ven 22 novembre 2024 - 18:11

Lieu symbolique : La cité idéale La Scarzuola

La Scarzuola est un ensemble architectural en Ombrie, situé au hameau rural (frazione) de Montegiove sur la commune de Montegabbione en Province de Terni, en Italie.

Saint François d’Assise

Son emplacement est celui d’un couvent du XIIIe siècle dédié Saint François d’Assise, né Giovanni di Pietro Bernardone (1181-1226) à Assise, en Italie, religieux catholique italien, diacre, mystique, et fondateur de l’ordre des Frères mineurs (O.F.M.) en 1210, caractérisé par une sequela Christi dans la prière, la joie, la pauvreté, l’évangélisation et l’amour de la Création divine.

Rappelons que la sequela Christi (ou suite du Christ) est une locution latine qui, surtout à partir du Moyen Âge, est venue à signifier, dans la spiritualité chrétienne et surtout monastico-religieuse, l’engagement dans la vie religieuse.

Le couvent est partiellement abandonné au XIXe siècle. En 1957, l’architecte milanais Tomaso Buzzi (1900-1981) acquiert l’ensemble à partir duquel il construit sa « ville-théâtre », interprétation personnelle de la cité idéale, un complexe architectural composé des vestiges restaurés de l’ancien couvent et d’un ensemble créé de toutes pièces et mêlant de nombreux styles et évocations, en grande partie réalisé à partir des pierres des ruines de l’ancien couvent.

Comme toujours, un peu d’histoire ne peut nuire au Maçon dont le cœur est pavé de belles et bonnes intentions… L’histoire n’est pas une science du passé ; elle donne sens au présent ! Et chacun sait que « Celui qui ne connaît pas l’histoire est condamné à la revivre. » (Karl Marx/Manifeste du parti communiste).

Laurier

Le site de La Scarzuola  est pour la première fois mentionné dans une chronique de 1218 qui le décrit comme le lieu où une fontaine jaillit miraculeusement à l’endroit où saint François d’Assise s’était construit un abri en scarza, une plante des marais, à l’origine du nom du site, à l’endroit où il avait planté un rosier et un laurier.

Pour le commémorer, les comtes de Marsciano fondent en ce lieu une église puis un couvent confié aux franciscains qui l’occupent jusqu’à la fin du XVIIIe siècle lorsque les marquis Misciatelli d’Orvieto prennent possession des lieux. Le couvent fait l’objet de rénovations et remaniements importants au XVIe siècle. De 1243 et pendant six siècles, le site est le lieu d’inhumation privilégié des comtes et de leurs épouses.

Après l’inhumation du comte Francesco di Marsciano en 1820, le couvent est partiellement abandonné puis tombe progressivement en ruine durant le XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle. Tomaso Buzzi, brillant architecte et décorateur milanais mondain et renommé est séduit par ce site en parti ruiné et l’achète en 1957.

Il passe le reste de sa vie à la rénovation des restes du couvent et à la construction d’un large ensemble architectural composés de bâtiments et de sept amphithéâtres de diverses tailles – métaphores métaphysiques et surréalistes du théâtre de la vie selon lui – en réutilisant très largement les pierres des parties ruinées de l’ancien couvent.

Buzzi construit également de nombreuses statues et structures, notamment une évocation de la Tour de Babel pour représenter les différents âges de la Vie et la Vanité et il reprend de nombreux symboles alchimiques, ésotériques, eschatologiques et maçonniques.

L’arbre axis mundi ? Dans la religion ou la mythologie, le centre du monde et/ou la connexion entre le Ciel et la Terre.

La partie la plus spectaculaire du site est une sorte de cité miniature et condensée qui reproduit des évocations d’architectures de tous styles, de l’Antiquité à la Renaissance, telles que le Temple de Vesta, la Pyramide de Khéops, le Parthénon, la Tour des Vents, mais aussi l’Arc de triomphe et la Tour de l’horloge à Mantoue.

Buzzi meure en 1981 après avoir consacré plus de vingt années de sa vie à son projet existentiel qui demeure dans un état d’abandon et d’inachèvement en partie volontaire, et que poursuit Marco Solari, son neveu.

Depuis 2022, La Scarzuola est un lieu touristique privé dont l’accès est payant.

« Née de l’utopie de l’architecte milanais Tomaso Buzzi, cette cité idéale au coeur de l’Ombrie a été imaginée non pas pour y vivre mais pour y réfléchir et y songer. » Les Échos, Olivier Tosseri, le 29.IX. 2017.

Incarnation intellectuelle et matérielle de l’utopie, la Cité idéale est une conception urbanistique visant à la perfection architecturale et humaine. Elle inspire à bâtir et à faire vivre en harmonie une organisation sociale singulière basée sur certains préceptes moraux et politiques.

Vue d’Utopia de Thomas More à vol d’oiseau

Si de très nombreuses « cités idéales » ne sont restées qu’au stade de rêves dans l’esprit de leurs créateurs, certaines ont cependant été achevées dans les faits. Il s’agit cependant de réalisations « idéales » au sens où, contrairement à la cité spontanée, qui se développe peu à peu selon les besoins en fonction de décisions multiples, et donc de façon organique, la cité idéale est conceptuellement élaborée avant d’être matériellement construite, et sa fondation résulte d’une volonté intellectualisée et unifiée.

Sources : Wikipédia ; Wikimedia Commons, YouTube

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Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti, fut le directeur de la rédaction de 450.fm de sa création jusqu'en septembre 2024. Il est chroniqueur littéraire, membre du bureau de l'Institut Maçonnique de France, médiateur culturel au musée de la franc-maçonnerie et auteur de plusieurs ouvrages maçonniques. Il contribue à des revues telles que « La Chaîne d’Union » du Grand Orient de France, « Chemins de traverse » de la Fédération française de l’Ordre Mixte International Le Droit Humain, et « Le Compagnonnage » de l’Union Compagnonnique. Il a également été commissaire général des Estivales Maçonniques en Pays de Luchon, qu'il a initiées.

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