Ce que nous retenons d’emblée, au-delà de la première de couverture de couleur noir mat, c’est qu’elle bénéficie d’un dispositif en réalité augmentée – pas sûr que cela ait été déjà utilisé par un éditeur ; une grande première donc.
Afin de visionner cette création, il faut tout d’abord télécharger sur notre smartphone l’application Artivive, grâce au QR code indiqué dès les premières pages de l’ouvrage. Bien évidemment, nous ne vous dévoilerons pas l’animatique que vous pourrez visualiser. Une première qui fait déjà que ce livre, publié, entre autres, avec le soutien du Centre National du Livre une bien belle nouveauté.
Il permet, comme l’indique Sylvain Ledda dans son introduction, de « contempler l’obscur, l’inconnu et l’invisible ». Des mots tirés des Contemplations , ce recueil de poèmes, écrit par Victor Hugo et publié en 1856.
Sylvain Ledda, professeur de littérature française et arts à l’Université de Rouen, spécialiste du romantisme et metteur en scène, a consacré de nombreux travaux aux représentations littéraires de la mort, aux liens entre histoire et littérature, et plus généralement aux questions culturelles à l’âge romantique. Il dirige ce Cahier qui ne connaît pas moins de quarante contributeurs.
Comprendre l’humain et la société dans laquelle il évolue, c’est aussi comprendre les relations rapports entre sciences humaines, ésotérisme et occultisme.
Ce magnifique ouvrage au confort de lecture incomparable – format quasiment A4, qualité du papier, police de caractères – s’enrichit de trente illustrations. De plus, il offre un texte inédit de l’écrivain et médecin écossais Sir Arthur Conan Doyle, synonyme pour tous de Sherlock Holmes. Pour mémoire, c’est le 26 janvier 1887 qu’il reçut la lumière sous les auspices de la « Phoenix Lodge » n° 257, à l’Orient de Portsmouth, à l’âge de 27 ans.
Ce Cahier nous propose tout un monde d’ésotérisme – mot venant du grec ancien et signifiant ‘’être tourné vers l’intérieur’’. Il désigne les enseignements réservés à des d’initiés… aux petits et grands mystères. Dans notre culture, l’ésotérisme fait référence aux courants de pensée ‘’parallèle’’ à composante étrange : les sociétés secrètes, l’occultisme, le paranormal, etc.
Mondes invisibles nous invitent, en quatre chapitres, à « voir et entendre l’au-delà », à prendre connaissance des « Sciences et parasciences », à mieux comprendre « L’ésotérisme, symbolisme, magie » et à participer aux « Mystères individuels et collectifs ». Une façon pour le lecteur d’entrer en ésotérisme et en occultisme, deux termes apparus l’un en 1828, l’autre en 1842.
Le premier chapitre nous conduit vers un apprentissage de la littérature et du spiritisme au XIXe siècle, à cette recherche de l’invisible par le biais aussi de la Revue Spirite fondée par Allan Kardec en 1858.
Sylvain Ledda ne fait pas l’impasse non plus sur Victor Hugo et le mystère alchimique de Notre-Dame de Paris, tout en passant du magnétisme qui a préparé la venue du Spiritisme. Comment ne pas évoquer aussi les destin de l’auteure Antoinette Bourdin, médium qui voit des scènes et des objets dans un verre d’eau, parcourant la France afin de diffuser ses idées.
Plus tard dans le temps, nous apprenons de ces machines d’immortalité – expression concept du philosophe Emmanuel Guez – et de toutes les techniques phonographiques et « science des fantômes » autour des années 1900. Fantômes, non-morts, vampires et revenants, tout est dévoilé.
Le deuxième chapitre est celui qui, vraisemblablement, retiendra le plus l’attention du cherchant. De l’ésotérisme versus occultisme, des mondes invisibles de l’astronome Camille Flammarion, dont le côté mystique et spirite de certaines de ses œuvres a ajouté à la notoriété de son nom, à l’origine de Dracula, du ministère des nombres à René Char, bon nombre de sujets touchant à nos centres d’intérêts sont traités.
Retraçant aussi les traditions des Rose-Croix dans la littérature européenne et française du XIXe siècle et les aux accents cabalistiques chez Balzac. Tout pour nous faire vivre des moments passionnants, parfois à nous donner le frisson.
Ce magnifique ouvrage se termine avec mystères individuels et collectifs qui touchent à la fois Michel de Notre-Dame, dit Nostradamus au salon de la Rose-Croix de Sar Mérodack Joséphin Peladan, mage par le livre et l’image. Le matin des magiciens et une vision renouvelée du monde clôture avantageusement l’ouvrage qui est interdisciplinaire et transéculaire.
Les dernières pages étant consacrées à une courte biographie de tous les contributeurs. Cette collection Cahier qui nous a permis de connaître en son temps La franc-maçonnerie, documents fondateurs, en 1992 mais aussi Carl Gustav Jung (1984), Joris-Karl Huysmans (1985), René Guénon (1985), Raymond Abellio (1980), Gérard de Nerval (1980), Henry Corbin (1981), Mircea Eliade (1977), Paul Ricœur (2004), Gershom Scholem (2009) est de très belle facture et perpétue, avec toujours ce bel esprit pédagogique, cette transmission du savoir. Un livre accessible à toutes et à tous !
Mondes invisibles
Collectif, Sylvain Ledda (dir.) – L’Herne, Coll. Cahier, 280 pages, 33 €