mar 05 novembre 2024 - 23:11

Lieu symbolique : La chapelle des Templiers de Cressac-Saint-Genis,  en Charente

Dans le hameau du Temple, à Cressac-Saint-Genis (en Charente), la petite chapelle des Templiers est célèbre pour ses peintures romanes.

Commençons par la commanderie…

La commanderie de Cressac, commanderie hospitalière après avoir été templière, est située à Cressac-Saint-Genis, dans le département de la Charente, au sud-ouest d’Angoulême, au lieu-dit le Temple, ou le Dognon. Elle est d’ailleurs aussi désignée sous le nom de commanderie du Dognon.

La commanderie hospitalière, dont faisait partie la chapelle, couvrait également le lieu-dit l’Hôpital à Blanzac.

Un peu d’histoire

La présence d’un puits jamais à sec a permis aux Templiers de faire bâtir une commanderie et de s’installer sur le chemin du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. La chapelle, construite entre 1150 et 1160, est le seul bâtiment restant de cet ensemble.

Après la chute de l’ordre du Temple en 1312, cet ensemble a été donné aux Hospitaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem. À la Révolution, celle-ci a été vendue comme bien national pour servir de bâtiment agricole.

Elle a été achetée au début du XXe siècle par l’église protestante de Barbezieux et est aujourd’hui propriété de l’Église protestante unie de Barbezieux (EPUB). Elle a été remise en état et sert depuis lieu de culte ce qui explique la présence d’une croix huguenote au centre du mur sud qui ne présente pas ou plus de fresque.

Des restaurations qualifiées de « trop radicales » ont été effectuées avant 1969. En 2011 des dégradations ont été constatées nécessitant des travaux d’étanchéité. Une campagne de restauration des fresques a débuté en septembre 2013.

Sa description

De plan rectangulaire, la chapelle est constituée de murs épais épaulés de contreforts. Le mur sud présente sur une pierre la marque en creux d’une « main de pénitent », chacun d’entre eux devant frotter cette pierre.

La chapelle…

Construite au milieu du 12e siècle (1150-1160), la chapelle de la commanderie des Templiers conserve des peintures murales, qui illustrent notamment une rare scène de bataille liée aux croisades.

De petites dimensions, la chapelle est composée d’une nef unique et d’un chevet plat ; elle est couverte d’une voûte en berceau brisé. Les trois baies et l’oculus du mur est, l’étroite fenêtre qui surmonte la porte occidentale diffusent la lumière.

Les peintures murales, réalisées vers 1170-1180, recouvrent le mur nord de la nef, le mur est du chevet et le revers de la façade, à l’ouest. Elles ont été restaurées dans les années 1950 ; les peintures du mur nord ont été déposées puis reposées sur des panneaux en contre-plaqué.

Les murs est et ouest sont illustrés par des sujets religieux. Sur le mur est, de part et d’autre des trois baies, sont représentés saint Michel pesant les âmes et un évêque bénissant. Sur le mur ouest, saint Georges combattant le dragon est figuré à gauche de la baie. À droite, un cavalier couronné foule le corps d’un homme ; devant eux se tient une femme couronnée. Cette scène pourrait représenter l’empereur romain Constantin (qui se convertit au christianisme au début du IVe siècle), l’homme couché incarnant le paganisme et la femme l’Église. Dans l’embrasure de la baie, à droite, un bateau est dessiné.

Le cycle peint du mur nord évoque une bataille liée aux croisades, qui oppose les chevaliers francs, reconnaissables à la croix portée sur un vêtement ou un bouclier, aux troupes sarrasines identifiées par un bouclier rond. Ce sujet prend sa place dans cette chapelle édifiée par les Templiers, ordre créé pour la défense des États latins d’Orient et des pèlerins.

Les fresques templières

L’intérieur de la chapelle est remarquable car ses murs nord, est et ouest sont ornés de plusieurs fresques concernant les Templiers : des scènes de la victoire des croisés et de l’armée franque de Hugues le Brun de Lusignan et de Geoffroy Martel (frère de Guillaume Taillefer comte d’Angoulême) sur les Sarrasins menés par Nourreddine, émir d’Alep, dans la Bocquée, en 1163.

Ces fresques représentent des cavaliers en armes, ainsi que d’autres sujets dont un bateau qui pourrait être une nef templière. Ces fresques sont réalisées par application d’une argile rouge locale liée au blanc d’œuf, dont la couleur a résisté au temps. Ces peintures ont été effectuées en plusieurs étapes par des artistes différents : sur le mur nord, en premier la frise du haut qui raconte une bataille, plus tard la frise du bas qui représenterait un échange de prisonniers et après un décor de frises les unes géométriques, les autres en rinceau, qui masquent par endroits le haut des heaumes et les sabots des chevaux.

Ces fresques de la fin du XIIe siècle couvraient autrefois l’ensemble de l’intérieur. On y reconnaît un évêque qui pourrait être Adémar, qui participa à la première croisade. Les fleurs de lys sur le fond rappellent le roi de France. L’une des scènes du mur nord présente les chevaliers sortant au galop d’une ville fortifiée à la poursuite d’assaillants en retraite. « Il s’agit d’une lutte mémorable aujourd’hui identifiée par M. Deschamps, au cours de laquelle Nour ed-dîn, atâbeg d’Alep et de Damas, fut vaincu à la Bocquée, alors qu’il venait d’attaquer le Krak des Chevaliers ».

S’agissant d’un ordre chevalier, il faut constater que les regards des chevaux et des cavaliers sont identiques et contribuent à donner à la scène une vie saisissante.

Photographie d’une photographie d’une aquarelle d’Eugène Sadoux.

À la fin du XIXe siècle, le peintre, lithographe et graveur à l’eau-forte charentais Eugène Sadoux (1840-1906) a peint les fresques de la chapelle, ajoutant des détails aux fresques actuelles. On ne peut exclure le fait que ces éléments manquants puissent parfois être une vue d’artiste.

Sources : https://decouverte.inventaire.poitou-charentes.fr/, Wikipédia, Wikimédia Commons, Petit Futé, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/, Facebook

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Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti, fut le directeur de la rédaction de 450.fm de sa création jusqu'en septembre 2024. Il est chroniqueur littéraire, membre du bureau de l'Institut Maçonnique de France, médiateur culturel au musée de la franc-maçonnerie et auteur de plusieurs ouvrages maçonniques. Il contribue à des revues telles que « La Chaîne d’Union » du Grand Orient de France, « Chemins de traverse » de la Fédération française de l’Ordre Mixte International Le Droit Humain, et « Le Compagnonnage » de l’Union Compagnonnique. Il a également été commissaire général des Estivales Maçonniques en Pays de Luchon, qu'il a initiées.

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