jeu 21 novembre 2024 - 15:11

Lieu symbolique : Le Temple de Lanleff à l’origine si mystérieuse…

Certains voyaient à Lanleff, situé dans les Côtes-d’Armor, un temple gallo-romain, d’autres un baptistère mérovingien.

La couleur rose est due à la présence d’oxyde de fer.

Quant aux romantiques, ils n’ont pas hésité à qualifier le bâtiment de sanctuaire d’origine celtique : les Celtes ont toujours affiché un profond respect pour le symbolisme du cercle. D’autres y voyaient déjà une édification d’origine templière, ronde comme le saint Sépulcre de Jérusalem qui est, selon la tradition chrétienne, le tombeau du Christ, c’est-à-dire le sépulcre où le corps de Jésus de Nazareth aurait été déposé au soir de sa mort sur la Croix.

Aujourd’hui, tous les chercheurs se rejoignent pour dater la construction de la si mystérieuse et curieuse église au XIe siècle.

L’édifice est de style roman, et son magnifique granit rose lui confère une austérité toute monastique. Quant à son inspiration en cercle, finalement les chercheurs – qui ont trouvé – ont tranché ! Elle serait donc plus d’origine palestinienne, en ressemblance et à l’imitation du Saint-Sépulcre de Jérusalem, que celtique.

Avec sa construction en rotonde, le temple de Lanleff intrigue depuis des siècles. Pas étonnant dès lors que s’y attache le légendaire, comme un troc avec le diable ! Commençons par elle.

Une légende est liée au temple de Lanleff. Une pauvre et affreuse femme fit un troc avec le diable : son enfant en échange de pièces d’or. Lucifer conclut l’affaire et déposa une poignée de pièces sur la margelle de la fontaine, sise près du temple. Puis il saisit l’enfant et l’emporta. Quand la mère indigne voulut récupérer son butin, elle se brûla gravement : les pièces sortaient tout juste des flammes de l’enfer. Dans un cri de douleur, elle lâcha l’or si convoité et les pièces s’incrustèrent à tout jamais dans le granit de la margelle. Si vous passez par Lanleff, rendez-vous à la fontaine. Vous mouillerez la margelle et 14 pièces apparaîtront. Mais réfléchissez bien avant de les saisir et de les empocher…

Extérieur ; exotérique ?
Intérieur ; ésotérique ?

Puis, posons-nous la question de savoir pourquoi certaines églises sont rondes ?

Si certaines églises sont rondes, c’est en raison de choix architecturaux spécifiques liés à leur époque de construction, à la culture locale, aux besoins liturgiques ou encore à des considérations défensives. De la forme circulaire, en voici quelques raisons :

Documentation consultable sur place. Grand merci à l’association locale.
Courants telluriques. Document association locale.
  • une architecture préromane et romane.  C’est ainsi qu’au début de l’architecture chrétienne, certaines églises rondes ont été construites en utilisant des plans centrés, qui étaient souvent associés à des styles préromans ou romans. Ces églises avaient souvent une signification symbolique, la forme circulaire évoquant l’idée d’unité, de plénitude et de perfection.
  • un culte païen. Dans certaines régions, les églises rondes peuvent avoir été construites sur d’anciens sites païens ou mégalithiques, et la forme circulaire pourrait avoir été choisie pour incorporer des éléments locaux ou pour atténuer la transition entre les croyances païennes et chrétiennes.
  • des nécessités défensives. Dans certains cas, des églises rondes ont été conçues à des fins défensives. La forme ronde offre une meilleure visibilité et une meilleure résistance aux attaques, par opposition à la forme traditionnelle de l’église à nef unique.
  • Des influences locales et culturelles. La forme ronde peut également être influencée par des traditions architecturales locales, des matériaux disponibles et des méthodes de construction spécifiques à la région.
  • De nouveaux besoins liturgiques. Au fil du temps, les besoins liturgiques ont évolué, et dans certains cas, des églises rondes ont pu être conçues pour accueillir des congrégations plus nombreuses et pour favoriser une meilleure acoustique ou une meilleure visibilité pour les fidèles.
Chapiteau en grès rose.

Mais, il s’agit souvent d’une combinaison de facteurs historiques, culturels, religieux et architecturaux.

Un peu d’histoire et de culture…

L’édifice se présente sous la forme de deux murailles concentriques, sans couverture, constituées de petit appareil, pour l’essentiel en grès rose, hélas trop friable, que le temps dégrade fortement; on trouve aussi un certain nombre de pierres volcaniques de couleur sombre, appelées spilite ou tuffeau vert ; il y a même quelques blocs de granite gris-beige.

Ces deux enceintes reposent, en guise de fondation,  sur un mur bahut large de plus d’un mètre .Il manque environ un tiers de l’enceinte extérieure ; la partie restante est complétée par deux absidioles, l’une à l’est, l’autre au sud-est. Cette partie restante est percée, à intervalles assez réguliers de neuf ouvertures qui évoquent ce que l’on sait des meurtrières moyenâgeuses. La circonférence extérieure totale a du être de 60 mètres. La partie est-sud est de l’édifice est formée d’un espace couvert qui relie les 2 enceintes extérieure et intérieure; cette partie laisse supposer que la construction devait être ainsi dans sa totalité.

Adam pudique. La particularité de cet élément décoratif est les grandes mains aux très grands doigts.

L’enceinte intérieure est formée de douze arches de style roman primitif portées par des piliers carrés de 90 cm de côté; ces arches sont toutes de dimensions différentes. Des colonnes engagées agrémentent chaque côté de chaque pilier.

La structure de ces piliers laisse penser que la construction de l’édifice est plus ancienne qu’on ne l’a, le plus souvent, envisagée, en effet, la plupart des constructions connues du début du XIe siècle utilisent des piliers ronds, les piliers carrés les ont précédés dans les techniques de construction.

Chapiteaux ; Photo site Temple de Lanleff.

Les colonnes présentes dans la partie intérieure de la paroi interne sont au nombre de 12, quatre hautes d’environ 4,5 mètres, 8 de 3 mètres. Elles ont perdu leurs chapiteaux. Chacune des colonnes sous les arcades est surmontée d’un chapiteau en forme de pyramide inversée, tronquée.

YouTube et le Temple de Lanleff

Lieu dédié au culte du soleil ? Construction templière ? Au centre de la petite commune de Lanleff, les deux enceintes concentriques d’un « temple » ont longtemps intrigué érudits et archéologues. Il s’agirait en fait d’une église chrétienne édifiée au XIe siècle, constituant sans doute le plus vieil édifice médiéval encore debout en Bretagne. Un patrimoine rare classé Monument historique en 1889, suite à la visite quelques années plus tôt de l’écrivain Prosper Mérimée, alors inspecteur général pour l’institution. Aujourd’hui, le site vit grâce au travail de l’association Le Temple de Lanleff, qui y organise des visites gratuites.

Temple de Lanleff dans les Côtes d’Armor, lieu qui reste une énigme!

Le temple de Lanleff est le plus ancien édifice du haut Moyen-Age encore visible en Côtes d’Armor. Le charme du bâtiment se trouve renforcé par le mystère de ses origines, oui cela reste une énigme et laisse beaucoup de réflexions !

Sources : Bretgane.com ; Lanleff-temple ; Photos © Yonnel Ghernaouti, YG

Reproduction, Adam et Ève, 2015.
Reproduction, Adam pudique, 2015.
Reproduction, pariade- période où les oiseaux s’unissent par paire pour l’accouplement, 2015.
Reproduction, naissance d’Ève, 2015.
Document association locale.
Base de la colonne marquée d’un X.
Base de colonne.

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Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti, fut le directeur de la rédaction de 450.fm de sa création jusqu'en septembre 2024. Il est chroniqueur littéraire, membre du bureau de l'Institut Maçonnique de France, médiateur culturel au musée de la franc-maçonnerie et auteur de plusieurs ouvrages maçonniques. Il contribue à des revues telles que « La Chaîne d’Union » du Grand Orient de France, « Chemins de traverse » de la Fédération française de l’Ordre Mixte International Le Droit Humain, et « Le Compagnonnage » de l’Union Compagnonnique. Il a également été commissaire général des Estivales Maçonniques en Pays de Luchon, qu'il a initiées.

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