jeu 31 octobre 2024 - 09:10

Puissance spirituelle du Johannisme

Planche du site officiel de la GLIFNotre Très Cher Frère Jean G. nous offre une réflexion sur l’ouverture pour l’homme de la pensée johannique. Il écrit :

Cet objet d’étude est tellement vaste, que nous ne prétendons, ni le couvrir dans son entier, ni en être les dépositaires uniques. Nous ne pouvons ici qu’en fournir des éléments contextuels qui dessinent plus un cadre que son fond. Nous sommes nés dans une culture, héritière des trois monothéismes, de la philosophie grecque, de la loi latine. Comme le dit Jean Luc Perillié, (professeur de philosophie à Montpellier), nous sommes les porteurs de trois « evangelion ».

Pour lui « l’heure serait maintenant venue non pas d’attendre ou de produire un nouvel evangelion (ceux-ci ne surgissent pas à la demande et les manifestations déjà apparues devraient suffire amplement), mais de réorganiser notre patrimoine et d’établir une synthèse »

Le Greco (1609, Musée du Prado)

Le Johannisme est soutenu par la « bonne nouvelle » délivrée par le prologue ésotérique de Jean. Écrit en grec, il est lié à la philosophie antique. Se référant aux mythes agraires, il utilise le matériel symbolique des premiers cultes et traditions. Juif par l’origine des hommes dont il décrit la vie et le message, il se place dans le droit fil testamentaire, dans son héritage et sa compatibilité. Hellénistique, historiquement, il baigne dans la gnose, l’hermétisme, l’essénisme, les influences égyptiennes. Romain, par la réalité de l’époque qui l’a vu naître, il s’inscrit décisivement dans le monde de la manifestation même s’il se réfère à la plus haute spiritualité.

Les champs lexicaux les plus représentés dans l’évangile de Jean sont dans l’ordre décroissant de leur occurrence : La tradition au sens le plus spirituel, le cosmos/nature, la connaissance, l’ontologie, le témoignage, la vérité, l’amour, la vie….

British Library

Le prologue n’est pas le temps zéro de ce qui conviendrait d’appeler Johannisme, même si cela ne manque pas d’être paradoxal. Il est plutôt une charnière, un jalon, certes fondamental, en tant que synthèse, objectivation, « révélation », au sens apocalyptique de Jean de Patmos. Il illustre une pensée qui existait bien avant lui. L’ésotérisme du prologue est constitué par les innombrables voiles qu’il nous propose d’écarter avec discernement, respect et prudence. Nous ne pouvons affirmer détenir la clef du sens qu’il porte. Le Rite[1] offre ses degrés pour l’approcher. Les yeux ne peuvent se dessiller que progressivement, même si dès la porte franchie du temple tout nous est offert. Mais si la contemplation peut se suffire à elle-même, notamment dans une démarche individuelle, la conscientisation dans une visée de transmission traditionnelle et collective est nécessaire. Les degrés sont indispensables, autant pour protéger le sens que les adeptes. La protection vise l’initié plus que le profane, qui lui de toute façon, quand bien même il accède aux rituels (matériellement à la portée de tout un chacun de nos jours) ne peut en décrypter les arcanes. L’initié a besoin de temps pour s’orienter dans la pensée labyrinthique du sens. Il est en pèlerinage et doit se séparer du subsidiaire pour accepter d’envisager l’essentiel. Il doit remettre en cause des convictions plus ou moins fermes, et cela suppose parfois d’assumer des crises personnelles qui seraient destructrices pour lui et les autres si elles lui étaient transparentes d’emblée. Il ne s’agit pas qu’il se renie ou adopte des idées toutes faites qui ne seraient que des préjugés nouveaux inculqués par d’autres. Il s’agit qu’il se dévoile lui-même à lui-même. Le processus est lent et caché, mais à l’œuvre, constitue l’Art Royal.

Le Johannisme est une « élévation » de l’humain au milieu du cosmos, dans la « conviction de l’Espérance »[2], que ce monde ne se suffit pas à lui-même, qu’il est l’objet d’une volonté et d’un désir qui le dépassent et le transcendent.

JG, 05/2023.

[1] En particulier les « rites johanniques », tel que le REAA dans son ensemble et le Rite Français, dans les loges qui citent le Prologue de Jean à l’ouverture de la loge. [2] Affirmation en apparence contradictoire.

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