus tard, le 2 avril.

Gaston Monnerville est Chevalier de l’Ordre de la Légion d’honneur à titre militaire pour faits de résistance depuis 1947. Il est promu Officier de l’Ordre de la Légion d’honneur en 1983 par le chef de l’État, François Mitterrand, qui lui remet sa décoration à l’Élysée.

Gaston Monnerville, en 1947.

Atteint d’un cancer depuis plusieurs années, il décède le 7 novembre 1991, à l’âge de 94 ans. Conformément à ses dernières volontés ses cendres furent dispersées au vent. Comme l’a rappelé Philippe Martial, directeur de la Bibliothèque et des Archives du Sénat dans son allocution au Panthéon en hommage à Gaston Monnerville le 28 juin 1997 : « Sa dernière volonté, Mesdames et Messieurs, sa volonté formelle était que ses cendres fussent dispersées. Il est clair qu’il s’est dérobé au culte barbare des dépouilles sacrées. Et pourtant, il ne manquait pas, chaque année, de se rendre au Panthéon, à Vaugirard, à Montparnasse où reposent Schoelcher, Mortenol, Eboué, et (avant son transfert) Grégoire. Mais, pour lui-même, il a refusé une tombe sur laquelle nous viendrions nous recueillir. Monnerville nous a interdit les reliques et le pèlerinage. Il n’a pas voulu laisser d’autres traces que les conséquences de ses actes et le retentissement de sa pensée. »

Grand porte-parole des droits de l’homme en France, Gaston Monnerville fut très clairement l’un des meilleurs orateurs français sous la IIIe, IVe et Ve République ! Grand serviteur de l’État, il reste cependant un homme politique un peu oublié dans notre histoire contemporaine…

Il est temps de réhabiliter la mémoire de ce républicain, grand homme d’État, qui a su toujours porter haut et fort nos belles valeurs sans ambition aucune et total désintéressement. Pour la France !

Une conférence sous l’égide de l’Institut Toulousain d’Études Maçonniques, à ne pas manquer.

https://www.item-fm.org Voir moins

Sources : Fondation Clément, ITEM, Blog des spiritualités, Wikimedia Commons

YouTube : Gaston Monnerville au Panthéon ?

Portrait de Gaston Monnerville

L’héritage de Gaston Monnerville, par lui-même !

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Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti est directeur de la rédaction de 450.fm. Il a fait l’essentiel de sa carrière dans une grande banque ancrée dans nos territoires. Petit-fils du Compagnon de l’Union Compagnonnique des Compagnons du Tour de France des Devoirs Unis (UC) Pierre Reynal, dit « Corrézien la Fraternité », il s’est engagé depuis fort longtemps sur le sentier des sciences traditionnelles et des sociétés initiatiques. Chroniqueur littéraire, membre du bureau de l'Institut Maçonnique de France (IMF) et médiateur culturel au musée de la franc-maçonnerie (Musée de France), il collabore à de nombreux ouvrages liés à l’Art Royal et rédige des notes de lecture pour plusieurs revues obédientielles dont « La Chaîne d’Union » du Grand Orient de France et « Perspectives » de la Fédération française de l’Ordre Mixte International Le Droit Humain ou encore « Le Compagnonnage » de l’UC. Initiateur des Estivales Maçonniques en Pays de Luchon, il en a été le commissaire général. En 2023, il est fait membre d'honneur des Imaginales Maçonniques & Ésotériques d'Épinal (IM&EE).

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