De notre confrère espagnol nuevatribuna.es – Par l’historien Eduardo Montagut
Dans la franc-maçonnerie, la figure de loweton, lobeton, luveton, lovetón, lobatillo ou lustón a traditionnellement existé, qui peut apparaître de tant de façons. Il serait le fils d’un Maître Maçon, et puisque les Maçons sont frères entre eux, il deviendrait comme un “neveu” d’eux tous. Il existe plusieurs théories sur l’origine du terme, mais, dans une certaine mesure, il est associé à l’ouvrage The Jungle Book, donc lié au concept d’initiation à la franc-maçonnerie, et à l’œuvre d’un franc-maçon très en vue, Rudyard Kipling . Ensuite, il y aurait la figure du Cub dans les Boys Scouts , une organisation lancée par un autre franc-maçon, Robert Baden-Powell.
L’acquisition de la condition de loweton était acquise lors d’une cérémonie de réception maçonnique, au sein d’une loge , et cela deviendrait le premier contact qu’un laïc, en tant que fils de maçon, aurait avec la franc-maçonnerie. Lors de cette cérémonie, l’engagement des frères du maître maçon serait établi afin de protéger son fils si quelque chose arrivait au père. On parlerait, finalement, d’une sorte de baptême maçonnique. Les droits de Loweton prescriraient l’atteinte de l’âge de la majorité, moment auquel il pourrait être initié si on le jugeait ainsi.
Eh bien, nous avons trouvé une référence à un “baptême maçonnique” dans l’Espagne du XIXe siècle. La loge Legalidad de la ville de Linares a organisé une cérémonie le 26 juin 1885, comme le rapporte dans son numéro du 5 juillet le journal Las Dominicales del Libre Pensamiento , un journal fondamental non seulement pour la libre pensée, mais pour la franc-maçonnerie , le féminisme et le républicanisme jusqu’à le 20ème siècle .La nouvelle faisait allusion au fait que plusieurs “dames et demoiselles” étaient présentes. Rappelons qu’il existe en franc-maçonnerie certaines cérémonies ouvertes à des personnes qui n’en font pas partie, telles que les funérailles, les reconnaissances conjugales (mariages), les tenues blanches et les cérémonies de “baptême”, bien que nous ne sachions pas exactement si ces “dames et jeunes dames” étaient maçons ou non, mais nous supposons que non.
L’acte se terminait par un banquet , c’est-à-dire une sorte d’agape, selon la terminologie maçonnique, au sein de la « plus pure fraternité ». Dans celui-ci, comme d’habitude dans ce type de banquet, des toasts ont été portés, et le journal en a souligné l’un, que nous reproduisons afin de fournir des éléments pour mieux comprendre ce qu’a été la franc-maçonnerie dans l’histoire espagnole :
« Je trinque parce que comme des francs-maçons,
travaillant sans cesse,
nous arriverons bientôt au jumelage des
races, des peuples et des nations :
qu’unis comme mon âme le désire,
nous ferons bientôt
de chaque hutte un palais,
de chaque église une école ;
Eh bien, si le monde que l’homme habite en vous
a besoin d’un temple sacré pour prier , c’est un temple créé par Dieu : et en lui avec un amour sans mesure et agissant avec droiture, la vertu doit avoir un autel dans chaque maison.
Je trinque alors en conclusion,
car d’en bas
il n’y a plus de religion
pour tous, de travail,
et de morale gouvernante
partout, plus qu’étonnant,
qu’il n’y ait plus de loi pour l’homme
que de loi naturelle,
ni plus de Dieu que sa conscience…,
et travaillant après le bien,
que la science soit leur Dieu
car Dieu n’est rien de plus que la science ».
Sur l’ adoption des enfants du franc-maçon, nous pouvons consulter différents dictionnaires et ouvrages de référence maçonniques. Nous fournissons un livre : Andrés Cassard, Manual de la Masonería, c’est-à-dire Le couvreur des anciens rites écossais, français et d’adoption, New York, 1861, deuxième édition, et dont une édition en espagnol est sortie. Ce qui nous intéresse ici serait relevé de la page 801 et suivantes. Ce livre est consultable sur le net.
Ne faudrait-il pas différencier les cérémonies de baptême et celles d’adoption?
Il semble qu’il y ait bien eu des cérémonies de baptêmes pour des enfants de moins de 3 ans (accompagnés de leur nourrice!) telles que décrit en 1825 par Riebesthal dans “Rituel maçonnique pour tous les rites”, p.44 et 58 : books.google.fr/books?id=sUJfAAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl.
L’adoption ne concernait alors que les enfants d’au moins 7 ans, telle que précisée par J.M. Ragon dans son opus “Liturgie maçonnique. Rituel d’adoption de jeunes louvetons” : books.google.fr/books?id=IAkIAAAAQAAJ&printsec=frontcover&redir_esc=y#v=onepage&q&f
On trouve des liens très intéressants de documents à consulter sur la page: http://mvmm.org/c/docs/anvers.html#l
Concernant les lowtons, nous lirons utilement de Jean-Marie Ragon de Bettignies (1781-1862), plus connu sous le non de Jean-Marie Ragon, qui reçut la lumière en 1804 à l’orient de Bruges, son « Liturgie maçonnique. Rituel d’adoption de jeunes louvetons (Lowtons) improprement appelé e baptême maçonnique » (Paris, Collignon, libraire-éditeur, 31, rue Serpente, 1860).
Disponible gratuitement sur Google Books https://bit.ly/44QAh26
Pour mémoire, Ragon, sous l’Empire, fut caissier de la recette générale de Bruges, en Belgique. Il fonde à Paris, en 1814 ou 1816, la loge des « Trinosophes » et collabore à « Hermès », première revue maçonnique française. Son départ en 1820 aux États-Unis d’Amérique semble marquer la fin de son activité maçonnique…