De notre confrère espagnol nuevatribuna.es – Par EDOUARD MONTAGUT
Joseph Proudhon a été initié à la franc-maçonnerie le 8 juillet 1847 dans la Loge Sincerité, Parfait Union et Constante Amitié Réunies à l’Est de Besançon (Proudhon était natif de cette ville). Il est également vrai que d’une autre source la date changerait . Ce serait aussi un jour 8 et de cette même année, mais du mois de janvier. En tout cas, il a commencé en 1847.
Face aux trois questions du rituel : “Que doit l’homme à ses semblables ? Que doit-il à son pays ? Que doit-il à Dieu ?” , répondit ce qui suit : « Justice à tous les hommes, abnégation pour leur patrie et guerre contre Dieu. »
Apparemment, la dernière des réponses a eu un mauvais effet sur les francs-maçons qui ont assisté au rassemblement, mais leur initiation a été acceptée en raison de la valeur intellectuelle et morale du candidat, ignorant “son impiété”, malgré le mal vu qu’il y avait de l’athéisme dans Franc-maçonnerie à cette époque, comme l’explique le Bulletin de la Grande Loge de France.
Ainsi, la question tournait autour du bilan , qui pouvait être compris, analysé et qui ne laissait « aucun mystère derrière lui ». De cette idée, la franc-maçonnerie déduira sa notion de l’être divin.
Le Dieu des francs-maçons n’avait rien à voir avec un concept transcendantal ou métaphysique
Le Dieu des francs-maçons n’avait rien à voir avec un concept transcendantal ou métaphysique. Il serait la personnification de l’équilibre universel, c’est pourquoi il était le Grand Architecte , avec son niveau, son équerre, son maillet et tous les instruments de travail et de mesure. Dans l’ordre moral ce serait le Dieu de justice . C’est pourquoi il n’y avait pas de sacrifices, de prières, de sacrements, de sacerdoce, de profession de foi ou de culte. La franc-maçonnerie ne serait pas une Église car elle ne reposerait sur aucun dogme ni sur aucun culte. La franc-maçonnerie n’affirmerait rien que la raison ne puisse clairement comprendre et ne respecterait que l’Humanité. C’était la raison, toujours selon Proudhon, que tout homme pouvait être reçu comme franc-maçon, quelle que soit sa religion, tant qu’il pratiquait la justice et servait ses semblables. Seuls ceux qui étaient très “pauvres d’esprit” ignoraient que ce rationalisme tolérant et la substitution du concept métaphysique à celui de l’idée positive et formelle d’équilibre constituaient la négation de l’élément religieux remplacé dans la conscience du franc-maçon par la justice.
Notre source a été le Bulletin du Grand Orient espagnol dans son numéro du 10 septembre 1931, mais, en réalité, la publication espagnole était basée sur le Bulletin de la Grande Loge de France. D’autre part, il est très suggestif de lire l’ouvrage du professeur Alberto Valín Fernández, “De masones y revolucionarios: una reflexion en torno a este encuentro” , in Anuario Brigantino, 2005, (nº 28), pages 173-198, où ils expliquent les influences et les interrelations de la franc-maçonnerie et de l’opéraïsme . Nous avons également à Nuevatribuna des travaux sur la relation entre le mouvement ouvrier et la franc-maçonnerie.