De notre confrère italien editorialedomani.it
Dans la petite ville de Castelvetrano, patrie et siège criminel des Denaros de Messine, il existe plusieurs loges maçonniques (six sur les dix-neuf opérant dans toute la province de Trapani) et que dans l’administration municipale de Castelvetranese, il y avait une forte présence de membres de la franc-maçonnerie parmi les élus (4 sur 5), et (7 sur 30)chez les cadres et employés communaux.
Il était notamment arrivé qu’en novembre 2014, l’un des conseillers municipaux de Castelvetrano ait été arrêté pour crimes mafieux. Dans le cadre de l’enquête connexe, entre autres, une conversation a été enregistrée par lui qui, à un autre conseiller municipal, racontait son lien avec la famille Messina Denaro, des visites et des rencontres avec Francesco Messina Denaro (père di Matteo) quand il était un fugitif, et avec Matteo lui-même, également un fugitif, soulignant l’émotion que lui causaient de tels contacts et son dévouement à ces personnages.
Le directeur a donc été suspendu de ses fonctions puis réintégré suite à son acquittement en première instance en décembre 2015. Son retour, cependant, en mars 2016, a entraîné la démission de vingt-huit administrateurs justement en rapport avec le contenu de ces écoutes téléphoniques des conseils municipaux ( sur trente) et, par conséquent, la mise en service du conseil municipal de Castelvetrano avec la nomination, le 24 mars 2016, par la Région Sicilienne, d’un magistrat à la retraite. Selon la législation régionale, cependant, le maire et le conseil sont restés en fonction.
Quelques mois plus tard, précisément à l’été 2016, trente ans après la découverte à Trapani de la loge secrète “Iside 2”, née sous la bannière du club culturel “Scontrino”, et dans laquelle, aux côtés de personnages issus des institutions, assis les plus importants patrons de la mafia, la franc-maçonnerie est revenue pour parler comme un possible lieu clé, selon certaines enquêtes des procureurs de Trapani et de Palerme, pour la composition des intérêts mafieux, politiques et commerciaux, y compris ceux attribuables à Messina Denaro.
Au-delà des résultats de ces investigations toujours en cours, la Police et la Préfecture ont d’emblée mis en évidence que dans la petite ville de Castelvetrano, patrie et quartier général criminel des Denaros de Messine, il existe plusieurs loges maçonniques (six sur dix-neuf opérant dans l’ensemble du province de Trapani) et que dans l’administration municipale de Castelvetranese, historiquement déjà l’objet d’intérêts mafieux mais aussi, comme mentionné, abritant certains partisans du fugitif, il y avait une forte présence de membres de la franc-maçonnerie parmi les conseillers (4 sur 5), autres conseillers (7 sur 30) étant cadres et employés communaux.
En effet, la préfecture de Trapani elle-même a souligné que les listes officielles des membres de la région de Trapani semblaient incomplètes par défaut et qu’il n’était donc pas possible d’obtenir une description globale du phénomène.
C’est pourquoi, au cours de la mission, la Commission a procédé à une série d’auditions, en grande partie secrètes, d’autorités locales, de conseillers municipaux qui s’étaient ouvertement prononcés contre Messine Denaro et, pour cette raison, étaient devenus la cible d’attaques et de menaces, des Trapani judiciaires (le procureur de Trapani et les juges qui avaient traité l’affaire du meurtre de Rostagno) sur les enquêtes en cours et sur les aspects particulièrement inquiétants d’une série de crimes graves commis dans cette province.
Un peu plus tard, la confirmation définitive et éclatante des préoccupations de la Commission est avérée. Il était évident et documenté, en effet, que cette même municipalité de Castelvetrano, également peuplée de nombreux membres des différentes loges maçonniques, avait souffert d’infiltration mafieuse et a été dissoute conformément à l’art. 143 Tuel.
A Trapani, d’ailleurs, au mois de juin 2017, en pleine campagne électorale, Girolamo Fazio, ancien maire et candidat aux élections administratives, a été rejoint. Par mesure de précaution, les élections ont été invalidées faute d’avoir atteint le quorum d’électeurs et un commissaire a pris ses fonctions à la place du maire.
Rien qu’en 2017, d’autres enquêtes importantes se sont succédées à un rythme effréné : pour des raisons mafieuses, le tribunal de Trapani a ordonné d’importantes mesures personnelles et patrimoniales contre des hommes politiques comme Giuseppe Giammarinaro, un ancien parlementaire régional ; en novembre, Gianfranco Becchina, un marchand d’art bien connu, considéré comme un proche de Matteo Messina Denaro, et son financier, a fait l’objet d’une mesure de sûreté patrimoniale : des saisies et confiscations pour plusieurs millions d’euros ont été ordonnées.
En outre, dans la province de Trapani, pour la première fois, l’administration judiciaire conformément à l’art. 34 décret législatif n. 159/2011 d’un établissement de crédit, la Banca di Credito Cooperativo Sen. Pietro Grammatico, dont le siège social est à Paceco.
Actuellement, dans la région de Trapani, la présence d’environ 200 sujets, déjà détenus pour crimes mafieux et trafic de drogue, fait également l’objet d’une enquête, qui, après avoir purgé leur peine, sont désormais en état de liberté.
Par conséquent, à la suite de la mission de Trapani, les déclarations faites par le président et les membres de la Commission lors de la conférence de presse finale, les réactions journalistiques ultérieures des conseillers maçonniques qui se sont sentis criminalisés par l’attention des institutions sur l’affaire Castelvetrano, donc, Stefano Bisi, Grand Maître de l’association maçonnique dite “Grande Oriente d’Italia” (Goi) a demandé, par une lettre datée du 28 juillet 2016, à être entendu pour expliquer la position de son obédience par rapport à une éventuelle perméabilité mafieuse.
La Commission anti-mafia a accueilli cette demande avec un vif intérêt et, quelques jours plus tard, le 3 août 2016, Stefano Bisi a été entendu en séance plénière au Palazzo San Macuto.
L’attitude assumée par le Grand Maître, cependant, loin d’apparaître transparente et collaborative dans la poursuite de l’objectif, que l’on croyait commun pour empêcher la pollution par la mafia des associations privées licites et historiques, s’est révélée être celle d’un bouclage manifeste et d’une forte méfiance à l’égard de l’institution.
De là découle donc la nécessité pour la Commission d’ouvrir les enquêtes appropriées également par l’exercice des pouvoirs d’enquête parlementaire.
Ainsi, des épisodes récents d’infiltration mafieuse dans la franc-maçonnerie ont été mis en évidence et des faits graves similaires du passé ont été mis à jour, suggérant à la fois l’existence et la récurrence dans le temps d’infiltrations par la Cosa Nostra et la ‘Ndrangheta dans la franc-maçonnerie, et que, parallèlement à la métamorphose des mafias de moins en moins violentes et plus collusoires, la composition d’intérêts illicites pourrait parfois se faire précisément par le biais de loges maçonniques auxquelles appartiennent, entre autres, des représentants de la classe dirigeante et des entrepreneurs du pays.